Système Macron : violence et État de droit à géométrie variable

 

 

J’ai fait l’objet d’une interview du média Atlantico à propos de la répression judiciaire dont font l’objet les participants au mouvement des gilets jaunes. Je reproduis ci-dessous mes propos que l’on peut retrouver également sur le site d’Atlantico.

 

 

1/ La perception d’un « deux poids deux mesures » sur la capacité répressive du gouvernement envers les gilets jaunes donne l’impression que le gouvernement emploie les grands moyens contre ce mouvement politique qui lui est directement opposé alors qu’il demeure sans armes face à la criminalité ordinaire ou quotidienne, dont de nombreux indicateurs semblent indiquer qu’elle progresse dans certains domaines. Est-ce vraiment le cas ? Le gouvernement est-il fort avec les faibles et faibles avec les forts ?

Je crois que le problème ne se pose pas de cette façon. Ce que vous appelez la criminalité ordinaire ou quotidienne, celle qui pourrit la vie des gens dans les cités, dans les transports, et dans la rue qui laissent des quartiers entiers sous la coupe de trafiquants qui ont passé un accord avec les barbus, c’est un phénomène de masse. Que l’État français refuse depuis plus 30 ans de traiter. C’est devenu un phénomène endémique. C’est la raison pour laquelle on ne peut pas faire de parallèle avec le mouvement des gilets jaunes et la répression policière et judiciaire brutale dont il est l’objet.

C’est vrai que si l’on compare les moyens de la violence d’État utilisés contre les gilets jaunes et la passivité des forces de l’ordre à l’occasion du grand rituel de la Saint-Sylvestre avec le millier de voitures incendiées, cela ne peut que provoquer l’indignation.

Mais il faut savoir que dans les deux cas il s’agit de décisions politiques prises par le pouvoir. En ce qui concerne la criminalité ordinaire, le choix est fait depuis longtemps de ne pas donner à la justice les moyens dont elle a besoin pour la traiter. Dans un ouvrage bilan absolument remarquable et indispensable intitulé : « Justice, une faillite française ? » Olivia Dufour fait le point de la situation d’un système à bout de souffle qui est une honte pour la République. En démontrant implacablement que le problème a une seule véritable origine : l’absence de moyens. La répression de la délinquance ordinaire est totalement en déshérence, ce qui a permis la dépénalisation d’un nombre considérable d’infractions. Il faudrait plus de magistrats, plus de greffiers, plus d’éducateurs, plus de prisons ou de centre pour les mineurs. Malheureusement cette clochardisation aboutit à la non-exécution des peines quand ce n’est pas carrément à la démission des autorités de poursuite. Sait-on que près de 2 millions d’infractions par an avec auteurs connus ne font l’objet d’aucune poursuite dans notre pays. Rajoutez au sentiment d’impuissance que vivent les magistrats, la sensibilité au gauchisme culturel et à une certaine culture de l’excuse d’une partie d’entre eux, et vous aurez ce résultat calamiteux. Qui est le fruit, il faut le répéter, d’une décision politique. La feuille de route d’Emmanuel Macron, comme d’ailleurs de ses prédécesseurs, est bien l’appauvrissement de tous les services publics, y compris celui de la justice au nom de l’impératif austéritaire. Le projet de « loi justice » en discussion actuellement au Parlement en est une éclatante démonstration. Économies à tout prix au détriment de la mission et des principes qui la guident.

Le problème des gilets jaunes est complètement différent. Il s’agit là aussi d’une décision politique, celle d’un pouvoir en panique, qui a basculé dans une certaine radicalité et qui ne voit que dans la répression massive d’un mouvement social, le moyen de s’en sortir. Le bilan de ces quelques semaines est complètement ahurissant. Nous n’avons jamais assisté et même en mai 68 à une telle violence répressive, qu’il s’agisse des comportements des forces de l’ordre dont une partie se croit tout permis ou de la magistrature qu’elle soit du parquet ou du siège qui a appliqué avec célérité les consignes du pouvoir. Plus de 300 personnes incarcérées, des blessés par centaines, des procédures absurdes où se multiplient les excès de zèle parfois déshonorants, dans le silence de cathédrale des organisations syndicales de magistrats en général plus prolixes.

 

2/ Si la loi reste la loi pour tous, il peut paraître plus simple de s’en prendre à des gilets jaunes globalement facilement identifiables et très exposés qu’à une certaine délinquance systémique. Comment le gouvernement peut-il réussir à appliquer la loi sans paraître défendre en premier lieu la raison du plus fort ?

