Le beau nom de cheminot

Emmanuel Macron a bénéficié de circonstances particulières pour parvenir au pouvoir. Grâce à une opération judiciaire qu’il a probablement commanditée il s’est débarrassé de son principal adversaire aux élections présidentielles. Cette espèce de coup d’État a précipité l’effondrement du système politique d’une Ve République gangrenée. Ce qui lui permet de gouverner en s’appuyant sur quatre ou cinq personnes, en liaison directe avec le CAC 40 et le grand Capital dont il assume très bien d’être le serviteur. Aidé de la caste de la haute fonction publique d’État, il peut donc mettre en œuvre la feuille de route voulue par l’Europe allemande. Après avoir détruit la construction centenaire du Code du travail, il est chargé, dans la perspective de la chère « concurrence libre et non faussée » des europhiles aveugles de finir la destruction de notre système ferroviaire déjà entamée par les socialistes. Comme d’habitude, on a produit un rapport rédigé par un récidiviste du démantèlement des services publics, pour imposer dans les têtes, le caractère indispensable de la disparition de la SNCF. Comme d’habitude encore, on utilise un populisme crasseux pour opposer les travailleurs du rail aux autres catégories de la population. L’occasion la plus infecte ayant consisté à opposer leur statut à celui des agriculteurs. Sus aux cheminots, responsables de tous nos malheurs.

Et c’est là où pour moi, ça va coincer. Dans mon enfance, le train, et ceux qui faisaient tourner la machine bénéficiaient d’un grand prestige. Ils constituaient une sorte d’aristocratie ouvrière,   compétente, rigoureuse et dévouée, indispensable à la nation. Chez nous on les reconnaissait comme tels et ce d’autant que sous la grêle, ils avaient payé le tribut. Les 3000 cheminots fusillés, les membres du réseau « Résistance Fer », avaient beau être communistes, pour mon père ils étaient des frères de combat. J’ai vu les dernières locomotives à vapeur, sublimes symboles de la révolution industrielle, les michelines blanches et rouges qui irriguaient mon pays jusque dans ses recoins. J’ai connu la France où il y avait des gares partout et où le chef de chacune d’entre elles était un personnage important. Même si, et c’en était le signe, on moquait parfois ses infortunes conjugales.  Les choses ont évolué mais ce monument national est toujours présent. Je garde cette tendresse particulière pour les trains, pour ceux qui les conduisaient, et les entretenaient. Je me sens dans le TGV que j’utilise souvent comme dans les michelines ou les trains rapides à compartiments ou wagons corails. Les gares sont toujours des lieux magiques, la lumière et les odeurs y sont les mêmes que dans le monde d’avant. Et ceux qui prétendent le contraire sont des menteurs. Lorsqu’aujourd’hui je prends le TGV pour Avignon, et que je vois 2h40 plus tard, des étrangers américains ou japonais en sortir pour entrer dans l’été provençal, je ressens toujours ce petit sentiment de fierté pour ce que mon pays est capable de leur montrer. Et puis je veux que l’on continue à desservir par le rail, pour les empêcher de mourir, toutes ces villes et petites villes, ces Vallon en Sully, ces Cerans Foulletourte, ces Villedieu les Poëles. Pour cette dernière ne serait-ce qu’en l’honneur de Jean Devé, militant syndical, chef de gare à Villedieu, génial mécano des chenillettes Bren Carriers, tué à l’ennemi à Bir Hakeim le 10 juin 1942, Compagnon de la Libération. Voyez-vous Monsieur Macron, ce jour-là la France n’était pas à Vichy comme vous le prétendez, mais dans le désert Lybien. Incarnée par un cheminot qui lui a donné sa vie.

Brader Alstom aux Américains et aux Allemands, ça c’est fait. Balancer bientôt Airbus aux mêmes, ça c’est en cours. Le reste à l’avenant.

Donc comme ça, aujourd’hui pour mieux exécuter encore les ordres de cette Europe allemande, et ouvrir à la concurrence le transport ferroviaire avec la conséquence qu’on imagine trop bien, c’est-à-dire la disparition d’un service public du transport par rail, nos élites dirigées veulent détruire la SNCF ? Alors qu’elle constitue bien sûr un indispensable outil économique de service public dont nous avons besoin, mais aussi un patrimoine historique et culturel.

Eh bien, c’est non.

Camarades cheminots, votre combat ne sera pas seulement celui pour vos intérêts professionnels, catégoriels ou personnels, aussi légitimes soient-ils. Il sera aussi et surtout celui de garder à notre pays un bien qui lui est précieux. Il y a des moments, où chacun à sa place, on est porteur de l’intérêt national. « Celui qui est désigné doit marcher » disait Péguy. Vous aurez bien sûr en face de vous la partie servile des médias qui vous insultera et vous reprochera de prendre les usagers en otage. Vous aurez les sondages bidons, l’arrogance cassante de la caste et les capitulations des syndicats jaunes. Ne vous laissez pas intimider.

