Actualités: trois petits mouvements d’humeur

J’ai constaté que mon ami Olivier Berruyer reprenait tranquillement des statuts Facebook pour en faire des articles sur son site. Cela m’a donné des idées, il faut savoir de temps en temps céder à sa paresse. Quand Ambroise de Rancourt ou Mathieu Morel, pour ne citer qu’eux publient des trucs chouettes sur Facebook, je leur demande de faire un peu de cosmétique avant publication. Mais finalement, foin de précautions, autant garder la spontanéité de l’expression sur les réseaux, le résultat peut être plaisant, et en tout cas différent des pensums juridico-juridiques.

Je vais donc publier ici trois petits mouvements d’humeur, l’un relatif aux résultats des élections européennes où tout a déjà été dit ailleurs, une pique adressée au procureur de Paris, et une autre aux syndicats de policiers qui pleurnichent.

Battre Macron ? Caramba encore raté !

J’étais intervenu pour dire qu’à mon sens le seul véritable politique enjeu de ces élections était d’infliger une défaite à Emmanuel Macron qui avait lui-même transformé cette consultation en référendum. L’espoir était de parvenir à l’expression d’un rapport de force permettant d’envisager un départ à brève échéance. Grâce au ralliement empressé de la bourgeoisie française qui choisit toujours ses petits intérêts contre ceux de la Nation, Macron quoique second va pouvoir poursuivre la mise en œuvre de la feuille de route que lui ont dictée les grands intérêts.

Le FN ripoliné RN se tient suffisamment bien pour faire la démonstration qu’il est incontournable. En ce qui concerne les autres listes politiquement significatives, il y a bien sûr la confirmation de l’effondrement de ce que l’on appelait « la gauche ». Le PS avait mis une girouette, néo-conservateur avéré dont on ne voit pas très bien ce qu’il fout là tant l’objectif est opaque. Il a pris la rouste qu’il méritait et que lui promettaient toutes ses trahisons depuis 30 ans. Il y a, véritable crève-cœur, le pauvre Parti « communiste » français, qui nous envoie un adjoint zélé d’Anne Hidalgo à Paris, lequel affiche un slogan inepte emprunté de surcroît à François Hollande, défend des positions eurôlatres et a ramé pour tenter d’atteindre le glorieux objectif de 3 % et récupérer ainsi, à défaut d’élus, les sous qu’il a dû avancer. L’objectif exaltant étant à l’évidence de grappiller quelques voix dans la perspective des négociations pour les municipales de l’année prochaine. Échec ridicule sur toute la ligne. Dupont-Aignan est à l’étroit, coincé entre LR et RN, Benoît Hamon, le Jean Moulin du kebab biterrois continue à s’enfoncer dans la vase. Reste LR et son brillant jeune premier qui, s’il a redonné fierté à quelques militants, s’est imaginé, l’ingénu, que les lodens-barbours pouvaient aimer leur pays plutôt que leur argent. On dirait bien que pour lui et son parti, la messe est dite…

Les guignolades vertes se poursuivent. Les petits-bourgeois urbains repus ont voté Yannick Jadot nouveau sauveur officiel de planète. Et au passage Michèle Rivasi qui incarne à la perfection le charlatanisme irrationnel de ces politiciens qui n’aspirent qu’à une chose, les gamelles. Jadot a donné toute les garanties au Capital sur ce point. Comme ses prédécesseurs il sera récompensé le moment venu par un maroquin. Il a fait 13 %, c’est-à-dire moins que la vieille baderne Cohn-Bendit en 2009. Cela annonce un score du type Eva Joly aux prochaines présidentielles (2,5 %).