Comme vous le dites très bien, s’en prendre à une délinquance systémique nécessiterait une volonté politique. Et surtout des moyens, que les exigences de Bruxelles interdisent. La vision par ce pouvoir des services publics, n’est que celle de l’austérité. Les transports, la santé, la justice sont des parents pauvres et, il est hors de question pour Bercy et pour les élites de renoncer à cette stratégie. Elles sont en général très peu concernées par cette délinquance, les voitures que l’on brûle, les agressions, les violences, ce sont les pauvres contraints d’habiter dans ces ghettos qui les subissent. Les stratégies d’évitement tout à fait identifiées par Christophe Guiluy dans son récent ouvrage, leur permettent d’y échapper tranquillement. Eux habitent dans les quartiers sûrs mettent leurs enfants à l’École Alsacienne, le pourrissement c’est pour les pauvres, et ce n’est pas grave.

Le problème de la répression du mouvement des gilets jaunes n’est pas un problème d’application de la loi. C’est un problème d’utilisation de la violence d’État pour s’opposer à un mouvement social. Les motivations d’Emmanuel Macron, d’Édouard Philippe ou de Nicole Belloubet n’ont rien à voir avec la volonté de faire appliquer la loi dont ils sont tout à fait capable de se moquer comme d’une guigne. Le choix de la répression est une décision politique et entendre les gens du pouvoir parler « d’État de droit » est simplement une plaisanterie. Juste un exemple, la loi interdit désormais que le ministère de la justice donne des instructions individuelles au parquet. Eh bien croyez-moi, que ce soit depuis Matignon ou depuis la place Vendôme ces injonctions sont tombées comme à Gravelotte. Par téléphone bien sûr…

 

3/ La plupart des gilets jaunes arrêtés ne sont pas des délinquants acharnés. Cela veut-il dire que les plus acharnés réussissent de toute façon à s’en sortir ? Une telle situation ne risque-t-elle pas de dégénérer si le pouvoir ne donne pas des signes d’équité ? La situation ne pourrait-elle pas devenir ingérable ?

D’après les informations dont on peut disposer, les gilets jaunes incarcérés avaient massivement des casiers judiciaires vierges. Il vaut mieux en effet brûler des voitures en banlieue que se faire prendre en gilets jaunes avec des lunettes de piscine à l’occasion d’une manifestation. Évidemment que la partialité avec laquelle l’État, que ce soit par l’intermédiaire de sa police ou d’une magistrature docile, traite ce mouvement va générer des sentiments d’injustice et de frustration. Et comme dans le même temps d’une façon passablement stupéfiante les amis du pouvoir bénéficient d’une complaisance judiciaire étonnante… Alexandre Benalla, François Bayrou, Richard Ferrand, Muriel Pénicaud pour ne s’en tenir qu’à ceux-là, malgré des infractions évidentes et avérées sont tout à fait tranquilles alors même qu’on embastille des gilets jaunes par centaines, l’exaspération est devenue rage.

J’ai pu constater que dans le monde politique, dans la presse et sur les réseaux la perception de cette orientation répressive était perçue comme une radicalisation dangereuse. De ce point de vue, les vœux d’Emmanuel Macron, ressemblaient plus à un discours de chef de bande qu’à celui rassembleur qu’aurait dû faire un président de la république.

 

4/ L’autre versant du mécontentement pourrait aussi trouver sans source dans une relative impunité de la classe politique. Un autre deux poids deux mesures ?

