Néo-féminisme : un combat pour la domination en utilisant la violence

 

L’affaire Weinstein qui au départ ne concernait que le très particulier milieu d’Hollywood dans ses liens avec le Parti Démocrate américain, a débouché sur une déflagration qui secoue le monde anglo-saxon et l’Europe de l’Ouest. Ce qui fut présenté comme une « libération de la parole des femmes » confrontées à une violence masculine massive, a immédiatement embrayé sur une véritable « guerre des sexes » faisant voler en éclats non seulement la décence ordinaire mais mettant également dangereusement en cause des règles et des principes qui régulent une société démocratique et peuvent être très justement considérés comme des acquis de civilisation. Tous ceux qui ont émis des réserves lors du lancement des campagnes #BalanceTonPorc et #MeToo ont été prestement disqualifiés, moqués, insultés. Et pourtant, comme la nuée l’orage, ces campagnes portaient en elles les catastrophes culturelles, sociales et liberticides auxquelles nous sommes confrontés. Cela va de la mutilation des œuvres artistiques à la façon des talibans, aux délires suédois qui font de l’acte sexuel un viol par définition jusqu’à la preuve « d’un consentement explicite ». En passant par les demandes gravissimes de responsables d’institutions publiques de renversement de la charge de la preuve en matière pénale. Comme Jacques Toubon « défenseur des droits », demandant instamment que l’on viole ce qu’il est chargé de défendre ! Et l’utilisation de fantasmagories de charlatans, comme dans l’affaire Flavie Flament, pour justifier l’abandon de principes pénaux séculaires. Comment s’étonner alors, lorsque la simple raison a déserté le champ du débat, que des gens comme Caroline de Haas ou d’autres militantes du néo-féminisme prédateur et violent se livrent à des débordements ahurissants. La responsable d’Osez le féminisme, a organisé avec l’affaire Darmanin une manipulation détestable, méritant peut-être que le parquet examine de plus près quel a été son rôle dans le dépôt de la plainte, désormais classée sans suite. Par ailleurs, probablement inquiète pour la prospérité de son petit business révélé par la presse, elle n’hésite pas à accuser l’État d’être « le complice de viols de masse ». Comme d’habitude en assénant des statistiques fantaisistes selon lesquelles une femme sur deux aurait été agressée sexuellement, et un homme sur deux serait un prédateur sexuel ! Ce sont des militantes déchaînées par l’organisation d’un colloque plutôt favorable sur le phénomène #BalanceTonPorc à l’ EHESS, qui appellent à empêcher sa tenue y compris par la force. Tout autre parole que la leur étant inacceptable. Et nervis excités, elles envahissent l’amphithéâtre pour s’y livrer à la violence et l’intimidation. Revenons quelques instants sur les inconséquences de Marlène Schiappa. Dans l’affaire Daval, elle est intervenue de façon tout à fait intempestive en violation du principe de la séparation des pouvoirs, pour donner son avis sur la conduite d’un dossier judiciaire. Mais le plus grave n’a pas été relevé. La ministre a contesté dans leur principe les moyens de défense développés par les avocats du mis en examen. C’est-à-dire qu’elle considérait comme intolérable la liberté du choix de leurs arguments. Elle s’indignait du fait que des considérations sur la personnalité de la victime aient été avancées par la défense, ce qui reviendrait à « légitimer les féminicides ». Quelle est cette folie ? En oubliant opportunément les incroyables mensonges du lobby féministe dans l’affaire Sauvage pour excuser un meurtre en faisant de son auteur une victime, Madame Schiappa veut-elle que l’on abandonne un des principes intangibles du droit pénal ? Celui de la personnalité des crimes et des peines, parce que l’on juge des faits particuliers et des hommes (ou des femmes) particuliers. Il est du devoir du juge d’examiner tout ce qui lui est soumis, et notamment les circonstances dans lesquelles un drame a pu se dérouler, celles du passage à l’acte. Interdit de se défendre, interdit d’expliquer, et par conséquent interdit de comprendre ? Eh bien désolée Madame la ministre, si on peut lyncher, dans ce cas il est impossible de juger.

