Commémoration du Jour J : la fin de l’Histoire ?

L’Histoire prise en otage

Les commémorations officielles du 75e anniversaire du Jour-J s’achèvent avec la cérémonie internationale de Courseulles-sur-Mer, site ô combien symbolique du retour du général de Gaulle en France le 14 juin 1944. Après les cérémonies de Caen pour rendre hommage aux résistants français assassinés le 6 juin par les Allemands, la cérémonie franco-britannique de Ver-sur-Mer ce matin, et le grand show américain de Colleville-sur-Mer en milieu de journée, Emmanuel Macron a jugé que sa présence à cette dernière cérémonie était facultative. Il a préféré déléguer à Edouard Philippe le soin de représenter la France. C’est la seconde fois depuis le début de son mandat que le locataire de l’Elysée s’illustre par son absence à une cérémonie commémorative ; la première c’était le 8 août 2018 dans sa bonne ville d’Amiens où il n’avait pas daigné honorer nos alliés britanniques de sa présence pour commémorer le succès commun de nos armes contre l’Allemagne impériale en 1918. Cette nouvelle bourde inqualifiable est justifiée par des impératifs d’agenda, nous disent les services de communication de Sibeth Ndiaye. Nos alliés apprécieront la capacité d’Emmanuel Macron à planifier ses activités en fonction du calendrier.

Mais, au-delà de cette faute, une autre absence a marqué ces commémorations, cette fois à l’insu de l’intéressé. En effet, le président Vladimir Poutine n’a tout simplement pas été convié sur les plages de Normandie ! Pire, au cours de son discours ce matin au cimetière américain d’Omaha Beach, Emmanuel Macron n’a pas jugé bon d’évoquer le rôle de l’Armée rouge au cours de l’été 1944 alors qu’il a tenu à rappeler le rôle de tous les pays d’Europe dans l’opération Overlord. Malgré le poids monstrueux supporté par l’Union soviétique au cours de la guerre, malgré les trois grandes offensives menées (Bagration – Lvov/Sandomierz – Iasi/Kishinev) par l’Armée rouge entre le 22 juin et le 20 août 1944 sur un front qui va alors de Leningrad à la mer Noire, Emmanuel Macron n’a donc pas jugé opportun ni d’inviter son homologue russe, ni même de mentionner le rôle déterminant de l’Armée rouge. Cela est d’autant plus inacceptable que la chancelière Merkel était quant à elle bien présente. Rappelons également que l’Union soviétique a payé le plus lourd tribut à la victoire finale contre le nazisme avec la perte de 27 à 30 millions de ses citoyens, des milliers de villages ont subi le même sort qu’Oradour-sur-Glane, et enfin sur l’ensemble de la guerre 4 soldats allemands sur 5 furent tués par l’Armée rouge. Cette insulte à l’histoire ne peut être justifiée par les tensions diplomatiques actuelles. L’histoire ne peut pas être l’otage des querelles du présent entre les alliés d’hier.

Enfin, les commémorations officielles ont été marquées par l’absence d’un acteur majeur dont personne n’ose parler : le public, relégué loin des lieux de rassemblement des « grands » de ce monde. Les mesures de sécurité prises pour assurer la sécurité des officiels ont abouti, dès 6h du matin et jusqu’à 23h, à la fermeture de la RN13 entre Caen et Isigny-sur-mer – une artère régionale vitale – puis à la fermeture progressive des routes secondaires au nord de cet axe interdisant à la fois l’accès aux plages, mais aussi les déplacements des habitants, y compris ceux qui travaillent. Depuis le début du Centenaire de la Grande Guerre, cette mise à l’écart du public est devenue une norme. Elle marque encore un peu plus la fracture entre d’un côté l’hypocrisie du discours mémoriel officiel et de l’autre l’accaparement des cérémonies par des « élites » qui, souvent, mènent des politiques contradictoires avec ce qu’elles viennent célébrer. L’exemple d’Emmanuel Macron est d’une rare pertinence dans ce domaine, puisqu’il est le fossoyeur du programme politique du Conseil National de la Résistance et qu’il assimile Vichy à la France depuis son élection.

