L’équipe de Staline

Le centenaire de la Révolution d’octobre l’année dernière n’a suscité que peu d’échos. Alors que l’actuelle Russie commémore fastueusement tous les ans la victoire de l’URSS sur le nazisme, il n’y a eu aucune manifestation officielle autour de l’anniversaire d’un événement considérable, mais probablement encombrant pour les nouveaux dirigeants. L’édition en revanche n’a pas été en reste et nombreux ont été les ouvrages publiés, certes d’inégales importances mais dont certains méritent le détour. Et puis il y a un film italo-britannique assez étrange sorti au début du mois : La Mort de Staline. Etrange parce que, annoncé comme l’adaptation d’une (excellente) bande dessinée éponyme, on pensait voir une comédie du même type que le très réussi Twist again à Moscou de la bande du Splendid. On tombe pourtant sur un drôle d’objet, très documenté et joyeusement sardonique traitant un sujet tragique avec beaucoup d’humour et de finesse politique.

Mais pourquoi ça n’a pas marché ?

Slavoj Zizek, philosophe slovène et communiste, avait dit à un Bernard-Henri Lévy interloqué : vous n’êtes pas assez anticommuniste, car vous ne fournissez pas l’explication du terrible échec. Cette quête de l’explication hante toujours ceux qui ont rêvé d’émancipation humaine. Pourquoi cette espérance, qui fut l’une des grandes passions du XXe siècle, a-t-elle débouché sur une tragédie sanglante ? Les historiens ont décortiqué en long en large et en travers les 63 ans de dictature du Parti communiste de l’Union soviétique. Quasiment heure par heure pour certains événements clés. Et chacun est allé piocher la séquence, la bifurcation, l’occasion manquée qui lui permettait de basculer dans l’uchronie et de se convaincre que l’instauration du bonheur sur terre était possible et qu’était jouable le mot d’ordre de Marx : « de chacun selon ses possibilités, à chacun selon ses besoins ». Ah si Lénine n’était pas mort, si Trotsky avait été moins arrogant, Staline gentil et Boukharine moins lâche… Outre que cette approche n’est guère marxiste, elle présente le gros défaut, de se faire rappeler à l’ordre par ceux qui vous répondent irréfutablement : « Mais cela a débouché PARTOUT sur la tragédie sanglante et la dictature féroce ».

Il n’y a pas grand-chose d’intéressant à trouver chez ceux qui, comme Stéphane Courtois par exemple, furent les Savonarole de la nouvelle foi, et consacrent le reste de leur existence à essayer d’expier en brûlant ce qu’ils ont adoré. Il y a cependant, dans la production récente, des choses remarquables comme le pavé publié sous la direction de Nicolas Werth dans la collection « Bouquins ». Sobrement intitulé Le goulag, il est constitué d’un recueil de textes émanant de témoins directs issus de l’administration des camps et des détenus. J’invite d’ailleurs à le lire en parallèle de la somme éditée chez Gallimard et réalisée par Nikolaus Wachsmann sous le titre KL. Une histoire des camps de concentration nazis. Lectures croisées qui font désespérer de la nature humaine, mais permettent aussi de constater les différences constitutives des deux systèmes totalitaires.

Les pieds nickelés du stalinisme

Préfacée par le même Nicolas Werth, on peut aussi lire la dernière en date des biographies de Staline, écrite par Oleg Khlevniuk. L’historien russe a longuement pu travailler sur les archives et produit une approche passionnante. Son livre est construit comme un système de renvois à partir des premiers jours de mars 1953, au moment de la mort du tyran. Il permet d’appréhender le rôle décisif de Staline dans la mise en place de ce paradoxe d’une forme de bond en avant d’un pays arriéré à un prix humain effroyable. Mais on y rencontre aussi toute une « équipe » de proches collaborateurs du Vojd constituée très tôt après Octobre et qui vont étonnamment lui survivre.

