On nous empoisonne !

 

La grande presse continue à nous informer sur les terrifiants dangers qui nous menacent. Il ne se passe pas de jour sans que l’on entende les noms imprononçables de produits chimiques ou de médicaments. L’objectif étant à chaque fois de déclencher un scandale, d’alimenter les peurs, flatter la pensée magique, et mobiliser les charlatans.

Si vous émettez un avis de bon sens, rationnel voire scientifiquement et rigoureusement fondé, vous êtes bien évidemment l’instrument conscient des lobbys qui ont fermement décidé d’éradiquer l’espèce humaine de la surface de la terre. Puisqu’on vous dit qu’on nous empoisonne !

Il y a le diable incarné en personne morale, la société Monsanto, qu’il vaut mieux appeler «Monsatan », qui véhicule l’image d’un énorme monstre qui à l’aide de ses griffes et tentacules génétiquement modifiées menace l’humanité. Avec ses 27 000 salariés soit 15 fois moins que les multinationales de l’agroalimentaire ou de la grande distribution et une capitalisation boursière de cinq fois inférieure à celle des géants du bio, elle est le grand sorcier à accuser.

Tiens, à propos d’agriculture bio, on se garde bien de vous informer de l’utilisation de pesticides « naturels » au dosage incertain, mais on la pare de toutes les vertus. Pourtant, cet été, on a eu droit au scandale des œufs contaminés au Fipronil. Insecticide utilisé pour lutter contre le pou rouge, qui peut infester les élevages, et dont l’utilisation est très encadrée. Deux escrocs ont vu là l’occasion de faire une bonne affaire et l’ont utilisé dans la composition d’un produit miracle qu’ils vendaient aux éleveurs bio. Ce Fipronil, on en a retrouvé des traces dans des lots d’œufs mis sur le marché, et à des doses très inférieures aux seuils prévus par les autorités sanitaires. Bien sûr tous les médias se sont goulûment précipités sur cette nouvelle aubaine. On nous empoisonne ! Ah oui, mais non, les œufs, étaient bio dites donc. Alors on a un peu levé le pied, de comme lors du scandale du concombre espagnol, dès lors qu’on s’est aperçu que l’origine du désastre (33 morts et 3000 malades) était une ferme allemande bio. «L’affaire surprend d’autant plus les Allemands que les graines germées incriminées venaient d’une exploitation «biologique». Leurs certitudes quant à la qualité supérieure des produits bio sortent ébranlées de ce nouveau scandale alimentaire. »

La poussière des défaillances de l’agriculture biologique étant mise sous le tapis, en cette rentrée il a fallu trouver autre chose. Il y a bien sûr la campagne délirante des anti-vaccins qui ne peut qu’inquiéter face à cette montée des peurs irrationnelles. Et de façon incroyable sous prétexte d’un débat équilibré, les arguments des scientifiques et des médecins sont mis dans les médias sur le même plan que les élucubrations des amateurs de poudre de perlimpinpin. Avec Isabelle Adjani (au secours !) en étendard, égérie de ceux qui lapident des professeurs de médecine. L’évidence ne joue plus aucun rôle dans le débat. On veut empoisonner nos enfants !

Chic, un nouveau scandale sanitaire : le Levothyrox médicament prescrit pour traiter les troubles de la thyroïde. Sa nouvelle version semble présenter des effets secondaires indésirables, et les mesures ont été immédiatement prises pour remettre sur le marché la version précédente, en attendant d’avoir trouvé la solution. Il n’y a donc pas de scandale sanitaire comme le dit la ministre de la santé, mais cela n’empêche pas les médias et les réseaux de se précipiter sur une affaire qui rassemble les ingrédients habituels : le gouvernement couvre les labos, les lobbys achètent tout le monde, compassion pour les « victimes », saisissons la justice, multiplions les procès. Et là aussi, on a un étendard people, l’ineffable Annie Duperey dont on sait depuis l’affaire Jacqueline Sauvage sa capacité à proférer des énormités.

