Staline, le bouc émissaire coupable

grand timonier

Le magazine Causeur publie un dossier sur Staline dans son numéro de novembre. À l’occasion du documentaire France 2 « Apocalypse Staline ».

Celui ci, annoncé à grand son de trompe par tous les médias débute la série des trois films consacrés à Joseph Staline.

L’utilisation d’images inédites (90 % !) et de la colorisation leur donne une ampleur rare.

Mathieu Kassovitz au commentaire, l’on pouvait espérer mieux.

J’ai une autre réserve concernant l’utilisation d’un seul angle, celui de la monstruosité de Staline reprenant celle de Lénine et de Trotski. Cette vulgate est en partie fondée, mais elle ne rend pas complètement compte des origines et des causes de la tragédie. Cette diffusion est combinée avec la sortie des trois volumes d’un « ouvrage » du faux historien Thierry Wolton (à ne pas confondre avec Dominique) de 3500 pages sur le « communisme ». Le personnage qui avait accusé Jean Moulin d’être un agent du NKVD (!) opère comme d’habitude pas amalgames, approximations et mensonges. Le problème est que cela va réanimer les apostats hystériques, vrais staliniens hier, vrais néocons aujourd’hui. Les Stéphane Courtois, André Sénik ou André Glucksmann qui s’ils ont changé de trottoir marchent toujours du même pas. Aucun débat n’intéressant n’est possible avec ces gens-là. Mais ce sont malheureusement eux que l’on va voir sur les tribunes. Et pas des gens comme Nicolas Werth par exemple dont le travail d’élucidation du mystère Staline est un des meilleurs.

J’ai rédigé un article pour le magazine causeur dont on trouvera ci-dessous le fac-similé.

Il ne faut pas se faire d’illusion, ce n’est pas un coming out anti-stalinien. J’ai toujours pensé ça du petit père des peuples. Et je suis toujours perplexe sur les causes de la tragédie.

Rejoignant Slavoj Zizek quand il pose la question « comment être communiste après Staline ? » Et quand il reproche à BHL et ses pareils de « ne pas être assez anticommuniste » parce qu’ils n’expliquent réellement rien.

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Régis de Castelnau

1 Commentaire

  1. Le hasard m’a conduit ici. Cherchant un titre relatif à la Russie sous Staline, j’ai été intrigué par le nom du blogue, puis j’ai constaté que vous en étiez le concepteur. Je passe sur les différences, d’ailleurs peu importantes, entre votre article paru dans Causeur et celui-ci, pour en venir à Nicolas Werth. J’aurais aimé qu’il participât, sous la forme d’un entretien, à l’ensemble « Staline », mais il n’était pas disponible. Il est en effet l’un des plus remarquables parmi les historiens qui ont consacré leurs travaux non pas seulement au Stalinisme mais à l’immense peuple des ombres, que forme ses victimes. Ce n’est sans doute pas un hasard, si Nicolas Werth a apporté tout son soutien et contribué à l’édition de l’ouvrage La Grande Terreur en URSS, 1937-1938 (dirigé par Tomasz Kizny et Dominique Roynette, éditions Noir sur Blanc, Lausanne, 2013).
    Le terme “Grande Terreur” désigne la vague de massacres (Staline et les siens sont des tueurs de masse) perpétrés entre août 1937 et novembre 1938 en URSS. Naguère encore, on appelait cela les grandes purges, et l’on considérait que leurs principales victimes étaient des bolcheviques jugés « encombrants » ; au vrai, elles venaient de tous les horizons.
    En publiant les portrait pris par les bourreaux, très peu de temps après l’arrestation des condamnés, les auteurs ne font pas seulement œuvre d’historien, mais encore de mémorialiste. Ils rendent à chacune des victimes le visage qu’elle avait, souvent figé dans une sorte d’ahurissement, avant de disparaître. Ces portraits avaient un but pratique : fixer les traits du condamné, s’épargner ainsi le risque d’une confusion à l’instant de l’exécution. Les photographies furent ensuite versées aux archives les plus secrètes du NKVD.
    Nicolas Werth, dans sa contribution, estime à 750 000 le nombre de personnes exécutées pendant cette période. On comprend mieux ce qui fonde ce phénomène de grande ampleur, qui mérite l’appellation d’« ingénierie sociale ».
    C’est sans doute là que gît une partie du « mystère Staline ».
    Le film d’Isabelle Clarke et de Daniel Costelle, malgré vos réserves, est une contribution à ce grand effort. Les communistes français n’ont rien à craindre de cette mémoire qui s’accomplit (voir, à ce sujet, l’article de Jérôme, paru dans le site).

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