Affaire Daval : comment perdre des occasions de se taire.

 

L’actualité peut provoquer de temps en temps des bouffées de désespoir lorsque l’on est attaché au respect des principes qui régissent les procédures judiciaires. La justice est actuellement soumise à des pressions médiatiques et politiques tout à fait insupportables, et le seul espoir que l’on peut entretenir devant le dévoiement des médias, l’hystérie des réseaux, et la lâcheté des politiques, c’est que les magistrats réussissent à conserver leur sang-froid.

Pour les politiques,, on citera l’exemple de la direction des LR qui demande la démission de Darmanin de son poste de ministre, joignant ainsi sa voix à l’opération manigancée par Caroline de Haas, dont chacun a pu relever à la fois la violence et l’invraisemblance. La bêtise le dispute à la mesquinerie, puisqu’il s’agit de se venger de la trahison du maire de Tourcoing, sans mesurer le danger auquel les dirigeants des LR s’exposent eux-mêmes

Pour les avocats, on se demandera quelle mouche a piqué ceux du mari d’Alexia Daval, Jonathan, aujourd’hui accusé du meurtre de sa femme. Convoqué et mis en garde à vue il a été assisté par deux « défenseurs ». Il avait commencé par nier les faits qui lui étaient reprochés. Aussitôt, à la surprise générale nos duettistes se sont précipités devant caméras et micros pour nous dire à quel point leur client était dans la nasse et la lourdeur des charges qui pesaient contre lui. On a entendu en substance « Il nie toujours, mais ne vous inquiétez pas, en fonction de ce que l’on a vu dans le dossier, il est drôlement dans la seringue. » Ambiance garantie, et des médias stupéfaits pour être ensuite absolument ravis. A priori des artistes comme cela ça ne court pas les rues. Ensuite, bis répétita lorsque leur « client » toujours en garde à vue est passé aux aveux, ils n’ont eu de cesse que de refiler le scoop aux médias et se sont précipités à nouveau devant les caméras pour décrire le contenu de leur dossier avec force détails. En annonçant à grand son de trompe le déferrement devant le juge d’instruction et la mise en examen.

La recherche de leur quart d’heure de gloire Warholien ?

On a envie de rappeler certaines choses à ces confrères : le secret professionnel, l’intérêt du client, la dignité, la simple pudeur, jamais entendu causer? Et ensuite d’opérer un petit rappel, la défense s’exerce dans l’espace où votre « client » va être jugé, c’est-à-dire le prétoire. Pas chez Hanouna ou Ardisson.

Pour Marlène Shiappa quant à elle, on apprend qu’elle a été très fâchée de la défense de Jonathann Daval. Et elle ne l’a pas envoyé dire.

On pourrait être un peu formaliste et objecter qu’une secrétaire d’État en exercice serait bien avisée de se taire sur un fait divers qui vient de se produire et dont la justice est saisie. Ce fait divers provoque, et c’est bien normal une certaine émotion populaire, qu’il n’est pas très digne qu’un ministre, attise en jetant huile sur le feu et sel sur les plaies.

Surtout lorsque l’on sait d’abord que ce n’est pas Daval lui-même qui s’est exprimé. Ce sont ses avocats, se trompant à mon sens de côté de la barre, qui se sont étalés dans les médias. En y faisant un peu le boulot du procureur. Et puis les déclarations de Daval et sa défense, ce sont les magistrats saisis qui en sont destinataires au premier chef. Et s’il y a des gens qui ont des observations à faire, ce sont eux. On y ajoutera la famille, les avocats de partie civile et le parquet.

Le problème, c’est que la secrétaire d’État à la condition féminine a voulu faire passer sa contrebande. Une contrebande soi-disant féministe particulièrement mal placée.

«L’idée, c’est de dire qu’à chaque fois qu’une femme est victime de violences sexistes ou sexuelles et ici d’un féminicide, on trouve des raisons  qui justifieraient le fait que cette femme ait été victime. On fait comme si la victime elle-même était coupable d’avoir été victime. ».

