Macron : Ubu, 1984 et Rhinocéros en même temps.

De deux choses l’une, comme disait l’autre regretté : « soit [qui vous savez] est un con et ça m’étonnerait tout de même un peu, soit [le même] n’est pas un con et ça m’étonnerait quand même beaucoup ».

A vrai dire, enmêmetemptisme oblige et tout devant être relativisé, je suis de plus en plus tenté de dire que c’est peut-être un peu des deux à la fois.

Il y a d’abord le con « niais ». Celui qui, tel l’adolescent en ébullition hormonale, l’écrivain distingué ou le trappeur pustuleux des sorties d’écoles, manifeste sa gaieté primate au cri de « gnéééééé ». La menue différence étant qu’ici, ça n’est pas « gnééééé fifille » mais « gnééééé fotooooo, copaiiiiiin, coooooooool ». Ce con-là fait tout pour la coolitude, pour qu’on le voie arborer son sourire niais de celui qui « ne comprend rien mais n’en pense pas moins ». Il appelle à la mansuétude : il faut tout lui pardonner puisqu’il est trop con pour mesurer ce qu’il fait. C’est aussi le con de la génération « réseaux sociaux » : il poste des photos de son cul et se plaint ensuite qu’elles aient été partagées par des malveillants. Il transforme l’Elysée en lupanar disco et ses déplacements officiels en raouts sado-masochistes mais… il a « pas fé esseprès » et y a des méchants qui font rien qu’à lui dire des méchanteries.

Ce con-là, isolé, n’est en général pas trop dangereux, souvent excusable et parfois même récupérable.

Mais il y a l’autre (le double maléfique, peut-être ?). Le sale con, le con caïd, le con qui toise, le con qui braille « c’est moi l’chef et si t’es pas content, viens-y viens-y viens-y » et qui, lorsqu’on le prend au mot, court se cacher dans les toilettes de l’école après avoir ameuté ses sous-cons (souvent de la catégorie précédente, d’ailleurs) pour le protéger. A court ou moyen terme, il s’en sort plutôt pas mal : pendant que tous les autres se tapent sur la gueule à la récré, il ira le dire à la maîtresse, qui lui donnera un bon point (et plus si affinités). Ce con-ci ne se sent exister qu’en écrasant l’autre de tout son dédain – ce qui lui est d’autant plus facile que, comme on vient de le voir, lorsque « l’autre » commence à en avoir un peu marre, ce con-là a toujours une subite envie d’aller aux WC ou de montrer ses coloriages à la maîtresse. L’intendance, c’est un truc de piétaille. Ce con-là ne jubile que d’une chose : se mirer, s’exhiber et, devant son image, s’imaginer en « peuple » acclamant dévotement son chef. C’est le con « selfie » : il poste crânement des photos de l’autre face de son cul – celle avec laquelle il fait l’hélicoptère pour épater manman – pour noter les noms de ceux qui s’émerveilleront (« bieeeeeeennn ! Vous serez bon pour ̶l̶a̶ ̶m̶i̶l̶i̶c̶e̶ le maintien de l’ordre ») et de ceux qui ne s’émerveilleront pas (« pas bieeeeennnnn, avez-vous bien conscience que ce sont des gens comme vous qui font émerger des dictatures, voire le nazisme ? Tiens, d’ailleurs, par prudence, on vous défonce préventivement la tronche et si on a le temps, on tâchera de vous condamner en bonne et due forme. Comment ça « il faut un procès » ? C’est nouveau, ce truc ? Avec avocats à la défense et tout le tintouin ? Ben tiens… ça me donne justement une idée de réforme pour plus d’efficacité et moins de temps perdu).