La kermesse de la mémoire

En marge des commémorations officielles, le tourisme de mémoire a mobilisé des milliers de personnes depuis le début du mois et jusqu’à la fin du week-end de Pentecôte pour permettre au public de plonger dans l’histoire du Jour-J. Pourtant, si la volonté initiale est louable, les manifestations qui en découlent ne le sont pas forcément. Tout d’abord, l’ambiance générale constatée sur place manque souvent de mesure et de recueillement, sauf lorsqu’on visite les nécropoles. Ensuite, le label « Jour-J » est devenu un produit commercial à l’instar du Christ et de la Vierge Marie à Lourdes. Par exemple, si les commerçants de Bayeux affichent sur leurs vitrines d’émouvantes photos de leurs échoppes telles qu’elles étaient en 1944, ce n’est pas que par goût de transmission de l’Histoire.

Les musées sont également touchés par ce problème. Ceux visités la semaine dernière proposent eux aussi – à des degrés divers – des étagères chargées de livres d’histoire qui côtoient celles pleines des verres et de mugs ou d’autres souvenirs d’un goût plus ou moins douteux. Que penser par exemple des chapeaux roses pour les petites filles frappées de l’insigne de la Big Red One – la 1re division d’infanterie américaine – proposés par l’Overlord Museum à deux pas du cimetière de Colleville-sur-Mer ? De même, les musées participent à la construction d’une image fausse du débarquement qui est unanimement présenté comme « la plus grande opération militaire » de l’Histoire. Là encore, comme l’absence remarquée d’invitation au président Poutine, il n’est jamais fait mention des opérations gigantesques, bien plus importantes que le débarquement, mises en œuvre au même moment par les Soviétiques. Par ailleurs, la présence de nombreux reconstituteurs pose également question quant au sérieux et à l’authenticité de leur démarche historique. Si certains sont d’un sérieux quasi professionnel qui permet aux plus jeunes d’approcher et de comprendre les réalités de la vie quotidienne des combattants de l’époque, d’autres ressemblent plus à des amateurs au comportement parfois plus festif que scientifique, voire irresponsable lorsqu’ils sont au volant de leurs véhicules.

Bref, loin du discours officiel et derrière le vernis des présentations télévisées, l’Histoire ne sort pas grandie de cette 75e commémoration du débarquement allié en Normandie. Le Centenaire de la Grande Guerre avait déjà montré de nombreux signes de faiblesses en la matière et, malheureusement, le Jour-J ne fait que les confirmer. Il appartient donc aux historiens mais aussi au public averti de travailler encore et encore pour porter un message clair, dégagé des intérêts partisans afin de transmettre l’histoire correctement.

Sylvain Ferreira

29 Commentaires

  1. Bien d’accord avec vous , et merci d’avoir traduit par de justes mots l’indignation de nombreux français.
    Ne pas inviter le Président russe est non seulement une grave faute politique , mais encore une impardonnable ingratitude à l’égard d’un peuple ami qui a payé la victoire finale de plusieurs dizaines de millions de morts.
    Quant au côté « kermesse » des à côtés de cette commémoration , vous avez tout dit avec justesse.
    Sans parler de notre Président , qui n’hésite pas , la veille , à donner publiquement lecture de la lettre très émouvante d’un jeune résistant , fusillé par les Allemands , en « caviardant »sans vergogne les passages qui le gênent!

    • Magnifique article. Je viens de le partager sur le facebook car j’ai précisément envie de le partager c’est à dire de le faire mien et que je n’ai rien à y rajouter sauf peut-être ceci : quand pourra-t-on dire des choses, les choses, sans être caricaturés, raillés, réduits, encarcanés (néologisme donc on peut y rajouter un n…)… quand la pensée cessera-t-elle d’être empêchée ? Car on étouffe, on en peut plus…. Bien à vous et bravo pour cet article magistral. Marie-Pierre

  2. Merci de rappeler l’importance décisive des sacrifices supportée par la population de l’URSS et par son armé dans la destruction du régime nazi.
    Nos « petits » dirigeants n’en sont même pas conscients, ce qui en dit long sur leur formation et leur éducation.