C’est la question que j’abordais ci-dessus, où l’on est contraint de constater que c’est spécifiquement Emmanuel Macron et son entourage qui bénéficient d’une incontestable complaisance judiciaire. Il ne faut pas se tromper, quand il a été nécessaire de condamner des politiques, la justice a fait son travail quoique parfois lentement. Mais depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron c’est une véritable protection dont celui-ci et son entourage bénéficient. Il y a d’abord eu les problèmes posés par le financement de sa campagne, l’opacité de l’origine de certaines contributions, l’utilisation de fonds publics à des fins électorales lorsqu’il était au ministère de l’économie, ensuite les quelques enquêtes préliminaires ouvertes sont toutes enlisées : Collomb, Bayrou. Quand contraints et forcés, ont saisi un juge d’instruction est saisi, il est prestement déchargé du dossier comme dans l’affaire Ferrand. Il y a bien évidemment l’affaire de Las Vegas et ses ramifications concernant l’agence Havas où à l’évidence Madame Pénicaud aurait dû être poursuivie, le refus par le parquet d’enquêter sur la disparition du coffre de Benalla, etc. etc. Et pendant le même temps, le Rassemblement National fait l’objet d’un acharnement judiciaire allant jusqu’à lui saisir ses dotations d’État sans qu’aucune décision n’ait été rendue sur le fond et voit convoquer sa présidente chez un psychiatre ! La France insoumise quant à elle, a eu droit à une perquisition géante à grand spectacle, mobilisant près de 100 policiers et 7 magistrats dans ses locaux et dans les appartements de ses dirigeants. Et on peut être sûr que cette instrumentalisation va durer au rythme des échéances politiques.

Le deux poids deux mesures dont vous parlez, et qui est ressenti comme tel, n’est pas entre les politiques en général et les gens d’en bas, mais bien dans la protection dont bénéficie l’équipe au pouvoir et la volonté de ne traiter le mouvement social des gilets jaunes par le biais de la violence d’État.

 

 

Régis de Castelnau

32 Commentaires

  1. D´accord sur toute la ligne.
    La fonction publique .le service public, l´intérêt général , notre constitution de 1958,malgré ses amendements , sont les garants de nos libertés, de nos droits.
    Hélas, avec Mitterand et les socialistes, c´est la corruption, l´intérêt financier, le détournement de fonds publics au profit de hauts responsables politiques,le vol de l´argent des français par quelques politiques pourris qui occupent encore de hautes fonctions,qui ont prévalu. Ce pourissement de l´état conduit à privilégier dans les contrats de fournitures aux organismes publics des sociétés étrangères qui payent des pots de vin.
    La France est hélas non seulement en voie de sous développement économique mais aussi de sous- développement moral et politique, en voie, si elle ne l´est pas déjà, de devenir une république bananière.

    • humour partisan : afin de rétablir l’ordre et l’équité entre les parties, et pour mettre fin au conflit, je propose que dans le cadre du »grand débat national », un combat singulier soit organisé entre le boxeur et le commandant de police, arbitré par Chantal Jouanno ( rémunérée 14000 euros pour cette prestation exceptionnelle). Si le boxeur gagne, Macron doit dissoudre l’assemblée nationale après avoir introduit la proportionnelle pour les nouvelles élections ; il doit répondre aussi favorablement et immédiatement aux revendications des gilets jaunes. Si le commandant gagne, il doit être mis en examen et incarcéré pour violence envers un représentant du peuple, et Macron, entaché par cette nouvelle affaire, doit démissionner.

  2. « quartiers entiers sous la coupe de trafiquants qui ont passé un accord avec les barbus » Je ne souscris pas à cette affirmation sans fondement.

  3. En revanche, j’y souscris totalement, depuis les années 80, tout gouvernement en place a acheté la paix sociale dans les quartiers. On opères des actions médiatiques quelques fois fois dans l’année pour monter les muscles, puis…pff..plus rien.On laisse à l’abandon des gamins qui finiront mal, en les accablant quelques années plus tard sous le joug d’une justice peu clémente.

  4. Vos affirmations sur les quartiers, les barbus, la racaille (dans votre précédent article) semblent relever d’une obsession quasi pathologique. Plus politiquement ne seriez-vous pas en train de virer Doriot ?

    • Il y a 40 ans que Régis de Castelnau et beaucoup d’autres comme moi-même avons « viré Doriot ».
      Nous soutenions Georges Marchais. Or, ce dernier disait, avec raison, que l’insécurité frappe surtout les couches populaires et non les gens des classes dominantes.
      Notons que c’est exactement ce qu’écrit dans l’article ci-dessus R de C.

      Comme il osait dire cela, Marchais était assimilé par des journaux « de gauche » comme « Libération » à Doriot.

      Allons plus loin.
      Karl Marx qui fustigeait le lumpenprolétariat, autrement dit « la racaille » avait aussi « viré Doriot ».
      Décidément, Marx était très fort : mort en 1883, il avait réussi à imiter quelqu’un qui allait naitre en 1898 !!!

