Outrage sexiste : ça y est Madame Schiappa on en tient un !

Me serais-je trompé ?

À plusieurs reprises j’ai dit que le fameux « outrage sexiste » triomphalement annoncé par Marlène Schiappa, puis promulgué ensuite dans une loi qui porte son nom serait inapplicable. Est-ce aussi sûr que je l’ai prétendu ?

Je rappelle le contenu de ce qui est devenu l’article 621-1 du Code pénal : « Constitue un outrage sexiste le fait [……] d’imposer à une personne tout propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste qui soit porte atteinte à sa dignité en raison de son caractère dégradant ou humiliant, soit crée à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. »

Ne lisant ni n’écoutant les médias dans lesquels elle officie, je ne savais pas du tout qui était la journaliste Charlotte d’Ornellas. Pas plus qu’un individu dénommé Morin payé avec notre argent à caqueter avec la petite bande de faux comiques conformistes et lourdingues préposés à la propagande sur France Inter. J’aurais pu continuer à vivre paisiblement, bardé de cette ignorance. Mais voilà que sur la base de quelques conseils, je me suis infligé l’écoute de la chronique du dit Morin à propos de Madame d’Ornellas.

Joli. Toute de finesse, d’élégance et d’intelligence accompagnée par une illustration sonore en forme de ricanements gras des gens présents dans le studio. Humour de pilier de bistrot aviné, l’excuse de l’alcool en moins. Soyons clair et utilisons le bon adjectif : répugnant. On peut s’imposer l’épreuve de l’écoute, mais aussi s’en dispenser en se contentant de lire le poulet dont ce Morin doit être si fier, mobilisé qu’il est dans son « no pasaran » confortable et appointé contre la bête immonde.

« Les petites cathos d’extrême-droite, ça me plait, ça me fait chavirer, ça me transporte, ça m’excite. Tu me plais, Charlotte, oui, tu me plais au-delà du raisonnable […] J’ai envie qu’on fasse des petits jeux coquins, des jeux de rôle où tu serais déguisée en Jeanne d’Arc et moi en Mélenchon, tu me coincerais derrière le canapé, tu me mettrais des fessées bien méritées, et moi je crierais « oh oui, aille, ça fait mal mais je l’ai mérité » […] puis ton enlèveras ton armure et tu me diras : « viens, viens, mon cochon, viens voir Tatie Jeanne d’Arc » ; et là je deviendrais fou, fou de désir, et ce sera à mon tour de t’humilier en te disant des choses infâmes, des choses du style : « tais-toi souillon fasciste, viens avec moi dans le salon » […] et là, tu convulseras et tu beugleras : « j’en appelle à Saint-Philippe Pétain, protège-moi, va de retro morinus » [… ] et nous ferons l’amour bestialement comme deux bergers allemands rongés par le stupre, la luxure et la passion ».

Au-delà de sa bêtise épaisse et de la dramatique absence d’humour, ce texte est intéressant en ce qu’il encourt à l’évidence l’application de l’article 621-1 du Code pénal. Morin aurait dû bien sûr d’abord faire l’objet d’une procédure disciplinaire de la part de son employeur la société Radio France, concessionnaire du service public audiovisuel, et tenue par la loi à un certain nombre d’obligations. Qu’elle ne respecte, on le sait, que de façon extrêmement ciblée. Le CSA d’Olivier Schrameck comme on pouvait s’y attendre est resté muet comme une carpe. Concernant le président du CSA, tout le monde sait à quoi s’en tenir sur la conception que ce membre de la caste a eu de ses fonctions dans toute sa carrière. Marlène Schiappa occupée qu’elle est à exprimer sa vénération pour le côté christique d’Emmanuel Macron, a été prise d’une subite extinction de voix. Ils avaient pourtant été plus prolixes après la blague passablement odieuse du dénommé Tex qui s’est prestement retrouvé sur le trottoir pour faute grave. Cet assourdissant silence a été partagé par tout ce que le féminisme victimaire dispose d’étendards. Toutes muettes, dis donc, c’est curieux. Eh oh, #balancetonporc c’est pas pour le camp du bien, non mais ! Imaginons ce qui se serait passé si dans les médias quelqu’un s’était permis de dire le même texte en remplaçant le nom de Charlotte d’Ornellas par ceux d’Audrey Pulvar ou de Laurence Ferrari. J’invite les lecteurs que ça amuse à faire l’exercice. Mais attention, chez eux, bien cachés, sans témoin et sur un papier qui sera immédiatement brûlé. Les supports numériques qui laissent toujours des traces sont à proscrire.