Ces exemples démontrent que l’entreprise de délation générale et particulière, initiée par #BalanceTonPorc ne pouvait déboucher que sur cette catastrophe. J’ai beaucoup entendu au début de la campagne, qu’il y avait peu de noms jetés en pâture, et que la dénonciation serait pédagogique par son caractère général. Cela n’est pas sérieux. Tout d’abord dès lors que l’on fait de la délation un instrument d’ingénierie sociale, comment imaginer que l’on va se contenter de dire « moi aussi » sans aller plus loin ? Bien sûr que non, car dans un tel mouvement collectif, avec ses effets d’entraînement, d’émulation et de surenchère, il faut désigner les coupables. D’abord un groupe, les hommes et leur patriarcat, puis nommément. Cela se passe toujours ainsi. Devenant un acte social valorisé, la délation appelle la délation. Sait-on que le plus grand nombre de lettres de dénonciation envoyées à la Gestapo pendant la dernière guerre mondiale, l’a été pendant la dernière année d’occupation alors que la défaite de l’axe était inéluctable ? Ensuite, le grand déballage ne pourra générer que de la frustration. Les méchants sont désignés, et par conséquent il faut les punir. L’envie de pénal qui traverse nos sociétés, nous confronte pourtant sur les questions de sexe à une énorme contradiction. La justice pénale obéit à des objectifs et des règles qui font que l’appréhension d’une partie de ce qui relève de la « délinquance sexuelle » est extrêmement difficile. Dans ce domaine, il faut d’abord rappeler que prétendre que les viols ne sont pas sanctionnés par la justice est une baliverne. Désormais, grâce aux progrès de la police scientifique, les principales infractions peuvent être établies et sanctionnées et ce en respectant les règles du débat contradictoire. Il faut savoir aussi que les crimes de viol occupent actuellement la moitié des sessions d’assises dans notre pays, et font l’objet d’une répression sévère.

En revanche ce dont on nous parle aujourd’hui, avec d’ailleurs des degrés de gravité variables, ce sont les zones grises, celles « du parole contre parole », de la subjectivité, de la culture et de ses évolutions. Et ce sont ces situations particulières que le néo féminisme veut à tout prix criminaliser, en amalgamant harcèlement et agression sexuels avec le crime de viol. L’abandon des échelles de gravité pourtant prévue par le code pénal permettant toutes les manipulations. Il faut donc être clair, on ne peut pas s’en remettre uniquement et de cette façon à la justice pour traiter ce qui relève d’autres modes de régulation sociale. Essentiellement pour deux raisons :

  • donner à la justice l’objectif d’assouvir la haine des hommes et la volonté de pouvoir du néo-féminisme, est une impasse démocratique car cela ne peut se faire que par l’abandon des principes fondamentaux des libertés civiles. Les magistrats sont là pour veiller au contraire à leur respect et les accuser pour cela de « complicité avec des viols de masse » est simplement une ignominie.
  • En second lieu, ceux qui sont victimes d’accusations infondées sont particulièrement désarmés. Ils sont d’abord soumis à des lynchages médiatiques terriblement violents, dont aucune procédure judiciaire efficace ne peut préserver. L’action en « dénonciation calomnieuse » à l’encontre des accusateurs est simplement un leurre. Quant aux interminables procédures de diffamation, elles ne débouchent, au mieux, que sur des réparations symboliques, et ne peuvent en aucun cas être dissuasives. Pierre Joxe et Gérald Darmanin vont en faire l’expérience. David Hamilton ne pourra pas, âgé de 83 ans et poussé au désespoir, il a préféré se suicider.

Mon amie Marcela Iacub a identifié une partie du problème : « Ils (les néo-féministes) pensent que les femmes sont des êtres différents et que leur émancipation passe avant tout par des sanctions pénales et civiles appliquées contre les hommes. Pour eux, il n’y a pas d’autre horizon politique que la violence institutionnelle ».

L’enjeu n’est pas l’émancipation Marcela, mais comme d’habitude, le Dieu caché est le combat pour le pouvoir, et ce qui l’accompagne. Et avec des méthodes, dont on sait très bien sur quoi elles peuvent déboucher.