  3. Ce pays qui vote pour un parti d’extrème droite créé par un officier NAZI et qui commémore la fin de l’oppression de cette même extrème droite…. Hallucinant

  4. Merci pour cet article ! J’ai eu honte d’être français en regardant ce show macronien. On peut en rajouter quelques autres : le président grec Pavlopoulos placé à côté de Merkel ; le drapeau slovaque parmi les alliés ; l’absence des ex-Yougoslaves et de leur drapeau, dont au premier rang, les Serbes… Liste non exhaustive, je pense.
    Nous sommes dirigés par des petits marquis ignares et ignobles. Ne pourrait-on pas, juridiquement, les faire condamner à l’indignité nationale ?

    • hallucinant en effet, l’oppression étant ….. de gauche
      superbe article, vous avez retranscrit, je pense, ce qu’une majorité de français a ressenti

  5. Décidement, ces jours-ci, quand on revisite l’Histoire sur votre blog, c’est quand même sous un angle bien particulier.

    Que l’armée rouge joua un rôle majeur dans la Seconde guerre mondiale n’est pas un secret. Que la Seconde guerre mondiale est aussi rapidement devenue une course vers Berlin pour ne pas voir toute l’Europe sous le diktat bolchévique, non plus. Pas plus qu’il n’est secret que l’armée rouge, pour des raisons d’agenda aussi dirait-on, a consciencieusement laissé les révoltés de Varsovie se fait exterminer, tout en massacrant à Katyn ce qui pouvait rester de cadres de l’armée polonaise, qui forcément l’aurait eu mauvaise de partager la victoire avec ceux qui, des années auparavant, collaborait avec les nazis pour s’approprier leur territoire.

    Bref, la reconnaissance du rôle de l’armée rouge dans cette guerre, c’est une chose. Vouloir commémorer son action, c’est tout autre chose. Nous n’avons pas de « co-mémoire » avec l’armée rouge, ou alors négative.

    • Marcel ? Marcel Kébir, peut-être ?

      Cela me rappelle une anecdote, lue dans un livre d’historien tout à fait classique de la période.

      On est à Alger, peu après le débarquement allié. Une réunion a été prévue entre officiers français et américains. Mais les Américains sont un peu en retard, et les Français attendent…un quart d’heure, une demi-heure…

      Au bout d’une heure, les Américains arrivent. « Sorry for being late…nous avons une heure de retard, désolés ».

      Et un des officiers français présents répond : « Oh, une heure, ce n’est pas grave. Moins que deux ans et demie, en tout cas ».

      Puisque vous en êtes à faire des comptes d’apothicaires pour dénier aux Russes leur effort, vous aurez sans doute à coeur de nous expliquer pourquoi Anglais et Américains, bien après 1933, faisaient pression sur la France pour qu’elle désarme et laisse l’Allemagne réarmer.

    • « Nous n’avons pas de « co-mémoire » avec l’armée rouge, ou alors négative »…
      Je vous invite à vous rapprocher des associations qui honorent les aviateurs de la « Normandie-Niémen », vous éviterez peut-être d’écrire des inepties.

    • Qu’on soit très sévère contre le stalinisme est nécessaire. Sur ce blog, Régis de Castelnau a toujours été clair sur ce sujet.
      https://www.vududroit.com/2018/04/lequipe-de-staline/

      Personnellement, j’ai laissé des commentaires très critiques sur ce régime :
      https://www.vududroit.com/2018/04/lequipe-de-staline/#comment-2494
      https://www.vududroit.com/2018/11/general-edouard-de-castelnau-anti-petain/#comment-4017

      On peut aussi rediscuter du pacte germano-soviétique :
      – « Justification » : l’URSS se sentant isolée après les accords de Munich (septembre 1938) renversa les alliances. C’était de la géopolitique : Staline, sur ce plan, n’était plus un dirigeant communiste, mais l’héritier des tsars.
      – Injustifiables :
      Les PC étant membres du Komintern (Internationale Communiste) devaient appliquer les directives soviétiques, cas du PCF. Or, si ce pacte était conforme, à ce moment-là, aux intérêts de l’URSS, il ne l’était pas du tout aux intérêts de la France.
      Staline livra à Hitler des communistes allemands réfugiés en URSS (témoignage au procès Kravtchenko, en 1949, de Margarete Buber-Neumann).