C’est curieux ça me rappelle quelque chose. L’histoire de Jacqueline Sauvage meurtrière de son mari, abattu de trois balles dans le dos, et condamnée pour cela deux fois de suite à 10 ans de réclusion criminelle. Eh bien chère Madame Schiappa on avait trouvé « des raisons qui justifieraient le fait que cet homme (le mari de Madame Sauvage) ait été victime d’un meurtre. » Un lobbyng furieux du néo-féminisme victimaire, à l’aide de mensonges et d’impostures, a réussi à imposer l’idée que le mari de Jacqueline sauvage était « coupable d’avoir été victime ». Au-delà de la mort, et contre l’évidence des faits, il a été présenté comme ayant brutalisé sa femme pendant 47 ans et s’être livré à des actes sexuels sur ses enfants. Cette présentation était parfaitement mensongère comme l’avaient établi les débats devant de cour d’assises, et comme vient de le démontrer la publication d’un livre. Elle a pourtant permis de transformer une meurtrière en victime. Et à des parlementaires sans principe de déposer des propositions de loi pour restaurer une « légitime défense différée », pur et simple permis de tuer. Et à un Président de la République jamais en retard d’une veulerie d’accorder une grâce indue. Perçue d’ailleurs comme une insulte par les magistrats. Des « victimes » à géométrie variable suivant le sexe ?

 

Alors, Madame la ministre soyez assez aimable, d’éviter de raisonner comme un tambour, de vous occuper des missions qui vous incombent et de laisser la justice faire son boulot.

Et Jonathann Daval conduire sa défense comme il l’entend, en lui espérant d’ailleurs à ce propos, quoiqu’il ait fait, une défense digne de ce nom.

 

Régis de Castelnau

13 Commentaires

  1. Article aussi désespérant que les dérives qu’il est censé dénoncer !

  2. Je vous prie d’écrire Shiappa avec le C que ce nom comporte en réalité, et LobbyIng.

  3. Il y a des jours comme ça… Suite à l’agression d’un enfant portant une kippa le parquet, après avoir noté qu’aucun mot n’avait été prononcé par les agresseurs du malheureux, retient « a priori » le mobile antisémite. Et plein de zèle, le député de Sarcelles entend déposer une proposition de loi « afin que le caractère aggravant du racisme ou de l’antisémitisme soit reconnu dans toute agression d’un membre d’une communauté religieuse qui porterait un signe distinctif reconnaissable ». Pas « a priori », hein…systématiquement « reconnu ». Il est donc vivement conseillé à toute personne ayant un quelconque lien avec une religion, ou même aucun d’ailleurs, de porter « un signe distinctif reconnaissable » afin qu’en cas d’agression – quelle qu’en soit le mobile : insulte, refus d’une cigarette ou d’une priorité à droite, bagarre d’ivrogne etc.-  » le caractère aggravant de racisme soit reconnu comme caractère aggravant à l’encontre de son agresseur. Que celui ci ait vu le « signe distinctif » ou pas, que ledit signe ait un rapport avec les faits ou pas, aucune importance… mais restons positif. Le BTP va profiter de la demande de l’administration pénitentiaire (va falloir ouvrir quelques prisons de plus….) comme le PIB profitera de l’intégration du trafic de coke dans les stats Insee…

  4. Tout est dis dans votre analyse. De toute façon, il serait mal venu de ma part d’y rajouter des observations, puisque je ne suis pas un professionnel de la justice.

    Néanmoins, avant même de vous lire, j’ai également fait le rapprochement avec l’affaire Sauvage, après que les différents intervenants politiques et des milieux associatifs se sont empressés de se prononcer et « cracher » une nouvelle fois leur haine à l’encontre des hommes. C’est tout de même surprenant, que des gens (politiciens, représentant d’association, etc.) ayant un tel niveau de responsabilité que ce soit au niveau de l’état ou même associatif puisse manquer de discernement en s’exprimant sur une affaire qui n’a même pas encore été jugée par l’institution judiciaire.