14 Commentaires

  1. En complément de votre article :

    « L’ancien directeur du New York City Ballet (NYCB), Peter Martins, a été innocenté par une enquête, diligentée par le théâtre, qui n’a pas confirmé les accusations de harcèlement moral, physique et sexuel portées par d’anciens danseurs.
    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/scenes/article/2018/02/16/une-enquete-interne-innocente-l-ex-directeur-du-new-york-city-ballet_5258217_1654999.html#56rxX5fvQCXuf0mO.99« 

  2. Je ne vois guère de différence entre ces attaques sociaux médiatiques et les procédés employés par le parti communiste chinois lors de révolution culturelle.

  3. Quand on combat la violence par la violence, la violence en sort renforcée, non diminuée.
    La femme est la moitié non-violente de l’humanité. Qu’elle devienne violente à son tour, par imitation de l’homme, et s’en sera fini de l’humanité.
    Il ne s’agit heureusement que de quelques excitées…

  4. Tout ceci est excellent, pertinent, et bien dit. Hélas, je crains que cela soit inutile. La violence féminine se répandra comme un incendie, pour réduire en cendres les relations hommes/femmes… jusqu’à ce que le brasier s’éteigne, faute de combustible… faute de relations.
    « La femme aura Gomorrhe et l’homme aura Sodome,
    Et se jetant de loin un regard irrité
    Les deux sexes mourront chacun de son côté. »
    Alfred de Vigny

    • Belle citation d’Alfred de Vigny ! Merci.
      Et qui prouve que votre (notre) pessimisme est sans doute exagéré : il n’y a rien de bien nouveau sous le soleil…

  5. Ce blog est vraiment une grande bouffée d’air frais et républicain. Merci à Monsieur de Castelnau et à Madame Rault pour cet article, qui au moins donne matière à réflexion.

  6. Bonsoir,

    Je m’excuse par avance de l’absence des accents, j’ecris sur un clavier etranger.

    Je trouve ca dommage de depeindre le mouvement MeToo de maniere uniquement negative et de considerer les questions soulevees par ce debat de societe comme une chose si nefaste.

    Mettons nous d’accord : balancer un nom sur Twitter, c’est tres dommageable et releguer le travail de la justice au second plan est contre nos valeurs. Faire plier les faits scientifiques (cf la taille des femmes) afin de justifier une violence contre les hommes en general est, au minimum, stupide voire dangereux.

    Je trouve cependant que l’on oublie dans cet article la violence que certaines femmes doivent subir au quotidien. Un mec de deux fois mon age a commence a se masturber dans un wagon de RER vide alors que j’avais 16 ans. J’ai ete suivie plusieurs fois jusqu’a mon domicile par des inconnus. J’ai ete embrassee de force une des rares fois ou j’ai ete saoule (autant dire que j’ai raye l’alcool defintivement de ma vie) alors que j’avais dit non clairement 1000 fois, etc… Et beaucoup de femmes ont des histoires similaires voire bien pire. Il etait temps que cela sorte. Il etait temps que tout le monde voie au grand jour a quoi peuvent etre exposees les femmes, les soeurs, les filles, les meres, les moches, les belles, les jeunes et les vieilles …

    Bref. Tout n’est pas a jeter a la poubelle. Il est peut etre bon de se poser des questions aujourd’hui sur le consentement, y reflechir a deux fois, avant de peut etre bousiller la vie de quelqu’un pour de bon (homme comme femme d’ailleurs).

    Cet article fait bien de rapeller ce que sont nos valeurs et nous donne un garde fou. Cependant, tout jeter a la poubelle a cause des derives du mouvement, c’est quand meme se foutre de la gueule des victimes a mes yeux.

    Bonne soiree

    • « Il etait temps que cela sorte » dites-vous, oui, en effet. La tempête qu’ont déclenchée ces quelques hashtags peut avoir cet effet bénéfique-là. Espérons-le. Les gros lourdauds y regarderont sans doute à deux fois désormais avant de se livrer à leurs blagues salaces et à leurs gestes déplacés, tant mieux, mais les violents, eux, ne trouveront-ils pas dans cette violence anti-hommes un prétexte supplémentaire ou même une justification à leur propre violence anti-femmes ? C’est à craindre…
      La dénonciation des crimes passés ne les efface pas. La vengeance n’est pas un remède. Seules la loi et la justice, avec leurs faibles moyens, et à condition que nous croyions en elles, peuvent faire que les comportements progressivement se corrigent.
      Au moins, c’est ce que je crois.