      • Dans ma réponse ci-dessus, j’ai bien sûr ironisé. C’est une manie dans une certaine gauche sociétale, chez des « gauchistes culturels » qui méprisent la classe ouvrière et le peuple en général de « fasciser » et même de « nazifier » tous ceux qui pensent, avec raison, que l’insécurité frappe surtout les couches populaires, quelle que soit leur origine (1).

        Mais, « ça va sans se dire, mais ça va mieux en le disant » : je ne fais nullement l’éloge de Jacques Doriot « le petit führer français ».
        On a le droit d’être en désaccord avec quelqu’un, mais l’assimiler à Doriot est une injure scandaleuse.

        (1) Ces derniers temps, j’entends souvent dans les médias des personnes d’origine maghrébine (surtout des femmes) qui fustigent, avec raison, le laxisme concernant les délinquants et constatent avec inquiétude la montée dans les « quartiers » des trafiquants de drogue et des islamistes radicaux.

  5. Cessons de faire des analogies historiques qui n’ont pas lieu d’être. Il se trouve justement que m’intéressant beaucoup à l’histoire de Vichy et la collaboration, que je me suis farci le pavé de Jean-Paul Brunet sur Doriot. Ce dernier était avant tout un homme d’action, engagé, formidable orateur. Il s’est fait dégager par le PCF français sur les ordres de Moscou. A l’époque, beaucoup ont viré de bord, pour ne pas dire presque tous, de la gauche à l’extrême droite car ils ont senti le vent tourner. Déat possèdait des instincts primaires, il était violent mais ce n’était pas un lâche.Pas comme cette belle ordure de Darquier de Pellepoix…cette période de l’histoire est tellement sensible que nombres d’historiens essaient de l’analyser et que leurs avis divergent parfois grandement. Qui de Laval ou Pétain est le plus responsable ? Mon avis penche pour Pétain et nombres d’historiens me contrediront. Pour finir finissons-en une fois pour toutes avec les analogies de l’histoire.Sur les réseaux sociaux on comparons les GJ avec les S.A et l’autre dézingué du bocal, BHL, qui évoque lui, « La nuit des petits couteaux « .

    • Eric Zemmour est parfois critiquable. Je pense à son obsession concernant les prénoms. Je pense aussi à sa façon de parler des femmes à qui il semble dénier l’égalité des droits (1).

      Mais, Zemmour dit et écrit souvent des choses intelligentes (2).
      J’ai entre les mains son livre de 2014 : « le suicide français ».
      Dans un sous-chapitre intitulé « 26 avril 1981. Marchais en dernier des gaullistes » (p 198 à 207), il ne cache pas une certaine sympathie pour l’ancien secrétaire général du PCF.

      Dans un sous-chapitre précédent intitulé « 14 janvier 1981. L’Idéologie dominante pour les nuls » (p 191 à 196), il fustige BHL qui venait d’écrire « L’Idéologie Française ». Zemmour écrit : « La vérité historique, BHL s’en moque comme de sa dernière chemise (blanche) ; il fait la guerre ».
      Il montre que, dans son livre, BHL attaquait surtout le PCF. Il ne reprochait pas à ce parti d’être soumis à Moscou, il lui reprochait d’être trop français. Pour BHL, être trop français, c’est du pétainisme (3).

      Zemmour conclut : « Des intellectuels …, tel Raymond Aron, dénoncèrent les approximations, erreurs, contresens, impostures de l’ouvrage et de l’auteur ». Mais « BHL était le nom de la haine de soi française et de la sécession des élites. Il ne pouvait que durer et prospérer ».

      (1) Je suis hostile au néo-féminisme du style Caroline de Haas qui prône la guerre des sexes (tout en excusant certains énergumènes des « quartiers » qui agressent les filles : « il faut élargir les trottoirs » ose-t-elle dire).
      Mais, je suis pour l’égalité de droits entre hommes et femmes.
      Et je n’oublie pas que, si la France a été un des derniers pays à donner le droit de vote aux femmes, la faute en incombait aux radicaux du Sénat.

      (2) J’ai parfois laissé des commentaires sur le blog de Zemmour. Mais, ce blog n’est plus « alimenté » depuis novembre 2017.

