Qui a tué Steve Canico? Qui est responsable et pourquoi est-il mort ?

Depuis la découverte du corps du malheureux Steve Canico dans la Loire, on peut assister à l’écœurant spectacle d’une course au mensonge et à la défausse sous la conduite d’un premier ministre dont on a la confirmation que de toute la bande actuellement au pouvoir, il est le plus dangereux pour nos libertés.

De façon entêtante m’est revenue à l’esprit l’extraordinaire chanson de Bob Dylan superbement reprise en français par Graeme Allwright et entendue dans ma jeunesse : « Qui a tué Davy Moore ? » Le refrain lancinant pose et repose la question de savoir pourquoi le boxeur Davy Moore est mort sur le ring au cours d’un combat. Chaque couplet imagine la réponse de tous ceux qui sont responsables mais se justifient et se défaussent, concluant leurs propos d’un terrible : « vous ne pouvez pas m’accuser ! »

Eh bien, à tous ceux, menteurs, enfumeurs, matraqueurs, et autres nervis politiques du système macronien, on va rétorquer : « si on peut ! ». Et voici pourquoi.

On ne reviendra pas en détail sur les faits sinon pour rappeler que le soir de la fête de la musique, un concert techno qui se déroulait comme tous les ans au bord de la Loire a été interrompu par une intervention policière, que tous les témoignages et surtout les vidéos en démontrent l’inutilité, particulièrement violente, et dangereuse pour les participants. On ne s’étendra pas non plus sur l’attitude du pouvoir qui a nié le problème de la disparition du jeune homme, le bétonnage de la presse aux ordres pour en faire autant, les ignominies déversées par certains, la palme revenant au chef de l’Observatoire national de la délinquance disant sur un plateau : « Il a pu plonger volontairement dans l’eau ».

Mais pour répondre à la question de savoir qui a tué Steve Canico, il faut faire parler le droit.

Incontestablement, il a été victime de ce que l’on appelle dans le code pénal un « homicide involontaire », prévu et réprimé par l’article 221–6 du code pénal, complété ce qui est indispensable par l’article 121–3 qui détaille les conditions dans lesquelles l’infraction peut être considérée comme réalisée. En effet, en droit français, le principe est qu’il n’y a normalement pas d’infractions pénales involontaires c’est-à-dire sans intention de la commettre. Et comme tout principe on a prévu des exceptions, et notamment tout ce qui relève de l’homicide des blessures involontaires, ce qui explique le détail de l’article 121–3. Une autre donnée essentielle doit être connue, celle de la théorie juridique utilisée par notre jurisprudence pour appréhender et traiter ces infractions involontaires. Lorsque des dommages corporels surviennent, il y a deux possibilités pour identifier ceux qui seront considérés comme responsables et pourront être ainsi poursuivis. Tout d’abord une vision restreinte appelée « la causalité adéquate » qui implique que ne peuvent être jugés que les auteurs d’actes ayant un lien direct avec la réalisation du dommage. L’autre approche est celle de « l’équivalence des conditions » qui considère que sont responsables tous ceux qui par leurs agissements ou leur abstention ont favorisé, même indirectement la survenance de la mort ou des blessures. Depuis fort longtemps la jurisprudence française a adopté et appliqué la théorie de « l’équivalence des conditions ». Prenons un exemple très simple, celui d’un accident de la circulation dans une petite agglomération où un conducteur circulant trop vite renverse un piéton. Le conducteur sera bien évidemment poursuivi, mais également le maire qui aurait omis de faire installer les panneaux obligatoires signalant la limitation de vitesse à 50 km/h. Cette question a suscité beaucoup de débats avec la multiplication des poursuites intentées contre les élus locaux et en particulier les maires. Le législateur a donc adopté un certain nombre de précisions concernant les possibilités de mise en œuvre de responsabilités des auteurs indirects. Aujourd’hui pour être poursuivi pour homicide involontaire, il faut que le décès ait été produit « par une maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement » (article 221–6). Et pour les personnes auteurs « indirects » l’article 121–3 précise qu’elles « sont responsables pénalement s’il est établi qu’elles ont, soit violé de façon manifestement délibérée une obligation particulière de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement, soit commis une faute caractérisée et qui exposait autrui à un risque d’une particulière gravité qu’elles ne pouvaient ignorer. » Il y a donc là deux conditions, soit avoir violé un texte prévoyant des mesures de sécurité particulière, soit avoir su que son attitude était dangereuse et n’en avoir pas tenu compte.