Les hasards (?) des agendas éditoriaux ont vu la publication quelques jours plus tard d’un ouvrage précisément appelé Dans l’équipe de Staline. De si bons camarades, sous la signature d’une historienne britannique, Sheila Fitzpatrick. On y retrouve Khrouchtchev, Beria, Malenkov, Molotov, Boulganine et Mikoyan, le sextuor resté près de 40 ans aux côtés du monstre et dont les membres, à l’exception de Beria, mourront tranquillement dans leur lit. Et c’est précisément cette exception que nous raconte le film, La Mort de Staline, dont il est probable que le réalisateur a lu ce livre. Voilà six personnages qui ont tout vu, accepté et soutenu, dont la fortune politique a dépendu de leur docilité et de leur dévouement à celui dont ils se demandaient tous les soirs si une disgrâce mortelle ne les réveillerait pas à l’aurore. Et le film nous raconte l’histoire de ces six hommes lorsqu’ils apprennent que celui qu’ils servent et qui les terrorise, victime d’une attaque est en train de mourir. C’est simplement une terrible tragédie, et le réalisateur réussit le tour de force de nous offrir une comédie grinçante et parfois hilarante.

Les avenirs d’une illusion

La réalisation est rigoureuse, décors accessoires et costumes impeccables, mais surtout il émane de la farce mise en scène, une vérité historique et une subtilité politique tout à fait réjouissantes. Avec deux entorses concernant la vérité historique, celle qui place en 1953 des épisodes de la Grande Terreur de 1937, et celle des conditions de la fin de Béria. Ces accommodements étaient indispensables et renforcent la cohérence de la démonstration. Les six complices attendaient impatiemment la mort du monstre, fermement décidés à lui succéder, chacun voulant être le nouveau patron. Non pour continuer l’œuvre de Staline mais au contraire pour être celui qui ouvrirait les fenêtres et lancerait la déstalinisation.

Le plus en flèche est curieusement Béria, pourtant patron du NKVD, mais qui n’a pas grand-chose à faire du marxisme-léninisme. Il trouvera sur sa route un Khrouchtchev, l’ouvrier ukrainien, qui veut être le nouveau chef, déstaliniser et accomplir quand même les promesses de l’avenir radieux. Il ne réalisera que la première partie du programme. Après tant et tant d’autres, Béria sera le dernier à tomber dans la trappe mortelle, accompagné de sa légende noire. Son vainqueur, pour l’emporter, s’appuiera sur Joukov, présenté dans le film comme un soudard sexiste et homophobe absolument impayable. Il s’entendra dire par la fille de Staline, à qui il laisse entendre qu’il renversera la statue de son père : « Je ne pensais pas que ce serait vous ». Et par Anastase Mikoyan, probablement le plus intelligent de la bande : « On continue, mais on tourne la page du bain de sang. »

J’invite Slavoj Zizek à aller voir cet excellent film. Il y prendra du plaisir mais n’aura pas la réponse à sa question : « Pourquoi est-ce que cela n’a pas marché » ?

 

Régis de Castelnau

30 Commentaires

  1. c’est pas très gentil pour joukov qui à lui seul a sauvé la russie éternelle en décembre 1941 ,les nazis sont à 30 kms de moscou ,une contre offensive russe dirigée et organisée par joukov sauve moscou où staline était restée ,puis viendra stalingrad 1942-43 ,;plus de 20 millions de morts pour l urss en 41-45

  2. Passionnant article , comme tout ce qui sort de la plume de Régis de Castelnau!

    • J’ai écouté des extraits de la vidéo sur les secrets du communisme. Je reconnais que je ne l’ai pas écoutée en entier.
      Sauf erreur de ma part, on met en exergue le fait que la Franc-Maçonnerie aurait contribué à la Révolution « d’octobre ».

      Cela me surprend en raison de ce qui suit.
      En 1919 est créée à Moscou l’Internationale Communiste (ou IIIe Internationale, ou Komintern). L’inspirateur principal est Lénine, mais Trotski joue aussi un rôle et Zinoviev préside le Komintern (jusqu’à 1926). Après l’exclusion de l’Opposition de Gauche (Trotski/Zinoviev), Boukharine dirige de 1926 à 1928.
      Ensuite, le Komintern est dominé par Staline (de 1935 à 1943, le dirigeant officiel est le bulgare Georges Dimitrov) (1)..

      Le Komintern est un parti international avec des sections nationales : PCF (France), KPD (Allemagne), PCI (Italie), PCE (Espagne), PSUC (Catalogne, à partir de 1936), etc….
      Or, l’appartenance au Komintern est INCOMPATIBLE avec l’appartenance à la Franc-Maçonnerie.