Quelles que soient les formes de lutte que vous choisirez, nous vous soutiendrons et rappelez-vous que les seuls combats que l’on perd sont ceux qu’on refuse de livrer.

 

Régis de Castelnau

43 Commentaires

  1. Maître,
    J’ai le grand regret de vous faire savoir qu’on emprunt un objet et qu’on va en Libye.

  2. Désolé mais à mon tour j’oublie le e final du verbe emprunter à la 3ème personne du singulier.

  3. Pour le reste je partage entièrement votre analyse et me demande même si ce gouvernement et son président, notamment, ne serait pas passible d’une procédure selon quelques articles du Code pénal pour atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation.

    • Sarkosy a fait supprimer de la constitution le crime de haute trahison pour le chef de l’état…

      • Concernant la vente d’Alstom énergie 411-3 du Code Pénal :
        Le fait de livrer à une puissance étrangère, à une entreprise ou une organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou à leurs agents des matériels, constructions, équipements, installations, appareils affectés à la défense nationale est puni de trente ans de détention criminelle et de 3 000 000 F d’amende.

  4. Une fois de plus, merci à vous. Je me retrouve parfaitement dans ces lignes. Cadre en finance, je n oublie pas que mon grand père, cheminot, a défilé sous les drapeaux du front populaire avant de faire plus que son devoir à l époque où les allemands avaient plus de bottes et moins de costumes. Alors effectivement, je serai solidaire de tout mouvement, en modeste hommage à ma famille de pue la sueur.

    • Permettez-moi de ne pas comprendre votre saillie. S’il y a autre chose à comprendre qu’une volonté de démolir un exposé passionné et construit en une petite phrase se voulant géniale (les ravages de la « pensée » twitter).
      Pour briller dans ce genre d’exercice, il faut du talent -le vôtre est incertain- où, à défaut, savoir au moins se renseigner.
      La nationalisation des chemins de fer date de 1937 et, en 1918, la structure était encore entre les pattes du privé. Savoir pourquoi l’on est passé de l’une à l’autre était aussi à mon sens le sujet de ce bel article.
      Il faudra quand même que les libéraux se rendent compte un jour qu’il est des activités socialement indispensables qui ne peuvent fonctionner correctement à la seule aune de la rentabilité.
      Sinon, pas rancunier pour un rond, je vous propose une autre date dans le registre rétro. Le 27 avril 1968 (quoique j’hésite avec le 27 novembre 1995).
      J’ai en effet le pressentiment que cette réforme à la hussarde risque de se révéler être la première vrai « énaurme » connerie du régime Macron.
      Balancer des bombes dans la cheminée n’est pas le meilleur moyen d’enterrer des volcans en apparence assoupis.
      Mais à Bruxelles l’on ce connaît apparemment plus ni l’histoire ni la géographie.

  5. Pour avoir eu l’honneur, pendant douze ans, à la fin de ma carrière professionnelle, d’être le directeur général du Comité central de la SNCF, j’ai côtoyé quotidiennement toutes les catégories de cheminots. Et bien, ces «privilégiés» ne connaissent ni samedi, ni dimanche, ni Noël ni les ponts de l’Ascension et autres. Un roulant, conducteur ou contrôleur, part de Lille pour Marseille, y dort, dans un «foyer cheminot», et croyez-moi, ce n’est même pas du deux étoiles. Pas grave, ils verront leur famille plus tard. Les agents de maintenance travaillent de jour comme de nuit, dans les mêmes conditions que les roulants, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente, ou que la température en plein soleil atteigne plus de 35 degrés.
    Et la retraite à 50 ans, ce n’est que faribole, c’est 53 ans pour les conducteurs et 57 pour les autres, mais…à condition de disposer de suffisamment d’annuités, ce qui signifie pour la plupart, un départ à taux plein entre 60 et 65 ans! Alors oui, il faut informer et encore informer, pour tordre le cou à la désinformation. Il faut aussi faire connaître la dernière étude de l’Europe qui classe troisième la SNCF face à la concurrence européenne, on est loin, très loin de la situation catastrophique qu’on nous dépeint à longueur d’ondes.
    Alors oui, soyons aux côtés des cheminots dans la lutte qu’ils vont engager pour sauver leur outil de travail, pour ne pas laisser dans les crocs de ces princes du capital qui bavent dans l’attente de la privatisation. Cette lutte, c’est notre lutte! Ne les laissons pas détruire NOTRE SNCF.