Enfin, quelques mots sur LFI confronté à un effondrement par la ligne « union de la gauche » voulue par Jean-Luc Mélenchon à rebours de celle plus « populiste » qui lui avait permis d’approcher les 20 % à la dernière présidentielle. Il semble que le tribun considérant que Macron incarnait la droite malgré la présence massive autour de lui de cadres du PS, a imaginé le scénario peu probable d’une reconstitution de l’union de la gauche sous sa direction. Cela ressemble à une stratégie en forme d’impasse, et ce d’autant que pour tirer l’attelage LFI on a viré les candidats du mouvement pour choisir à l’extérieur une candidate aux convictions politiques très gauche inconsistante et proposé rien de moins que d’organiser des « ateliers populaires d’écriture » pour rédiger des projets de directives européennes ! On imaginait Jean-Claude Juncker et Pierre Moscovici terrorisés. Beaucoup de ses militants, dont des proches de Jean-Luc Mélenchon, écartés ou en désaccord sont partis. Djordje Kuzmanovic a créé un parti dont le nom « République Souveraine ». Un autre militant a spectaculairement choisi d’appeler à voter RN . Comme il est d’origine serbe lui aussi le grand leader l’a élégamment traité d’«oustachi », oubliant que ceux-ci étaient croates. Les sondages nous disent que près de 60 % des électeurs de Mélenchon en 2017 sont prêts à voter pour le RN !

Notre ami Jean-Luc n’est pas sorti des ronces.

Galéjades.

Le procureur du tribunal de grande instance de Paris galège. Il vient d’annoncer solennellement que certains des policiers violents que l’on voit à longueur de vidéos se comporter comme des nervis contre gilets jaunes et manifestants pacifiques seront, peut-être, éventuellement, on ne sait jamais, faut voir, un jour peut-être, si on a le temps, poursuivis.

On va rappeler que le titulaire de ce poste récemment nommé a été choisi après une procédure bizarre d’Emmanuel Macron s’immisçant dans le processus pour la première fois dans l’histoire de la République. Marchant sur les brisées de son prédécesseur déjà fort accommodant avec la macronie, il a prouvé que l’on pouvait faire mieux (pire ?) dans la protection du pouvoir.

Serait-ce faire preuve d’insolence de lui poser une question ? Les magistrats qui ont ordonné des gardes à vue illégales constituant autant de séquestrations arbitraires lourdement sanctionnées par le Code pénal, seront-ils poursuivis pour cela ? Il est vrai que cela serait peut-être amusant de le voir pratiquer une auto-poursuite ! Car comme le Canard enchaîné nous l’a appris, c’est ce même procureur qui a rédigé e-mails et instructions demandant aux membres du parquet de veiller à la prolongation des gardes à vue dont ont été l’objet des manifestants pris au hasard, et contre lesquelles on ne pouvait rien retenir. La raison était simple, éviter qu’ils retournent manifester. Joli strike Monsieur le procureur, avec ces deux infractions relevant de l’application de l’article 432-4 du Code pénal, séquestrations arbitraires, et actes attentatoires à la liberté de manifestation.

On va continuer à faire preuve d’un peu de mauvais esprit en précisant qu’on aimerait bien  que le procureur de Paris redevenu soudain loquace avec ses coups de règles sur les doigts de Castaner et Collomb, nous explique pourquoi le MoDem et son patron François Bayrou sont depuis deux ans tranquilles comme Baptiste alors même qu’il est avéré qu’ils ont commis un joli paquet d’infractions avec ce qui apparaît comme la mise en place d’un détournement de fonds publics. Dont pour les mêmes faits le RN et LFI ont fait l’objet des soins aux petits oignons du parquet et du pôle financier. Sans parler bien sûr de François Fillon. Et puis au passage ce serait sympathique de nous donner des nouvelles judiciaires de Benalla, de Richard Ferrand, de Muriel Pénicaud, d’Ismaël Émelien, d’Alexis Kholer, et autres préfets et sans oublier les hauts fonctionnaires menteurs.

Pardon ? Ah ce n’est pas pareil ? Ceux-là font partie du système Macron, le parquet de Paris ne va quand même pas les poursuivre. Sinon à quoi ça servirait que Macron ait choisi lui-même le titulaire du poste de patron de celui-ci.

On se disait aussi…

Quand Macron « nique la police ».