      (3) On sait que le pétainisme a mené peu à peu à la Collaboration (c’est évident à partir de novembre 1942 : occupation de la zone ex-« libre » par l’armée allemande). C’est ça être « trop français » ? Audiard aurait pu faire dire à un acteur : « BHL ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnait ». Remarquez, il n’y a pas besoin d’un acteur, Michel Onfray a dit cela en septembre 2015 :
      https://www.youtube.com/watch?v=ZtvDQEl6E18

  6. Pour y avoir vécu oui les quartiers sont conformes à la description qui en est faite. J’ai vu brûler tellement de voitures que je vous dis que les scènes cinématographiques avec explosions spectaculaires c’est pipeau une voiture ça brûle bien et c’est tout. La dernière fois ils avaient tellement bien mis le feu dans le parking à étages que les pompiers impuissants avaient mis une énorme soufflerie à l’entrée avec pulvérisation d’eau faute de mieux.
    Les feux de poubelles broutilles ordinaires.
    La nuit cavalcades sur les pelouses avec poursuites et injonctions « lève toi si t’es un homme ».
    Chouffeur jour et nuit sur un banc à l’entrée du square. Un jour une dame est morte à distance d’une balle dans la tête par un petit con qui faisait le kéké devant les potes avec une arme à feu à peine relayé dans la presse qui de nos jours hurle au crime quand on boxe un gendarme lourdement armé.
    J’arrête ou il vous en faut encore pour la démo ?
    Pour la ville je donne un discret indice son maire postule à Barcelone.

  7. Vite les grands mots (les gros mots?) car dire la réalité est déjà un signe de « fascisation » des esprits pour certains bisounours.
    Continuons dans le déni et refusons de voir que l’immense majorité des délinquants qui peuplent nos prisons sont surtout d’origine outre-méditerranéenne (Maghreb et Afrique sub-saharienne pour être plus précis).
    Le trafic de drogue et la violence mortelle qu’elle engendre,comme dans les cités de Marseille,ont pour principaux acteurs des gens d’origines culturelles et/ou religieuses beaucoup plus violentes.
    Il suffit de quitter ses lunettes de cuir pour le voir. Mais veut-on le voir?
    L’Oligarchie s’en accommode car elle sait bien que ceux là (qui ont les mêmes valeurs avec moins de classe!) ne mettent pas en péril ni ses profits,ni son pouvoir,ni le calme de ses quartiers ou l’école de ses enfants, alors que les mouvements sociaux comme celui des Gilets Jaunes pourraient potentiellement « renverser la table » et c’est cela qui explique la violence de la répression policière et celle des juges (blessures,condamnations,interdiction administrative de manifester,interpellation de présumés « leaders » hors manifestation pour « faire baisser la tête » à tous les autres,etc.) dont fait usage ce pouvoir mal élu (18% de la totalité des inscrits au 1er tour de la Présidentielle et 14% au premier tour des législatives pour LREM et hold-up aux seconds tours!) pour essayer de faire rentrer de force ces classes populaires révoltées dans le rang et continuer comme avant.

  8. Régis de Castelnau parle du « silence de cathédrale » des syndicats de magistrats.
    J’ai cherché sur les moteurs de recherche si les « ultra-rrrrévolutionnaires » (4 « r » volontaires) du Syndicat de la Magistrature avaient un mot à dire concernant les Gilets Jaunes.
    Je n’ai rien trouvé.
    Il est vrai qu’il vaut mieux insulter sur « un mur » des parents de victimes de tueurs !
    En n’ayant rien à dire concernant un mouvement populaire, les gauchistes du SM démontrent que leur idéologie est celle de la classe dominante.

    Autre chose.
    Je n’ai rien versé dans la cagnotte de soutien au boxeur gilet jaune Dettinger.
    Mais, il semble que ceux qui s’indignent contre cette cagnotte ont « oublié » de s’indigner lorsqu’il y a presque un an existaient des cagnottes de soutien à Tariq Ramadan.