      Ceci étant, après « l’opération Barbarossa (attaque de l’URSS par Hitler, le 22 juin 1941), c’est bien l’URSS (ou, si on préfère, « la Russie éternelle ») qui porta, et de loin, le poids le plus énorme de la Guerre.

      Le site « Boulevard Voltaire » est nettement de droite. Il n’a aucune sympathie pour les communistes d’hier et d’aujourd’hui. Pourtant, un article de ce site trouve inadmissible que Poutine n’ait pas été invité en Normandie :
      https://www.bvoltaire.fr/75e-anniversaire-du-debarquement-labsence-de-poutine-est-une-insulte-a-lhistoire/

    • Honorer le sacrifice des peuples qui composaient alors l’Union Soviétique pour vaincre le nazisme passe aujourd’hui pour les imbécile pour une glorification scandaleuse de Staline voire de Poutine!
      Triste époque où les ignares-soumis qui nous gouvernent et leurs griots médiatiques « otanisés » prétendent nous donner le « la » (en jouant faux bien entendu!).
      Heureusement que le Peuple a collectivement du bon sens et de la décence,comme il l’a témoigné le 26 mai dernier, en ne donnant à Macron et à ses lascars que 10,73% des votes des inscrits sur les listes électorales (le seul baromètre fiable).
      Cela signifie que 89,27% des électeurs n’ont pas VOTÉ POUR LUI!!!
      Un Président avec une légitimité à moins de 11% après deux ans de mandat ça vaut son pesant d’or, non?

      PS: Bravo Maitre pour votre article qui remet la réalité historique à la bonne place!

  6. avant de porter un jugement définitif comme le fait l’auteur de cet article, il conviendrait de se renseigner: oui ou non le président russe a t-il été invité? Il aurait déclaré au magazine « spoutnik » qu’il ne désirait pas se rendre aux commémorations, qu’elles aient lieu en Grande bretagne ou en France; il est de notoriété publique que le président russe aime semer la zizanie parmi ceux qu’ils considèrent comme ses adversaires voire ses ennemis, à savoir les peys de l’UE, mais pas qu’eux!

    • Les déclarations des services de la présidence de la République française sur ce sujet sont-elles des sources suffisantes pour vous ?

  7. L’illustration de cet article fait référence au refus du général De Gaulle, alors Président de la République, de participer aux cérémonies du 20e anniversaire du débarquement (6 juin 1964).

    Récemment, Michel Onfray a rappelé que les anglo-saxons avaient l’intention d’installer en France un gouvernement militaire (AMGOT).

    De Gaulle et la Résistance intérieure déjouèrent ce plan.

    • Overlord veut dire suzerain…
      et De Gaulle n’a jamais voulu commémorer le débarquement.
      un lien (sans volonté politique de ma part) très instructif :

      https://www.upr.fr/actualite/france/charles-de-gaulle-refusait-de-commemorer-le-debarquement-des-anglo-saxons-le-6-juin-1964/

      et pour rappel, les normands se souviennent encore de la dévastation anglo-américaine.
      je ne retrouve pas la source mais la résistance désapprouvait le bombing carpet au point de faire la « greve » du renseignement.

      et si vous allez au cimetiere américain d’omaha, il y a un fond une grande fresque montrant les mouvements des différentes armées.
      grosse fleches pour les anglos américains et toutes petites pour l’armée rouge. à croire que le front de l’est était anecdotique.

  8. Que la relation de l’ Histoire soit polluée par d’actuelles considérations politiciennes est une évidence…

  9. « Marcel? Marcel Kebir peut-être… »
    Rien de tel qu’une évocation des années 39/45 pour lire les questions fétides qui scandent certains commentaires; on regrette qu’ il n’ait pas osé, « en passant », le « bab » à la place du « bir »…
    Il y a 50 ans, les Français étaient persuadés que les Russes avaient gagné la guerre. 30 ans après 1989, les lectures biaisées privilégient d’autres alliances, d’autres lectures. C’est vieux cmme l’Histoire!
    Heureusement qu’il y a des commémorations, elles permettent d’attaquer Macron. Vu le résultat des Européennes, les chiens peuvent aboyer, la caravane Emmanuel ne s’arrête pas…

  10. Quelques citations de personnalités qui n’étaient pas communistes sur le rôle de l’URSS pendant la 2e guerre mondiale.