Voilà que les syndicats de policiers sont trop fâchés. Complètement asservis (à une exception près) au pouvoir macronien, ils ont tout justifié de la violente répression policière dont a été victime le mouvement des gilets jaunes. Il fallait les entendre éructer, dénoncer, applaudir les violences policières, réclamer des sanctions contre les manifestants, applaudir à la répression judiciaire. Applaudir Macron lorsqu’il disait que « dans une démocratie il est inacceptable de parler de violences policières », et défendre bec et ongles tous les policiers que l’on voyait sur des centaines de vidéos se comporter comme les derniers des nervis.

Il est fort probable, que le pouvoir leur avait dit : « vous pouvez y aller, la brutalité gratuite, les violences illégales, les insultes, des arrestations abusives, avec Castaner c’est open bar. L’IGPN fera semblant, et vous ne risquez rien. » Au point que le préfet de police de Paris a immédiatement sauté, parce que profitant du fait que Macron faisait le kéké devant les caméras aux sports d’hiver et que le ministre de l’intérieur était toujours en boîte à cuver sa vodka en galante compagnie, il avait essayé pour une fois d’y aller mollo. « Non mais qu’est-ce que c’est que cette moule, il est là pour tabasser les manifestants, Monsieur a des états d’âme démocratiques et prend des précautions. Allez dehors ! »

Oui mais chers amis syndicalistes, le problème c’est que toute cette violence répressive ça a fini par se voir, et à ce point ça la fout mal. Plusieurs institutions internationales, des ONG, et la presse étrangère ont fait état de leur stupéfaction. On pouvait y lire que le pays des droits de l’homme avec son freluquet de président piétinant gaiement les même droits de l’homme justement cela faisait quand même désordre. Surtout en faisant passer les libertés fondamentales d’expression et de manifestation à la trappe, et étalant sans vergogne devant les caméras une violence policière complètement débridée.

Alors, sans crainte de contradiction, Macron essaye de remettre quelques dorures à son blason en parlant de « violences policières » et en disant que les méchants policiers vont être punis.

Eh oui, amis syndicalistes, vous allez être les dindons de la farce. Alors vous hurlez au charron genre : « non mais ce n’est pas ce qui était prévu ». Et en brandissant la vieille excuse du tortionnaire : « non mais, on avait des ordres ! » Vous pensiez pouvoir y aller franco et taper gaiement sur les crânes, tabasser, éborgner, blesser, faire amputer, gazer, nasser, rafler, séquestrer etc. etc. en oubliant qui étaient ceux qui vous donnaient les ordres. Et pourquoi ils vous les donnaient.

Alors on va vous dire, qu’on n’est pas dupe de la petite combine de Macron pour essayer de se refaire une beauté. Non plus de cette petite décimation judiciaire pour vos brutes les plus voyantes qui se prépare.

Mais on ne va pas vous plaindre, non franchement non.

Régis de Castelnau

23 Commentaires

  1. Quand on exécute les ordres illégaux de gens qui ont une longue tradition de trahison… que dis-je ? Chez qui la trahison est une seconde nature et un système de carrière… a bien on n’a pas le droit de s’émouvoir quand on est trahi. C’était prévu, inéluctable. Si seulement ça pouvait leur servir de leçon. Mais ne rêvons pas

  2. Absolument d’accord avec vos deux premiers mouvements d’humeur.
    Fortement en désaccord avec le troisième.
    Avec 66,66 % d’une opinion (la mienne) favorable, voilà déjà un bon score !

    Mais vous avez oublié de parler des résultats époustouflants des listes se réclamant des « gilets jaunes », serait-ce un oubli ?
    Ah, j’avais moi-même oublié. Leurs représentants (de qui, de quoi, mystère), dans leur majorité (ça leur en fait au moins une), ne voulaient pas participer à l’élection.

    Pardi ! La tannée était prévisible. Quand on ne représente personne d’autre que soi-même, on a du mal à rassembler.
    Parce qu’il y a un distinguo assez net à mon sens entre les « gilets jaunes » du début et des ronds-points et ceux des manifestations itératives du samedi.

