Accusés, couchez-vous !

Nous continuons à publier les contributions de ceux qui ne peuvent se satisfaire du bazar ambiant et du caractère inquiétant de certaines dérives.
Cette fois-ci, c’est un article de Florence Rault, avocate féministe, mais proprement détestée par le courant victimaire. Dont les membres lui reprochent deux choses : savoir de quoi elle parle et être une combattante hors normes. Protection de l’enfance, fausses allégations d’abus sexuels, violence des femmes, tous sujets sur lesquels elle mène depuis 20 ans un combat à contre-courant sans se laisser intimider.
Elle considère que le grand déballage appelé « libération de la parole » est gros de risques pour nos libertés et les principes qui les organisent. Et elle ne veut pas que le féminisme contemporain devienne le fossoyeur de ces libertés.

Regis de Castelnau

15 Commentaires

  1. Aaaah … enfin une mise au point (au poing peut-être ?) indispensable et tout à fait légitime selon moi.
    Cette soudaine et sordide incontinence victimaire a quelque chose de tristement pathétique et en agace plus d’un et une.
    – D’abord parce libertinage et violence n’ont aucun point commun.
    – Ensuite, nombre de faits copieusement médiatisés aujourd’hui étaient méprisés par ces mêmes médias naguère.
    – Enfin, et pour autant qu’on veuille tendre à une société réellement égalitaire, ce serait trop simple de banaliser et/où d’occulter les nombreuses et inadmissibles attitudes féminines provocantes, tenues vestimentaires excentriques sinon inappropriées voire indécentes, et autres moeurs libertines bien connues animées dans un but inavoué et inavouable, lesquelles ont toujours eu cours sur les lieux de travail en France, même si parallèlement des violences pouvaient aussi sévir.
    Au cours de ma carrière, j’ai aussi connu et croisé beaucoup de collègues et confrères très respectables et élégants et d’autres collègues et consoeurs qui ne se privaient pas de confondre allègrement libertinages et relations professionnelles.
    C’est un choix, on peut en préférer d »autres.

  2. est-ce normal que la police (ou l’avocat ou le juge) demande la tenue qu’elle portait?

    Je ne pense pas, sauf à croire, comme Nadine, que la tenue aurait provoqué le viol.
    Car sinon il va falloir me dire quelle est la tenue qu’une femme doit porter pour ne pas être considérée comme responsable en cas de viol.

    Y-a-t-il moins de viols, de violences, de harcèlement avec une Burka qu’à poils chez des naturistes?
    Je ne pense pas, on trouve toujours une excuse , elle a montré : sa figure, ses cheveux, ses pieds, chevilles, mollets, cuisses, fesses. Bref, elle s’est montré donc elle est coupable.

    Quant à la présomption d’innocence, elle sert a protéger les politiques et tous ceux qui ont le pouvoir. Au tribunal on applique la loi et la loi n’est pas la justice. La loi est faite par ceux qui ont le pouvoir.

  3. Cette question est peut-être « légale », mais elle n’ est sûrement pas « normale ». La plaignante ne peut se permettre la seule réponse qui convienne de faire aux goujats qui la lui posent : »monsieur le commissaire, monsieur le juge, cher Maître, cela ne vous regarde pas ! ». Si la tenue de la plaignante avait été attentatoire aux bonnes mœurs (nudité, etc…), elle aurait dû faire l’ objet d’ une verbalisation et, de toute façon, cette éventuelle infraction n’ a rien à voir avec le viol ( pas plus que la couleur de son rouge à lèvres ou son type de coiffure. Eléments dont on admet qu’ ils peuvent faire partie d’ une « stratégie de séduction » mais dont je n’ ai pas (pas encore ?) entendu dire qu’ ils pouvaient justifier la curiosité d’ un enquêteur partial ou celle -plus compréhensible mais aussi déplacée- d’ un avocat défendant son client.). « Légal » ? Sans doute, mais j’ espère qu’ il est tout aussi légal que l’ avocat s’ entende répondre par le président : « Maître, votre question est parfaitement déplacée et je vous prie de la retirer ! ».

    • Vous ne comprenez rien. Le problème n’est pas la réponse. Mais qui pose la question. Et la parole de l’avocat Est libre.
      Je pense que c’est ça qui vous chagrine.

  4. Ce n’est pas la peine de crier, ni d’être condescendant, je comprends très bien, je ne suis pas d’accord c’est tout.
    Mais un débat contradictoire ne porte pas sur tout et n’importe quoi. Le juge doit cadrer le débat et peut, il me semble interdire certaines questions qu’il juge hors débat, insultante etc.

    A l’armée, il y a un délit d’incitation au vol, est ce un délit d’incitation au viol que vous voulez mettre en place avec ce type de question?

    Je maintiens donc que ce type de question ne devrait pas être posé car elle ne vise qu’à « prouver » que la victime du viol l’a bien cherché. Et c’est bien ce qui ressort généralement quand on pose cette question avec sa suite « logique » : c’est que vous l’avez bien cherché avec votre tenue provocante.