Ce développement fastidieux permet de voir à quel point toutes les défenses mises en avant par le pouvoir et ses séides ne sont que la négation d’évidences. Ce qui saute aux yeux, à l’examen des éléments d’ores et déjà irréfutables dont on dispose, c’est que cette intervention était intempestive, dangereuse, et qu’elle a pris des formes de brutalité totalement injustifiée. Et que malgré l’évidence du danger dû à la proximité de la Loire rappelé plusieurs fois aux policiers, ceux-ci ont exposé les participants au concert à « un risque d’une particulière gravité qu’ils ne pouvaient ignorer ». Cela vaut évidemment pour toute la chaîne de commandement opérationnel de cette intervention. Mais aussi pour leurs supérieurs jusqu’au premier ministre qui a organisé depuis le 17 novembre 2018 une répression policière massive, d’une violence sans précédent depuis la guerre d’Algérie, où se sont multipliées les bavures, les exactions, les mutilations, l’étranger assistant effaré aux agissements d’une police française pour qui la violence est devenue open bar. Et il ne faut pas dire qu’elle serait aujourd’hui « hors de contrôle », c’est exactement le contraire puisqu’elle exécute docilement les ordres de répression massive et violente donnés par ce pouvoir pour casser un mouvement social.

« C’est pas la police dit l’IGPN, c’est pas elle qui l’a fait tomber vous ne pouvez pas l’accuser ! »

« C’est pas moi dit le commissaire Chassaing qui a commandé l’assaut, c’est pas moi qui l’ai fait tomber vous ne pouvez pas m’accuser ! »

 « C’est pas moi dit le préfet d’Harcourt, c’est pas moi qui l’ai fait tomber vous ne pouvez pas m’accuser ! »

 « C’est pas nous dit le chœur des ministres « intègres », c’est pas nous qui l’avons fait tomber, vous ne pouvez pas nous accuser ! »

Eh bien si ! Vous avez violé de façon manifestement délibérée des obligations particulières de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement, et vous avez tous commis des fautes caractérisées qui exposaient autrui à des risques d’une particulière gravité que vous ne pouviez ignorer.

Eh bien si, vous l’avez fait tomber, vous l’avez poussé, c’est vous qui avez tué ce jeune homme de 24 ans. Vous, ce pouvoir minoritaire, qui se permet tout, transforme la police nationale en milice, instrumentalise une magistrature docile et protège les voyous dans ses rangs.

Eh bien si, c’est vous qui l’avez tué !

Et nous n’allons pas cesser de vous en accuser.

Régis de Castelnau

45 Commentaires

  1. Je ne suis pas un contempteur des méthodes de répression du gouvernement, loin de là.
    Mais 2 réserves tout de même :
    1°) Il me semble que rien ne prouve qu’il est tombé dans la Loire au moment de la bousculade. Il se peut tout à fait qu’il soit tombé à proximité de l’endroit où on a retrouvé son corps, c’est à dire à un endroit très différent de là où a eu lieu le concert, mais qui est également un endroit où il y a régulièrement des accidents avec des personnes en état d’ébriété. Si c’est le cas, cela n’excuse pas l’attitude de la police qui a effectivement fait prendre des risques à des festivaliers ; mais cela les disculpe de sa mort.
    2°) Concernant l’assaut de la police : certes, comme vous le soulignez, ils ont fait prendre des risques. Mais que dire de certains des organisateurs, qui, mis en demeure de couper la musique par la police, ont appelé des festivaliers à s’en prendre aux policiers, ce qui a été suivi d’effet, et ces derniers policiers, ont alors fait usage de leurs armes, certes de manière idiote. Mais cela ne disculpe pas ces 2 ou 3 personnes, à ce que j’en sais, d’avoir lancé un appel à la rébellion, qui a conduit à une situation qui a dégénéré…

    • « mais qui est également un endroit où il y a régulièrement des accidents avec des personnes en état d’ébriété. » Pouvez vous citer vos sources  »

      « Mais que dire de certains des organisateurs, qui, mis en demeure de couper la musique par la police, ont appelé des festivaliers à s’en prendre aux policiers, ce qui a été suivi d’effet, et ces derniers policiers » Pouvez vous citer vos sources  »

      Si vous ne pouvez pas citer vos sources vous devriez retirer votre commentaire.