  6. Mon pauvre père doit se retourner dans sa tombe, pour les cheminots qu’il vénérait, et contre l’Allemagne dont il ne cessait de nous prévenir. Il a épousé une Micheline – ma mère, fille de cheminot – qui n’a pas eu à en souffrir, bien au contraire.
    Je vois avec effroi une sape consciencieuse de notre belle France, puisse la jeunesse trouver la force de se redresser, nous serons au soutien !

  7. Bravo ! C’est peut-être la mère des batailles qui se joue là et l’on aurait intérêt à soutenir les cheminots si l’on ne veut pas voir les escrocs de l’oligarchie lever leur coupe à la défaite des classes populaires.
    Un (gros) hic, c’est que le général Martinez à la tête des cheminots avait appelé à voter pour le bradeur en chef, j’ai nommé Macron. Espérons qu’il ait changé d’avis entre temps. J’ai quand même des doutes.

  8. Notre président, aussi jeune, cultivé et énergique soit-il, manque de hauteur de vue, c’est vrai.
    Malgré Paul Ricoeur, il manque de vision, c’est vrai aussi.
    La SNCF, ses cheminots, ses gares, ses michelines et ses tgv, font partie du patrimoine national, c’est encore vrai.
    Ouvrir le trafic ferroviaire à la concurrence libre et non faussée est une ânerie de nature typiquement idéologique, c’est toujours vrai.
    Pour autant, le statut du cheminot ne mérite-t-il pas un petit toilettage ?

    • Probablement que ce statut mérite qu’on s’y attarde mais la façon qu’ont les médias de le lier au déficit de la SNCF est assez détestable alors que la rapport Spinetta est plus mesuré.

  9. Un de mes oncles , frère de ma mère , est tombé sous les balles nazies, à l’âge de 32 ans
    Sa femme a donc bénéficié au titre de Résistance Fer d’être intégrée à la sncf avec le même grade que son mari
    C’est honteux de la part de ceux qui sont en vie aujourd’hui grâce à Résistance Fer de cracher sur le statut des cheminots

  10. Cher maître,

    Vous avez écrit, assez à l’étourdie « le TGV que j »empreinte ». Mais « emrpunte » s’imposait-il vraiment. Moi, je prends le train.
    Bien cordialement.

  11. Votre éloge se conçoit. Mais dans les mesures envisagées, une me paraît sage : la fin de la retraite à 55 ans ! Même les guichetiers cessent de travailler à cet âge. Est-ce épuisant ? Que vous en semble ?

    • Les guichetiers ne partent plus à la retraite a 55 ans depuis 2000 environ.
      Maintenant ils font leurs annuités et partents a la retraite a taux plein vers 60/62 ans.
      Je n ai pas les renseignements exacts mais je suis certaine que la retraite a 55 ans appartient au passé pour les agents commerciaux.
      Il y a toujours eu un ecart pour la retraite entre les roulants et les sédentaires.

    • Bonjour,
      Je me présente Giuge Laurent, conducteur de train à la Sncf.
      Vous devez tenir ces informations sur les retraites des cheminots de médias corrompus … Un guichetier ne part en retraite pas à 55 ans mais 62 ans, il n’y a pas de bonification pour nos collègues.
      Je peux vous affirmer que ce n’est point un métier reposant … Tres mal payer … Au dessous du Smic à l’embauche et aux horaires décalés … Et ne parlons pas du manque de civisme de nos concitoyens ( insultes menaces sont leur lot quotidien) bien sûr dans vos références vous ne citez pas tous ces inconvénients.
      Enfin Monsieur ressaisissez vous … On vous parle de la France … De ses fleurons … Une image nostalgique … Rassurez vous nous ne serons bientôt qu’un sous pays enfermé dans sa médiocratie … Chose que je n’en doute pas vous conviendra ainsi qu’au reste de nos concitoyens nourris de haine et de bêtise.
      Salutations

  12. Merci de cet article qui reprend bien les différentes interrogations et oppositions que l’on a envers ce projet menaçant.

    En tant qu’orthophoniste je n’ai même pas relevé « l’emprunt » du mot « empreinte » tellement il m’a paru convenir dans le contexte. Inconsciemment vous avez indiqué que vous marquez de votre empreinte ces trains , comme beaucoup de nous lorsque nous les prenons, signifiant qu’ils sont nôtres et contents de le faire grâce au travail de tous ces cheminots dont vous rappelez le beau travail.
    Je soutiens leur lutte comme une des dernières batailles?

  13. Quand j’ai lu ces phrases : « Cette espèce de coup d’État a précipité l’effondrement du système politique d’une Ve République gangrenée. Ce qui lui permet de gouverner en s’appuyant sur quatre ou cinq personnes, en liaison directe avec le CAC 40 et le grand Capital dont il assume très bien d’être le serviteur. Aidé de la caste de la haute fonction publique d’État, il peut donc mettre en œuvre la feuille de route voulue par l’Europe allemande », je me suis dit que vous commenciez par une caricature complotiste, pour mieux parler ensuite de la nécessaire modernisation (qui ne veut pas dire « casse ») d’un service public essentiel.