  9. Les phénomènes symétriques qui sont décrits dans cette interview, à savoir d’une part, le « traitement » répressif d’une protestation politique certes hors normes dans le fond et la forme de ses revendications, et par ailleurs accompagnée de violences physiques, matérielles et morales en grande partie suscitées ou perpétrées par des opportunistes, politiques ou délinquants et, d’autre part, la réaction insuffisante des forces de l’ordre et de la justice face à la délinquance « ordinaire », traduit un recul de la culture politique et du sens des valeurs collectives, où une sorte de point de non retour se profile hélas dangereusement à l’horizon. La position de l’exécutif – qui a certes donné quelques gages à la protestation, inédits depuis bien des années et de ce fait au moins symboliquement remarquables, avec l’augmentation du SMIC et la directive annoncée à l’intention des banques de faciliter l’accès au crédit pour l’acquisition d’équipements neufs à moindre empreinte carbone, notamment – est de rappeler les contraintes dans lesquelles s’inscrivent les orientations politiques de la France, alors que la représentation des « Gilets jaunes » dans la formulation des revendications en vue d’une éventuelle négociation, apparaît incertaine. La consultation annoncée se présente ainsi, malgré tous les doutes qui peuvent l’accompagner, comme l’occasion d’avancer des revendications à la fois « proches » et « lointaines ». Une forme de structuration des revendications, tant dans leur contenu que dans les mouvements appelés à les porter, s’avère une dimension essentielle d’un succès. Or des mouvements existent, notamment dans la monde associatif. Ces observations certes générales paraîtront marginales par rapport au sujet précis de l’interview. Mais ce qui les inspire est de voir mis en cause l’esprit public, la conscience concrète des enjeux communs, qu’elle se réfère à une culture historique, à une sensibilité à l’actualité ou aux deux, et à la part d’impératif dans laquelle la vie collective doit parfois se ressourcer.

    • Augmentation du smic : faux c’est une aide qui augmente et pas de 100 euros nets et sous condition , intention de : des promesses encore des promesses, taxes énergétiques : report, csg : pas avant juillet et pas définitif et tout est à l’avenant. Le joueur de flûte espère bien pouvoir encore nous mener à la noyade. Dommage pour lui sa flûte joue faux et maintenant tout le monde le voit, sauf vous et en effet il y a encore des moutons qui s’estiment peu tondus.

      • Merci de ces remarques. Alors, mettons mes observations que vous relevez pour les infirmer au conditionnel : « si le SMIC était relevé de 100 €, cela représenterait un gain à la fois matériel et symbolique ». La prime à l’activité est une mesure qui existe depuis une demie-décennie et marque la préoccupation du gouvernement d’alors devant la détérioration du pouvoir d’achat des citoyens actifs aux revenus les plus modestes, sans vouloir mettre en danger l’équilibre difficile des entreprises. Ce que j’essayais de dire, c’est que des mesures d’application immédiate marqueraient à nouveau, de façon significative, cette préoccupation, systématiquement écartée durant des décennies au nom de la préservation de l’emploi et des équilibres budgétaires. J’essayais de dire aussi que ces dernières dimensions ne sont pas sans importance. Je veux espérer que les mesures annoncées seront réellement et rapidement mises en oeuvre et que leur annonce ne représente pas un prélude trompeur. Ce serait plus que dramatique dans les circonstances que nous vivons.

        • Erez Levy,

          l’intérêt général n’est en aucune manière la somme des intérêts particuliers, mais uniquement la somme des utilités particulières à l’accomplissement de cet intérêt, définit alors comme l’expression de la volonté générale.

          Ce qui veut dire, que dans une société fondé sur l’intérêt particulier à tous les niveaux, il ne peut pas exister de consensus autour d’un intérêt général qui mettrait tout le monde d’accord. C’est, selon les lois de la physique qui font la réalité de notre univers, tout simplement impossible !

          Aucune loi, aucune technique quelle que soit son niveau ne peut y arriver, seule l’aberration du cerveau humain, se croyant au dessus des lois de la physique parce qu’il en contrôle l’image permet d’y croire, Mais cela ne fonctionne que dans notre seul imaginaire.

          Se soumettre à la raison est donc la condition sine qua non pour résoudre les problèmes que l’humanité affronte. Et la raison commande que tout un chacun trouve son intérêt particulier en fonction de son utilité envers la communauté et non plus l’inverse, c’est à dire, définir l’utilité de la collectivité en fonction de l’intérêt particulier qu’il y trouve, comme le font ceux que l’on appelle les ploutocrates, mais qui sont, fondamentalement, les mêmes que ceux qui dominaient autrefois la société, soit donc, les nobles et autres cléricaux.

          Enfin, on ne résous pas un problème par sa conséquence, mais uniquement par sa cause, or, toutes les mesures annoncés ont pour objet de ne surtout rien toucher aux causes, mais uniquement agir sur les conséquences, bref, c’est ce qu’on appelle de la poudre aux yeux. Mais vous pouvez toujours croire à nounours et la poudre de perlimpinipin.