      • Excusez moi, mais quand je lis un article pour savoir ce qui se passe, je ne m’amuse pas à noter les sources. Mais une brève recherche sur google me donne, concernant ce que j’écris sur les organisateurs :

        https://www.liberation.fr/france/2019/06/24/fete-de-la-musique-a-nantes-une-charge-de-la-police-deux-enquetes-et-un-disparu_1735955

        Déclaration d’un témoin :
        «Le dernier sound system a décidé de relancer le son, ce qui a énervé la police, qui était juste à côté, et remotivé au moins 300 personnes à se rebeller contre les forces de l’ordre.»

        https://www.lci.fr/police/disparition-de-steve-maia-canico-a-nantes-lors-de-la-fete-de-la-musique-le-defenseur-des-droits-s-auto-saisit-et-ouvre-une-enquete-2126608.html
        « Aux environs de 4 heures du matin, la police est intervenue pour demander aux organisateurs de couper le son. Mais la musique a été remise par un des DJ présents. Certains témoins évoquent des jets de projectiles à l’encontre des forces de l’ordre, qui auraient riposté. C’est à ce moment que la situation a dégénéré. »

        https://www.humanite.fr/mort-de-steve-canico-sans-action-policiere-il-ny-aurait-pas-eu-de-drame-675413

        « L’injonction aurait provoqué la colère de deux DJ, qui auraient fini par appeler la foule à « insulter puis jeter de très nombreux projectiles en tout genre sur les policiers, en blessant cinq d’entre eux ». »

        Et concernant Nantes, depuis bientôt 10 ans que j’y habite une partie de l’année, j’ai souvent entendu parler de chutes et d’accidents depuis les quais ; et il y a eu des décès par le passé, souvent de jeunes alcoolisés. Je n’ai pas de source à vous donner pour vous dire qu’il arrive qu’il y ait des chutes dans la Loire. Vous pouvez toujours chercher.
        Mais il vous suffit de voir que :
        1°) Il y a eu 3 chutes dans la Loire le soir de la fête de la musique, avant l’heure théorique de fermeture de la musique,
        2°) Ils avaient prévu des vedettes de sauvetage qui étaient là toute la soirée pour éviter les noyades. Si ça n’arrivait jamais qu’il y ait de noyades, vous pensez bien qu’ils ne se seraient pas amusés à préparer ça !

        • « j’ai souvent entendu parler de chutes et d’accidents depuis les quais ; et il y a eu des décès par le passé, souvent de jeunes alcoolisés. »
          Suite à des charges policières ?
          Non ?
          Donc Steeve ne se promenait pas seul sur un quai désert de la Loire et ni vous ni moi ne savons rien de son état de santé au moment de sa chute.
          Seule certitude il y a eu une charge de police, 14 chutes dans l’eau et rien de tel les années précédentes.
          Interessant votre entêtement on dirait du Sacks ou du Watzlavik.

    • . Il se peut tout à fait qu’il….
      Il y a de ces coïncidences têtues. Une charge de police et s’en suit un noyé. Alors le gouvernement se la joue Hercule Poirot pour percer un mystère qui n’existe pas :

      – et s’il avait bu,
      – et s’il avait eu une crise cardiaque,
      – et s’il avait eu envie de plonger,
      – et si c’était un suicide,
      – et s’il avait pris des stupéfiants,
      – et si on l’avait poussé,
      – et s’il était tombé 3 heures plus tôt
      – et si ma tante en avait..

      Une charge de police, parfaitement dispensable sauf à préserver l’ego de la hiérarchie policière, 14 personnes à l’eau, malgré toutes les contorsions, les faits sont têtus.

  2. bravo,voilà hélas la triste situation dans laquelle se trouve la france depuis q’elle a commencé a succomber aux réflexes ultra-sécuritaires à l’égard de sa propre population sans raison excepté celle de la terroriser pour mieux la tenir,heureusement les français connaissent un tant soit peu leurs droits et n’ont pas peur de la confrontation à l’heure ou les inégaltés sociales sont si criantes et ne peuvent que susciter un appel à la révolte

    • Je ne sais pas si vous avez un cerveau en bon état de fonctionnement.
      Mais si tel est le cas, je vous suggère de l’utiliser avec un meilleur discernement

  3. Le droit pénal, comme vous le savez mieux que quiconque est d’application restrictive.
    La notion de perte de chances, par exemple, n’y a pas prospéré. C’est la différence entre la faute sanctionnable et la faute indemnisable.