    Mais non …
    Juste une question à titre d’exemple : quel mal principiel y aurait-il à voir les employés de SCNF et de RFF rejoindre le régime général de la sécurité sociale ?

    On peut honorer les anciens et leur sacrifice (ce que je fais sans réserve) sans pour autant sombrer dans la nostalgie paralysante. Je me joins donc (à regret, tant j’aime généralement vous lire) au commentaire de Pierre-Marie Louis : vous avez oublié de dater.
    Bien à vous,

  14. Entièrement d’accord avec votre article. Je pense encore à Henri Vincenot et à ses articles de la Vie du Rail. Je vois que vous allez à Avignon, si vous passez par le Luberon, je vous invite à boire un coup et même à casser la croûte à la maison, ne serait-ce que pour vos références à Bir Hakeim et à ses héros.

  15. Sur ce sujet-là comme sur les autres, « l’Europe » paralyse toute pensée politique française.

    Nous la France, nous pouvons bien avoir les trains que nous voulons, et la compagnie de chemin de fer que nous voulons, et les grèves que nous voulons, et les dettes que nous voulons… c’est notre affaire ! Eh bien non ! Nous devons nous conformer aux directives de Bruxelles, c’est-à-dire aux directives que nos « dirigeants » ont concocté et signé à Bruxelles avec leurs homologues européens, en vue d’un Bien supérieur supposé… C’est cela qui est de plus en plus insupportable, c’est cette soumission, non pas tant à l’Allemagne, qu’à une conception bien franco-française de l’idéologie européenne ou de plutôt de l’idéologie néolibérale-européo-mondialisée.

    Macron en est un parfait porte-drapeau. Réussite est son idole. Comme elle est celle de nos élites néolibérales-européo-mondialisées. Comme elles, il vénère Réussite. Elle commande tout. Que peut signifier « en marche ! » sinon « en marche vers la réussite ! » ou « en marche vers Réussite ! » ? Car une telle idole mérite bien une majuscule…

    Il faut réussir, quoi ? on ne sait pas, il faut réussir, point !

    Et pour cela il faut marcher, sous-entendu : marcher ou crever.

    C’est insensé, mais c’est cela qui se passe. Nous en sommes témoins et complices. La réforme du statut du cheminot n’est qu’une péripétie dramatique de plus dans cette longue marche vers Réussite, parousie moderne…

    « Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité.
    Quel avantage revient-il à l’homme de toute la peine qu’il se donne sous le soleil?
    Une génération s’en va, une autre vient, et la terre subsiste toujours. »

  16. La responsabilité de la dette de la SNCF provient surtout des choix de l’État dans sa politique de l’infrastructure. S’il décide de remplacer les trains par des cars, ça donne le résultat que nous avons car il n’a pas fait l’effort d’investir dans l’amélioration des rails ce qui pouvait éviter de nombreux accidents au passage (comme celui de Bobigny, même si la responsabilité du conducteur de train est à mettre en cause).

  17. Je suis Cheminot, et votre soutient me fait chaud au coeur, il y a encore des gens capable de penser par eux mêmes , cette année va être difficile pour nous et votre soutient m’encourage.

    Ps : je voulais juste préciser par prévention ! Quand nous fesons grève nous ne sommes pas payé ! De plus chaque jours de grève en plus d’être retiré de notre salaire , l’est également de notre prime de fin d’année ( 13 ème mois ) , donc …..

  18. Au moment du traité de Maastricht, j’ai d’abord suivi les recommandations de vote du PCF c-à-d le « NON », puis j’ai lamentablement fléchi lors du vote en me laissant séduire par le PS qui vantait à qui mieux mieux le nivellement par le haut de tous les droits sociaux grâce à ‘l’Europe ».

    La retraite des cheminots qui aurait du être la norme aujourd’hui pour les Français et les autres peuples d’Europe (selon le discourt des socio-démocrates de 92) est devenue la norme à abattre ; la retraite des agriculteurs français est maintenant notre horizon à tous, voire même plus surement la pension de retraite du paysan bulgare.

    Le PCF de 92 est mort depuis Robert Hue, mais le « vieux » PC avait tout compris de l’ « Europe » depuis les années 50.

    (je passe ici depuis un lien du  » Comité Valmy »)

  19. «…je pense que si Walter Hallstein est, à sa manière, un Européen sincère, c’est parce qu’il est d’abord un Allemand ambitieux pour sa patrie.» Propos d’un certain C. de Gaulle.
    Europe Allemande? Ou bien d’un fédérateur extérieur?