    Les premiers ont immédiatement suscité la sympathie et l’adhésion publique, tant les motifs de leur mobilisation étaient clairs et fondés. Révolte fiscale, sociale et identitaire de gens oubliés des métropoles et livrés à leur sort au mépris de la cohésion nationale.

    Mais les seconds, pardon ! Émeutiers éruptifs, violents, nihilistes en vérité, incapable d’articuler autre chose que des invectives et d’agir autrement que par la violence brute et la destruction.
    Et ce ne sont pas les « gilets jaunes » du premier groupe, égarés dans le second et effarés de ce qui s’y passait qui me persuaderont du contraire.

    Compte tenu du nombre des membres des forces de l’ordre mobilisés, de samedi en samedi, de leur fatigue, de leurs peurs aussi, il y a eu beaucoup, trop certainement, de violences illégitimes de la part de certains d’entre eux. Mais pas de mort, il faut aussi le souligner.

    Comme vous l’avez précisé dans un autre de vos articles, les LBD, du fait du diamètre des projectiles, sont très dangereux et il faut impérativement les modifier. Force est de constater que cette modification n’a pas été possible durant cette période d’émeutes.

    Mais de là à conclure que le pouvoir a orchestré un cassage de gueule en règle de paisibles manifestants, il y a un abîme au fond duquel je ne vous suivrai pas.

  3. @Segalen,
    Nous n’avons pas eu de morts, en effet. Ca tient du miracle. Le matériel utilisé comme la grenade GLIF4 est considéré comme mortelle par la police elle-même (je vous laisse chercher les rapports) et le LBD40 est une arme de mutilation (qui fait ses preuves). Ces 2 joujous allégrement utilisés sur n’importe qui, n’importe quand, n’importe comment (je vous laisse le soin de trouver les vidéos) sont tellement dangereuses que bien des pays n’en veulent pas: trop dangereuses!

    Ne pas voir que le pouvoir a orchestré cette répression policière et judiciaire, c’est un peu fort de café. Voir des ministres dire qu’il n’y a pas de violence policière même quand on leur met les images sous le nez, entendre un président dire que la violence policière n’existe pas dans un état de droit (ha bon???), arrestations préventives avec consignes du ministère de la justice, garde à vue olé-olé, motifs d’incarcération ubuesques pour ne pas dire cyniques… Non, non, rien n’était organisé par l’Etat?????

    • @IKOOK

      C’est effectivement lorsque des matériels dangereux sont confiés à des gens inexpérimentés aux difficiles techniques du maintien de l’ordre que les problèmes surviennent.
      Ça a été le cas ici.

      Je n’imagine tout simplement pas une sorte de conjuration ourdie dans je ne sais quel palais de la République et unissant magistrats, policiers et gendarmes au service d’une supposée macronie aux visées totalitaires.

      Parce que cette hypothèse n’a aucun sens.

      En dehors des chefs de parquet, liés à la chancellerie, donc au pouvoir politique du moment et les préfets, dont ça a toujours été le rôle, la magistrature est bien trop jalouse de ses prérogatives pour se placer d’un seul et même élan sous la férule d’un Gouvernement. Et d’un Gouvernement liberticide, qui plus est.

      Ce n’est pas non plus dans les gènes des gendarmes et ça ne l’est plus dans ceux des policiers.

      En revanche, je pense aussi que procureurs et policiers se sont accordés sur l’intérêt pratique de placer en garde à vue de façon un tantinet préventive les fauteurs de troubles connus qui entraient dans le périmètre du futur lieu de saccage.

      Bon.
      Pas bien sur le plan théorique.
      Mais, compte tenu de la férocité des circonstances et comme disait élégamment un prédécesseur de l’actuel président, « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre ».