    La théorie de l’équivalence des conditions est une théorie de droit administratif, reprise en partie par le droit civil.
    Pas par le droit pénal, sous réserve des circonstances particulières du cas d’espèce.

    Un commissaire a fait une connerie en donnant des ordres manifestement inadapté ?
    Sans doute.
    Ça ne fait pas du ministre un délinquant (pour cette affaire, évidemment)

  4. Bonjour. Ne pensez-vous pas qu’une partie de la violence policière s’explique aussi par le fait que les policiers ne supportent plus d’être bafoués? Dans un pays d’incivilités, de tensions communautaires, de dysfonctionnements judiciaires, où 30% des peines ne sont pas exécutées, où des multirécidivistes continuent de pourrir la vie des autres, où les policiers sont peu aimés, respectés, certains d’entre eux se sentant désabusés (voir les suicides), il faut s’attendre à plus de violence et de dérapages policiers, non? Je laisse de côté les Gilets jaunes où après qq fugace hésitation, la police a clairement optée pour l’application des consignes répressives. C encore autre chose.

    • Je suis d’accord sur le constat général.

      Mais ici, d’après ce que j’ai pu comprendre, il s’agit d’une action décidée par un commissaire local avec des agents (non entrainés au maintien de l’ordre et en nombre insuffisant) locaux.

      Et, si j’ai toujours bien compris, ce sont les CRS appelés en renfort qui, à la vue du désastre, ont repris la main. De la bonne façon.

      • Les CRS et gendarmes mobiles spécialistes du maintien de l’ordre ? Spécialiste du maintien du désordre, de l’observation passive. Ca ne viendrait à l’esprit d’aucun policier de demain à un CRS son avis sur une intervention policière – c’est plus judicieux de lui demander son avis sur le repas du soir.

    • La violence policière s’explique par le choix et le goút pour la castagne encouragé par une hiérarchie que cela sert, elle-même jusqu’au ministre (dont la jeunesse en atteste) ne répugnant pas à la violence impunie.
      Faisant partie d’une administration régalienne respectueuse des usagers je n’ai jamais reçu que des marques de respect y compris des comparaisons élogieuses pour notre professionnalisme.
      Si la police n’est pas respectée c’est qu’elle n’a pas un comportement respectable. Et encore je trouve les gilets jaunes bien gentils.

  5. On attend toujours la démonstration.

    C’est du même niveau que lorsqu’on accuse la police d’homicide lorsqu’elle poursuit un voleur monté sur un scooter qui chute.

    Votre enthousiasme pour les gilets jaunes vous fait pencher côté Jean-Pierre Mignard.

    Pathétique. Ca me fait penser à votre billet récent à la gloire de l’armée rouge, en oubliant sa complicité historique avec le régime nazi. Finalement, un excité, ça reste un excité.

    • Comme le dit Daniel Pennac dans son ouvrage « comme un roman », le premier des droits du lecteur est de ne pas lire. Si Marcel P. ne supporte pas les écrits de « Vu du droit », qu’il passe son chemin et nous épargne ses leçons. S’il sait tout mieux que les autres, grand bien lui fasse et qu’il ne perde plus son temps à rédiger ses écrits sentencieux.
      PS je peux bien sûr m’appliquer à moi-même ce droit de ne pas lire (cela vous évitera de me le conseiller) mais je trouve insupportable que des personnes ne lisent certaines chroniques que pour les dénigrer.

        • Surtout pour n’apporter aucun argument sérieux permettant un vrai débat…

          Merci Mr de Castelnau pour votre saine colère et votre rigueur.

    • Marcel P : le rôle premier des forces de l’ordre est de protéger et sûrement pas de réprimer sans discernement : pas besoin de démonstration, c’est la loi. Et ça fait tout drôle de vous lire car à moins que vous ne soyez pas français les complicités historiques avec le régime nazi sont notoires pour ce qu’on appelait pudiquement « l’État Français » qui lui n’a, contrairement à l’URSS, pas sacrifié vingt millions de ses citoyennes et citoyens pour vous permettre de pouvoir troller aujourd’hui bien planqué et la conscience tranquille derrière votre écran.

    • Oui et on attendrait pas aussi la démonstration de la loi gravité, au cas où les corps inertes lachés dans le vide se mettraient soudain à aller de bas en haut ?
      Un peu de lucidité.

    • et un IGNORANT (cf les calomnies ressassées sur la GLORIEUSE Armée Rouge brisant SEULE les reins des nazis sur le front de l’Est !) reste un IGNORANT !!!