    (Hallstein fut le premier président de la Commission de la Communauté économique européenne et est également considéré comme l’un des « Pères » de l’Europe.)

  20. Saint Hippolyte du Fort le 3 mars 2018

    Réponse à Régis de Castelnau

    Votre article «  Le beau nom de cheminots »

    Monsieur,

    Au sein du verbiage que constitue votre article j’ai été particulièrement choquée par la phrase suivante…… « Les 3000 cheminots fusillés, les membres du réseau « Résistance Fer », avaient beau être communistes…………… »
    Je vais donc vous rafraîchir la mémoire ! En France, dès 1939, ce sont les communistes qui furent les premiers et les seuls à se dresser contre l’occupant Allemand nazi et ils le payèrent chèrement puisque à la Libération de notre pays la vox populi les appelait « Le Parti des fusillés  » et si quelques bourgeois rejoignirent le combat ce n’est que parce qu’ils furent mis devant l’évidence que le rêve des nazis ( qui était aussi le leur ) d’écraser et dépecer la grande URSS conduite par Joseph Staline avait pris fin déjà lors de la bataille de Moscou.

    En fait vous êtes un apôtre de l’actuelle falsification de l’Histoire qui cherche à présenter l’ordre capitaliste comme un modèle économique, social et politique seul porteur de progrès, qui prétend que ce seraient les Etats Unis qui auraient « sauvés » les pays de l’Europe du joug du Reich hitlérien, qui voudrait reporter les crimes d’extermination massive commis par les nazis sur le compte de ceux qui les combattaient et donc a l’ignominie de poser en équation communisme = nazisme ?

    Et si, à la Libération il y eut la mise en œuvre immédiate de toute une série de projets permettant l’amélioration des conditions de vie de la population française c’est parce qu’à la sortie de la guerre laissant notre pays avec une économie exsangue, un corps politique déconsidéré, le Parti Communiste français était puissant du fait de son incessant combat pour bouter les fascistes hors de France, la classe ouvrière combative, et l’ Etat chancelant.

    Bien sur ce fut l’occasion pour la bourgeoisie de s’accorder un répit pour .prendre sa revanche quand des conditions plus favorables adviendraient. Car le capitalisme ne se réforme pas et son objectif principal est, avec la mise aux pas du communisme, l’augmentation constante, au dépend des salariés, de son taux de profit.

    Depuis plusieurs décennies le grand Parti communiste de la Résistance n’est plus, l’actuel est devenu un Parti réformiste au service du capitalisme.

    Vous pleurnichez sur la casse totale des services publics, et notamment le service public de la SNCF mais vous omettez de dires que les adoucissements à l’exploitation sont depuis un certain nombre d’années perçues comme inutiles par la bourgeoisie et son Etat, le danger communiste ayant disparu il n’y a plus de raisons de les conserver, ils ne « servent » désormais plus qu’à peser sur la compétitivité et les précieux profits des capitalistes.

    C’est bien Macron qui, en octobre 2014 déclarait «  C’est le moment pour la France de repartir à l’offensive. L’Europe a besoin d’un New Deal : la France s’engage à poursuivre et même à intensifier ses réformes […]. Demandez aux entreprises si rien n’a changé ! Beaucoup de réformes ont été votées et engagées : le Cice (Crédit d’impôt compétitivité emploi, NDR), le pacte de responsabilité et de solidarité, l’accord de janvier 2013 sur la sécurisation de l’emploi. L’Etat, la sécurité sociale et les collectivités font des efforts considérables pour réduire nos dépenses publiques de 50 milliards en trois ans… C’est historique ! Faire changer les choses, c’est toujours prendre un risque. C’est comme rentrer dans la vallée de la Mort : jusqu’au dernier moment, on ne sait pas quand on va en sortir ; mais la pire des erreurs est de faire marche arrière. Nous avons six mois pour créer une nouvelle donne en France et en Europe. » 

    Il en découle donc que l’austérité qui est IMPITOYABLEMENT mise en œuvre par le capital vise à restaurer les taux de profits mis à mal par la crise de surproduction. Le capital devient de plus en plus dur avec les travailleurs et l’État providence se transforme en Etat policier ( penchez-vous donc sur toutes les Lois liberticides votées en quelques mois )