Alors, reste Monsieur le procureur. On sait les membres du parquet très occupés à chercher des poux dans la tête des adversaires du pouvoir et à colmater toutes ces affaires gênantes qui bringuebalent dans le sillage d’Emmanuel Macron. Mais intervenir pour taper sur un sous-fifre ne prendrait pas longtemps et aurait le mérite de se refaire pour pas cher, une petite virginité face à l’accusation du « deux poids, deux mesures » qui commencent à sérieusement ressembler au sparadrap du capitaine Haddock. Alors si je peux me permettre, chers amis magistrats, il faudrait qu’un OPJ se présente au studio à l’heure où ledit Morin impose aux auditeurs de France-Inter sa rédhibitoire absence de talent pour lui remettre le procès-verbal d’infraction et lui enjoindre de régler l’amende prévue par le code. L’idéal serait que ce soit en direct, mais ne cédons pas à la gourmandise.

Et puis Marlène Schiappa serait si contente de voir son texte appliqué…

 

 

 

 

Régis de Castelnau

18 Commentaires

  1. Cher maître,
    J’attends avec impatience la réaction de M. Askolovitch qui ne manquera pas d’être scandalisé par l’ignoble chronique de Morin (qui visiblement n’est pas prêtre !)…
    Vous croyez qu’il ne réagira pas ? Ah, bon !

  2. Pourquoi à chaque fois que je vous lis je me sens triste de voir à quelle point vous décrivez bien la manière dont ce pays part en quenouille.
    Morin est une petite m… sans courage. D’ailleurs j’ai renoncé à France Inter depuis longtemps. Mes impôts payent ces charlots, pas la peine de m’infliger leur écoute en plus.

    • du meme avis que vous au sujet de France Inter et de la TV en général (pour cela que je n’en ai plus)

    • Ce Morin est en tout cas parfaitement dans le ton de sa radio.
      C’est étonnant ce que vous dites, parce que figurez vous que j’ai aussi renoncé à écouter France Inter. Pourtant, cette radio s’ auto félicite régulièrement de ses parts d’ audience en perpétuelle croissance. Vous me direz que deux auditeurs ça ne pèsent pas lourd!

  3. J’ai écouté France-Inter dans le temps : les chansonniers de « l’oreille en coin », des récits historiques d’Eve Ruggieri, l’émission « Monsieur X », une autre émission d’histoire. Puis,quand ces émissions disparaissaient, j’appréciais peu celles qui les remplaçaient.

    J’ai peu de sympathie pour Benoit Hamon. Mais, en 2009 (je crois), Montebourg et lui avaient osé parler sur un sujet comme Marine Le Pen. Invité sur France-Inter dans une émission dirigée par l’inévitable Pascale Clark, il subit un véritable « lynchage » médiatique.

    Bon, il y a des années que je n’écoute plus la moindre émission de cette station.
    Je connaissais la scandaleuse partialité de cette chaine financée par nos impôts (y compris par les électeurs des partis maudits).
    Je savais aussi que les « humoristes » de cette radio n’étaient que des idéologues sans talent (1).

    Mais, ici, ce personnage (le « chroniqueur » dont je ne répète pas le nom) a touché le fond de l’ignominie (2).

    (1) Concernant ces « humoristes » sans talent, il y en a sur certaines chaines de télévision. Ainsi, après le 2e tour de la présidentielle, comme l’Aisne et le Pas-de-Calais avaient voté pour Marine Le Pen, un de ces personnages avait cru intelligent de parler des « Aisneux » (haineux) et « Héneux-Beaumont ». « L’humoriste » ajoutait à sa bêtise un mépris de classe car l’est du Pas-de-Calais (mais aussi le Valenciennois et le Douaisis dans le Nord qui ont voté Marine LP) sont des zones très populaires, autrefois très ouvrières qui, il y a quelques décennies, votaient massivement pour le PCF et le PS.

    (2) Si ce « chroniqueur » ignoble reprend à son compte « no pasaran » (de la guerre d’Espagne), il insulte la mémoire de celle qui fut à l’origine de cette expression : Dolores Ibarruri (surnommée Pasionaria)..

  4. Un féminisme politicien qui ne consiste qu’à servir les intérêts des politiques masculins.

    Et, parce qu’en France nos gouvernements ne sont que des grandes scènes de théâtre qui consistent à nous faire croire, un coup, que se serait l’un ou l’autre camp qui nous sauverait de l’incroyable dégradation à tous les niveaux dans laquelle ils ont mis le pays et les uns et les autres.
    Un coup, se serait «  la reconnaissance » de tous en mettant une ministre d’origine étrangère et surtout renforcé par la couleur.
    Et, un coup, une majorité constituée de gens de la population mais choisis sur CV et avec critères innés de crétinisme et d’amoralité.
    Et le clou final, « la parité » avec une secrétaire d’Etat qui est en perpétuelle extase devant Macron et qui ne trouve rien à redire concernant les propos de Morin et, parce que dame Charlotte, sans omettre la particule, n’est pas du clan de son dieu Macron.

