Corruption en Afrique : Macron expert de haut vol

Emmanuel Macron, dans la grande tradition de la Françafrique, est allé donner des leçons aux dirigeants africains. Bardé de son arrogance, il les a traités d’hypocrites parce qu’ils n’ont pas jugé bon de soutenir ses positions atlantistes concernant la guerre en Ukraine. Il est vrai que la façon dont était reçu Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russes, en tournée dans le même continent, avait de quoi agacer. Mais là où Emmanuel Macron a vraiment fait une nouvelle démonstration de son merveilleux culot, c’est lorsqu’il a proposé « d’aider à réguler les sujets de corruption qui sont un fléau pour le continent africain. »

D’abord parce qu’on va rappeler que le système de l’influence française sur son ancien empire colonial a reposé de tout temps sur une corruption massive. Certains dirigeants installés par les Français sont là depuis des décennies, et disposent de fortunes immenses qui ont souvent permis des financements politiques en France et l’arrosage de quelques amis. Depuis les indépendances, gare à ceux qui ont voulu comme Thomas Sankara assurer leur souveraineté et lutter contre la corruption.

Ensuite parce que le donneur de leçons bénéficie effectivement d’une très belle expérience dans le domaine de la corruption d’État. Et c’est malheureusement ce qui caractérise aussi aujourd’hui son pouvoir, que ce soit dans la façon dont il l’a pris ou dans sa façon de l’exercer.

Livrons-nous à un petit passage en revue de quelques exemples, la liste n’étant bien sûr pas exhaustive mais spectaculaire concernant les montants en cause.

Les affaires Alstom et McKinsey encalminées

L’affaire Alstom bien sûr, celle pour laquelle Jean-Pierre Chevènement, rallié énamouré à Macron, a considéré « que l’on avait été bien injuste » avec celui-ci. Ce n’est pas l’avis du président de la commission parlementaire d’enquête Olivier Marleix qui a pointé les sommes faramineuses et inutiles versées par Alstom à des intervenants privés, dès lors qu’Emmanuel Macron est devenu ministre de l’Économie de François Hollande. Et qui a révélé que l’on avait retrouvé tous ces bénéficiaires parmi les gros contributeurs de la campagne présidentielle de 2017, et les organisateurs des collectes de fonds. En droit français, le Code pénal qualifie la fourniture de ces avantages (les sommes versées par Alstom) assortie de contreparties pour le décideur public (le financement de la campagne) de corruption. Celle visée par l’article 433–1 dudit code. Devant l’évidence de l’infraction le parlementaire a saisi le parquet de Paris. Celui-ci s’est paisiblement assoupi sur ce dossier et refuse obstinément de lui donner la suite judiciaire qu’il mérite. Les sommes en jeu dépassent la centaine de millions d’euros.

Il y a aussi l’affaire McKinsey, dont le scandale a éclaté pendant la campagne présidentielle 2022. Le problème n’est pas tant l’aspect fiscal qui voit le cabinet de conseil préféré du système Macron être dispensé activement et passivement de payer ses impôts en France. Le Parquet National Financier (PNF), qui n’est pas à un déshonneur près, avait obstinément refusé de bouger. Contraint de faire quelque chose par une bronca médiatique, il s’est contenté de se raccrocher à une procédure fiscale parfaitement secondaire. Alors que le problème de fond est celui du recours systématique et massif aux cabinets de conseil externe pour des sommes de plusieurs milliards d’euros. Qui pose la question d’abord de la corruption et ensuite du délit de favoritisme.

De nombreux cabinets de conseil sont concernés, mais avec une mention spéciale quand même pour McKinsey. Voilà des gens qui ont participé au financement de la campagne 2017 – ce qui pose déjà un problème –, mais ont mis bénévolement des collaborateurs à la disposition de l’équipe du candidat Macron ! Alors à l’évidence, il faudrait ouvrir une information judiciaire qui permette de savoir si les marchés de McKinsey étaient la contrepartie de cet apport gratuit, ce que l’on appelle le pacte de corruption.

Les travaux de la commission sénatoriale d’enquête sur l’intervention des cabinets de conseil ont permis de pointer l’inutilité de nombre de commandes, voire que certaines avaient été réglées sans que la prestation ait été fournie ! Pour établir la corruption, il faut prouver le pacte, c’est-à-dire le lien entre l’avantage fourni par l’acheteur public, soit en l’occurrence un marché, et le versement sous quelque forme que ce soit d’une contrepartie. Ce n’est pas toujours facile, alors le législateur a prévu le fameux « délit de favoritisme » prévu et réprimé par l’article 432-14 Code pénal. L’infraction est constituée par la violation délibérée des règles destinées à garantir la liberté et l’égalité d’accès à la commande publique. Il n’est pas besoin de prouver l’existence d’une contrepartie, le simple constat de la violation des règles ayant permis l’attribution est suffisant. Il ne devrait pas être bien compliqué de passer à la moulinette les différents marchés accordés aux cabinets amis, et de vérifier ainsi ceux qui étaient de complaisance.