    Les syndicats réformistes des cheminots vont donc mener une action pour la «  survie du service public SNCF » ?????? Vous encouragez cette action !!!!
    Cher Monsieur vous vous moquez et des cheminots et des usagers des divers services publics démantelés par le capital.
    Votre verbiage n’appelle pas à un grand mouvement insurrectionnel pour, non seulement, empêcher la casse des services publics mais aussi pour irrémédiablement virer de notre belle France le système capitaliste qui n’apporte que misères et guerres.
    Betty Poggiale Avidor, C’est à la Résistance communiste que ma mère et mes sœurs et frères devons la vie.
    Mon père a été arrêté le 23 janvier 1943 lors de la grande rafle du Vieux Port à Marseille, PAR DES MILICIENS FRANCAIS. Le 2 septembre 1943 il a été embarqué dans le convoi n° 59 contenant 1000 personnes, à destination d’Auschwitz/Birkenau où il est arrivé le 4 septembre 1943. Il y est devenu, à son arrivée, le numéro matricule 124147 et a survécu au sein de cet enfer du 4 septembre 1943 au mois de janvier 1945.
    Il a été évacué d’Auschwitz ( en Pologne ) vers Mauthausen ( Autriche ) aux environs du 15 janvier 1945 avec les marches de la mort.
    Mon père, matricule n° 124147 est mort le 4 avril 1945.
    Il a donc survécu neuf mois dans les camps Français, seize mois dans l’enfer d’Auschwitz/Birkenau et trois mois à Mauthausen, autre enfer.

    Vous comprenez, Monsieur, que je ne puisse supporter vos insinuations calomnieuses à l’encontre des communistes de la résistance à l’occupant nazi.

    • Savez-vous seulement à qui vous parlez ? Alors renseignez-vous.«Vous comprenez, Monsieur, que je ne puisse supporter vos insinuations calomnieuses à l’encontre des communistes de la résistance à l’occupant nazi.»
      Comment osez-vous me faire ce reproche ? Dans ce domaine de la défense de mon cher PCF (le vrai) je n’ai aucune leçon à recevoir.

    • « Je vais donc vous rafraîchir la mémoire ! En France, dès 1939, ce sont les communistes qui furent les premiers et les seuls à se dresser contre l’occupant Allemand nazi »

      La grande majorité des résistants étaient de la cagoule et/ou catholiques, les communistes n’ont quasiment rien fait avant que Staline soit trahi par son pote l’Allemand en 1941, les communistes ont tué des résistants dès 1940, ont fait déraillé des trains sans importance tactique, qui plus est en sachant pertinemment que cela serait considéré comme un acte de terrorisme par l’occupant et provoquerait automatiquement des représailles sanglantes sur les civils. Le grand général De Gaulle a reconnu en personne que ces actes étaient inutiles !
      Sans parler des infâmes atrocités commises pendant l’épuration où des scènes dignes de la Terreur se déroulaient partout en France, des communistes ont tué des femmes, des innocents simplement dans le but d’être majoritaire après la Libération au sein des cadres politiques de la nation.

      Certes il y a eu des communistes résistants mais oser prétendre qu’ils étaient les premiers !!!! Quelle honte ! Je ne suis pas un anti-communiste de base bien au contraire mais ce genre de commentaires mensongers tentant de nous tirer des larmes…

      Ensuite, quand comprendrez-vous que le capitalisme ne sera pas remplacé par le vide ! Il a remplacé le christianisme et il faudra au moins cela pour le renvoyer dans les abimes d’où il est venu.

      Quant au communisme, qui n’a jamais eu lieu, c’est une dénomination des services de renseignements américains qui l’ont inventé. Il y a eu les bolcheviks qui étaient des socialistes (tout comme les allemandes n’étaient pas des nazis mais des socialistes nationales (NSDAP vous l’avez déjà traduit ? et URSS ?) au véritable sens du terme, la SFIO et le PS en France ont toujours été des libéraux. Le « communisme » et le capitalisme ont été depuis le début les deux faces d’une même médaille, avec les mêmes présupposés, la même doctrine philosophique sous-jacente et la même vision de l’Homme, à savoir un simple individu biologique. Les deux camps sont toujours partis du principe que le fric règle tout, c’est simplement la manière de l’avoir qui change, capitalisme d’État (URSS) contre capitalisme de marchés (USA). Des adversaires mais surement pas des ennemis.

      Enfin, le capitalisme est mort depuis belle lurette, ce que l’on voit, ce qui nous fait face n’est plus le capitalisme je le répète. La symbiose du communisme et du capitalisme a donné naissance à une entité dont on a même pas encore totalement observé les contours. L’histoire est vivante et nous ne voyons que ce qui est passé. Le présent nous est inaccessible, a fortiori quant on a été gavé de biais idéologiques par la guerre froide.

      « Lucifer a une intelligence telle, qu’il sait qu’il ne peut directement affronter Dieu ». Mgr Delassus. A méditer.

      Bien à vous.

  21. J’attends avec impatience la réaction des syndicats car ceux-ci jouent un double jeu comme pour la loi travail. Ils savent pertinemment que les mesures prises par Macron ne sont que le résultat des demandes bruxelloises (document à l’appui) mais étant financés par l’UE par l’intermédiaire de la Confédération européenne des syndicats ils en approuvent implicitement la teneur.