  7. Mlle Rault réclame le silence et que le bon ordre soit maintenu. Quelle indécence de témoigner de son agression. La honte est du côté des victimes qui osent raconter : en fait elles veulent uniquement le pouvoir ces perverses, elles grossissent des faits qui n’existent sans doute même pas.

    Les femmes ne risquent rien, très peu sont touchées par le harcèlement. Ce sont les hommes avant tout les vraies victimes qu’il faut défendre contre ces harpies qui essaient de nous faire croire qu’elles sont victimes.

    • Le dérision ne fait guère avancer le débat. De nombreuses femmes ont été, sont, seront victimes de harcèlement, d’agressions et pire encore. Cela n’est pas mis en doute et cela est honteux. Qui ne souhaite pas que cela cesse ? La question est de savoir quoi penser, quoi dire et quoi faire pour qu’effectivement cela cesse. Lancer des accusations et des condamnations publiques n’est pas le bon remède.

  8. Cet article a du bon, je tombe ici suite à une recherche après visionnage d’une vidéo qui tourne sur fb de Caroline de Haas; un commentaire, qui incitait à aller vérifier les informations gravitant autour de l’affaire m’a amené à des chercher des infos autres que « les grosses », qui occupent les 10 premières pages de recommandations google (du au renouveau de l’actualité sur cette affaire, par la fermeture du compte tweeter de Mme de Haas, la vidéo justificative qui a suivi, et autre que j’ignore…; en somme, on ne tombe plus facilement sur des informations anciennes d’une part, et je doute que bcp aillent en chercher d’autre part. )
    Bref, les réseaux sociaux se sont en effet drôlement emparé de l’affaire.
    On ne discute plus que du fait qu’il est ou non tolérable d’harceler, ou violenter une femme de quelque façon que ce soit. Comme vous l’avez remarqué, la nuance entre les divers types de violence a disparu. Et nous savons comme il est aisé de donner son assentiment à quelques propositions sans entrevoir toutes celles qui les supportent ou qui en découlent… qui plus est, selon la question qui est posée (tu acceptes les violences faites aux femmes toi? > Non!), on accepte souvent les propositions qui y sont racolées (ainsi, tu es pour l’interdiction de déranger? Tu approuves absolument Balancetonporc?); et ceux qui dérogent aux propositions secondes sont accusés de prendre le contre-parti de la première.. On juge de tout acte, jusqu’à la permission d’adresser la parole et de déranger, ainsi, le dérangement est devenu une forme de violence.
    Mais on n’examine sans doute pas assez les causes de ce dérangement, ni même sa nature, ainsi, il n’est pas étonnant que les solutions soient proposées à toutes les sauces et que les querelles soient nombreuses, puisqu’il s’agit d’une affaire d’opinions voire de sentiments.
    Bien sûr, ce qui est pointé du doigt, ce sont les intentions néfastes de quelques uns.
    Tout dérangement n’est pas intolérable pour une femme.
    La loi n’a pas toujours son affaire dans la zone d’ombre. C’est à chaque individu qu’il revient d’apprendre à vivre selon son contexte, et à survivre en fonction.
    Mais alors, pourquoi cette zone d’ombre appelle à être remise en question à la lumière? En plein jour? En direct, via une application, une photo? Bref, pourquoi révéler et accuser une chose que nous connaissons, comme le fait que, bien sûr, la rue est un espace plus dangereux pour les femmes que les hommes, et cela faute à quelques uns de ces derniers?
    Est-ce le même pouvoir dont on dispose en pleine lumière, balancetonporc à la main, que celui dont on dispose lorsque, en rentrant chez soi tard le soir dans des rues plutôt vides, on s’accroche à son téléphone avec de préparé, le numéro d’un proche, celui de la police?
    Non, ce n’est pas le même pouvoir ni même la même peur.
    Mais n’oublierait-on pas dans cet espèce de défaitisme qui transperce dans le constat: la sécurité de la femme n’égale pas celle de l’homme; le pouvoir de la transition entre les lois positives et la régulation des comportements?