Il n’en a certes pas l’exclusivité mais « chimiquement », il faut reconnaître que l’olibrius qui nous… « occupe » (…) en coche avec un zèle particulier d’élève modèle toutes les cases. Il y a des cons, avérés mais raisonnables, qui alternent la niaiserie et la morgue. Certains, plus élaborés, les fusionnent. A donf ! « Ze roulze, poute-you les in ze ass, ich don’t avoir rien à foutre, ich bin votre CHEF ande it ize MEINE PREÛÛÛÛÛÛÛJEEEEEEETTTTT . »

Ceux-là sont irrécupérables. Ils sont dangereux, ils osent tout (« c’est à ça qu’on les… etc ») et comptent sur notre inclination à leur trouver des excuses – oui, nous : les séditieux, les factieux, les 6févriertrentequatristes, les infâmes et sanguinaires bolcheviques, les abjects rouges-bruns, les infects fascisants – pour se barrer piteusement par le vasistas avant de revenir immaculés par la grande porte. Leur tête en papier mâché sur une pique, c’est de la « violence anti-républicaine » (pouf pouf). Tandis que leurs bottes qui écrasent la nôtre, c’est du dialogue social entre « réformistes ».

Qu’y a-t-il, pourtant, de si compliqué à comprendre dans le fait que si, à chaque fois, les gueux ont dû en arriver à des actions violentes (et attention : pour l’heure, on n’en est qu’à des « happenings » potaches, des autocollants sur des permanences, des marionnettes sur des bâtons, des guillotines en carton, des « houhou » pendant des cérémonies onanistes de voeux auxquelles personne ne croit, où tout le monde s’emmerde notoirement mais où le gratin – ou ceux qui aspirent à s’y frotter – se doit de paraître et parader), ça n’est qu’après avoir constaté amèrement que la non-violence ne résolvait jamais rien. Il n’y a que des Attali pour se lamenter sans vergogne ni pudeur que toutes nos républiques – les cinq à ce jour – sont nées sur des ruines. Mais QUI, à chaque fois, a fait le choix – et à l’encontre de la mission qui lui était confiée – de souffler sur les braises ? Qui avait le pouvoir d’éteindre l’incendie ?

Qui, dans une démocratie imparfaite, perfectible mais à peu près fonctionnelle, a les clés pour qu’on puisse résoudre collectivement des problèmes avant que la violence renverse la table ?

Qui ?

Le con suprême. Le bourgeois gentilhomme. Assez con, en outre, pour brailler que les clés sont à Bruxelles et qu’en plus, ça l’arrange. Bruxelles n’a jamais exigé qu’on tabasse ou qu’on mutile les manifestants, certes. Mais le « rêve horreupéen » mérite bien qu’on prenne quelques libertés avec les principes. « C’est le plus beau projet du XXe siècle », psalmodiait encore, vibratos compris, un porte-parole LR sur Radio-Pris ce matin. « Rassurez-nous, vous n’êtes pas pour le Frexit ? », lui demandait le journaliste – non-militant – Demorand. « Ca va pas la tête ? » lui a répondu l’autre. « Nous, on est super-européens mais pour une Europe super-chouette ». Bigre ! Ca change tout.

Dire qu’on est passés à deux doigts d’une République de Weimar super-chouette, d’Accords de Munich trop swag, d’un Armistice sympa, d’une Collaboration constructive, d’une Gestapo cool et qu’au lieu de ça, des salauds de jusqu’au-boutistes sectaires ont fait foirer toutes les chances d’infléchir le nazisme « de l’intérieur »…

Avec le genre de con polymorphe qu’on se farcit, on n’est pas près de comprendre d’où vient le problème puisque le sien, à lui et à l’adversaire opportuniste qu’il a opportunément adoubé, c’est de le faire perdurer en dépit de toute logique tout en s’assurant qu’il a désormais les mains libres pour convaincre par la menace ceux qu’il n’a pas noyés dans la confusion.

« C’est pas la dictature », fanfaronne le con qui se gausse.

Non. C’est Ubu, 1984 et Rhinocéros en même temps.

En attendant le Meilleur des mondes. « C’est pas la « dictature », non, juste un truc bien moins franc et beaucoup plus obscène.

Mathieu Morel

22 Commentaires

  1. Pourquoi s’attarder à se moquer de ce pantin ?
    Ses qualités et défauts sont de peu d’intérêt.

    Il n’est que le fruit d’un complot d’ultra-riches qui l’ont fabriqué de toutes pièces.
    Les données sont maintenant assez claires et nombreuses pour reconstituer grossièrement l’affaire, le coup d’État.

    Recherchons plutôt les moyens, les outils, les forums, tout, .. pour se débarrasser de cette élite prédatrice, dévastatrice a-démocratique.