    • Ni les gens que je fréquentais ni moi n’entretenions ce genre de rapports tourmentés avec nos relations privées et/ou professionelles. La liberté et le respect étaient la règle commune.
      Qu’il y ait eu des gros « relous » voire des déjantés à cette époque comme à d’autres, c’est évident, mais merci de ne pas confondre et généraliser.

      Or ce qui est dommageable pour les victimes anonymes de réelles violences, c’est cette hémorragie quasi journalière de révélations qui se veulent fracassantes juste pour assurer le buzz.

      A force d’avoir le cul dans l’oeil on ne regarde plus le paysage.

  5. « La parole de l’ avocat est libre » : j’ appréciais la rigueur de votre argumentation juridique mais n’ avais pas remarqué que vous pouviez aussi être un humoriste de qualité. Que l’ avocat se risque à transgresser, au hasard, la loi Gayssot, la loi Pleven ou l’ une des nombreuses lois liberticides (400 ?) dont j’ ai découvert l’ existence grâce à votre blog. Nous verrons alors l’ axiome « la parole de l’ avocat est libre » se compléter d’ un  » dans tous les cas où elle n’ est point censurée » et l’ avocat lui-même regretter, mais un peu tard, de ne pas s’ être contenté des questions goujates dont nous débattons. Fort chagriné que la parole du citoyen ne soit pas libre, je me réjouis des maigres restes de liberté, dont semblent jouir certaines corporations.

  6. Sagissant de viol et d’agression sexuelle, comment font les enquêteurs pour tenter de corroborer les faits dénoncés par la plaignante (ou le plaignant) par des éléments matériels, d’en identifier l’auteur s’il est inconnu, s’ils n’ont pas le droit de lui demander ce qu’elle portait, de saisir ces effets et d’y rechercher d’éventuelles traces biologiques ?

    • Il ne s’agit pas d’interdire l’enquête.
      Ici la question n’est pas de savoir si on peut faire des prélèvements pour établir des faits matériels mais si le type de tenue portée peut être un élément de débat lors d’une audience.

  7. Lagun : votre question est excellente. Un seul hic : ce n’ est pas du tout de cela dont il s’ agit. Les enquêteurs se sont vu reprocher des questions parfaitement inutiles et indiscrètes et non le fait de faire leur métier en demandant (voire en exigeant) la livraison la plus rapide possible des effets de la plaignante lors des faits. Livraison à laquelle une plaignante de bonne foi ne verra pas d’ objection. Au fond, quel bel aveu de la part des enquêteurs et du juge : ils reconnaissent, par leurs questions, ne même pas avoir fait la démarche élémentaire de saisie immédiate des effets de la plaignante (s’ ils l’ avaient faite, ils ne demanderaient pas : « que portiez-vous ? »). Un bémol à mon point de vue : il suppose bien sûr que le reproche fait à l’ enquêteur et au juge d’ instruction correspond à la vérité, qu’ ils ont bien tenu les propos incriminés.

  8. Mais si c’est une jogeuse en automne ? Et si c’est l’hiver à Cologne ? Ou en Suède ? . C’est un peu presque hors sujet mais ça clarifierait le terme de provocation. À moins qu’être blonde ou fumer suffise ? La burqa, la burqa, la burqa …..

  9. Petit exercice : Léo et Margaux, 17 ans chacun, fréquentent le même lycée ; ils participent à la soirée d’anniversaire d’un ami commun ; chacun a un peu bu ; ils flirtent, finissent seuls dans une chambre et ont une relation sexuelle ;

    Trois jours plus tard, Margaux se rend au commissariat afin de déposer plainte pour viol contre Léo. Vous êtes chargé de recueillir sa plainte, puis d’entendre Léo.

    Quelles sont les questions autorisées et interdites à l’un et à l’autre ?

  10. Petit exercice : Léo et Margaux, 17 ans chacun, fréquentent le même lycée ; ils participent à la soirée d’anniversaire d’un ami commun ; chacun a un peu bu ; ils flirtent, finissent seuls dans une chambre et ont une relation sexuelle ;
    Trois jours plus tard, Margaux se rend au commissariat afin de déposer plainte pour viol contre Léo. Vous êtes chargé de recueillir sa plainte, puis d’entendre Léo.

    Quelles sont les questions autorisées et celles interdites à l’un et à l’autre ?

    Rappel : le viol est un acte de pénétration sexuelle commis par menace, contrainte, violence ou surprise ; pour simplifier (ou pas) l’exercice, on dira que l’acte de relation sexuelle n’est pas contesté ;

  11. L’acte sexuel est-il consenti ou non ?
    Margaux a-t-elle joui ou non ?
    Si la premiere question est affirmative, il n’y a pas de viol.
    Si la deuxieme question est affirmative, il n’ y a pas de viol.
    Qui a violé qui ?
    la pénétration sexuelle, avec quoi ?
    Cf le cas de Theo, avec la matraque de police: viol ou pas viol ?
    Agression sexuelle entre deux filles:viol ou pas viol ? avec objet sexuel ?
    Etc….
    Toutes les questions sont légitimes tant qu’elles sont posées pour faire émerger la vérité.

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