    • L’UE a été bâtie par et pour les Américains. En conséquence ces derniers n’allaient sûrement pas permettre que l’Europe puisse s’affranchir de leur « bienveillante » autorité. Ils l’ont donc regardée s’encanailler. Et nos syndicats n’ont pas résisté à l’appel de sirènes fatales.
      Depuis quelques dizaines d’années ces structures sombrent dans l’ennui et sinon cirer, (discrètement si possible) les pompes des notables interchangeables pour mériter la becquée annuelle des quelques scandaleux milliards d’euros d’argent public, ils n’ont plus grand chose d’autre à générer. L’un explique l’autre …

  22. Que voulez vous dire par: « Grâce à une opération judiciaire qu’il a probablement commanditée … »

  23. Cher Monsieur,
    Même si je partage certaines des idées avancées dans cet article, en particulier concernant le rôle néfaste de l’Allemagne, votre panégyrique du rail public à la française me laisse dubitatif.
    Sans doute n’avez-vous jamais mis les pieds au Japon, pays où la totalité du rail est privé et où la sécurité, la ponctualité et le confort sont incomparablement supérieurs à ce que nous connaissons dans notre cher pays où le service public ne cesse de se vanter d’une supériorité qu’il a perdu depuis fort longtemps.
    Bien sûr, les tarifs ne sont pas les mêmes mais ici ce sont les contribuables qui payent la différence, déficit oblige !
    Par ailleurs, il n’est pas vraiment paradoxal de voir l’aristocratie des ponctionnaires s’en prendre au petit peuple de ces derniers, il y a belle lurette qu’elle a viré du côté du « Grand Câpitâl » comme disait feu georges Marchais.
    L’état est un mal nécessaire mais chez nous il est surtout devenu une pieuvre, il me fait penser à ces grands obèses qui ne peuvent même plus se mouvoir et sortir de chez eux, obligeant à casser les murs et utiliser une grue quand il faut les emmener à l’hôpital.
    Il est évident que les communistes n’ont pas été les derniers dans l’accomplissement de ce grand oeuvre.
    Sincères salutations.

  24. Bonjour,

    Merci pour cet article et pour la tendresse qu’il contient, que je partage sans la moindre retenue.

    Au début des années 70, j’avais alors 17 ans, j’ai quitté mon Alsace natale pour une ville du sud-ouest où je vivais seul. Pendant de longues années, la SNCF constitua l’unique lien qui me reliait à ma famille à une époque où même le téléphone était rare.
    C’était l’époque bénie, largement oubliée depuis, où le prix du voyage était connu à l’avance et où les trains,de jour comme de nuit, étaient suffisamment nombreux pour que l’on se rende à la gare sans avoir décidé au préalable si nous allions passer par Nîmes ou par Vierzon.J’ai vécu ainsi pendant une dizaine d’année, profitant de ce monde du rail que je croyais éternel.

    Alors oui, je partage volontiers avec vous ces odeurs de trains de nuit, cette ambiance si particulière des gares avec ses brasseries et ses salles d’attente, ces rencontres imprévisibles -tendres ou amicales- et ce brouhaha de gare avec ces milliers de vies entremêlées. A cette époque le réseau palpitait de la vie d’un pays en mouvement. Il était à l’image de la société qui le sous-tendait : volontaire et travailleur avec cette abnégation qui donne sens aux sacrifices consentis au nom de la collectivité.

    Si, parfois, j’ai du mal à retrouver cette SNCF que j’aimais dans le monde froid des TGV avec leur logique commerciale de compagnie aérienne, je ne souhaite pas pour autant voir disparaître ce service qui reste, malgré tout, encore public.
    Et puis, pour vous rejoindre, un train reste un train ; un contrôleur un contrôleur et une rencontre une rencontre.

  25. Cheminot, je lis ce billet avec émotion et vous en remercie. Le nombre de soutiens est, hélas, inversement proportionnel à celui des téléspectateurs et auditeurs hébétés pensant que ma génération partira en retraite à l’âge de 55 ans.
    A ceux là, je dis non!

    Si effectivement le statut dont je bénéficie me permettra d’envisager un départ à 57 ans, c’est au prix d’une décote qui me laissera à peine plus que le minimum vieillesse, en récompense de rythmes et conditions de travail que j’ai subi 20 ans avant de pouvoir connaitre le Saint Graal de l’emploi de bureau.

    Je devrai donc comme tout à chacun attendre patiemment l’âge de 62 ans pour me retirer, en espérant de pas être poussé vers la sortie avant ce terme pour raisons médicales, nos visites médicales n’étant pas de simples visites de courtoisies, contrairement à celles auxquelles j’ai pu être soumis dans le privé.

