la chute de popularité de Jupitre

 

Rubrique : C’est Dimanche, on reçoit un ami. Aujourd’hui, c’est Mathieu Morel qui s’agace.

 

Aujourd’hui, le professeur JT m’a expliqué que la chute de popularité de Jupitre était probablement due à la « rareté de sa parole » et à sa « discrétion médiatique ».

Pouf pouf.

On a beau s’être à peu près préparé à toutes les pitreries outrancières de ce nouveau pouvoir complètement en roue libre, c’est un coup à avaler ses chips de travers (ce qui est extrêmement dangereux puisque c’est trop gras, trop salé, trop sucré, qu’on boit souvent de l’alcool avec et qu’en plus, ça gratte la gorge).

On a quand même eu droit, depuis 2 mois, à une jolie collection d’exhibitions racoleuses, de détournements de l’Histoire destinés à faire du beurre sur tout et n’importe quoi. On s’est cogné un bel éventail de postures puériles d’enfant gâté entre la fameuse « poignée de main historique » (à vous faire oublier Montoire !!!) avec le balai à frange, la réception tonitruante de Dracula à Versailles et les diverses mises en scène du « chef de guerre » sur tous les fronts, à toutes les sauces. « Coeur Vaillant hélitreuillé sur le Terrible », « Coeur Vaillant pilote de chasse », « Coeur Vaillant contre la Bête Immonde »…

Sans compter « Jupiter, sa femme habillée par Hermès », « Comment coucher avec ses élèves, en une seule leçon » etc.

On s’est un peu farci le coup d’état à peine subtil de sa propre élection (où il s’en fallut de peu qu’il ne fût adoubé par lui-même). Puis le hold-up de l’élection suivante, celle de l’armée d’ahuris incultes censés composer un Parlement digne de ce nom… mais finalement désignés pour cocoriquer « ouichef, bienchef, mais oùcéquonvote dans la bonne case ? ».

On se fade poliment depuis 2 mois une gentille petite panoplie de provocations assez croquignolette qui justifierait peut-être un Maidan local, un Venezuela du terroir, un printemps « spontané » ou une révolution fleurie… si seulement on était du bon (ou du mauvais, ça dépend pour qui) côté du manche.

Fort heureusement, tout ça n’a été possible QUE parce que ce type est tout neuf, tout vierge, tout innocent !

S’il avait déjà eu des « responsabilités », s’il avait tenu des propos sursautifiants sur les ouvrières illettrées, sur la meilleure façon de se payer un costard ou s’il avait pris des initiatives imbéciles pour « libérer » le secteur du transport, il n’aurait jamais été élu.

Donner sa confiance à un type qui nous explique qu’on s’est trop goinfrés et que l’heure est venue de faire pénitence pour regagner la confiance de l’Allemagne, c’est de la science-fiction.

C’est un peu comme dire « Vichy, c’est la France » en oubliant son corollaire : « l’Europe, c’est Berlin ».

Non. Le seul moment où, peut-être, il a daigné se faire rare (du moins en parole), c’est éventuellement le 14 juillet.

Mais même là, il a jugé nécessaire de donner une interview pour annoncer – précisément – qu’il se tairait puisque nous étions trop cons pour suivre sa pensée complexe.

Que le Roi soit nu, c’était une évidence. C’est d’ailleurs un peu pour ça qu’il a été coopté.

Mais du côté de la Cour, on commence à observer de drôles de contorsions pour masquer la nudité de l’enfant prodige derrière les petits fours, les écharpes rouges, le strass et la gomina.

C’est que la Cour, elle veut bien se goinfrer tant qu’il en reste mais quand viendra vraiment l’heure de couper les têtes, il faudra fissa tourner casaque, virer « populiste » sans que ça se voie trop.

Ce n’est pas sa « soudaine » impopularité qu’il faudrait analyser mais plutôt sa fugace « popularité ».

Quand on se décidera à compter les dépités de la Nation, on aura peut-être une piste. La même qu’à chaque fois, d’ailleurs.

Et on se rappellera peut-être quelques trucs, du coup. Au lieu de les commémorer pieusement et mécaniquement, pour mieux les stériliser.

Mais patience…

Nous n’en sommes qu’au stade où on se dit « mais comment diable est-ce possible ? ».

Ensuite viendra « comment s’en sortir ? », puis « comment avons-nous pu nous mettre dans ce pétrin ? », suivi de « oh mais de toute façon, moi, je n’y ai jamais vraiment cru, à leur truc », jusqu’à « c’était il y a longtemps, ils étaient rustres, primitifs et crédules ».

