Orlando, Magnanville, de quoi le déni est-il le nom?

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Une bonne partie de nos élites politiques rechigne à nommer la réalité. Osons l’écrire : les crimes d’Orlando et Magnanville ont été perpétrés par des islamistes. Et nous sommes bien en guerre contre eux.

La tuerie d’Orlando a brusquement relancé un jeu de rôle indécent et irresponsable. Mais surtout révélateur de ce qui travaille notre société face au défi islamiste.

La manif pour tous coupable ?

Les « faiseurs d’opinion » de la bien-pensance se sont précipités pour faire porter la responsabilité du massacre à ceux qui n’en pouvaient mais. Avec finalement un seul objectif, lui dénier tout caractère islamiste. Alors, au passage on a tapé sur ceux à qui on voue une haine totale, et dont on considère qu’ils sont pires que le diable, ces compatriotes qui rechignent devant la mondialisation austéritaire et le sociétalisme galopant. Vous savez ceux qui étaient opposés au mariage gay, qui ne veulent pas de la GPA, ont été choqués par les galopades sur les tombes de Verdun, et n’apprécient pas les éructations homophobes de Black M. Les fanas des heures sombres, quoi.

Le vainqueur du concours d’ignominies est cet élu EELV qui n’a pas hésité à twitter : «  La différence entre la Manif pour tous et #Orlando ? Le passage à l’acte». Pour l’accompagner, on a retrouvé la troupe des lyncheurs excités qui n’avaient pas de mots assez durs contre Monseigneur Barbarin et l’Eglise. Un islamiste se réclamant de Daech massacre 50 personnes dans une boîte homosexuelle, c’est évidemment de la faute de Christine Boutin et de Ludovine de la Rochère. Ces insulteurs-là ne veulent surtout pas que l’on aborde la question des motivations du tueur.

Les petits marquis de l’ultragauche, qui savent bien que cette position  est intenable, vont trouver une autre astuce pour exonérer l’islamisme et mettre les homos sur la défensive. On nous expliquera ainsi doctement sur la radio du service public que tout ça c’est quand même de la faute des homosexuels devenus «homonationalistes » et pratiquant un «racisme anti-musulman» (sic!).  On reste sans voix, estomaqué par un tel culot absurde, ce qui est probablement l’objectif recherché.

Peur de nommer l’islam

Du bout des lèvres, le Président de la République et le ministre de l’Intérieur ont bien voulu concéder qu’il s’agissait d’un acte terroriste. Mais on ne saura pas s’il est l’œuvre de l’ETA, de l’IRA, ou des Brigades Rouges. Un débat pénible sera lancé sur le fait de savoir s’il fallait parler de massacre homophobe ou de massacre islamiste. Les deux bien sûrs puisqu’il s’agit d’un crime islamiste ET homophobe. Et si l’on veut vraiment rendre compte de la réalité, la bonne formulation est : un attentat islamiste donc homophobe. Mais cela on ne l’entendra pas, par ce que ce serait blasphémer et stigmatiser une religion « de paix et d’amour ». Ce n’est pas la foi de la grande majorité des musulmans qui vivent leur religion paisiblement dans notre pays qui est en cause. Mais l’islam -et d’ailleurs plutôt « les islams »- qui est une religion organisée, dotée de textes qui jouent un rôle essentiel, avec une articulation des rapports entre le spirituel et le temporel qui lui sont propres. On doit bien constater que la condamnation de l’homosexualité, dont elle n’a certes pas le monopole, y prend encore des formes absolument terribles. Dix des pays où l’islam est religion d’État pratiquent la peine de mort pour les homosexuels, sans parler des courants intégristes puissants et riches qui inondent tranquillement les communautés musulmanes de prêches incitant à l’homophobie. Comme le démontre de façon extraordinaire la vidéo de l’imam d’Orlando justifiant la mise à mort des homosexuels. Une religion est aussi une idéologie, et l’islam intégriste d’aujourd’hui est une idéologie mortifère.