    Nulle plainte ni amertume, ce serait malvenu du privilégié que je suis…
    Ces privilèges dont je jouis, qui ont motivé mes enfants à ne surtout pas suivre la voie de « papa », ne sont nullement usurpés, et malgré ceux ci le groupe SNCF peine à recruter au statut techniciens, ingénieurs et cadres, ceux ci préférant de plus en plus un contrat de travail classique au salaire négocié.
    Je dois avouer que je suis moi même tenté d’abandonner mes acquis de nanti pour la liberté de négocier mon salaire, et accroître mes revenus de 30%, réalité de l’écart salarial moyen constaté avec les prestataires du privé exerçant à mes cotés.

    Ce serait une insulte à ces anciens qui ont beaucoup sacrifié pour faire ce qu’est encore la SNCF et l’esprit cheminot…et c’est pour ça que je me mobiliserai afin que cette exception ne cesse d’être reconnue.
    Si, si, cet esprit, qui en cas de crise fait revenir ceux qui étaient de repos sans même songer à une contrepartie, n’en déplaise à Vinci autoroutes dont les clients ont été pris en charge par les pouvoirs publics. Ou encore simplement donner un coup de main aux camarades, en laissant partir le train qui devait vous emmener au soleil du Sud, pour endosser un gilet rouge et les aider à gérer le flux de voyageurs devant une panne de matériel.

    Je n’en veux pas aux salariés de ces grands groupes cumulant ces avantages dont je rêve parfois… Je n’en veux même pas à ceux qui jalousent mon statut en silence.

    J’en veux à ceux qui veulement tirent les autres salariés vers le bas…. « Ah ben moi monsieur je ne peux pas faire grève, je suis dans le privé, j’ai des crédits, une famille à nourrir », ne vous en déplaise moi aussi, la différence étant que j’arrive à ne pas contempler que mon seul nombril.

  26. SNCF : quelques vérités passées sous silence dont les plus âgés d’entre nous se souviendront.

    – En 1983, c’est l’état français qui a poussé massivement à construire des lignes TGV (infrastructures qui devaient être financées en partie par l’état).
    – Pourquoi l’état français n’a-t-il jamais payé à la SNCF ce qu’il lui devait ?
    – Pourquoi a-t-il fait endosser à la société le coût des infrastructures des lignes TGV que lui, état, décidait de réaliser ?
    – En 1997, au moment d’intégrer l’euro, l’état français s’est retrouvé plombé par cette dette qui ne lui permettait pas de satisfaire aux critères d’entrée dans l’euro.
    – Nos dirigeants ont eu une idée de génie : créer Réseau Ferré de France et y planquer la dette, telle la poussière glissée sous le tapis. Et la manœuvre a réussi puisque la France a ainsi pu intégrer l’euro. Mais lors de son placement en couveuse à Réseau Ferré de France, cette dette a eu le bon goût de gonfler, de produire des petits, le tout assorti de gros intérêts pour les banques. L’effet « boule de neige » comme on dit.
    – Lors de la fusion d’Air France avec KLM, qui donc a encore eu l’idée de recaser les pantouflards d’Air France à la SNCF ? Et de fait, alors que les effectifs de la SNCF diminuaient, sa masse salariale s’accroissait, car la SNCF a cette particularité d’avoir 25% de ses effectifs constitués de hauts cadres, dont certains hors catégorie (salaires XXXXL) à l’instar de Mme Parly par exemple, rémunérée 52 000 € /mois à Réseau Ferré de France avant de devenir ministre des armées dans ce gouvernement.
    – Qui donc a aussi contraint la SNCF à acheter 15 rames de TGV à Alsthom Belfort alors qu’elle n’en voulait pas et qu’entre-temps Alsthom est passé dans des mains étrangères ?
    – Pourquoi la haute fonction publique recycle-t-elle ses canards boiteux dans le staff de la SNCF ?
    Autant de questions auxquelles on attend réponse au lieu et place des habituelles dérobades.

    Le problème n’est pas vraiment la SNCF mais l’état français et ses hauts dirigeants résolument incompétents. Et aujourd’hui ce même état incompétent poursuit dans le déni de l’histoire de la SNCF et le déni de la démocratie.
    S.G – AIR FRANCE – SNCF – CREDIT LYONNAIS – SNCM – CGM – PECHINEY – USINOR SACILOR – CGE – AREVA – THOMSON – FRANCE TELECOM …

    Toutes ces entreprises d’état dirigées par les élites de l’administration – ENA – école de l’excellence qui nous conduits de fiasco en fiasco. Un champ de ruines dont les salariés français ont payé et paient encore le prix fort. Il n’y a qu’en France que la destruction donne lieu à des promotions.

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