      • @Segalen,
        « des matériels dangereux sont confiés à des gens inexpérimentés  »
        Concernant les LBD c’est être inexpérimenté que de viser la tête au lieu des jambes ?
        Non, la flicaille, avec tout le péjoratif que ce terme contient, s’est « éclatée » et se défoulant sur des gens sans histoire.
        en 42 on sait de quel côté ils auraient été.
        flicaille-racaille même combat.

          • Aurais je touché un point si sensible qu’il ne mérite un point goodwin ?.
            se réfugier derriere « c’est les ordres » c’est facile.
            par contre maintenir l’ordre public avec discernement ce n’est pas facile.
            et les agents des forces de l’ordre qui se sont laissés aller ont abusé de leur position de force.
            et pour leurs syndicats s’étonner du retour de bâton c’est au delà de la naiveté.

          • Nul besoin de faire référence au régime de Vichy, pour débattre de l’actualité de 2019, c’est tout.

            Quant aux « gens sans histoire », le déchaînement de leur brutalité et l’ampleur de leurs ravages tend à démontrer le contraire.

            Ce qui n’excuse absolument pas l’usage illégitime de la violence par certains policiers.
            J’ai cru comprendre que ces violences étaient très majoritairement le fait de personnels (souvent issus des BAC) qui ont été engagés, à mon sens à tort, dans ces opérations de maintien de l’ordre. Qui comportaient des risques sérieux.

            Alors qu’ils ne sont absolument pas formés pour ça.

  4. Je vous rejoins sur le constat que Micron est effectivement le grand gagnant de l’élection…le cirque merdiatique habituel entonne les mantras habituels d’après-élection, afin de donner le change, sur l’air bien connu du « le RN monte encore », alors qu’iceux savent bien que jamais un(e) Le Pen n’arrivera au pouvoir, tant ce nom est un repoussoir pour les 2/3 de gens, et même si de plus en plus de citoyens ont clairement franchi la limite entre vote de protestation et d’adhésion (désormais enthousiaste) en faveur du RN.

    Constat désabusé, car, si on n’y prend pas garde et qu’aucune alternative ne s’affirme, c’est Micron et ses sbires juppéo-flanbystes qui sont au pouvoir pour 10 ans.

    • @Segolen
      « Je n’imagine tout simplement pas une sorte de conjuration ourdie dans je ne sais quel palais de la République et unissant magistrats, policiers et gendarmes au service d’une supposée macronie aux visées totalitaires. »
      Je constate que tu n’as pas lu le billet d’humeur ici-même que pourtant… tu commentes.

  5. Si Macron essaye de remettre quelques dorures à son blason en parlant de « violences policières », c’est tout simplement pour détourner l’attention du Conseil de l’Europe qui se dit « gravement préoccupé » par l’action des forces de police à l’encontre des manifestations de gilets jaunes.

    Mais il n’a cure de ces institutions comme il l’a prouvé ou le prouve dans deux affaires symptomatiques :Citons le cas de Vincent Lambert où il s’affranchit de l’avis du Comité des droits des personnes handicapées qui avait fait suspendre l’arrêt des soins. Il poursuit, au travers de sa ministre de la santé, une volonté acharnée d’euthanasier une personne gravement handicapée.
    Citons, en avril 2018, sa participation au bombardement sur le sol syrien,de troupes d’Assad, et qui fut une agression contre un pays étranger sans l’aval de l’ONU ni de son conseil de sécurité.
    Le respect de la signature de la France ne vaut plus grand chose..

  6. Vos 4 sujets sont reliés, je crois, à un seul qui est le pouvoir personnel de Macron qui se croit un empereur romain. Le Cabinet pléthorique de l’Elysée, l’affaire Benalla et la tentative avortée de prendre directement la main sur sa sécurité personnelle, la répression terrible contre les gilets jaunes, la surveillance et l’espionnage généralisés des réseaux sociaux, la réforme de la fonction publique et la mise au pas des très hauts fonctionnaires : tout concorde. A mon avis, Macron veut se constituer une immense garde prétorienne à son service exclusif. Liberté d’expression et démocratie étaient déjà des vieux souvenirs ; la République et l’équilibre des pouvoirs vont subir le même sort. On se dirige vers un régime de fer, le règne de la méfiance et de la peur. Pour parvenir à atteindre ce but funeste, Macron dispose déjà d’une justice, d’une police et d’une presse politiques. Mais les règles statutaires sont encore trop rigides pour récompenser ou punir indifféremment tel ou tel selon son « bon plaisir » ; c’est le sens des réformes à venir.