    Le féminisme à la française qui n’est que de l’opportunisme passager, comme tout le reste, et qui n’aboutira à rien.

  5. Maître (comme nombre de vos lecteurs, cette référence devrait me valoir une reconnaissance éternelle, puisqu’ils en abusent alors que vous vous exprimez [très bien] à titre privé),
    Maître donc,
    Je suis effaré de lire des commentaires qui eux aussi devraient relevés d’un PV pour insultés et autres.
    Les commentaires à vous excellents articles (!) seraient-ils un défouloir de ceux qui ont abandonnés la politesse ? Laisserez vous continuer sur cette voie ?

  6. Il suffit d’écouter trois chroniques de Morin pour entendre quasi le même texte avec, au choix, Charline Vanhoenacker, Naggy, ou je-ne-sais lequel de ses collègues. On peut ne pas le trouver drôle (mais faire rire tout le monde, est-ce possible?), mais il a une qualité qui manque à nombre de ses collègues: il rit de tous, mais en premier de lui-même. D’accord pour critiquer cette loi si elle est mal écrite ou mal conçue (et apparemment elle l’est), mais mettre Morin dans le camp de Macron et Schiappa, il faut vraiment être myope comme une taupe pour le tenter.

  7. L’humour de ce Monsieur est dans le rôle que lui assigne France Inter, c’est du « je suis Charlie » avec tout ce que cela suppose de médiocrité moutonnière et surtout de propagande sous faux nez. En sommes le gavage consenti et quotidien d’une petite « élite », ce terme qualifiant la CSP se revendiquant haut et fort « bobo ».
    On suppose qu’ils achètent au vue et au sus de tous, quel courage!, indifféremment Libé, le Monde ou le Figaro et qu’il regardent tous les soirs 20 Minutes sur Arte, preuve de leur incroyable ouverture d’esprit.

    Ce qui leurs permet de rire de tout, ou presque.

  8. Ah, ces « humoristes » de France-Inter !
    Je n’écoute plus cette station, mais des extraits que j’ai parfois entendus de la part de « collègues » du personnage cité dans l’article montrent peu d’humour et beaucoup de bien-pensance.
    Sophia Aram est-elle encore présente ? En 2012, son « humour » consistait à dire : « les électeurs du FN sont de gros cons ».
    Stéphane Guillon ne serait plus sur France-Inter. Constatons qu’il s’en prenait aux autres, mais ne supportait pas la moindre critique. Dans ONPC, il avait été désagréable envers Audrey Pulvar (1) et Natacha Polony.

    https://blog.causeur.fr/antidote/retourne-a-ta-cuisine-audrey-002321.html
    http://l-arene-nue.blogspot.com/2012/01/aram-morano-sur-france-inter-zero.html

    En revanche, en ce qui me concerne, j’apprécie globalement Laurent Gerra (sur RTL).

    Le bon humour est parfois contre soi-même. Ce fut le langage d’un des dirigeants du PCF, René Piquet, dans l’émission de chansonniers « l’oreille en coin », il y a environ 30 ans.

    J’apprécie aussi les dialogues d’Audiard dans de nombreux films (« les tontons flingueurs », « cent mille dollars au soleil », « le cave se rebiffe » et même, en plus sérieux, « mort d’un pourri », …).

    Allez, un exemple. Dans « le cave se rebiffe », Jean Gabin qui veut faire de la fausse monnaie, demande du papier à Françoise Rosay.
    Jean Gabin : « Je t’enverrai quelqu’un. »
    Françoise Rosay : « Comment je le reconnaitrai ? »
    JG : « C’est un con. »
    FR : « Oui, mais les cons, ça court les rues. »
    JG : « Celui-là, tu ne peux pas te tromper. S’il existait un mètre-étalon de la connerie, il serait au pavillon de Sèvres. »

    Constatons que, de nos jours, de nombreux humoristes (même des bons) pensent qu’il faut être grossier ou grivois.
    Autrefois, certains très bons humoristes frôlaient la grivoiserie, puis, quand le public avait compris, ils s’en écartaient.

    Deux exemples :

    Au début des années 60, le chansonnier Pierre-Jean Vaillard faisait un compliment à l’actrice Gina Lollobrigida. Celle-ci avait un décolleté profond qui montrait une partie de ses seins.
    Vaillard : « Comme disait Sully : labourage et pâturage sont ….(rires, pause) ….les deux ressources de l’Italie. »

    Raymond Devos dans « prêter l’oreille et oui-dire » :
    « Dans Rabelais, on dit que Gargamelle a mis Gargantua au monde par l’oreille gauche. Ce qui sous-entend que, par l’oreille droite, il devait se passer des choses … (rires, pause) … des cris et des chuchotements. »

    (1) Ici, je ne justifie pas tout ce que dit Audrey Pulvar. Je suis en désaccord avec elle lorsqu’elle a souhaité récemment qu’Eric Zemmour ne soit plus invité dans les médias.