      En France, on trouve une seule exception : Zéphirin Camélinat, déjà octogénaire, est membre du PCF (depuis la création de ce parti en décembre 1920) et Franc-Maçon.
      Est-ce parce que Camélinat avait contribué, avec ses parts, à ce que « l’Humanité » devienne le journal du PCF ?

      (1) Pour des raisons liées à la IIe Guerre Mondiale, le Komintern est dissout en 1943. Notons que, de 1917 à 1943, l’hymne soviétique était « l’Internationale ».

  3. Je suis très surpris de votre interrogation sur la faillite du communisme.

    La réponse a été donnée il y a longtemps, par des philosophes et par l’Eglise catholique, et elle est limpide.

    Le communisme a échoué par que sa vision anthropologique est fausse. Il a une fausse conception de l’homme, du sens de sa vie, de son comportement, de ses besoins.

    Le communisme pense que l’homme est entièrement rationnel et mesurable, ce que traduit fort bien l’expression « A chacun selon ses besoins », comme si l’homme connaissait parfaitement ses besoins et que ceux-ci pouvaient être mesurés.

    Pour faire advenir l’homme nouveau, il faut massacrer ceux qui diffèrent, c’est-à-dire, comme l’homme vu par les communistes n’existe pas, tout le monde.

    J’avoue que c’est à mes yeux évident et je ne comprends pas bien qu’il y ait encore matière à interrogation.

  4. Merci pour cet article, et ses références, en vue de l’étude approfondie de cette période en DU de Russe 3è année à la fac l’année prochaine (si tout va bien !).
    Bien cordialement !

  5. Ne sait-on vraiment pas pourquoi « cela n’a pas marché » ?
    Il y a quelques 25 siècles que l’on sait que l’idolâtrie, adoration d’une idole faite de main d’homme, ne mène à rien de bon.
    L’idéologie, adoration d’une idée faite d’esprit d’homme, équivalent moderne de l’idolâtrie, ne mène à rien de bon dans plus.
    Ce savoir n’a-t-il pas été amplement vérifié par l’expérience ?…

  6. Je vais de ce pas à la librairie (une bonne maison) acheter les trois livres cités. Merci.

  7. Votre article m’a donné envie de lire les livres des auteurs référencés, d’aller plus loin.De ce pas je vais chez mon libraire (une bonne maison). Merci.

  8. Le Communisme en pratique ca fonctionne/a fonctionné plutôt pas mal en France
    Création du régime général de la sécurité sociale en 46 (socialisation massive des richesses et contrôle par les travailleurs), les statuts de fonctionnaires et spéciaux SNCF EDF etc

    La voie est ouverte, reste a connaître, reconnaître ce qui a été fait, restaurer en actualisant/améliorant ce qui a été défait, puis poursuivre le mouvement

    Bernard Friot notamment ici mais aussi Frédéric Lordon sont de véritables bouffée d’oxygène qui nous manquait

    Après, restera toujours la question de la réaction et de la contre révolution de la classe en place (au niveau national comme international), difficile chemin de crête a tenir pour ne pas sombrer soit dans le renoncement soit dans la calcification autoritaire comme ce fut le cas en URSS et pour finir pire encore par la suite

    • Il y a des gens qui n’apprennent jamais rien de l’histoire. Visiblement, vous en faites partie.

      Le socialisme mène au goulag. Point.

      Vous feriez mieux de chercher des idées plus originales que ces fadaises du XIXème siècle,