    A certaines époques, il n’était pas bon d’être métèque, esclave, de couleur de peau mate, de certaine religion, etc. A présent, en France, où les hommes sont « égaux » (oublions histoire de soulager le propos toutes les discriminations qui persistent..), on s’attend à ce que les mœurs se soient adaptées au climat juridique. Pourtant, que se passe-t-il concrètement?
    Cet homme x (ou plusieurs, si vous voulez varier l’intensité de l’exemple) m’adresse la parole, en pleine rue, à 23h, 2h, etc… il m' »effraie » bien moins à 23h qu’à 2heures, mais bien sûr, l’exemple pourrait être plus grossier: il suffit de faire la différence jour/nuit. Monsieur x m’effraie plus en pleine rue s’il n’y a personne, qu’autour d’un bar où du monde circule.
    Pourquoi? Parce que c’est dans l’obscurité que se fait plus ouvertement le mal, je ne vous apprends rien…
    C’est cette différence entre ce que l’un se permet le jour, ce que l’autre se permet la nuit, qui dérange absolument. Et cela, bien que ce soit un phénomène naturel que les « interdits » des mœurs soient l’apanage de la nuit. Parce que les femmes ont peur des hommes, et que les hommes n’ont pas peur des femmes, la balance est et sera toujours ridiculement tournée, même si naturellement, en notre défaveur. Alors quel moyen pour n’avoir plus peur, demandent les femmes?
    Elles ne devraient pas, comme vous le dîtes, devenir chasseurs à leur tour. Pourtant, elles le font.
    Que se passe-t-il alors?
    Elles recherchent une justice qui n’existe pas positivement. Ainsi, elles sont seules orchestratrices des « lois » qu’elles promulguent arbitrairement. Déferlement de soutien, déferlement d’ambigu, de qui-proquos, déferlement de vrai qui se perd parmi les « peut-être » faux, déferlement de haine; bref, c’est la panique chez les hommes, la débandade chez les femmes, la balance s’inverse: la peur bascule, artificiellement, une instance supplémentaire de surveillance, plus ou moins bien réglée, est née.
    Et là, ça devient intéressant. Car vient le phénomène attendu, le seul qui vaille la peine de balancer son porc, l’auto-régulation. Il faut régler les mœurs, et plus encore, il faut que le maximum d’hommes soient bercés à coup de « respecte les autres comme ton pareil; même s’il n’y ressemble pas »; car les mœurs font les manières et les manières, les mœurs… mais parfois pas sans bâton. La justice est-elle répressive, autodidacte, ou préventive?
    En l’occurrence, c’est une justice répressive, avec objectif préventif: « attention, la loi n’aura pas le temps de s’occuper d’une affaire pareille, mais les femmes, elles, te feront la peau si tu es pris ».
    Une justice nouvelle s’installe et elle fait bien son affaire: fusent les porcs, fusent les condamnations de mœurs. Les méchants sont pris, révélés, fustigés, caillassés par la foule; mais c’est justement parce que les condamnations de la foule sont si lourdes, que la question deviendra celles des limites de cette justice. Les femmes veulent, par un moyen obscur, que se règlent les mœurs de la zone d’ombre; et cela ne va pas sans ses sombres conséquences.
    La question de la justice est entamée, mais il faut encore comprendre la source du problème, accepter le débat, réfléchir à des solutions viables et peu coûteuse en catastrophes… s’il en est. A l’origine de toute cette guerre, un souhait unique: n’avoir plus peur.
    Ce n’est pas irrationnel, cela ne manque pas de logique; pourtant, le naturel n’aura jamais suffi, en trois millénaires, à faire, non pas tourner la balance, mais même, à la stabiliser.
    Peut-on reprocher à toutes femmes de faire l’amalgame entre « les hommes nous font peur » et « les hommes ne veulent pas changer »? Oui, bien sûr. C’est une mauvaise identification,
    Ce qui doit être dit, c’est: tout homme a la potentialité de faire du mal à une femme, et si l’inverse est vrai, seule la première potentialité est dans les faits si passée au réel, qu’elle opère un changement d' »ambiance » en certaines occasions: ainsi, un rapport d’insécurité hante la femme face aux hommes dans certaines situations.
    Voilà un fait universel.