    • @RIBUS

      Quel délicieux frisson que de se croire en dictature.
      Gratifiant et, en l’espèce, sans risque.
      Mais nous en sommes encore très loin, heureusement.

      Les directeurs d’administration centrale, puisqu’il s’agit d’eux, occupent des « emplois supérieurs pour lesquels la nomination est laissée à la décision du Gouvernement ».

      Ce sont en règle des hauts fonctionnaires, mais pas nécessairement. Ils sont régis par les dispositions du décret n°85-779 du 24 juillet 1985 (pris sous la présidence Mitterrand, donc) et leurs emplois y sont précisément énumérés.

      Je vous engage vivement à lire ce (court) texte.

      Nous sommes là aussi très loin du spoil system que connaissent les américains, autre dictature féroce bien connue des intellectuels germanopratins.

      Les directeurs d’administration centrale sont là pour obéir aux directives du pouvoir exécutif, émanation légitime de la majorité des députés élus au suffrage universel direct.
      Pas pour mener la politique qu’ils entendent. Ça, c’est le pouvoir des technocrates.
      Justement décrié.

      S’offusquer que l’on puisse écarter des « hauts fonctionnaires » qui renâcleraient à faire le boulot pour lequel ils ont précisément été nommés, alors qu’on leur reproche justement une trop grande autonomie de décision, est tout de même un comble.

      Jusqu’à présent, on n’a pas trouvé mieux que la démocratie par les urnes.
      Et les éructations de fin de semaine d’énergumènes en jaune n’y changent rien.

      Quel type balèze, tout de même, ce Macron.
      Inconnu il y a deux ans et paf ! Sitôt élu et déjà la justice, la police et la presse dans sa poche … et moi qui croyait naïvement que ces trois institutions avaient plutôt tendance à se regarder en chiens de faïence.

      Encore un coup des Illuminati, sûrement.

      • Je ne vois pas en quoi douter de la réalité démocratique de son pays peut être « gratifiant » ; vous y croyez, c’est votre droit et permettez que je puisse être convaincu du contraire. De plus, citer un décret ne démontre rien et brocarder les gilets jaunes dont certains sont morts ou ont été grièvement blessés est affligeant. Enfin, votre clin d‘oeil maçonnique n’a rien de drôle dans une république où les Loges et les Fraternelles sont toujours très puissantes. Je maintiens donc que le régime macronien dérive vers un autoritarisme dangereux.

  7. Vive la flemme du « copier/coller » LOL!!

    Certains articles de presse affirment que 61% des électeurs de @JLMelenchon
    voteraient Le Pen cas de second tour Macron/Le Pen. C’EST FAUX ! La notice de l’Ifop est particulièrement malhonnête en ce sens qu’elle ne mentionne ni les abstentions, ni les votes blancs. THREAD
    👇
    Alan Confesson
    @AlanConfesson
    ·
    Jun 2
    Ce chiffre est basé uniquement sur les personnes exprimant une intention de vote en faveur des deux candidats. Or il a été mainte fois démontré que dans ce type de duel, les électeurs LFI sont très nombreux à s’abstenir ou à voter blanc.
    Alan Confesson
    @AlanConfesson
    ·
    Jun 2
    @IfopOpinion
    il faut VRAIMENT que vous cessiez ces pratiques. Tous les instituts de sondage ont convergé pour montrer que lors du second tour de l’élection présidentielle de 2017, une écrasante majorité d’électeurs de JLM n’a PAS voté pour Marine Le Pen.
    Alan Confesson
    @AlanConfesson
    ·
    Jun 2
    Chercher, même incidemment, à faire croire le contraire est profondément irresponsable par les temps qui courent. C’est une manière d’influencer l’opinion et cela doit vous inciter à vous remettre urgemment en question. En l’espèce, votre déontologie est clairement en cause.
    Alan Confesson
    @AlanConfesson
    ·
    Jun 2
    Notons enfin que d’après l’enquête type « jour du vote » de l’@IpsosFrance
    , seuls 4% des électeurs de JLM au 1er tour de l’élection présidentielle de 2017 ont voté RN lors des européennes de dimanche dernier. Il n’y a PAS de vases communicants !