      • Justement, cela vaut le coup de s’interroger sur la chute du communisme par ce que la fausse anthropologie que vous lui prêtez (à raison) existe à l’évidence dans un autre système, lequel d’ailleurs puise ses sources idéologiques à la même matrice que le socialisme et que l’on appelait l’esprit des lumières (lisez Jean Claude Michéa).
        Une « fadaise » du dix-huitième siècle qui a précédé celles du dix neuvième.
        L’homo œconomicus du monde parfait libéral, en ce qu’il n’agit qu’en fonction de ses seuls intérêts rationnels, est lui aussi totalement mesurable et évaluable dans l’espace unidimensionnel du marché auquel doit se réduire le monde. Mandeville -une sorte de prophète Jean du libéralisme- n’avait d’ailleurs rien trouvé de mieux que comparer ce mammifère supérieur à une abeille !
        En outre, vous faites un contre sens sur la formule que l’on prête à Marx d’à « chacun selon ses besoins ».
        Marx n’a jamais donné un sens restrictif à ceux-ci dans la société d’abondance qu’il appelait de ses vœux après l’abolition des classes sociales (une idée qu’il a probablement emprunté à Fourier si l’on se réfère au « manifeste » de 1848).
        L’erreur de Marx fut plutôt d’ignorer le fait qu’une société, dont l’extension infinie des besoins constituerait le pilier, ferait intervenir d’autres mécanismes que la simple opposition entre un producteur et un capitaliste.
        Le capitalisme moderne a lui parfaitement compris tout le parti qu’il pouvait tirer de l’extension sans limite des besoins et leur manipulation par le DESIR, lui-même totalement inféodé au marché.
        Il s’agit d’une forme d’anthropologie perverse destinée elle aussi à disparaître dans un monde aux ressources finies, et qui apparaît de plus en plus comme tel.
        Anthropologie au sort funeste programmé qui échappe toujours aux zozos gauchistes issus du marxisme dit « culturel », lesquels prêchent la « révolution » par le désir depuis l’époque dorée des trente glorieuses.
        A ce niveau, on ne voit pas trop d’ailleurs ce qui les différencie des néo-libéraux qu’ils disent exécrer.
        Quant aux massacres des contrevenants idéologiques de tout bord en tout lieu, la fin du communisme ne les a pas fait disparaître, à ce que je sache.

        • Sauf que le goulag existait déjà sous le tsarisme et s’appelait katorga.

  9. Le film « La Mort de staline » est un petit bijou d’ humour sur fond de tragédie. Les acteurs sont tous magnifiques.
    J’ ai lu il y a quelques mois un livre passionnant d’ Yves Courrière racontant l’ histoire du régiment de chasse Normandie Niémen. Quelques passages témoignent de l’ homme Staline en société.
    Je ne m’ avancerai pas sur le pourquoi de l’ échec du communisme, étant plutôt opposé à son application politique rouge ou verte ou rose je manquerai d’ objectivité. Je considère simplement qu’ aucune force n’ a la légitimité d’ imposer un partage à quiconque possède un bien ou un talent. Il n’ y a que de l’ acceptation et du compromis, l’ oppression finit toujours par se retourner contre elle-même. Il en est de même pour le libéralisme d’ ailleurs d’ après Michéa, mais je m’ égare!

  10. Merci pour la finesse de cette analyse du film hilarant qu’est « La mort de Staline », comédie d’une infinie justesse politique, qui met cruellement le doigt sur l’un des plus puissants moteurs du totalitarisme: la peur, la lâcheté, la faiblesse, bref, tous ces petits tas d’immondices dont sont faits les hommes (et les femmes!) quand ils papillonnent à la lumière du pouvoir, cruel, forcément cruel!

    Quant à ceux qui affirment sans sourciller que « le socialisme mène au goulag. Point. », sans doute devraient ils apprendre la fantaisie géométrique. Elle nous épargnerait peut-être ce genre de diktat, plus court chemin entre leurs fadaises et la suffisance d’une bêtise sans fin qui dégouline de leurs lignes faites d’une écriture plate et sans âme, triste et convenue, poussiéreuse et méprisante. Point.

    • Pardon ? Vous voulez dire qu’il y a des massacres politiques aujourd’hui au Chili et en Argentine ?

      Je ne dais pas ce que vous fumez, mais vous vous devriez arrêter.

      • Vous savez très bien ce que je veux dire. Entre 1953 et aujourd’hui il y a eu beaucoup de massacres organisés par vos amis américains. Je parle de ceux de l’Amérique Latine pour les avoir connus personnellement.
        Vous êtes bien un connard de négationniste.