L’auteur de ces lignes dispose dans ce domaine d’une certaine expérience professionnelle qui nourrit la conviction que la plupart des mises en concurrence devaient relever de la plaisanterie. Et bien sûr, malgré tous ces lourds soupçons, malgré le travail de la commission parlementaire, le Parquet national financier et ses magistrats restent obstinément muets. On peut également être surpris du silence de l’association Anticor – agréée par Jean Castex – qui, dotée de la capacité de saisir la justice, évite jusqu’à présent de s’en servir.

Uber, Macron influenceur

Il y a désormais l’affaire Uber, où l’on a appris qu’Emmanuel Macron alors ministre de l’Économie se serait livré à un intense et occulte travail de lobbying au profit de la multinationale américaine, et ce afin de contrer les orientations politiques du gouvernement auquel il appartenait ! Court-circuitant la hiérarchie, bénéficiant des informations liées à sa fonction, il aurait travaillé clandestinement à la défense d’intérêts privés. Cette information pose déjà un problème moral et politique considérable. Mais que dire lorsque l’on apprend que comme pour Alstom et McKinsey, le bénéficiaire de ces interventions clandestines a contribué sous plusieurs formes à la campagne électorale de Macron ! Nouvelle infraction du « Chapitre des atteintes à la probité » du Code pénal qui réprime le trafic d’influence dans son article 433-2, c’est-à-dire le fait d’user de son influence pour faire prendre à la personne publique une décision favorable et bénéficier pour cela d’une contrepartie, quelle que soit sa forme. Emmanuel Macron, c’est avéré, a usé (et abusé) d’une influence liée à ses responsabilités publiques, et a bénéficié d’une contrepartie avec le financement de sa campagne. Même s’il appartient au juge de le dire, il devient difficile de prétendre que l’infraction n’est pas constituée.

Interrogé sur ce problème, Emmanuel Macron a fait comme d’habitude. D’abord en se moquant du monde et ensuite en usant de sa désinvolture arrogante. « Je n’ai pas du tout aidé Uber, aucun élément n’a montré que j’étais sous influence » nous dit-il. Monsieur le président, le problème posé par le trafic d’influence, et vous le savez bien, n’est pas que vous ayez été sous influence ! C’est que vous ayez usé (et abusé) de façon occulte de la vôtre. En un mot que vous en ayez fait commerce, comme permet de le soupçonner les soutiens d’Uber à votre campagne électorale. On ne s’étendra pas sur la grossièreté arrogante des références à vos parties génitales lorsque vous réagissez à une question , pourtant majeure, de morale publique. Et naturellement, ni le PNF ni le parquet de Paris, soutiens obstinés d’Emmanuel Macron et de son système, ne vont bouger. La canicule, probablement…

Il ne faut cependant pas être trop sévère avec la justice, puisque la veille du départ du président en Afrique pour y disserter sur « la régulation des sujets de corruption qui sont un fléau pour l’Afrique » un juge d’instruction a opportunément et spectaculairement mis en examen quatre enfants d’Omar Bongo dans une affaire de « Biens mal acquis ». Hasard du calendrier, sans doute…

Il n’empêche qu’effectivement Emmanuel Macron est particulièrement bien placé pour donner des leçons de morale publique. Parce qu’il y a les affaires le concernant directement, mais aussi celles de son entourage et de ses amis. Force est de constater que jusqu’à présent, pas une égratignure judiciaire n’est à déplorer.

Chapeau l’expert.

Régis de Castelnau

23 Commentaires

  1. IL est tout de même curieux de constater que les Présidents de la 5ème après Pompidou sont tous corrompus. Giscard a ouvert « le bal des voyous », les français ont apprécié et ne cessent d’en réélire. Le français est content, content, content, comme disait un humoriste célèbre, un vrai celui-là, pas un bouffon du roi comme aujourd’hui.