  8. Quelle confiance dans les « scientifiques intègres «  dans l’Agence Européenne du Médicament » alors que les autres corps seraient truffés de gens de connivence . Enfin un îlot de probité dans un monde de corrompus. Fakes News les effets néfastes du Médiator , du Viox , des antidépresseurs, ; Gallilé au bûcher mais pourtant elle tourne.

  9. J’ai une lecture un peu différente du résultat des élections qui, à mon sens, marquent un nouveau rétrécissement du « socle électoral » de gouvernement, en France comme dans les pays voisins. Le génie de la classe dominante a été réussir à maintenir la fiction d’une alternance entre deux « coalitions » dites de droite et de gauche appliquent rigoureusement la même feuille de route. Et quand lesdites coalitions n’ont plus été en mesure d’avoir une majorité séparément, on a bricolé des « grandes collations » -CDU/SPD etc.- de façon à rester sur la même ligne… Mais le poids de l’ensemble des « coalisées du bien » se réduit de façon spectaculaire puisqu’en additionnant PS/Centre/UMP -ou équivalent- on obtient 63% des voix en 2004, 52% en 2009, 45% en 2014…et à peine 35% en 2019 (en comptant LR, PS et LREM). Certes, Macron a attiré à lui la plupart des électeurs dits « de droite classique » mais ce transfert diminue d’autant sa réserve de voix pour les futurs échéances. Même si on suppose – ce qui ne va pas de soit – que les électeurs LR restant voteront pour lui -ou un autre candidat désigné si Macron devenait vraiment imprésentable, ce qui est plus que possible, le « socle » des gentils ne dépasse désormais pas un tiers de l’électorat, et il est majoritairement âgé de plus de 65 ans….ce qui peut poser quelques soucis lors de la prochaine présidentielle.

  10. Excellent billet.

    Macron incarne désormais l’ex UMPS dont il aura consciencieusement détruit les structures.
    Très rapidement, l’union des bourgeoisies qui votent suivant leurs intérêts communs et faisant fi de leurs divergences sociétales, respectivement libertaire et conservatrice.
    C’est un électorat des grandes métropoles et participant à la gentrification des villes.
    On comprend mieux alors la débâcle du couple Bellamy/Glucksmann.

    Le RN, principal challenger de Macron, constitue l’opposition principale contrôlée du système, à l’insu de cette dernière bien entendu, contrôlée par le sempiternel plafond de verre, puisque ne pouvant pas faire d’alliances ni à droite, ni à gauche.
    Pas à droite, car la droite Orléanaise vote Macron, la légitimiste vote déjà RN et la Bonapartiste veut encore exister, mais n’a pas encore trouvé la synthèse à son triptyque tarabiscoté (conservatrice, souverainiste, libérale) ni surtout sa figure tutélaire pour l’incarner et donc ne constitue plus, à ce jour, une réserve de voix conséquente.

    Pas à gauche, parce si FI a sciemment laissée partir le vote populaire vers RN depuis les présidentielles de 2017, le reste de ses troupes, très jeune, est sous contrôle du dogme écologiste et s’il n’a pas le choix, il préférera voter écolo ou Macron.
    On passera sous silence le PCF, tué depuis belle lurette par Mitterand et les politiques de désindustrialisation nationale et incapable de s’imposer de nouveau en banlieues sous influences communautaires, communautés votant pour la gauche libérale ou la FI (indigènes de la République) dans un piège mortel dont elles n’ont pas ou peu conscience.