  11.  » çà n’ a pas marché » ? Contentons-nous de quelques détails : l’ armée nazie brisée ( grâce à des dirigeants d’ exception, dont entre autres le camarade Staline, et surtout bien sûr grâce aux sacrifices du peuple soviétique . J’ évoque parfois avec délectation les centaines de milliers de crapules fascistes, cléricales, antisémites ( dont certains de mes compatriotes de la LVF et de la Légion Wallonie) dont les ossements pourrissent quelque part entre Berlin et le Caucase. Les révolutions anticoloniales et l’ accession en douceur de la Chine au statut de première puissance économique, les conquis sociaux en Occident et les incroyables réalisations de l’ URSS meurtrie d’ après-guerre. Je ne souhaite pas vous convaincre ( quand un ancien « communiste » gobe les insanités du rapport Khrouchtchev, son cas est désespéré), mais invite vos lecteurs à se poser la question :  » Ils nous ont menti sur tout : la collaboration étroite de nos bourgeoisies avec Hitler, les massacres coloniaux, la quasi-destruction de la Corée, du Vietnam, de l’ Irak, de la Libye, les innombrables complicités (Etats-Unis, Vatican, Croix-Rouge) avec le sauvetage en masse des criminels nazis. Et vous pensez que sur Staline, ils nous ont dit la vérité ? ». Une expérience un peu difficile mais indispensable : prenez n’ importe lequel de ces crottins anticommunistes que l’ édition française nous présente comme des mets raffinés (livres de Nicolas Werth, Stéphane Courtois, François Furet, Robert Conquest… épargnons ce pauvre Soljenitsyne) et lisez-le la plume à la main en vérifiant pour chaque affirmation la source de l’ auteur ( référence d’ archive précise et vérifiable par le lecteur ou bien simple affirmation du style : « on sait désormais que.. »,  » Machinchouette – dont la parole ne peut être mise en doute- affirme que… »,  » l’ œuvre essentielle de Dugland-Latouffe a définitivement établi que… ». Essayez de tenir le coup jusqu’ à la fin du bouquin bien qu’ en général, au bout de quelques pages, on comprenne qu’ il s’ agit de propagande vicieuse ( qui se fait passer pour de l’ histoire, en multipliant les citations tirées d’ autres œuvres aussi peu séreuses).

    • Connard ? Et vous donc : communiste en 2018, vous ne manquez pas d’air de traiter quelqu’un de connard, vous avez le sens du comique.

      Et en plus, vous n’avez pas compris ce que j’ai dit, qui est visiblement plus subtil que ce qu’un connard de communiste de 2018 peut comprendre : avec la fin du communisme, vient la fin des camps, de droite et de gauche.

      Le commentaire que j’ai repris disait :

      « Quant aux massacres des contrevenants idéologiques de tout bord en tout lieu, la fin du communisme ne les a pas fait disparaître, à ce que je sache. »

      Hé bien si. Sauf en Chine, en Corée du Nord et à Cuba, qui ne se réclament pas du fascisme que je sache.

      Le plus connard de nous deux, ce n’est pas forcément moi.

      • Tout à fait d’accord : Staline a transformé un pays arriéré féodal en superpuissance capable de rivaliser avec les USA. Il a mené la modernisation de la Russie que les tsars avaient refusé de faire alors qu’ils avaient eu plusieurs siècles pour le faire. Un peu facile dès lors de cracher sur Staline qui a dû se taper tout le boulot en 10 ans. Tout nouveau système économique et politique qui se met en place (même le gentil et vertueux capitalisme libéral avec la destruction des Amérindiens, le pillage de l’or des Amériques et la mise en place de la traite des noirs) fait toujours des dégâts importants avec de la répression dans sa phase de développement initiale, ce n’est nullement une spécificité du communisme soviétique.

    • On se demande bien pourquoi un système qui marchait si bien s’est écroulé.

      Vous vivez dans votre bulle idéologique. Il y a le vrai monde dehors.

    • Je suis véritablement horrifié par ce que je lis.

      Jena-François Revel a écrit un livre dont le titre du tout : La connaissance inutile.

      On sait mais on fait comme si on ne savait pas.

      On sait que le communisme a été une horreur sans équivalent dans l »histoire récente (je dis « récente » car, sinon, il faudrait parler des atrocités de l’expansion de l’islam). On sait que le communisme amène partout la misère et l’oppression. On sait que c’est un système maléfique au sens le plus fort du terme.

      On sait, mais certains font comme s’ils ne savaient pas.

      Quant à la Russie des tsars, elle était en plein boom économique avant la guerre de 14. Cela ne règle pas les problèmes politiques mais relativise la prétendue mirifique modernisation communiste qui justifierait tant de saloperies.

      On sait : le communisme, on a essayé et on a constaté que c’est la peste et le choléra tout en un. Devant le communisme, ce n’est pas le citoyen qui doit se révolter, c’est l’homme.

      Cela ne signifie pas que je suis partisan du capitalisme mondialisé actuel. Je refuse l’alternative sous-entendue qu’on me propose : si vous récusez Staline et Mao, c’est que vous êtes partisan de Minc et d’Attali.