    Ceci est un autre enjeu, utile voire indispensable pour tenter d’éviter la solution capitaliste à ses grandes crises à savoir le chaos, la guerre, les atrocités que les ultra-riches suscitent et croient s’en protéger …

    • Les crises du capitalisme mondialisé sont sponsorisées par lui-même.
      C’est contre intuitif, mais c’est la réalité.
      Son intérêt est de créer des crises et d’y apporter ses solutions, pour se rendre incontournable, indispensable, hégémonique.
      L’islamisme est une de ses crises et sa solution, c’est l’alliance judéo-chrétienne, même en République.
      On ne va pas tergiverser, l’idéologie dominante nous prépare à une troisième guerre mondiale, en nous manipulant.

      Macron fait le job, réformes facilitant le mondialisme et tuant les futures revendications de classes, sponsorisation des sujet sociétaux issus du postmodernisme et du progressisme sociétal, dont les principaux sont la destruction du patriarcat, promotion de l’homosexualité, du féminisme, de l’IVG, de la PMA et de la GPA, autant de concepts allant à l’encontre du catholicisme et de l’Islam.

      Le catholicisme étant devenu zombie selon la terminologie d’Emmanuel Todt, on comprend alors qui est vraiment la cible de cette politique sociétale progressiste, celle qui sert de bouc émissaire à une stratégie délétère et messianique.

  2. Génial.
    « En attendant le Meilleur des mondes. « C’est pas la « dictature », non, juste un truc bien moins franc et beaucoup plus obscène. »

    La photo LBD2020 est à ajouter à l’album photo qui comprend les photos de la fête de la musique à l’Elysée, et les photos aux Antilles. Photos que je retourne dans tous les sens pour essayer d’en comprendre, intellectuellement , la signification, tellement elles sont au-delà de toute interprétation.

    « pour se barrer piteusement par le vasistas avant de revenir immaculés par la grande porte. »
    Comme pendant la manif contre le projet de retraite où Macron a disparu pendant 3 semaines, sans que personne ne s’inquiète vraiment, pour réapparaitre au théâtre où il a généré une émeute.

  3. Ce type n’est pas un con. C’est un salaud! Le con c’est la majorité du peuple français, trois fois. C’est ce peuple qui l’a élu, c’est ce peuple qui lui a donné la majorité à la chambre des députés, c’est ce peuple qui l’a sauvé aux européennes. Ce salaud se moque autant du peuple qu’il éborgne que des cons qui le soutiennent.
    Oui, il sait qu’il y a un hélicoptère prêt à le retirer des mains d’une révolte, c’est celui de l’oligarchie occidentale qui le recueillera quoi qu’il arrive.
    Ceci étant, il est aidé dans son œuvre de destruction de la France par quelques autres salauds: les fidèles d’un maire de Bordeaux, les enseignants de quelques grandes écoles comme celle qui forment les politiques, beaucoup d’intellectuels occidentaux, les cupides quoi!

  4. La bonne gouvernance ne s’enseigne pas dans les banques, ni à l’Ecole de Guerre (n’est-ce pas mon General…);au moins les princes recevaient-ils des leur plus jeune âge le bagage necessaire à cet effet, ce qui n’etait pas toujours suffisant.
    Nous vivons une epoque formidable puisque, pour la premiere fois dans l’Histoire, l »arme atomique empêche les fauteurs de guerre d’avoir la certitude de survivre aux cataclysmes qu’ils declenchent.
    Pour la premiere fois l’Europe n’a pas connu de guerre sur son sol depuis plus de vingt ans…wait and see…

    • Pas de guerre « depuis plus de vingt ans » sur le sol européen; c’est bien mais en général, ceux qui sont pour l’Europe puissance, disent qu’il n’y a pas eu de guerre depuis 1945; cela fait un peu plus de 20 ans en effet! Mais vous parlez peut-être de la guerre de Yougoslavie? Mais qui l’a déclenché?

    • « Pour la premiere fois l’Europe n’a pas connu de guerre sur son sol depuis plus de vingt ans…wait and see… »

      Ce qu’il y a de formidable avec ce mantra Européophile, c’est qu’il distille l’idée que l’UE serait facteur de paix.
      C’est d’ailleurs exactement ce que pensent les US, qui développent une géopolitique belliqueuse au nom de la défense de l’Etat hébreux et de l’Human right.
      Et la République, l’OTAN, suivent cette logique Américaine en exportant les crises du capitalisme financier à l’extérieur de ses frontières.