    Si jamais une figure titulaire de la droite Bonapartiste menaçait les progressistes, l’écologisme serait la carte maitresse quant à garantir la continuité de l’expansion du néo libéralisme en France et en Europe, tout est déjà prêt dans les cartons, dont la fiscalité fléchée verte.
    En ce sens, les européennes ont validé les thèses du GIEC et l’influence de la madone Greta Thunberg sur les opinions publiques, pour le plus grand bonheur de Macron et ses alliés.

    Quant aux violences policières, attention aux amalgames, les gendarmes et policiers exécutent les ordres et ne sont pas forcément violents par essence.
    Ce constat explique également le nombre croissant de suicides dans la profession.
    Plus globalement, la répression (physique, morale et politique) des gilets jaunes des actes premiers, à savoir le mouvement encore épuré de l’infiltration par l’extrême gauche, aura démontré que si nous ne sommes pas en dictature, nous ne sommes pas non plus en démocratie, d’ou le néologisme démocrature comme figure métaphorique.

    Enfin, pour conclure et contrairement à une idée fortement répandue en République, la chancellerie est sous la domination de Beauvau et non l’inverse, nous sommes avant tout dans un état policier et la justice est son épée.
    Ceci avait été théorisé par le leader du gang de Tarnac, Julien Coupat et ma foi, les gilets jaunes lui donnent raison.
    Coupat d’ailleurs, qui avait été arrêté en marge de l’acte II en décembre dernier dans le XIXème arrondissement, officiellement à titre préventif, bien entendu.

    A méditer.

    • @HAJIME

      Je partage assez cette analyse.
      Sans aller jusqu’à la notion d’État policier et de domination de la Chancellerie par Beauvau (ni l’inverse, d’ailleurs).

      Mais il est assez clair que ce pouvoir politique, plus encore que les précédents, a la tentation permanente de se passer du contrôle du juge.
      Le pouvoir exécutif , en dépit de vertueuses déclarations, a toujours mal toléré la censure de l’autorité judiciaire. Le budget (misérable) de la justice en est aussi l’une des nombreuses illustrations.

      • Pourtant et si je ne m’abuse, l’état dit policier est utilisé pour qualifier un état qui utiliserait une police dérogeant en tout ou partie aux règles de droit.
        Or si l’on croit en la répression abusive quant à maitriser le mouvement social des jaunes, alors on croit à la police au service du pouvoir politique.

        Si on ajoute les dernières lois votées en matière de prétendue liberté d’expression et du contrôle des fake news, lois permettant surtout l’extension de l’utilisation des fichiers policiers par le renseignement quant à accroitre la surveillance des citoyens factieux voire insurrectionnels, il me semble que les cases de la démocrature sont bien cochées.

  11. Cher Maître,

    Désolé de vous contredire et d’approfondir votre « véritable crève-coeurs », mais la liste POUR L’EUROPE DES GENS (Ian Brossat) du PCF n’ayant obtenu en définitive que 2,49% des suffrages, votre « pauvre » Parti communiste » ne récupérera pas « les sous qu’il a dû avancer » comme vous l’écrivez. A part ceci, bravo pour vos brillantes analyses, comme d’habitude.

  12. « Quand Macron « nique la police » »

    C’est André Santini qui a dit un jour, à propos de l’élection présidentielle, « Macron a baisé tout le monde ».

    Macron nique tout le monde. Il nique la France et les anciens combattants en décorant des footballeurs, à l’Elysée, un par un, avec un mot aimable pour chacun, la veille de la célébration du 75 anniversaire du débarquement en Normandie, probablement dernier anniversaire où les vétérans seront présents.
    Il nique en même temps tous ces chefs d’Etat, les Merkel, les Trump, les May, qui ne se soumettent pas à sa volonté.

    Je ne suis portant pas nostalgique de l’Histoire.
    La consolation, c’est que Macron par ses attitudes ne rentrera pas l’Histoire, ce qui le ramène à son juste niveau.

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