Un crime homophobe. Point.

Pour éviter de prendre ce problème de face, Jean-Luc Mélenchon nous aura gratifié d’un long texte chantourné commençant par cette phrase : «Ce n’est pas l’assassin qui donne son sens au crime, ce sont les victimes. Ils ont été tués parce qu’ils étaient homosexuels ». Pardon ? Cher Jean-Luc mesurez-vous l’inanité de cette proposition, et son caractère déplaisant ? Alors comme ça, la Shoah, la solution finale n’était pas un crime nazi, seulement antisémite ? L’assassinat des deux fonctionnaires de Magnanville serait seulement l’expression d’une haine  anti-flics ? Il faut être sérieux.

Alors pourquoi, ce déni, ce refus de caractériser, de dire les choses, d’expliquer le réel, et enfin de nommer l’ennemi. Car malheureusement, nous sommes en guerre, confrontés à une nouvelle forme d’agression menée par des gens dotés de moyens, disposant de territoires, pourvus d’une idéologie et qui poursuivent des objectifs précis. Et pourtant nous ne devrions pas la craindre, nos ennemis sont faibles, leur projet voué à l’échec, ils n’ont aucune puissance économique, aucune culture forte, aucun véritable projet autre que celui de faire triompher une idéologie folle. Leur seule force est notre peur, celle qui s’exprime dans ce refus de nommer l’ennemi.

Le remords de l’homme blanc

Il y a ceux qui craignent et on peut les comprendre, le défi que lance dans ces circonstances l’existence d’une forte communauté musulmane économiquement dominée et issue de pays que nous avons colonisés et avec lesquels les rapports ne sont pas toujours faciles. Ceux que  l’accusation de racisme tétanise, et qui sont travaillées, probablement à juste titre, par le remords de l’homme blanc. À cette culpabilisation-là, s’ajoute celle d’avoir importé une main-d’œuvre bon-marché que la disparition du travail rend difficile à assimiler.

Il y a aussi ceux qui finassent et jouent l’apaisement en se disant qu’après tout la nuisance du terrorisme, n’est pas si terrible, qu’elle permet de mettre en place des lois liberticides pour faire tenir tranquille les partageux, et surtout continuer les petit business lucratifs avec les émirats et l’Arabie Saoudite. Quand en plus c’est au travers d’un traditionnel alignement servile sur les États-Unis, c’est encore meilleur. Le gouvernement socialiste depuis 2012 y est particulièrement à son affaire. Alors oui, incontestablement dans la catastrophe qui frappe le Moyen-Orient, la France n’a pas les mains très propres

Il y a encore ceux qu’il serait excessif de qualifier de « collabos », mais qui se sont construits grâce à leurs postures, des petites niches matériellement, mais aussi symboliquement lucratives. Edwy Plenel étant évidemment le premier d’entre eux.

Une fois la guerre commencée…

Il y a enfin ceux que l’on appelle les « islamo-gauchistes », mais qui sont d’abord et avant tout des gauchistes de toujours. Armés  d’un dogmatisme sans faille, et au nom de concepts qu’ils n’ont pas compris, ils plaquent sur le réel des grilles d’analyse souvent absurdes. La phrase « vos guerres, nos morts » n’est finalement que l’écho de celle que leurs prédécesseurs lançaient aux résistants pendant la Deuxième guerre mondiale : « n’oubliez pas que sous l’uniforme SS, il y a un travailleur allemand ».

Pourtant à tous ceux-là, et aux autres, on rappellera ce que disait George Orwell le 8 mai 1940 deux jours avant l’offensive allemande contre la France.