A la fin, on reviendra à peu près au début.

« Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, cellezéceux, toutezétous, ce désastre est bien la preuve qu’il faut faire l’Europe ».

– Ah bon ? Mais justement, c’est pas ce qu’on faisait ?

– Si mais c’était pas la bonne. Là, on a pigé le truc.

– Chouette ! Alors on va pouvoir voter sans se faire %#@§£$er dans l’Union ?

– Ah, s’il vous plaît je vous en prie, respectez les mémoires des disparus, cessez de faire le lit du ventre fécond des soeurs Zombre du populisme !

– Oups, pardon, excusez-moi je suis confus, je ne voulais pas, je ferai attention, désormais, je vous le jure. »

Mathieu Morel

7 Commentaires

  1. Nous nous sommes donné un roi…

    50% d’abstention, 30% en faveur des candidats d’En Marche, ça ne fait que 15% des Français : on cherche ainsi à minimiser le vote pro-Macron. Et si on avait tort ? Et si on devait au contraire, pour rendre compte de la réalité, le maximiser ? Le corps électoral connaît le mode de scrutin, vote en conséquence, sait ce qu’il fait, y compris sa part abstentionniste. Manifestement il a choisi d’envoyer à l’Assemblée Nationale, en toute connaissance de cause, ce qui s’apparentera à une quasi-unanimité pro-Macron. Et il l’attendra au tournant, son jeune et fringant monarque républicain.
    On a beaucoup parlé mais fort peu véritablement débattu au cours de ces longs mois électoraux que nous venons de vivre : un homme a été choisi. Sur sa bonne mine. Sur sa jeunesse et son parcours. Sur ses appuis et son entourage. Sur sa méthode. Sur sa séduisante parole. Pas sur son idéologie, ni sur son programme. Il a été choisi et les (presque) pleins pouvoirs vont lui être donnés. Les hommes sont ainsi, depuis que le monde est monde, ils se mettent en groupe et se dotent d’un roi. Dont ils font leur victime lorsque les choses tournent mal et qu’il faut un coupable.
    Cette longue séquence électorale en cours d’achèvement a une apparence, celle d’une succession d’élections conformes aux lois en vigueur, et elle a une réalité, celle d’un mouvement de foule guidé par un impérieux sentiment de nécessité.
    Quel incroyable retournement ! Les institutions, faites pour substituer la raison à la nécessité, ont servi, contre toute raison, au retour de la nécessité.
    Faut-il s’étonner d’une si incroyable régression ?
    Quand on fait tant et tant de lois, c’est qu’on ne croit plus en la loi. Quand on fait tant et tant de révisions constitutionnelles, c’est qu’on ne croit plus en la constitution.
    Quand on ne croit plus ni en la loi ni en la constitution, on retombe dans la pensée magique.
    Nous nous sommes donné un roi. Sacré, il sera sacrifié le moment venu.

  2. En fin d’article, faites-vous allusion au symbole de la patrie « accouplé » avec la livre et le dollar européen dans l’Union? Ai-je bien lu ? Merci.

  3. J’ai glané ceci parmi mes lectures du jour, Eric Dupin écrit : »Le sacre du suffrage universel célèbre un candidat qui a réussi à communier avec l’humeur du pays. Dès lors que le charme vient à se rompre, la rancœur populaire s’installe et s’enracine. » Avec l’humeur du pays, exactement ! Mais voilà, l’humeur c’est changeant, çà va, çà vient !

  4. « fugace popularité »? même pas…La peur construite en face, empêcher une alternative à tout prix, les « castors » ont fait « barrage », les insoumis avec leur avenir en commun au moins étaient une espérance qui reste d’ailleurs. Je me dis depuis le début de cette affaire que même ceux qui l’ont choisi pour être leur scribe ne savent pas vraiment qui est ce type, pour moi un tordu, un vrai. Problème il est maintenant le président de cette cinquième république…

  5. Je ne vois pas ce qui peut l’empêcher de terminer ses 5 ans. Et il compte sur notre étonnante faculté d’oubli pour rempiler en 2022

  6. A propos de ce billet qui n’est pas de Mr Castelnau. et je le regrette.
    Je suis assez d’accord sur le fond de cet article en tant que passionné d’histoire.
    Mais sur sur la forme je le trouve mal rédigé ( je passe sur l’orthographe du mot Etat  » à coup d’Etat » qui s’exprime avec une majuscule) . Je n’imagine pas un seul instant que Mazarin , Talleyrand ou encore le Prince de Metternich s’exprimer de la sorte.

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