    François Mauriac : « L’Armée Rouge est rouge de tout le sang qu’elle a versé pour la défense d’une civilisation qu’on l’accusait de vouloir détruire ».

    Léon Blum : « L’héroïsme de l’Armée Rouge et du peuple soviétique s’est imposé à l’admiration de tous les Français dignes de ce nom ».

  11. Toutes les sources pour contrer une réécriture de l histoire littéralement mortifère sont particulièrement bienvenues. Au fond c est bien le savoir l étude la culture la rigueur le souci du mot et du détail les références … qui feront barrage à l usure psychologique à laquelle le Pouvoir fossoyeur de tout ce qui nous constitue comme Peuple debout nous soumet … Il nous y soumet mais on dirait que nous – certains d entre nous – n y consentons pas… Merci donc à ce contributeur et merci à ce blog, que je découvre. MPM

  12. Il ne faut pas oublier non plus que la première bataille de la Marne en 1914 a été gagnée notamment grâce à l’ordre donné par le tsar Nicolas II d’attaquer préventivement les Allemands alors que son armée n’était pas encore préparée.
    Le Kaiser a dû retirer une partie de ses troupes pour les envoyer sur le Front de l’est et remporter la bataille de Tannenberg, en Prusse-Orientale, lourd de cinséquences pour la Russie. Mais elle a permis aux Franco-anglais de protéger Paris et d’interrompre la marche victorieuse des armées teutonnes.
    Que Dieu bénisse la mémoire de Nicolas II exécuté ignominieusement avec toute sa famille le 17 juillet 1918 à Iekaterinbourg par les bolcheviks après avoir conclu, le 3 mars précédent, le honteux traité de Brest-Litovsk qui permis à Guillaume II de rapatrier ses troupes sur le front français.
    Brest-Litovsk préfigurait le pacte germano-soviétique du 23 août 1939…

  13. Excellent article que j’ai partagé sur FB. Encore merci face au révisionnisme historique.

  14. La consternante médiocrité, l’irrespect du passé, l’affront fait aux populations locales (qui ne sont rien), le danger de ses politiques internationales de gribouille (Russie, Venezuela,…) trouvent chaque jour à s’illustrer avec celui qui est plus médiocre encore que ses prédécesseurs.
    Et pourtant on pensait avoir touché le fond.

    Et en plus je constate qu’une soixante-disaine de maires-cenaires lui affiche publiquement son soutien. Leurs électeurs les suivront-ils dans ce délire mortifère en réélisant leurs bourreaux ?

  15. Comme l’Histoire serait simple si les « gentils » etaient entierement gentils et les « mechants » entierement mechants; ça n’est jamais le cas…
    Donc, oui, Staline etait un monstre à l’egal d’Hitler mais aucun autre dirigeant n’aurait pu donner aux russes la force necessaire pour vaincre l’armée allemande, même si Hitler lui a facilité la tâche par ses decisions stupides.
    En juin 45, alors que l’ambassadeur le felicitait d’être arrivé à Berlin apres avoir failli perdre Moscou, il repondit « le tsar Alexandre est allé jusqu’à Paris ».

    On comprend mieux le merite de deGaulle qui a reussi à slalomer entre le PCF et l’Amgot, tous deux decidés à gouverner la France apres le retrait allemand.

  16. Ah les commémorations ! Pour ne jamais oublier…Oui, quant aux soldats tombés au feu, car ils méritent notre souvenir éternel.
    Quant au reste, De Gaulle, par ailleurs peu apprécié par Roosevelt, l’avait formulé en son temps et comme l’histoire est écrite par les vainqueurs, les manuels scolaires se sont chargés du reste, à commencer par permettre aux tenants de la thèse officielle de taxer de complotisme toute autre lecture des faits.