  6. l’Affaire Dreyfus revenait à charger un homme le pouvoir de l’époque savait innocent pour protéger les institutions d’un nouveau régime fragile .
    L’Armée de l’époque était monarchiste.

    La mauvaise affaire qui débute par la mort atroce d’un jeune homme est la tentative de vouloir couvrir des fautes en multipliant les fausses responsabilités avec l’ objectif de protéger une institution indispensable au maintien coûte que coûte du régime en place.
    Fragile , parce que son socle est incertain , chaque jour de plus plus en impopulaire
    A l’exemple de Badinguet, tout se terminera par une dépêche d’Ems au passage d’une expédition funeste au Mexique

  7. Avec cette affaire resurgit la France nauséabonde, le parallèle avec l’affaire Dreyfus n’est pas faux. Quand on lit qu’il aurait pu tomber avant et que les policiers sont victimes des affreux jeunes. Le vrai problème, inacceptable pour un adepte de l’état de droit et de la justice, c’est la charge de policiers dans le noir au bord d’un fleuve isolé contre des danseurs qui sont venus pour s’amuser et qui n’ont rien demandé d’autres que de passer du bon temps, il y aurait pu avoir nos enfants. Rien mais absolument rien ne justifie une charge Aux pisse froids, en France, tout l’été il y a des fêtes (dans les villages, sur les quais de seine,…) où l’on danse et où l’on boit, c’est pas interdit, et c’est même recommandé pour le moral. Ce qu’il y a d’étonnant, c’est qu’il n’y ait pas eu plus de morts, vu le nombre de personne tombées à l’eau. N’importe où, une telle charge aurait au moins eu les mêmes effets. Le problème, c’est l’inconscience de ceux qui ont donné l’ordre et de ceux qui ont exécutés l’ordre (théorie des baionnettes intelligentes). Au fond peu importe qui est responsable de la mort (sauf pour la famille), le problème c’est que logiquement une telle charge provoque des décès, et que la police suscite la peur en France, Etat de droit, comme dans les anciennes dictatures sud américaines. Après il y avait beaucoup de monde et un bateau, il y a des témoins que manifestement le pouvoir ne veut pas entendre, a priori ce jeune homme qui ne savait pas nager n’a pas sauté dans l’eau avant.

  8. Je suis entièrement d’accord cette fois avec Régis. Je ne suis pas juriste mais philosophe, c’est à dire que je fais un pas de côté. Ce qui m’amène à rappeler une chose, c’est que cette fête est organisée depuis 20 ans au même endroit et que par conséquent personne n’a pu être surpris par cette soirée. Que par ailleurs en 2017 la même situation s’était déroulée et que là les forces de l’ordre avaient reçu la consigne de reculer… afin de ne pas faire prendre de risques aux jeunes. Par conséquent, l’argumentation du pouvoir tombe… à l’eau. Oui, ce sont des menteurs et pour le moins des complices de cet homicide, et là il revient aux juristes de nous éclairer.

  9. Qui a tué Davy Moore?
    Ce n’est pas moi, dit l’arbitre,
    Ce n’est pas nous, dit la foule en colère,
    Ce n’est pas moi, dit son manager,
    Ce n’est pas moi, dit le journaliste,
    Ce n’est pas moi, dit son adversaire,
    C’est le destin, Dieu l’a voulu.

    Belle et terrible chanson et qui dit vrai : chacun se défausse, comme toujours, sur quelqu’un d’autre et faute de mieux, s’il n’y a plus personne, sur dieu… Or nous sommes tous un peu responsables…

  10. Cette manie qu’on certains de toujours désobéir aux injonctions de la police… Si ces cons avaient éteint leur sono, ce gamin serait sûrement vivant.

  11. Parmi les responsables possibles, il faut aussi exclure les organisateurs (au sens large, avec la mairie) qui ont mis une fête en bord de fleuve alors qu’il y avait eu des chutes en 2017, d’après l’article que vous citez.

    Il faut exclure le gars qui remet la sono pour inciter à la rébellion.

    Et il faut exclure tous ceux qui font qu’à 20 ans passé, après X années de scolarité obligatoire, la personne décédée ne savait pas nager (il y a un autre fait divers récent en Grèce, où on nous dit de même que les deux jeunes françaises qui se sont noyées dans une piscine, plus de 15 ans toutes les deux, ne savaient pas nager).

    Pour avancer dans la réflexion sur ces diverses causes (sauf la dernière), on a donc demandé à l’IGA de rédiger un rapport.