    • un peu de sociologie électorale, Mbilou’

      y a les français idiots (qui regardent tf1, c8…)
      y a les français intéressés (le mondialisme fait leur fortune)
      y a les français qui ont peur (…du chômage)
      y a les français qui s’en foutent (immunisés de le menace de déclassement social + égocentriques)

      ce n’est pas le citoyen qui vote, c’est le prolétaire (etc…)

      Geof’Rey, neo-communiste gaulois belge

      • Je lis dans cette page des mots dont j’ai oublié le sens. Probité, morale publique. D’autre part je constate que la petite phrase obscène se répand allègrement et devient un zut ordinaire. Allons-y gaîment !

    • Pompidou était aussi complètement corrompu, tout le monde sait cela. C’était l’homme de la banque et de l’Europe, le premier à casser la Sécurité sociale. En 1967 il y avait eu des manifestations monstres contre les réformes présentées par Pompidouble, histoire disait il de mettre la France à l’heure européenne.

  2. Le colonialisme ce n’était pas si mal que ça
    Ils étaient en incapacité de voir leurs ressources pour compléter l’avenir
    Et ‘il s’entretuaient déjà entre eux façon tribale et en plus ils bouffent le cerveau de l’autre question ancêtres
    Des macaques

    • @Pierrot. Je suis curieux de lire ta réaction si on écrivait que l’occupation allemande n’était pas si mal que ça. Parce qu’à ce que je sache, l’Afrique n’était pas malheureuse « en dormant dans les arbres, en se cannibalisant allègrement, et n’entretenant aucun rapport vénal à ses ressources », tout ce qui précède restant à prouver au-delà des clichés et idées reçues. Les « macaques » n’ont jamais adressé de lettre d’invitation à quiconque pour venir les sortir de leur obscurantisme. Et chose essentielle, ils étaient heureux. Je crois bien que c’est ce après quoi encore aujourd’hui, le raciste primaire que tu es court toujours.

      • Racisme n’est pas un crime, s’est de la selection ludique
        voyez le résultat de macaques ou d’avatars aujourd’hui ( macaque est péjoratif)

        Dans la prédation culturel , tout n’est que concept et s’est un drame comme eldorado
        Ou pierre philosophale
        ————–
        Et si cela se trouve l’occupation allemande n’était pas si mal que ça
        Il est né de la prédation financière européenne de la fin de la première guerre et de la débauche européenne à Berlin , plus tard les années folles
        Personnellement je travail dans le primitif et l’intuitif

        La mondialisation était inévitable si on sort du présent
        ———
        Et qu’il y à trop de monde sur cette planète ,je suis d’accord avec bil gates
        De toutes façons le pétrole ne vaudra bientôt plus un clou avec les voitures électriques
        Et toute la dynamique du monde va changer sur d’autres eldorados et toujours dans la prédation

        Toutes les petites tribus seraient disparue dans la consanguinité, et l’incestueusement
        S’est mathématique , mais je vous rejoint , comme utopie
        Avant la mort était normal, aujourd’hui s’est un drame

  3. Je contemple avec gourmandise le spectacle de cette assemblée qui decouvre que les « circonstances » lui permettent de retrouver les prerogatives naturelles qui lui reviennent.
    Puisse-t-elle continuer dans cette voie et comprendre que pour la premiere fois depuis soixante ans le pouvoir s’exerce enfin au Palais Bourbon et que, n’en depaise à M.Le Maire, l’executif se contente d’executer et le president de presider.
    Le chemin est encore long pour rendre leurs libertés aux français; l’urgence est bien entendu de retirer au president le droit de decider d’endetter la France sans limite avec les consequences que celà comporte pour les comptes publics et l’avenir de nos enfants.
    A l’evidence, comme aux USA, le relevement du plafond de la dette doit revenir exclusivement au Parlement !

  4. J’ai trouvé le discours de Macron abject, mais bien dans ses habitudes.
    A l’étranger dire du mal de ses voisins, de ses compatriotes, de ses hôtes.
    Les milices Wagner en Afrique il me semble ne concerne que les africains. De quel droit Macron se même-t-il des affaires internes des pays qu’il visite?
    Macron a une idée bizarre de la diplomatie.