    Rien de plus, rien de moins que l’expérience de la possibilité du « pire » par l’entremise de quelques monsieurs x qui se permettent « un peu trop », voire l’expérience du pire.
    La peur dérange. La peur ressentie, appelle à une conduite devant qui s’adapte.
    Les femmes appellent au respect. Elles l’appellent avec des années de peur derrière elles, soutenues par la confiance toute nouvelle de la conviction que « c’est l’heure d’être féministes, on est nombreuses, on a un pouvoir, n-o-t-r-e (une seule donc) voix porte ».
    Et le raisonnement n’est pas impertinent: s’il y avait respect, il n’y aurait pas peur; ainsi, on est conduit à penser que c’est le respect de la liberté d’autrui qui manque et que c’est lui qu’il faut obtenir. L’obtention par la peur est une méthode efficace, mais qui a de nombreux travers et qui est de nature tyrannique; il est même possible que cela soit anti-productif, mais cela, je l’ignore, le système est trop complexe et la méthode de dénonciation via réseaux sociaux, trop nouvelle pour juger des conséquences sociales et morales que cela entraînera..
    A 2h du matin, sans une raison valable, il est plus que dérangeant qu’un homme m’adresse la parole. Malgré la conscience de ma liberté, je ne sais me séparer de cette frayeur que les hommes y peuvent y porter atteinte, qu’il est peu probable qu’une femme agisse de même et qu’ainsi, seul l’homme fait peur,, et tout naturellement, cela vaut pour chaque nuit si je sors chaque nuit, et cela pour chaque femme. Ainsi, l’homme est un danger potentiel, et il ne nous appartient pas d’en changer. On ne s’étonnera guère que les femmes souhaitent avoir les moyens d’en changer, et qu’au premier moyen pseudo efficace donné, elles offrent leur bénédiction. Ce souhait, cette fin chimérique qu’il puisse ne plus exister de danger potentiel pour la femme face à un homme quelconque, plus de danger à sortir le soir, fait toute sa détermination; et le fait qu’il soit injuste que cela soit impossible, toute sa fureur.
    Coure-t-on après une chimère? Je le crains.
    En tout cas, il est certain que la justice ne s’obtient pas à coup de flammes.
    Mais les révolutions de mœurs, qui font la justice, le font parfois…
    Ainsi je reste mitigée; après tout, c’est à la lumière que se travaillent les interdits du soirs; ce qui ne rend pas acceptable qu’à la lumière se commettent de nouveaux crimes d’autres natures, comme celui de pousser au suicide des hommes innocents, ou faire porter le blâme du « pire » à un homme qui aurait fait « peu », tout est dans la nuance… mais la solution recherchée par les femmes ne saura se faire, peut-être, sans le recours à ces innombrables erreurs de nuances;
    en effet, c’est l’unité du message qui porte et parle, et l’unité ne s’obtient souvent qu’en se réglant par diapason, et s’il faut une note qui transperce et parle à toutes, ce sera celle de la peur exaspérée de son existence; et nous savons comme l’idée qui y est jumelé est la colère de n’avoir pas de prise sur ce phénomène > colère dirigée contre l’ensemble supposé homogène des « hommes », bien qu’il n’en soit rien;
    bref, le phénomène de la guerre des sexes est un mouvement très grossier qui n’a rien d’extravaguant, c’était presque à prévoir; reste à déterminer si nous pouvons voir plus loin encore et avec quels objectifs…
    Personnellement je prône plutôt le travail de la conscience de sa liberté, mais il faut bien avouer que cela restera insuffisant face au premier *** qui n’aura pas conscience de celle-ci en son état.

    J’ouvre le débat pour finir, mais je note qu’au regard des pays où les hommes n’ont pas le droit de se permettre grand chose par rapport aux femmes -où les mœurs sont bien réglées et les interdits ficelés et nombreux-, et de la zone d’ombre encore plus dangereuse dont font les frais les femmes en ceux-là, reste la possibilité funeste qu’en multipliant les interdits, on intensifie l’insécurité de nos ruelles.
    Finalement, entendons-nous, la justice d’une foule en colère n’a jamais été bonne; ce qui ne signifie pas que sa colère n’a pas raison d’être.

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