      Le bombardement de Belgrade invalide le Mantra.
      Mais même si l’on choisi de faire l’impasse sur cet épisode peu glorieux pour l’OTAN, si la paix règne en Europe, en revanche, l’Europe n’est pas la paix.

  5. triste papier,insulter n’est pas argumenter , la construction européenne est certes perfectible mais je constate que depuis qu’elle existe , l’union européenne a épargné à l’europe la guerre , et que ce monsieur se rassure , dans la vie ,on est toujours le c..de quelqu’un ,le c .apaise la vie sociale , il permet de se croire intelligent , le c ..devrait être rembourser par la sécurité sociale …

    • Ce n’est pas l’UE qui a épargné la guerre à l’Europe mais l’armée américaine; il faudrait ouvrir vos yeux, c’est même une évidence puisque les plus ardents défenseurs de l’UE demandent la protection des USA, ils ne demandent même pas une défense européenne!
      Sauf que il ya eu une guerre en Europe il y a une vingtaine d’année (je le dis un peu plus haut) et tout le monde a oublié qui l’a provoqué! En fait, pourquoi l’UE ne l’a-t-elle pas empêché?

  6. Preuve que l’analyse politique peut être pertinente profonde inquiétante et drôle. Ce con, une baudruche de fête foraine dont on a par mégarde lâché la ficelle.

  7. Vraiment n’importe quoi… La République de Weimar et la Gestapo à la rescousse de la lutte anti-Macron, c’est vraiment d’un ridicule achevé.

    Quant au refrain classique « ça n’est qu’après avoir constaté amèrement que la non-violence ne résolvait jamais rien » pour appeler au « Grand Soir », toute l’Histoire prouve le contraire.

    Le vrai échec de Macron (qui est déjà out depuis longtemps pour qui regarde) sera d’avoir ramené l’ancien monde au pouvoir alors qu’il avait toutes les clés pour faire bouger les choses. Peut-être parce qu’il ne savait pas pour quoi faire ?…

    Plus que 2 ans avant de se reprendre Bertrand, Baroin ou Larcher ! (et toute la « Vraie gauche » votera pour eux pour virer Macron puisqu’ils n’ont plus d’autre programme !)

  8. Il y avait autrefois un grand spécialiste des cons : c’était le dialoguiste Michel Audiard.

    Dans « les Tontons Flingueurs », il fait dire à Lino Ventura : « les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait ».

    Dans « le Cave se rebiffe », Jean Gabin fait de la fausse monnaie, il voit Françoise Rosay pour avoir du papier.
    Puis, il dit :
    « Je t’enverrai quelqu’un.
    – Comment je le reconnaitrai, dit F. Rosay.
    – Il a des bacchantes et l’air con.
    – Oui, mais les cons, ça court les rues.
    – Celui-là, tu ne peux pas te tromper. Si la connerie se mesurait, il en serait le mètre-étalon, il serait au pavillon de Sèvres. »

    Dans la séquence suivante de ce dernier film, le « con » porte une ramette de papier et dit à Françoise Rosay :
    « C’est curieux, vous m’avez reconnu tout de suite
    – On m’a fait un portrait de vous très ressemblant » répond Françoise R.
    Et on entend en voix off Jean Gabin disant : « Si la connerie se mesurait, il en serait le mètre-étalon ».

  9. Merci Maître, comme d’habitude cette présentation topique de l’élite suprême est savoureuse. merci Monsieur MOREL: démonstration saillante de cette caricature de président fantoche. Nous crûmes; sans avoir voté pour lui, que son épouse le conseillerai efficacement mais il continue à se vautrer dans l’ineptie, le vulgaire. Que sera notre France si nous le gardons encore 2 ans

  10. Merci Maître, comme d’habitude cette présentation topique de l’élite suprême est savoureuse. Merci Monsieur MOREL: démonstration saillante de cette caricature de président fantoche. Nous crûmes; sans avoir voté pour lui, que son épouse le conseillerai efficacement mais il continue à se vautrer dans l’ineptie, le vulgaire. Que sera notre France si nous le gardons encore 2 ans?

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