    Mais ce qui est encore plus grave, c’est de considérer que le meurtre ou l’assassina d’un homme commis par une femme, pourrait résulter de l’excuse de la répétition de violences conjugales sur plusieurs décennies sans même en apporter la moindre preuve, mais qu’à l’inverse, ces mêmes « féministes intégristes » soient totalement incapable de prendre suffisamment de recul pour se pauser la question, qu’une situation de cette nature peut résulter des mêmes faits, mais dont les rôles sont inversés !

    Je donnerais en exemple mon propre cas. J’ai été marié durant une dizaine d’années à une femme extrêmement violente. Je dirais que j’ai cette chance d’être en capacité à prendre suffisamment le recul nécessaire et cette faculté d’analyser que si je restais dans cette relation, tôt ou tard elle risquait de déboucher sur un drame irréparable. Tant s’en faut, cela n’est pas arriver et heureusement ! Il est vrai aussi, que j’ai multiplié les déclarations de mains courantes, certificats médicaux et même deux plaintes pour menaces de mort lorsque j’ai quitté le domicile familial. D’ailleurs, lorsque l’OPJ recueillait mon second dépôt de plainte, il a répondu (avec mon accord) à la 33e tentative d’appel téléphonique de mon ex-femme sur mon téléphone mobile qui continuait ses intimidations et menaces de mort. Bref, j’ai eu beaucoup de chance d’avoir que mon affaire ait été instruite par des magistrats et enquêteurs très professionnels. Elle a fini par être jugée et lourdement condamnée.

    Donc, la violence quel soit l’auteur, celle-ci est inacceptable. Ainsi que la mort d’un homme n’est pas plus acceptable que celle d’une femme sous les attendus de l’excuse de violences conjugales.

    Les « féministes intégristes » feraient bien d’en tirer les leçons, je ne pense pas que leur haine à l’encontre des hommes puisse servir la cause des femmes, bien au contraire…

  5. Je viens d’apprendre que le Bâtonnier de Besançon aurait convoqué nos confrères chargés de la « défense » (?) de Jonathann Daval …

    On peut imaginer qu’il va se faire un devoir de leur rappeler le dispositions de l’article 63-4-4 du Code de Procédure Pénale qui dispose que :
    « Sans préjudice de l’exercice des droits de la défense, l’avocat ne peut faire état auprès de quiconque pendant la durée de la garde à vue ni des entretiens avec la personne qu’il assiste, ni des informations qu’il a recueillies en consultant les procès-verbaux et en assistant aux auditions et aux confrontations. »

    Mais en dehors de l’aspect juridique du problème, je voudrais faire part de mon indignation quant à l’attitude des média (je parle essentiellement de la radio, manquant de temps – et d’envie – pour regarder la télé), qui se sont répandus en invectives et imprécations à l’encontre de Jonathann Daval, non au sujet de l’acte qu’il reconnaît avoir commis, dont il répondra devant la justice, mais au sujet de sa prétendue hypocrisie, comédie, duplicité etc…parce qu’il s’est montré effondré dans les jours qui ont suivi la mort de son épouse.

    C’est bien mal connaître l’âme humaine que de ne pas pouvoir imaginer qu’un homme, qui était décrit par tout son entourage comme non violent, qui a tué sa femme dans des circonstances que le procès éclairera, peut en être totalement désespéré.

    Que ce désespoir ne soit pas une excuse c’est évident, mais au nom de quoi lui dénie-t-on jusqu’au droit de regretter amèrement son acte et d’en être profondément bouleversé ?

    Mes pensées vont aux parents de la jeune femme, dont la peine doit être immense.

    Ne vous reprochez pas d’avoir « soutenu » votre gendre, les choses ne sont pas aussi simples qu’on le dit à la radio.