    • Parce que Wagner nous tailles descroupiéres. Poser la question de Wagner au Mali revient à demander quels résultats la France a obtenu en huit ans.
      Alors vilain Wagner.-

  5. Bien vu Maître, Macron plutôt fils de Jupiter, Hermès (LVMH !!!), dieu du commerce, des voleurs, des orateurs, dont la victime préférée est le bélier (bouc émissaire) que Jupiter lui-même, Vulcain! Macron qui, semble-t-il, a su corrompre les postes clés soit par la flatterie, les médailles en chocolat, les avancements, les promesses, (voir même, peut-être plus, la peur, le chantage…?), ceux qui pouvaient entraver sa marche conquérante, les contre-pouvoirs éventuels: Conseil constitutionnel, Parquet…Tout homme a sa vanité, son prix, sa faille, son aveuglement, sa naïveté !Il ne s’agit plus de compromissions, mais de corruption! Tous piégés, tous complices!
    Jusqu’ici les politiciens véreux la jouaient petit bras, à la Pasqua, à la marge, se servaient au passage, l’occasion faisait le larron. Le dessous de table, le bakchich, étaient institutionnels, un droit d’usage, une convention professionnelle, et traitre était celui qui n’en profitait pas : Giscard, Chirac, Sarko, Fillon…Là, Macron, en bon banquier, a vu grand, a su s’entourer des bons appuis pour soutenir son business plan, son hold-up. Il ne s’agit plus de rouler la banque, de jeux d’écriture, mais de s’accaparer de la banque elle-même.
    Tout l’art du banquier, qui s’enrichit sur la bête, est celui de la parole, de savoir vendre son produit, le rendre crédible, de convaincre son client qu’il fait une bonne affaire, de lui faire miroiter des profits futurs au-delà de toute espérance. Plus le mensonge est gros et plus il a des chances d’être cru car qui pourrait un instant douter qu’il puisse être aussi gigantesque, aussi pervers, cela parait in-croyable aux non-initiés surtout si le mensonge est habillé des oripeaux de la vertu, de la respectabilité républicaine et de la morale! Le problème du mensonge est de le faire durer quand les résultats espérés tardent à arriver et que le doute commence à naître chez le peuple des petits porteurs ayant tout misé, quand le baratin finit par ne plus apaiser leurs attentes inquiètes et apparaître pour ce qu’il est, systématique, systémique,, que les belles paroles, usées par leur répétition, ne suffisent plus. Macron ou la pyramide de Ponzi, l’arnaque du siècle, reculer pour mieux sauter ?

  6. Bon article, mais le coup de griffe contre Anticor semble injustifié.
    Seul Anticor a su mettre le doigt sur le noeud du problème: c’est que les contrats avec McKinsey relevaient de montages qui sont hélas légaux: les « accords cadres »:
    https://www.anticor.org/2022/04/08/les-marches-de-conseil-de-mauvaises-pratiques-institutionnalisees/
    Dès mars 2021, Anticor faisait une demande à la CADA pour avoir ces contrats de marché public, car sans information, comment agir?
    https://www.anticor.org/2022/03/20/anticor-saisit-la-cada-dans-le-dossier-mckinsey/
    Contrairement à ce que dit l’auteur, Anticor se sert abondamment de sa capacité à agir en Justice: près de 100 procédures Anticor sont en cours, notamment sur le volet Alstom (tiens, l’article n’en parle pas?)
    https://www.anticor.org/affaires-anticor/resume-de-laffaire-ina-gallet-2/

  7. Il n’est pas corrompu, ni ses affidés, ils sont là corruption. Et je connais de ces défenseurs qui vous déclarent les yeux dans les yeux  » tout le monde le fait, alors pourquoi pas eux »

  8. « d’aider à réguler les sujets de corruption qui sont un fléau pour le continent africain. »

    Je n’ai pas écouté l’intégralité du discours, mais c’est presque trop grossier et insultant pour être pris au sens premier, non ? Cela ne serait pas une menace voilée plutôt ?

  9. On a quand même l’impression que nous sommes bien impuissants à nous protéger de ces malversations.
    Existe t- il des pays qui se défendent mieux ? Si oui sait-on expliquer ce qui le leur permet ?

  10. NON
    Ils nous laissent du temps Qui se la joue minoritaire
    la dernière retraite et dernière secu, , sans parler de l’éducation national éducation totalitariste
    s’est entre 7 et 10 ans qui nous laisse

    De par chez nous la Croatie, il y fait encore bon vivre
    rockefeller y investi beaucoup dans les marinas d’anciennes base militaires pour yachts de luxe 80 metres luxueux très gros gabarit en Croatie

    Rien n’indique que ce soit pour de futur bateaux militaires.
    Avec le temps les plages de bretagne finistère deviendrons des réserves
    vous serait sur un sentier côtier comme dans un safari , genre juracis parc , protéger des fleurs et des lapins
    après vous n’aurez plus accès à la mer et ni au fort d’ailleurs^
    Il vous restera le metavers payant et vos souvenirs .
    et dans 2000 ans ont recommencera le même scénario
    Peso j’ai été beaucoup plus loin , du moins jean revient et j’espère ne pas rester longtemps
    Mais je reviendrai encore

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