« Une fois la guerre commencée, la neutralité n’existe plus. Toutes les activités sont des activités de guerre. Qu’on le veuille ou non, on est obligé d’aider son propre camp ou celui de l’ennemi. En ce moment, les pacifistes, les communistes, les fascistes, etc. aident Hitler. Ils ont tout à fait le droit de le faire, à condition de penser que la cause de Hitler est meilleure et d’en accepter les conséquences. Si je prends parti pour la Grande-Bretagne et la France, c’est parce que je préfère rejoindre les plus anciens impérialismes- décadents, -comme Hitler a raison de les  appeler- que les nouveaux, beaucoup plus sûrs d’eux-mêmes et donc beaucoup plus impitoyables. »

Une fois la guerre commencée, la neutralité n’existe plus, autre façon de dire que la barricade n’a que deux côtés. Et à ceux qui pensent que nous avons des responsabilités dans ce qui arrive Orwell répond également, et en fait même la clé de cet engagement nécessaire :

«Seulement, pour l’amour de Dieu, ne prétendons pas que nous nous lançons dans cette guerre avec des mains propres. Si nous voulons garder le droit de nous défendre, il faut que notre conscience se rende bien compte que nos mains ne sont PAS propres. »

 

Régis de Castelnau

4 Commentaires

  1. Il y a eu des crimes islamistes antisémites, cela ne donne pas aux islamistes le monopole des violences contre les juifs, ou de leurs justifications. Il y a eu crime homophobe islamiste (encore faudrait-il peut être être certain, enquête faite, des motivations du tueur), cela ne donne pas aux islamistes le monopole des violences contre les homosexuels, ou de leurs justifications. On pouvait récuser le mariage ouvert aux couples homosexuels sans les débordement homophobes qui ont accompagnés les Manifs pour tous, sans qualifier l’homosexualité d' »abomination » comme l’a fait Christine Boutin, toutes choses que les homos les plus fragiles ont du se prendre dans la figure. Désolé, je ne voit pas d’ignominie dans les dénonciations faites contre cela.

  2. @ Régis de Castelnau,

    Puis-je me permettre une question? Ne craignez-vous pas de tomber dans le travers qui consiste à faire tenir à tous ceux qui ne partagent pas les mêmes convictions politiques que vous le mauvais rôle, en vous adjugeant le meilleur?

    A vous le rôle positif et valorisant du type lucide, courageux, qui regarde la réalité en face en nommant le réel, quitte à ce que ça fasse mal, et à tous les autres – ceux dont vous faites une longue liste – le rôle négatif des types qui sont dans le déni, la lâcheté ou l’hypocrisie, prisonniers de leur idéologie marxisante ou écolo.

    Je ne veux pas dire que cette façon de présenter les choses donne de vous l’image d’un prétentieux à l’ego surdimensionné, parce que, personnellement, je trouve cela très bien.

    Je veux plutôt vous dire que cette façon de présenter les choses comporte un énorme inconvénient: tous les phénomènes que vous listez sont en réalité non majoritaires et en fin de compte assez peu significatifs. Mais en les mettant constamment en avant comme s’ils l’étaient, vous leur conférez une force qu’ils n’ont pas, sans voir leur faiblesse.

    Par exemple, Méluche n’est pas le docteur ès-philosophie de la société française ni son guide spirituel. Le point de vue qu’il a exprimé – au demeurant plus nuancé que vous ne le dites – n’est en rien parole d’évangile pour l’ensemble des Français. Ce n’est d’ailleurs qu’une opinion qui ne se fonde que sur les convictions personnelles de l’intéressé. Autant dire que cette opinion en vaut une autre et n’a donc qu’une valeur très relative…

    idem pour li’islamo-gauchisme qui est, je suis bien d’accord avec vous, une lèpre, mais dont l’influence idéologique sur la société française est bien moindre que ce que ses contempteurs en disent, pour donner à leur propre pensée une valeur qu’elle n’a pas forcément. La dénonciation de l’islamo-gauchisme fournit à bon compte un repoussoir facile permettant aux conformistes de se faire passer pour des libres-penseurs. C’est un produit de consommation courante chez ceux qui ont peu d’exigences intellectuelles.