  6. Bien vu ! On nage en plein délire ! Que Mme Schiappa use d’une affaire pour se faire de la pub en racontant n’importe quoi, on était habitué désormais, mais que des avocats aillent déballer le dossier devant les médias (ce matin à la radio, je me demandais si je ne rêvais pas et pourtant je ne suis pas juriste !) c’est du jamais vu ! Euh, leurs noms, please, que je les évite si jamais je devais avoir à faire avec la justice…

  7. « … On a envie de rappeler certaines choses à ces confrères : le secret professionnel, l’intérêt du client, la dignité, la simple pudeur, jamais entendu causer? « .

    Pour s’en convaincre il suffit de considérer les aboiements insultants que vous-réservez aux commentateurs qui ont l’honneur de vous déplaire.
    Les âneries que vous osez sortir dépassent tout ce qu’un individu sain d’esprit peut imaginer.

    • L’honneur ? Comme vous y allez. Il n’est pas question d’honneur mais de consternation devant tant de confusion niaise et ignorante. Et je vous rappelle que nous sommes sur un blog et pas dans un prétoire.
      Je ne vous insulte pas, je vous qualifie.

  8. 2 remarques

    1
    Il semblerait que le sieur Daval aie avoué le meurtre, ce qui évidemment change la donne.

    2
    L’avocat des parents de la jeune femme, a dressé des louanges appuyées aux avocats du désormais présumé meurtrier.

  9. Bonjour monsieur,

    Il me semble que le lien suivant ne marche pas !

    « Pour Marlène Shiappa quant à elle, on apprend qu’elle a été très fâchée de la défense de Jonathann Daval. Et elle ne l’a pas envoyé dire. »

  10. Il me semble que la comparaison n’est pas très juste. La différence de traitement entre Jacqueline Sauvage et le mari d’Alexia Daval (son nom m’échappe désolée) est peut être du au fait que Jacqueline Sauvage n’est pas allée maquiller le meurtre et jouer la comédie après son acte. Il aurait prévenu la police juste après avoir tué ‘accidentellement’ son épouse en évoquant d’éventuelles pression psychologiques qu’il aurait subies (tout comme celles qu’à subies Jacqueline Sauvage), les médias auraient traité des violences faites aux hommes et il aurait eu le même soutient. Cela étant dit, je ne prétends pas maîtriser les deux affaires. Je me méfie juste des comparaisons malhabiles. Merci en tout cas pour cet article qui permet d’ouvrir la discussion.

    • Il ne s’agit pas de comparer les deux crimes. Mais de relever l’attitude de ceux qui hurlent, ministre en tête (! ! !) devant la défense (peut être débile) de Daval et qui ont SOUTENU un incroyable mensonge concernant Jacqueline Sauvage. En la faisant passer pour une victime de violences, ce qu’elle n’était pas. Elle a tué froidement son mari dans le dos de trois balles. Et ensuite a prétendu contre l’évidence qu’elle subissait des violences, est également soutenu un autre mensonge ignoble, celui selon lequel sa victime aurait eu des relations incestueuses avec ses filles. Savez-vous que cette « héroïne » des féministes était particulièrement violente. Et n’hésitait pas à frapper ses codétenues en prison. Pourquoi croyez-vous que le juge de l’application des peines a refusé par deux fois sa mise en liberté conditionnelle ?
      Quand tous ceux qui ont monté la manipulation Sauvage se seront excusés on en reparlera.

      • Merci pour ces éléments que je n’avait pas.
        Je m’interroge sur ce que vous dénoncez comme une ‘manipulation’ : était-ce de votre point de vue une volonté délibérée de faire passer une femme violente pour icône féministe ? N’est-ce pas plutôt la maladresse (plutôt récurrente et assez casse-pieds de mon point de vue) de personnes en vue cherchant à coller à l’opinion publique pour s’assurer un certain soutien ? Parce que si Jacqueline Sauvage est la personne violente que vous décrivez (je ne remet pas vos dires en cause, je n’ai juste pas creusé ce sujet), n’est-ce pas plus une balle dans le pied du mouvement féministe qu’autre chose ? (ps : je viens juste de découvrir ce site, je vais de ce pas lire s’il y en a les articles sur l’affaire Sauvage, histoire de me faire une opinion plus nette)

Laisser un commentaire