Macron : Deschanel, Jean XXIII, Poutine ou Louis XVI ?

 

Ceux qui me connaissent, savent à quel point j’ai adoré la façon dont les « élites » nous ont fourgué l’improbable freluquet. Tour de passe-passe virtuose qui a toutes les caractéristiques d’un coup d’État (il n’y a pas que des coups d’État militaires). Sur Macron lui-même, je n’ai pas d’avis, seulement des impressions. Sa trajectoire antérieure et la campagne électorale n’ayant pas permis de savoir ce qu’il avait dans le ventre. Pour l’instant, c’est un peu l’expectative, quoique quelques signes soient plutôt inquiétants comme la première visite de lundi à Berlin pour aller s’incliner devant la patronne. L’histoire nous montre cependant que la circonspection n’est jamais inutile. Les oligarques mafieux qui ont porté Vladimir Poutine au pouvoir au début des années 2000, persuadé de tenir une marionnette, en ont été pour leurs frais. Comme les cardinaux du conclave d’octobre 1958 qui n’avaient pas réussi malgré 10 tours de scrutin à se mettre d’accord et finirent par choisir une personnalité bonasse dont ils étaient sûrs qu’il serait pape de transition. Tu parles ! Il te leur a  mis leur Église cul par-dessus tête, un bonheur !

Tiens, puisqu’on en est à parler des cathos, on va les féliciter pour leurs performances à l’occasion de la présidentielle. Tout d’abord, un de leurs courants nommé sans complexe « sens commun » a trouvé astucieux de s’intégrer en tant que tel dans le parti « Les Républicains ». Pour réaliser des entretiens d’embauche à l’occasion de la primaire de la droite, et ensuite choisir un candidat et le faire élire. Sous le bombardement, celui-ci les traînera comme un boulet, le camp du bien ayant bien compris qu’il valait mieux activer les vieux réflexes, que de parler du vrai problème religieux qui se pose aujourd’hui en France, celui de l’islam. Une fois Fillon éliminé, la hiérarchie ecclésiastique, comme une poule qui a trouvé un couteau, et j’oserais dire comme d’habitude, a multiplié contorsions et pas de côté face aux furieuses injonctions antifascistes, antinazies, anti-z’heures sombres. De communiqués alambiqués, en déclaration chantournées, démontrant qu’Ignace de Loyola était toujours bien vivant. Tout ceci n’a pas manqué de mettre un sacré bazar chez les cathos, qui dans une espèce de surenchère ont tapé sur leurs évêques, doctement commenté des Évangiles, donné des cours de morale, pour finir par aller en gros bataillons voter pour le tenant de l’ipséité mystique et transcendantale. Et reprendre la pleurniche juste après pour dire que quand même « les vraies questions » n’avaient pas été abordées pendant la campagne. Sans blague !

La digression anticléricale étant terminée, revenons à  l’avalanche de critiques sur le bazar qui entoure les investitures des législatives et qui est un peu injuste. Il faut quand même rappeler que le mainstream et les médias couchés dans l’adoration du nouveau Christ ne représentent quand même pas toutes la France. Un petit peu stupéfait de ce qui vient de se produire, le pays essaie de retrouver ses marques. Les deux grands partis qui se partageaient le pouvoir depuis 40 ans sont en lambeaux, et créer un mouvement ex nihilo ne s’improvise pas. Et il y a une certaine ironie à reprocher la verticalité du fonctionnement de la secte macronienne dans le choix de ses candidats. Surtout quand les critiques viennent de ceux qui ont participé d’enthousiasme à des primaires dont le grotesque du résultat et les conséquences permettent d’espérer qu’on en a fini avec ces conneries. Les socialistes avaient commencé en présentant une brêle en 2007 qui se fit écraser dans une élection imperdable, pour ensuite offrir à la France en 2012 une catastrophe ambulante de président qui a réussi l’exploit d’humilier son peuple à peu près tous les jours. Et qui donne l’impression de vouloir continuer…

Alors, moquer « En Marche » pour les couacs, les palinodies, les erreurs c’est quand même un peu gonflé, surtout quand en gros bataillons, on a obéi aux injonctions de la grande quinzaine antifasciste et permis la réussite du coup d’État. Si j’étais à la place d’Emmanuel Macron, un peu que j’essaierais de contrôler au millimètre les investitures des gens que j’espère voir siéger au Parlement. Un parti politique n’a pas à être à l’image de la société, et son fonctionnement ne peut être le reflet de celle que l’on veut. Et mine de rien, le télévangéliste et ses commanditaires risquent gros

Dire ça, n’est pas annoncer qu’on va renoncer à leur faire politiquement la peau. Et pas plus tard qu’aux prochaines élections législatives. Mais en menant les bons combats, et en parlant des vrais sujets.