    • Aucun de vos exemples ne fait mention d’une intervention policière.
      Oui untel ne sait pas nager et se noie dans la piscine c’est sa responsabilité.
      Je vous pose une petite colle :
      Il y a charge de police au bord d’un fleuve et 14 chutes et un très très opportun mois après on retrouve un corps. Cherchez le responsable, vous avez 2 minutes.
      Je vous refais la blague « Mohamed et jean marie sont dans un bateau, Mohamed tombe à l’eau, qui l’a poussé?  »
      J’ai aussi en Afrique du sud le policier au chauffard « à quelle allure marchaient ces petits noirs quand ils ont heurté votre pare-choc? »

      • @ Castigat

        Je n’arrive pas à faire coller le cas de figure avec vos exemples. Vous voulez dire qu’il s’agit d’un crime raciste ? Donc que les policiers étaient tous des noirs, ou des arabes ? Ou alors les deux ? (dans quelles proportions ? Vous avez deux minutes et même pas le droit de rire).

        Je ne vois pas non plus ce qu’il y a de « très très opportun » dans cette histoire à retrouver le corps un mois après. Je constate plutôt que votre remarque est vicieuse pour ne pas dire faux-cul.
        Vous suggérez quoi en fait, soyons franc ? Que les CRS ont gardé le corps dans la cave de leur caserne (même pas dans leur congélo puisqu’il était en état de décomposition -disons alors la baignoire du commandant), pour le ressortir par une nuit lugubre un mois plus tard, soit au moment le plus opportun sauf aux narines du voisinage.
        Non, c’est même pas ça, vu le problème que poserait la rétention ou la dissimulation de cadavre surtout pour les forces de l’ordre, même vous et votre parti pris devriez être capable de le reconnaître.

        Ce qui cloche dans le cas de Steve c’est l’endroit impossible où le corps a été retrouvé, d’abord en amont plutôt qu’en aval, ce qui pose déjà un problème d’hydrologie, et surtout dans un autre bras de la Loire que celui du lieu de la disparition présumée.
        Seule hypothèse valide, toujours en reprenant votre imparable exigence d’opportunité : ce sont les équipes de recherche qui ont fait le coup, possiblement Castaner en personne -incognito dans sa tenue d’homme grenouille.
        Ni vu ni connu, ils ont fait ça avant l’aube quand tout le monde était parti se coucher après la charge de CRS. De toute façon c’était trop simple pour leur entendement d’aller l’enterrer dans un coin interdit ou le faire couler dans du béton -Kéké, avec ses fréquentations, sait-on jamais…

        Tout cela me rappelle à une échelle bien plus petite les fameuses « centaines de cadavres » du 17 octobre 1961, certains flottant par dizaines dans la seine et d’autres se balançant par le cou aux arbres du bois de Boulogne (voir le roman de haute fiction écrit à ce sujet par le journaliste Jean Luc Einaudi, « la bataille de Paris »).
        Même la commission mandatée par Jospin en 2001 n’a jamais pu trouver un seul témoignage corroborant ces faits, quarante ans après et dans une agglomération de dix millions d’habitants.
        D’après les registres de l’institut médico-légal de Paris -la seule trace fiable de l’Événement à moins d’estimer que les témoins encore vivants ont gardé le revolver policier sur la tempe- il y eut entre 33 et 37 victimes ce soir là -ce qui n’était déjà pas mal, même en temps de guerre (lire plutôt sur la question « Police contre FLN le drame d’octobre 1961 » de J. P. Brunet, lequel rappelle les 47 morts policiers déjà victimes des attentats du FLN avant cette soirée fatidique).

        Point barre, le reste c’est pour le folksong, comme pour le cas Steve.
        Graeme Allwright -plutôt un spécimen poussif du genre- avait ainsi toute latitude d’ânonner son Dylan face à l’évidence triviale. Ce qui a tué Davey Moore, faute d’autre qualification technique, c’était d’abord un coup de poing dans la gueule donné par une personne précise dans un cadre sportif précis.