Après la santé publique, vite il faut un scandale alimentaire. Ce sera le glyphosphate . Un bon client celui-là, il y a un moment qu’il est dans la besace du diable. Il entre en effet dans la composition du Roundup, un herbicide de chez Monsanto. Là c’est sûr, on nous empoisonne ! Un groupuscule racoleur qui s’autoproclame pompeusement ONG « générations futures » fait état d’une étude dont on ne connaît pas l’origine, et dont on ignore qui l’a réalisée. Cette étude aurait trouvé (le conditionnel est essentiel) dans des aliments d’origine végétale, des traces infimes de glyphosphate, en tout cas en quantité inférieures à tous les seuils de sécurité. Et sans aucune précaution tous les médias se sont jetés sur les calembredaines de Générations futures. Au milieu des insanités, retenons Libération et son titre, chef-d’œuvre de malhonnêteté: « Glyphosate, un herbicide dans nos assiettes ».

La pseudo étude se fait facilement démolir par des gens sérieux qui savent parfaitement de quoi ils parlent et peuvent justifier. Mais il faut aller le chercher sur les réseaux. J’ai trouvé deux réfutations dont J’invite à la lecture. Actualité Houssenia Writing. Solide et aimablement polémique. La théière cosmique. Très costaud.

On va terminer cette petite revue de presse avec le Figaro. Qui ne rechigne pas devant le commerce de la peur avec un titre qui nous plaque au sol : « près d’un décès sur cinq lié à l’alimentation ». On nous empoisonne ! C’est encore une étude qui le dit. Les multinationales de l’agroalimentaire comment qu’elles sont pas trop méchantes. Mangez bio, vous serez sauvés, même si vous faites la fortune d’autres multinationales, celles-là sont gentilles.

Mais il faut lire l’article, parce que, surprise, l’étude est quand même pleine de bonnes nouvelles.

Même si ça commence mal avec un premier paragraphe, chef-d’œuvre de propagande hypocrite : «Près d’un décès sur cinq dans le monde serait lié à une mauvaise alimentation, selon une étude publiée aujourd’hui qui se félicite de la chute de la mortalité infantile et de l’allongement de l’espérance de vie tout en déplorant l’augmentation des morts dus au terrorisme et aux conflits. »

Parce que l’étude internationale, voilà ce qu’elle dit : «En près d’un demi-siècle, l’espérance de vie mondiale à la naissance pour les deux sexes a augmenté de 14 ans, passant de 58,4 en 1970 à 72,5 ans en 2016, selon ce panorama 2016 de la santé mondiale, paru dans la revue The Lancet. Elle a atteint 69,8 ans en moyenne chez les hommes et 75,3 ans chez les femmes, selon l’étude, qui rassemble les données de 195 pays et territoires. »

Donc ça s’améliore ? Mais c’est chouette ça. Et cela prouve que l’humanité mange mieux, et en tout cas qu’en dehors des zones de conflit la famine a disparu. Grande première dans l’Histoire que la disparition de cette malédiction, récurrente depuis la révolution néolithique.

Ah oui mais non, parce que si on continue à mourir, c’est parce qu’on mange du poison. Ah bon ? Mais ce n’est pas ce que dit cette étude: «Sur les 54,7 millions de décès constatés en 2016 dans le monde, 72% sont causés par des maladies non transmissibles, comme les affections cardiovasculaires ou le diabète, souvent liées au mode de vie (alimentation, activité physique, tabac, alcool, etc.). » Effectivement, si on ne bouge pas son derrière, si on fume comme une cheminée, si on picole sévère, clairement on ne met pas toutes les chances de son côté. Et si en plus on se gave, toute la sainte journée d’hamburgers frites, de coca, et de banana split, c’est sûr que ça ne va pas s’améliorer.

Oui, mais tu comprends, décrire le réel, responsabiliser le citoyen, en fait dire la vérité, ce n’est pas vendeur. La peur et les boucs émissaires ça fait vendre du papier.

On nous empoisonne !

 

 

 

Régis de Castelnau

8 Commentaires

  1. Monsieur,
    Je lis assez régulièrement vos écrits pour la raison que, dès lors qu’ils entrent dans vos domaines de compétences, ils sont souvent remarquables au sens où ils valent la peine qu’on les remarque et qu’on s’en inspire pour se forger une interrogation raisonnable…
    Malheureusement, au sujet de votre papier, à l’évidence, vous n’avez pas les compétences requises pour affirmer ce que vous affirmer. Et là, ce qui est grave, ça n’est pas que vous trompiez, cela peut frapper tout un chacun, c’est que vous avez oublié ce que recouvre la notion d’honnêteté intellectuelle.
    Je ne doute pas que vous saurez y mettre bon ordre afin que nous puissions à nouveau vous lire avec le certitude que vous aurez retrouvé la rigueur intellectuelle dont nous pensions qu’elle était vôtre et sans faille.
    Croyez, Monsieur, que nous apprécions le plus souvent vos interventions et que nous espérons que ce dérapage n’est qu’un malencontreux accident.
    Je vous prie d’accepter mes meilleures salutations.