Régis de Castelnau

9 Commentaires

  1. Bonjour.
    Je suivais votre blog avec intérêt d’autant qu’il porte un « regard juridique sur l’actualité ». N’étant pas juriste de formation j’ai lu des articles fort instructifs sur des sujets d’actualité.
    Mais aujourd’hui vous tirez avec du très gros calibre sur les « cathos », sans nuance et, je l’avoue avec beaucoup d’amalgame. Je comprends bien, à suivre votre « parcours idéologique », et si vous me permettez cette expression, que vous n’êtes pas très familiarisé avec ce qu’on appelle l’Eglise et ce que j’entends par l’Eglise à savoir l’institution visible mais qui n’aurait aucun sens si elle n’était pas fondée par Jésus-Christ, Fils de Dieu. C’est le Credo auquel j’adhère et qui est de la première lettre à la dernière contenu dans un texte qui porte ce nom Credo dont il existe plusieurs formulations mais répondant toutes aux même vérités auxquelles croient les baptisés (pas seulement les catholique d’ailleurs). Il est fort dommage qu’en incluant Jean XXIII (aujourd’hui saint Jean XXIII) dans ce fourre-tout qui va de Louis XVI à Emmanuel Macron en passant par V. Poutine, vous avez fait, pardonnez-moi, un billet de n’importe quoi.
    La seule chose sur laquelle je partage votre point de vue c’est sur ce que dans tous les médias on appelle le « vote catholique ». Je récuse cette formule car il n’y a pas de vote catholique. Les catholiques ne sont pas des moutons ni de la chair à remplir les urnes. Dans l’isoloir il reste un homme libre. La seule chose que je lui demande c’est de voter en conscience. Si vous comprenez ce que c’est que « voter en conscience » vous comprenez qu’un catholique a des convictions qui ne sont pas subjectives, à la carte, à géométrie variable … Il est vrai qu’aujourd’hui il est très difficile d’accorder sa voix à un candidat (je me limite à la France et au cirque auquel nous avons assisté depuis plusieurs semaines).
    Vous n’avez sans doute pas une connaissance approfondie des écritures saintes mais vous aurez sans doute entendu ou lu quelque part ce qui est devenu comme l’emblème de l’attitude juste d’un chrétien quand il est tenu de prendre position sur les affaires du siècle « A César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » L’auteur de cet aphorisme est Jésus-Christ lui-même qui laisse totale liberté à quiconque de prendre sa décision.
    Les catholiques n’on pas plus élu E. Macron que les mécréants, les agnostiques, les anticléricaux, les « bouffeurs de curé » …
    Si des « injonctions » venues de la hiérarchie ont été entendues, si des groupuscules se revendiquant de la doctrine catholique et à ce titre ont donné des consignes de vote ils se sont tous plantés non par les consignes données mais parce qu’ils les ont données. Ce n’est pas leur rôle de s’exprimer sur ce sujet « au nom de la doctrine catholique ».
    Etant juriste vous saurez trouver ce qui est connu comme « l’arrêt Poupard » (CE 22 juillet 1962 élections municipales de Saint-Brieuc).
    Je ne commenterai pas davantage ce que vous écrivez à propos du pape Jean XXIII et ce que vous appelez vous-même une « digression anticléricale ». A titre personnel et tout en affirmant mon adhésion totale à la doctrine du Credo (cf. supra) j’adhère aussi à l »anticléricalisme » mais pas, bien évidemment, à la forme que vous lui donnez.
    Je resterai mais librement un lecteur de vos billets mais je ne souhaite plus les recevoir à titre d’abonner à Vu du droit.
    Cordialement

    • Merci.
      Keep cool ! OK. Mais quand même essayez de remonter dans mon estime qui n’était pas feinte. Les catholiques ne sont pas en fin de course et de plus ils sont de tous les combats jusqu’au bout quand ils pensent que la cause est juste même si celui qui la défend ne partage pas sa foi, parce qu’ils n’aiment rien tant que la liberté : « Veritas liberabit vos ».
      L’histoire à démontré depuis 2000 ans que l’Église n’est pas dans un camp contre un autre selon les critères du monde… même si son histoire porte les cicatrices indélébiles d’erreurs personnelles et non institutionnelles. Dieu reconnaîtra les siens.

  2. Je suis frappé depuis l’élection du beau jeune homme, du maque d’enthousiasme populaire que ce soit à Paris à travers les images diffusées à la télé avec des cadrages serrés ou dans ma cambrousse. Les gens sont résignés, mais le sentiment du coup d’État me paraît assez franchement intériorisé.
    À voir les fragilités personnelles de notre président, je pencherais plutôt pour un destin à la Paul Deschanel.

  3. Je lis vos billets avec intérêt et suis généralement d’accord avec vous. Celui sur l’élection de Macron était d’ailleurs un vrai bonheur. C’est pourquoi la lecture de votre pamphlet anti catho me fait rager. Facile de taper sur les cathos ils ne rendant pas les coups et ne font pas de fatwas. Facile de gloser sur leur vote quand on constate qu’ils ont voté comme le reste de la population.
    On les somme de se prononcer sur le pen mais on réfute leur avis sur les sujets sociétaux pourtant autrement plus importants pour le respect des consciences et de la vie.
    Je suis assez consterné de votre anticléricalisme primaire et je doute que vous ayez le même courage pour tancer une autre religion sur son antisemitisme ou son refus de l’égalité….

Laisser un commentaire