    Idem pour cet imam d’orlando, qui, s’il avait tenu ces propos en France, aurait purement et simplement commis un délit: ce n’est pas parce qu’un imam cintré tient ces propos odieux aux Etats-Unis que tous les musulmans, en France, vont y adhérer comme un seul homme. Et même dans le monde, même s’il est vrai que l’islam ne fait pas la part belle à l’homosexualité.

    En somme, donner à une série d’épiphénomènes, bien réels, un rôle central, c’est prendre le risque de se tromper d’analyse: si la France est certes dans une situation de confusion mentale face au terrorisme islamiste, sans doute pour les raisons idéologiques et culturelles que vous visez, il peut aussi y en avoir d’autres, bien plus structurelles.

    Allez, je vais oser une théorie fumeuse: admettons, je dis bien admettons, que le monde musulman traverse en ce moment une crise comparable à celle que la civilisation chrétienne a connu au moment de la Réforme. C’est-à-dire en pratique une guerre de religion interne à l’islam et que l’opposition chiite/sunite ne saurait en aucun cas résumer. Un événement de taille à la fois historique et mondiale, ayant une dimension temporelle et spirituelle, dont on peut raisonnablement penser qu’il durera longtemps et qu’il alternera des périodes d’extrême violence et de paix fragile, le tout sur fond de rivalités géopolitiques, de tensions économiques fortes, de transformations sociales profondes et de bouleversements écologiques.

    C’est-à-dire tout ce dont le Printemps Arabes est un échantillonnage.

    Si l’on se met à réfléchir sérieusement aux effets d’une déflagration de cette taille et de cette complexité dans notre monde actuel, où le battement de l’aile d’un papillon à un bout du monde peut provoquer une catastrophe à l’autre bout, on est bien obligé de conclure que nous n’avons jamais été confrontés à un problème de cette ampleur dans notre histoire récente.

    Ce serait quelque chose de comparable à la chute de l’empire romain. Le genre de truc qui provoque un changement d’ère, quoi.

    Si l’on admet cette hypothèse, alors il est raisonnable de penser que l’état de confusion mentale dans lequel nous nous trouvons est finalement assez naturel: en face d’un monde qui se bouleverse, il est assez normal de ne pas trop savoir que penser et quoi faire.

    Mais je me dois de vous avouer que pour l’instant, nos plus éminents stratégistes rechignent à se référer au modèle historique de guerre de religion au sein de l’islam pour expliquer le temps présent, la guerre de religion n’étant en effet pas un modèle historique, mais une appellation générique se rapportant à une période de l’histoire européenne.

    En clair, ce n’est pas un concept opérationnel validé par la méthode académique.

    En revanche, ils en mobilisent un autre: la Guerre de Trente Ans (qui est l’un des épisodes de la guerre de religion en Europe, dans le sillage de la Réforme). Cette guerre, elle, est un bien modèle stratégique par lequel les stratégistes appréhendent le temps présent, parmi d’autres.

    Donc, ils sont sur le chemin de la théorie fumeuse que je vous propose, mais n’ont pas encore atteint ce moment où l’esprit a suffisamment de données objectives pour concevoir un modèle historique explicatif global, à la façon d’un Hegel ou d’un Marx (ou d’un Oswald Spengler), raison pour laquelle je qualifie moi-même cette théorie de fumeuse.

    A côté de ce modèle historique, on trouve également celui de l’invasion musulmane de l’Europe dont l’une des variantes la plus répandue est la théorie du Grand Remplacement de Renaud Camus. Ce modèle tendrait à expliquer un état de confusion mentale des sociétés européennes par une perte des repères moraux, culturels et identitaires des peuples européens. On doit citer aussi Jean Raspail et son Camp des Saints, fondé sur l’idée d’un choc migratoire. Et bien sûr le fameux choc des civilisations de S. Huntington.

    Comme vous le voyez, les modèles historique explicatifs globaux ne manquent pas, raison pour laquelle je n’ai pas eu de scrupule à rajouter le mien.

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