    • Et alors M.Davoust? Je ne doute pas, compte tenu de votre attaque, que VOUS vous avez la competence requise, encore qu’etant moi meme de formation scientifique je me mefie des arguments d’autorite.
      Donc, etant pose que Regis de Castelnau est sorti de son domaine de competence, que dites vous VOUS? vous avez certainement un point de vue bien etaye, qu’il me brule de connaitre …et peut etre de commenter, qui sait?
      A defaut votre commentaire ne vaut qu’ un pipi de papillon epargne par les engrais chimiques.

      Dans l’attente de vous lire

      Simon LUEL

  2. Il n’y a bien que la conclusion qui puisse recueillir l’assentiment. Décrire le réel, sans doute. Approcher la vérité, peut-être mais à partir de la confrontation des opinions. Ce n’est pas à un juriste qu’il devrait être besoin de rappeler la place de la dialectique dans cette entreprise.

  3. Voila donc tout un tas de sujets, jetés dans un sac estampillé « râleurs », râleurs ceux qui veulent bien manger, râleurs ceux qui s’intéressent à ce qu’ils gobent, râleurs de béni oui-oui, de béni non-non, etc.
    … Mais j’y pense, vous râlez là, non?

  4. Parlons en de ces réglementations qui déterminent ces seuils du droit à empoisonner. Ces fameux seuils ont été déterminé par qui et comment? Des études démontrent que les pesticides sont une des causes principales des cancers et la disparition des abeilles. On est bien empoisonné, mais à doses légales..

  5. Comment peut-on raisonnablement ne pas tiquer à l’idée d’administrer 11 vaccins à des enfants dont le système immunitaire n’est pas formé, sachant qu’en plus la ministre est en conflit d’intérêts flagrant avec le fabricant des vaccins en question et que certains pays avancés d’Europe (la plupart, en fait) ne pratique pas la vaccination obligatoire, sans qu’il y ait chez eux le moindre scandale sanitaire ? Comment peut-on ignorer (par dédain manifeste) que plus de 40 000 cas de cancers colorectaux sont diagnostiqués chaque année en France et que l’une des causes de ces cancers sont les nitrites ajoutées dans les charcuteries industrielles et qui ne servent à rien, sinon à apporter une belle couleur rose à la charcuterie (jambons et saucissons surtout, dont les Français sont friands), à accélérer le processus de maturation, donc à réduire les coûts de production et à augmenter les bénéfices ? Je m’en tiens à ces deux cas.

    Qu’il y ait des craintes excessives montées en épingle par certains médias ne signifie pas que toute alerte soit une fausse alerte dont le but serait de faire vendre du papier.

  6. J’allais faire mon petit commentaire, mais je vois que mes prédécesseurs ont déjà exprimé mieux que moi mes sentiments sur votre râle. Je les en remercie. Je confirme juste que vous vous êtes totalement fourvoyez dans ce texte. Bonne continuation.

  7. Étonnamment, la pause estivale n’a calmé aucune des ardeurs comploteuses qui vous animent. Elles expriment peut-être le rejet d’un modèle capitaliste qui a corrompu la démocratie et donc disqualifié, aux yeux du vaillant insoumis que vous êtes, les principes inhérents à la fabrique et diffusion de l’information.
    Ainsi donc, avec cette rentrée, nous apprenons que le bio n’est pas bio, que Monsanto est satanique et que l’industrie pharmaceutique est malmenée par les assauts de « people » en mal de tribunes.
    Forcément, comme « sans liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur », vous passez « Le Figaro » à la râpe à fromage d’une grogne dont on sent qu’elle va prospérer cet automne, et qui sait, s’épanouir au creux de l’hiver, dans l’attente rêvée de jours meilleurs.
    Tout cela afin de pourfendre le poison des vendeurs de journaux qui mentent et abêtissent le bon peuple… Laissons Boris Vian conclure: « Ah que de volumes n’écrirait on point si l’on voulait dénoncer les ravages causés par la connerie absolue »…
    Où est le juridique dans ce regard sur l’actualité?

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