      Le communisme étant évacué comme une vérole qu’on a essayée et qui a échoué, que faire ?

      Je pense que nous sommes de plus en plus placé devant le choix entre nation et empire, sachant que l’empire comporte nécessairement un volet tribal (les empires vivent très bien avec les tribus).

      C’est le projet très conscient de l’UE : un empire technocratique dissolvant les nations et gérant des tribus. En face, les nations forgées par l’histoire et par le consentement, sont en difficulté mais elles me semblent toujours des solutions d’avenir (Poutine, Trump, le Brexit en sont un signe).

  12. Je lis dans un commentaire un soutien à Staline.
    Certes, le rôle de l’URSS, dirigée par ce dernier, fut considérable dans la victoire contre le nazisme.
    Mes parents, républicains espagnols, furent longtemps staliniens en raison du rôle de l’URSS en faveur de leur camp (armement, conseillers soviétiques, Brigades Internationales créées par le Komintern, …).
    Ils furent, bien sûr, choqués par les révélations, moins du XXe congrès du PC Soviétique (1956) (rappelons que le rapport Khrouchtchev était secret) que par celles du XXIIe congrès de ce parti (octobre 1961). « L’Humanité » ne parlait plus en 1961 du « rapport attribué à Khrouchtchev » mais reprenait les révélations du congrès.
    Mes parents restèrent communistes, mais plus staliniens.

    Rappelons les procès de Moscou (1936, 1937, 1938) qui concernaient des rivaux de Staline (Zinoviev, Kamenev, Piatakov, Radek, Boukharine, …) auxquels on pourrait ajouter l’assassinat de Trotski (août 1940).

    Mais aussi, plein de gens qui étaient staliniens furent « liquidés » (la majorité des délégués au XVIIe congrès de 1934, la majorité des membres du Comité Central élus à ce congrès, de nombreux dirigeants locaux, des gens du peuple tout simplement, …).
    Des communistes étrangers présents en URSS furent aussi victimes des purges staliniennes (Polonais, Allemands, Hongrois, Bulgares, …) (1).

    Ajoutons que la paranoïa de Staline le conduisit à éliminer ceux qu’il avait LUI-MËME envoyé en Espagne : son ambassadeur (Rosenberg), le principal conseiller militaire (Goriev), le correspondant de la Pravda (Mikhaïl Koltsov), …, Puis dans les procès des républiques populaires, d’anciens membres des Brigades Internationales furent jugés : Lazslo Rajk à Budapest en 1949, Artur London à Prague en 1952, …

    (1) En revanche, rien ne prouve que José Diaz, secrétaire général du PC d’Espagne ait été liquidé par Staline à Tbilissi en 1942 comme l’affirme Stéphane Courtois. Diaz, gravement malade, avait quitté l’Espagne avant la fin de la guerre civile. Pour la plupart des historiens (y compris hostiles aux communistes), Diaz ne supportant plus son était de santé, s’était suicidé.

    • S’ il existe des abrutis qui vivent dans leur bulle idéologique, ce sont bien ceux qui se figurent que les difficultés passagères du communisme en URSS à la fin des années 1980 ont signé la fin du communisme ! Pas plus que les graves difficultés de la cause révolutionnaire à la fin de l’ épisode napoléonien n’ ont signé la fin de cette cause aux 19 ème et 20 ème siècles. Rappelons aux rêveurs qui souhaitaient être définitivement débarrassés du communisme que le capitalisme lui-même a mis des siècles à remplacer les modes de production qui l’ avaient précédé.

  13. Allez, encore un exemple de communisme réel (comme farce, ce coup-ci) :

    Yohan, ce zadiste dépité par la «lutte des classes» au sein de la communauté

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    Prenant soin de rappeler qu’il livre à chaque fois sa propre vision, Yohan étrille la ZAD. Il n’hésite pas à décrire une communauté hiérarchisée qui s’est figée dans des quartiers bien distincts. « Les bobos intellos sont au cœur de la ZAD, les riches au sud-ouest, les diplômés qui ont le pouvoir sont à l’ouest dans le secteur de Bellevue », dit-il. Il ironise: « Et c’est donc le quartier des plus démunis qui a été le premier rayé de la carte. Finalement, la lutte des classes existe aussi ici. »

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    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=Uc4sYzFP5bs%5D

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