          • Monsieur Hervé Froissac, Réponse brève et bien tardive à votre commentaire que je ne découvre qu’aujourd’hui, à l’occasion d’un passage au pied de cet article. Votre observation est très juste et essentielle : l’intérêt général, auquel se doit de répondre la volonté générale établie par le législateur, n’est pas la somme des intérêts particuliers. Mais on peut dire que pour connaître l’intérêt général, il faut prendre en compte la grande diversité des situations particulières, et la façon dont elles sont envisagées par ceux qui les vivent, non sans pouvoir en discuter au regard de l’intérêt général, et des lois, éventuellement amendables, qui sont censées l’exprimer. C’est à ce titre que les discussions sur les principes et sur les réalités ne s’opposent pas, mais se mènent de conserve.

  10. « Or ces mouvements existent » oui on en mesure l’infinie efficacité dans le bien être généralisé.

    • Efficacité relative, mais significative dans le cas de mouvements que j’ai eu l’occasion de rencontrer.

  11. Même la Chine communiste a compris qu’il fallait lyncher publiquement divers dirigeants communistes dévoyés, afin de calmer les colères et frustrations du peuple et garder le pouvoir…

    • Oui, vous faites bien de le rappeler : les campagnes « anticorruption » ne sont peut-être pas totalement dénuées de fondement, mais il conviendrait toutefois de s’en assurer avant de « lyncher », car une part de démagogie et de manipulation destinée à impressionner le public n’en est pas absente. Je crois que l’état d’esprit dont ce blog s’inspire est justement d’analyser les mouvements d’opinion et les discours publics qui ont des répercussions souvent plus que funestes dans la vie réelle, en se référant à l’exactitude des dispositions et de l’esprit des lois.

  12. le « deux poids, deux mesures », est une pratique institutionnelle, systémique, mais qui était simplement mois visible, lisible.

    Ceci étant dit, la notion « d’état de droit » est une chausse-trappe, car là où il n’y a que le droit, la justice ne peut être appliqué. Pourquoi cela ?

    Tout simplement, parce que tout droit implique un devoir et tout devoir applique un droit.

    Autrement dit, dans un état de droit, d »‘une manière extrême, ce sont ceux qui disposent du droit qui ont le pouvoir et ceux qui n’en disposent pas, qui détiennent alors les devoirs. En réalité, il est impossible de séparer le droit du devoir, sauf si le but est de permettre une société basé sur l’injustice sociale telle que la notre. Si l’image symbolique de la justice est la balance, c’est qu’elle met en équilibre le droit et le devoir de chacun quand à ses actes vis à vis d’autrui vivant dans une même communauté (qui n’existe que par les lois communes), mais si vous ne considérez que le mot « droit », vous n’avez plus de balance, équilibre qui tienne.

    Aujourd’hui,même si en apparence on affirme le contraire, c’est la détention de la monnaie qui définit l’équilibre du droit et du devoir. C’est à dire, celui qui détient la monnaie, détient la partie droit, et celui qui n’en dispose pas ou insuffisamment, détient alors le devoir, celui d’obéir, se soumettre à celui qui détient le droit. Macron et les lois tant françaises qu’européenne ou internationales, ne font qu’appliquer ce principe.

    En conclusion, au niveau de la justice en son sens propre, on ne peut réclamer ses droits, que si on peut faire valoir qu’ils sont justifié par l’accomplissement de ses devoirs et à cette seule condition. C’est uniquement sur cette base qu’il est alors possible de changer de paradigme et de renverser le système actuel, fondé sur la primauté du droit sur le devoir où, lorsque le droit domine le devoir, il n’implique pas un devoir correspondant (à contrario, quand le devoir (l’apanage du militaire) domine le droit, il n’a pas obligation d’appliquer le droit).

    Ce que je vous écris là, sont des règles élémentaires et pourtant, statistiquement, très très peu de gens le comprennent, parce que depuis l’époque des « lumières », les intellectuels officiels martèles qu’il ne faut penser qu’en terme de droit, ne réclamer que ses droits. La preuve la plus édifiante en est la déclaration universelle des droits humains, à laquelle même les pires dictateurs on put signer la charte, tout simplement parce que les droits qui y sont énoncés n’impliquent aucun devoir correspondant, sachant que le devoir est, par définition, une contrainte et que cette contrainte n’existe tout simplement pas !

    merci de m’avoir lu, mais il ne s’agit là que des prémisses…

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