    La libération de la France par les alliés, c’est du story telling, si factuellement et opérationnellement, c’est imparable, officieusement, c’est toute autre chose.

    Churchill et Roosevelt n’ont bougé que parce que le front Russe avait atteint les frontières orientales de l’Allemagne, l’Empire a vu une possibilité de rouge sur toute l’Europe et a craint pour le futur de sa partition du monde en logique bi-polaire et alors à son avantage, grosso modo, le monde libre comprendre le monde capitaliste d’un coté et les communistes parqués à l’Est.
    Hors de question donc que la lutte contre le nazisme soit une possibilité d’avancée territoriale des communistes.

    Alors l’Empire est intervenu, par pour la France et ses beaux yeux, bien évidemment, mais surtout pour tenter de sauver ses intérêts.

    Le tapissage de bombes, complètement inutiles dans ses proportions connues, même Patton s’en était ému, n’avait pas pour but premier d’entraver la marche en avant des blindés allemands au milieu de tonnes de décombres et des gravats, mais bien de casser un maximum d’infrastructures rendant impossible une plus value immédiate du terrain conquis par quiconque, comprendre Staline ou Hitler, le tout dans une hypothèse de victoire qui, je le rappelle, était loin d’être assurée et lors de la prise de décision d’Overlord.
    Une fois la victoire en poche, l’Empire Anglo-US, surfant sur sa vague de libérateur, s’est arrangé pour mettre la main sur l’Europe occidentale via le plan Marshall, ce dernier étant le proxy leur permettant de mettre un pied définitif dans l’Europe et afin de mieux contrôler Staline.

    C’est cette logique et non pas celle qui consiste à uniquement évoquer le combat contre le nazisme, la liberté contre le fascisme, qui permet de comprendre la suite de l’histoire Européenne.

    Le passage du hard power US au soft Power s’est fait progressivement, L’OTAN bien sûr et surtout l’installation de bases militaires US aux frontières orientales de l’Europe, la crise de Cuba, le tout dans une logique de guerre froide, la création de l’union Européenne par les pères fondateurs déjà atlantistes comme Monnet, agent de la CIA et surtout, la cooptation des élites politiques Européennes dont Françaises via Young leaders jusqu’au Bilderberg, organismes voire fondations pro US et pro OTAN.

    Aujourd’hui, l’Empire contrôle donc l’union Européenne de par son soft power qui s’étend depuis l’économique jusqu’au politique en passant par le sociétal.
    L’Europe occidentale sert donc toujours de tampon face à la Russie de Poutine et le marché Européen, potentiellement premier marché mondial, n’est pas voulu par l’Empire, bien entendu, car il serait une menace politique et économique pour ce dernier, c’est dans cette logique qu’il faut comprendre le Brexit et ses conséquences.
    On comprend mieux également le bombardement de la Syrie auquel a participé la France de manière contre productive et sous couvert du respect des droits de l’Homme, Macron étant un Atlantiste comme l’étaient ses prédécesseurs, à commencer par Sarkozy.
    On comprend alors que ceux qui ont des velléités de rapprochement avec Poutine sont écartés systématiquement, d’une manière ou d’une autre, ex Fillon, alors que le monde est désormais multipolaire et que l’intérêt des peuples français et européens est de se rapprocher des Russes, ces derniers étant leur partenaire continentale naturel.
    On comprend également que Trump veuille casser la logique multipolaire des états-nations et recréer un monde bi-polaire de blocs pour mieux contrôler les chinois, le dernier bastion communiste à combattre pour l’Empire et surtout afin de mieux profiter de cette guerre froide qui ne dit pas encore son nom.

    Le tropisme du néo libéralisme étant la gouvernance mondiale et cette dernière passe donc par le remplacement des démocraties locales par des territoires administrés dont le fameux fédéralisme Européen pour lequel oeuvre toute la clique progressiste pro Bruxelles, Atlantiste et néo libérale.

    Alors oui, commémorons, mais en conscience et surtout avec respect des vies fauchées sur les champs de bataille.

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