    • Personnellement, je suis fan de Raymond Devos : l’absurde et surtout les jeux de mots.
      Quelques exemples qui nous changeront des inepties des « humoristes » de France-Inter.

      BRIC à BRAC..
      Il veut acheter une maison et demande le prix : 15 briques. Puis, on parle de thunes, de clous.
      ………….
      – Vous n’êtes pas obligé de payer comptant.
      – Content ou pas content, je suis obligé de payer.
      …………..
      – Sur quel terrain ?
      – Je n’ai pas de terrain.
      – Moi, je peux vous en avoir un sur-le-champ.
      ………….
      – Si c’est trop cher, faisons la maison en bois.
      – En bois ? Ce n’est pas du boulot.
      – Non, c’est du pin.
      Il se renseigne sur le prix du pain.
      – Mettez-m’en quelques kilos de côté.
      – Kilos ? En matière de bois, on parle de stères.
      – Si on parle de s’taire, ce n’est pas comme ça qu’on s’entendra.
      ……………
      – Le boulot, ça se paie.
      – Bouleau ? Vous m’avez dit qu’il n’y en a pas.
      – Il n’y a pas de bouleau, mais il y a du pain sur la planche.

      LA MER DÉMONTÉE.
      Il part pendant 3 jours pour voir la mer et demande au portier de l’hôtel qui lui dit que la mer est démontée.
      – En 3 jours, l’eau a le temps de couler sous le pont.
      ………….
      – Le pont a été démonté pendant la guerre.
      ………….
      – C’est la fête, alors on fait le pont.
      …………
      – Pleure pas, tu la reverras ta mère.
      – Je veux la voir tout de suite (la mer).

      À TORT OU À RAISON.
      Avant, je donnais raison à tout le monde jusqu’au jour où je me suis aperçu que la plupart des gens à qui je donnais raison avaient tort.
      Par conséquent, j’avais tort : tort de donner raison aux gens qui prétendaient avoir raison alors qu’ils avaient tort.
      J’ai raison non ? Puisqu’ils avaient tort et sans raison encore.
      Moi aussi, il m’arrive parfois d’avoir tort. Mais, quand j’ai tort, j’ai mes raisons.

      OUÏ-DIRE.
      – L’ouïe de l’oie de Louis a ouï.
      – Ah oui ? Et qu’a ouï l’ouïe de l’oie de Louis ?
      – Elle a ouï ce que toute oie oit.
      – Et qu’oit toute oie ?
      – Toute oie oit mon chien qui aboie le soir au fond des bois. Toute oie oit : ouah ouah !

      DIVERS.
      Il a une voiture, mais pas une deux chevaux.
      Il a une deux boeufs.
      La deux boeufs du père Deux-Veaux (Devos).
      Catastrophe aux feux tricolores : au rouge, elle fonce (comme les taureaux) alors qu’au vert, elle broute.

  9. Je n’ai pas Facebook, mais ma femme me met sous le nez votre réaction à celle de Jean-Luc Mélenchon perquisitionné.

    J’attendais à mieux de votre part, beaucoup mieux que cette petite saillie vengeresse de tondeur de la dernière heure. Tout y est…je suis très déçu.

    • Je n’ai tondu personne ! J’ai voté Mélenchon aux deux tours en 2012 et en 2017. Mais cela fait des années que je gueule contre les dérives judiciaires liberticides quelques soient les cibles. Et croyez-moi j’étais tout seul j’ai pris des risques. Mélenchon a été beaucoup trop timide dans ce combat, je dis simplement que ce qui lui arrive ne devrait pas le surprendre.
      Je publie quelque chose de plus étoffé mais sur la même ligne quand même, ce soir ou demain matin.

  10. Le CSA du sieur Schrameck n’a pas bronché après la scandaleuse attaque contre la journaliste d’Ornellas par ce pseudo « humoriste ».
    En revanche, le CSA avait mis en demeure RTL contre une chronique d’Eric Zemmour au début de 2017.
    On apprend ces jours-ci que le Conseil d’Etat a annulé cette mise en demeure du très partial CSA.

  11. « Montrez-moi une femme, parfaitement éduquée, qui décide d’avoir 7, 8, 9 enfants »
    E. Macron a-t-il chercher à illustrer l’outrage sexiste ?

Laisser un commentaire