        La charge de police du mois dernier à Nantes était en soi un scandale, s’inscrivant dans un contexte général scandaleux depuis des mois, on est bien d’accord.
        Pour le reste vous avez, soit un concours de circonstances de faits établis menant à une conclusion présumée, soit de l’incantation si vous voulez faire dire aux faits autre chose que ce qu’ils sont.
        « Mais c’est évident qu’il est mort à ce moment là et en ce lieu précis » dit l’incantation. Non, et qu’elle le prouve, car l’évidence colportée n’est pas une preuve.
        Apparemment, les juges chargés de l’instruction ont choisi également le camp de l’incantation en demandant à être dessaisis de l’affaire, ce qui est rarissime et annonce pour moi le temps de la valse des boucs émissaires et des lampistes.
        L’incantation aura gagné en démontrant au passage qu’il y a encore mieux qu’un juge servile c’est pas de juge du tout, ce dont tout le monde se doute depuis novembre dernier.
        Oui, tout le monde sera bien content, en attendant pire.

  12. D’accord en tous points avec cet article de Regis de Castelnau.

    Dès la disparition de la victime dans la Loire, au vu du contexte général, j’avais immédiatement conclu à un mouvement de panique de la foule, dû à la charge policière, avec les conséquences dramatiques pour ce jeune homme de 24 ans….
    Evidemment, il ne fallait pas être grand clerc pour se douter que si des policiers avaient agi de cette manière, c’est parce qu’ils n’avaient fait qu’appliquer les consignes de répression, de la part de leur hiérarchie, des préfets, du ministère de l’intérieur et du président de la république.

    Le mouvement de panique est aussi le résultat de gens trop bien instruits par la répression dirigée contre les gilets jaunes: yeux éborgnés, membres arrachés, manifestants tabassés…

    On devine, à peu près, comment va se conclure cette affaire : un pouvoir trop lâche pour assumer sa politique répressive, qui a tenté par tous les moyens de se défausser sur la mairie de Nantes ou sur les « teufers » eux-mêmes, va faire faire tomber la responsabilité sur les traditionnels lampistes, et ce ne sera ni cet infâme préfet qui, dès le commencement, a proclamé que « tout ceci ne le concernait pas « , ni le ministre de l’intérieur, Monsieur Castaner, à qui, non content de lui adjoindre un chaperon, tellement on doute de ses capacités pour la fonction, on coupe maintenant le sifflet pour l’empêcher de dire des conneries, et qui en est réduit à se tenir deux pas en arrière du premier ministre, comme un élève gourmandé…

  13. La charge de la police ? Une honte, voir même une ignominie !
    Accuser formélement cette charge du décès de Steve, sans preuve qu’elle en soit responsable, c’est sortir des règles de la justice/du droit Français, non ? Alors venant d’un avocat (dont j’apprécie certaines analyses), cela me questionne.

    • Contrairement à ce qui se passe ici, l’enquête en cours permettra aux responsables mis en cause de s’expliquer. Quoi qu’ils disent, ils ne convaincront pas tout le monde. Mais c’est un autre problème.

  14. Espérons que l’histoire jugera aussi durement ce gouvernement d’une violence sans précédant de mémoire d’homme que celui-ci juge les citoyens.

  15. On ne sait rien sur le décès de cet auxiliaire de je ne sais quoi qui à 22ans ne sait même pas nager.Alors faute d’éléments concrets tout n’est que supputations.Et je n’aime pas ce faisant fonction de ministre de l’interieur qui ferait mieux de retourner jouer au poker.

  16. La Constitution si « particuliere » de 1958 pervertie par la forfaiture de 1962 ne cesse d’imposer ses regles déléteres; le PM ne peut être autre chose qu’un homme de main du President que personne ne peut « venir chercher ».
    Le Systeme est ainsi verrouillé dans un cercle vicieux dont personne ne sait comment sortir.

  17. un premier ministre dont on a la confirmation que de toute la bande actuellement au pouvoir, il est le plus dangereux pour nos libertés.
    Et donc si on vous croit : Macron et Castaner sont des enfants de cœur et tout de passe passe c’est Edouard Philippe le Grand Chef ????
    Non, Edouard Philippe qui ne vaut pas plus cher que le reste de la bande, est le gentil soldat qui monte aux créneaux pour protéger son Président duquel il reçoit les ordres

  18. 1°) je cite l’article de libération:
    Libération a connaissance de deux personnes proches de Steve Caniço qui déclarent l’avoir vu peu de temps avant l’intervention policière, dont un ami qui a laissé le jeune homme en train de se reposer sur le quai. «Jules (1) a dit à Steve de ne pas bouger, qu’il reviendrait après avoir dit au revoir à des amis», rapporte Katell à Libération. La jeune femme croise Jules dans la cohue qui suit l’usage de gaz lacrymo : «Il ne retrouvait plus Steve, qu’il avait quitté juste avant la charge.» Contrairement à Katell et Jules, Jade n’a pas été entendue par la police, alors qu’elle assure avoir donné ses coordonnées. A Libération, elle raconte : «J’ai vu Steve, endormi sur le quai à quatre ou cinq mètres de la Loire. Je l’ai secoué et il a réagi, je l’ai laissé.» Cette scène se déroule «après 4 heures».

    2°) je cite encore libération:
    Dans son analyse, l’IGPN explique aussi que le commissaire qui dirigeait l’opération sur place a voulu «éteindre le système produisant une musique» et que lorsque les policiers sont retournés au contact des fêtards, une fois équipés d’une tenue de maintien de l’ordre, l’objectif était identique. Pourtant, l’analyse des vidéos réalisée par Libération, qui permet de retracer la chronologie de l’intervention, démontre le contraire. Si, dans un premier temps, les policiers ont effectivement tenté de discuter avec les organisateurs pour qu’ils coupent le son, la deuxième phase de leur intervention a tout d’une charge visant à disperser les fêtards. Il est 4 h 32 lorsque les policiers retournent en ligne et équipés au contact des personnes rassemblées devant le sound system. A cet instant, il n’y a plus aucune musique et les agents ont pour seul message : «rentrez chez vous». Un nuage de gaz lacrymogène est clairement visible sur les images. Pourtant, le rapport de l’IGPN ne relève son utilisation qu’à partir de 4 h 36.

    on pourra aussi citer ouest-france qui reprends un communiqué d’un syndicat de police
    https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/personnes-tombees-dans-la-loire-nantes-un-syndicat-de-police-denonce-un-ordre-aberrant-6415405

    Le syndicat de police SGP-FO a réagi, ce mardi 25 juin, et « pointe la responsabilité d’un chef de service. Intervenir sans tenir compte du rapport de force, à 15 contre plusieurs milliers de personnes, qui, à 4 h 30 du matin, sont forcément dans un état éthylique et/ou stup avancé, dans l’incapacité de raisonner ou comprendre l’intervention de la police un soir de fête de la musique : c’était la confrontation assurée ! »
    Le syndicat insiste et évoque « une faute grave de discernement, un ordre aberrant, mettant d’abord nos collègues en danger, et les usagers. […] Ce n’était pas des casseurs mettant Nantes à sac nécessitant donc d’intervenir immédiatement. Il s’agissait de fêtards ».
    Il rappelle également que « le quai de Loire est sans protection, l’endroit par définition ou il ne faut pas charger… »
    Pour Philippe Boussion, secrétaire régional SGP Pays de la Loire, « la responsabilité incombe à celui qui dirigeait les opérations et se trouvait même sur place. Nous avons déjà alerté à plusieurs reprises sur la vision de la sécurité de ce commissaire qui expose régulièrement nos collègues par ses prises de décisions et sa vision exclusivement musclée de la sécurité. Nous demandons à ce que l’IGPN fasse son travail et pointe la responsabilité du donneur d’ordre ! »

    Il suffirait de se renseigner un peu avant d’émettre d’hypothétique réserves totalement dénuée de fondement, ça éviterait de jeter de l’hule sur le feu.

  19. Le problème auquel mène l’incompétence se trouve quand l’incompétent obtient une place hiérarchique telle qu’il en nomme ses subalternes.
    Or un incompétent, connaissant sa médiocre valeur, ne peut nommer plus compétent que lui puisque cela l’expose à être, à un moment ou à un autre, supplanté par celui qu’il a lui-même nommé, que cela soit potentiel ou non, sa seule crainte en cela suffit.
    L’incompétent aura même tendance à chasser le compétent déjà en place et, ce, pour les mêmes raisons
    Quand en haut de cette hiérarchie le nombre d’incompétents s’accroit, c’est dès lors toute l’échelle hiérarchique qui décline, que ce soit une entreprise, un état ou tout autre sorte organisation, ce phénomène reste le même.
    C’est pourquoi il est de constater que, historiquement en France, il y a, de façon plus ou moins cyclique, une désorganisation du pays suivit d’une reconstruction après une catastrophe, guerre, pandémie, révolution, changement de pouvoir en un novateur après un conflit plus ou moins fort (la fronde), etc…
    Je pose le postulat que nous sommes à la fin de cette sorte de cycle et que la double disparition des U.S.A. et de l’U.E. sonnera le début d’un nouveau.

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