Centenaire du congrès de Tours : le communisme passion du XXe siècle

Le centième anniversaire du congrès de Tours qui vit la création, non du Parti Communiste Français, mais celle de la Section Française de l’Internationale Communiste (SFIC), est l’occasion d’un petit festival de jeu de rôle, certes discret faute d’enjeu politique important. Le groupuscule qui se fait encore appeler PCF poursuit, comme d’habitude, sa captation d’héritage sous bénéfice d’inventaire. C’est-à-dire qu’il opère un tri historique soigneux pour récupérer la part positive (et si possible le patrimoine restant) de l’histoire du Parti en mettant de côté la part sombre. C’est sans intérêt. On retrouve aussi toutes les figures (survivantes) qui furent les pires des staliniens, et qui, comme Stéphane Courtois ou André Senik, leur foi abjurée ont passé le reste de leur existence à en rajouter pour tenter d’expier leurs fautes. C’est également sans grand intérêt. Il y a aussi le vieil anticommunisme de ceux qui sont toujours terrorisés par un possible retour des partageux, et dont on a vu à l’occasion du mouvement des gilets jaunes que leur haine du peuple était absolument intacte.

L’engagement communiste fut la grande passion du XXe siècle pour le meilleur et hélas pour le pire. On oublie toujours que les formes de cette tragédie furent aussi le fruit de la formidable brutalité de l’accouchement de la révolution industrielle au XIXe siècle. Brutalisation sans précédent dont l’acmé fut la première guerre mondiale dont la seconde n’était que la suite mécanique. Il ne faut pas oublier non plus que le mouvement ouvrier qui avait fait sien l’engagement communiste dû arracher un à un, et parfois, sinon souvent, au prix du sang, tous les progrès dont nous profitons aujourd’hui. Rien ne fut cédé, il fallut tout conquérir, en sachant que le destin de toutes les conquêtes était d’être encore et toujours remises en cause.

Julian Mischi dans un livre indispensable vient de raconter ce que fut : « LE PARTI DES COMMUNISTES. Histoire du Parti communiste français de 1920 à nos jours ».

Indispensable car il éclaire ce que fut l’engagement communiste dans notre pays. Et les raisons pour lesquelles celui-ci a connu une organisation spécifiquement française. Qui a vu le PCF être français parfois jusqu’à la caricature tout en étant comme d’habitude la fille aînée de l’église, mais d’une église Moscoutaire cette fois.

Mischi démontre tout d’abord que l’adhésion à l’internationale communiste mise en place par les bolchevicks après leur victoire en Russie, ne fut pas d’abord le fruit d’une volonté d’alignement sur des communistes russes, mais beaucoup plus d’affirmer une rupture avec la SFIO de l’Union sacrée considérée comme complice du grand massacre. Tout ceux qui furent à l’origine de cette adhésion avaient quasiment disparu à la fin des années 20. Purgés ou partis, ils laissèrent la place au début des années 30 à une génération de jeunes hommes d’origine ouvrière qui restèrent aux manettes jusqu’au début des années 70. Et ce sont eux qui furent chargés d’inscrire cette organisation dans la réalité française. En en faisant l’outil de l’intégration de la classe ouvrière à la Nation française. C’est ainsi que l’on voyait cohabiter une fidélité sans faille à Moscou avec un patriotisme jaloux, et l’ambition, dès 1934 d’être le Parti de « l’union du peuple de France ». Fort normalement, cet attachement Moscoutaire fut utilisé par ses adversaires pour le disqualifier. Pour autant, il fut le premier parti de France que ce soit en termes d’électeurs ou de militants. Et eut l’immense mérite d’imposer la présence des couches populaires dans la vie politique de notre pays. Ce sont les communistes qui firent rentrer au Parlement les femmes pour la première fois, ce sont les communistes qui envoyèrent massivement des ouvriers dans la représentation nationale. Ce sont des communistes qui formèrent une élite ouvrière présente dans la vie de la nation et dont on peut mesurer aujourd’hui les tristes conséquences de la disparition.

Il est assez intéressant de constater à la lecture de l’ouvrage de Julian Mischi, que dès lors que la génération de la fin des années 20 dû passer la main, la suivante tenta rapidement d’imposer, oseront nous dire, et comme d’habitude, une forme de gallicanisme politique. Où avec « la voie française » vers l’émancipation, on allait voir ce qu’on allait voir. Avec la Révolution de 1789, la France avait envoyé un message au monde en définissant qui était le nouveau souverain. Avec une transformation démocratique majoritaire impulsée par les communistes, on allait expliquer aux uns et aux autres comment il fallait faire pour passer au socialisme.

On n’a rien vu du tout. L’Histoire qui sait être une mégère, a rendu son verdict et celui-ci dispose aujourd’hui de l’autorité de la chose jugée. Mais concernant la France, où certes le PCF fut peu au pouvoir, sa présence assura à la classe ouvrière et aux couches populaires une place et une expression politiques qui doivent être considérées comme quelque chose de précieux. Et en tout cas, au regard des multiples trahisons de la social-démocratie depuis la fin de l’année 1920 jusqu’à nos jours, il n’y a pas à avoir honte du choix qui fut fait à Tours il y a maintenant 100 ans.

Pas plus que de celui de ceux qui ont fait leur cet engagement. Qui restent avec la nostalgie du partage, avec des gens souvent formidables, d’un idéal dans l’action (le mot « espérance » est déjà pris…), accompagné du regret que le combat pour l’émancipation humaine n’ait pas marché.

Retour sur le livre de Julian Mischi.

Régis de Castelnau

40 Commentaires

  1. L’historienne Annie Lacroix-Riz a montré avec de nombreux documents officiels à l’appui, l’acharnement avec lequel notre Bourgeoisie et son Pouvoir politique s’est attaqué au seul parti qui contestait, son système de domination, dissimulant plus ou moins bien la confiscation de la plus grande part de la « plus-value » au détriment de sa création par la Classe ouvrière et du travail des autres salariés permettant de « réaliser » sur le marché, le produit ainsi créé en valeur monétaire.
    Ainsi, entre deux crises, il y eut des tentatives afin de dévoyer, voire de corrompre certains ouvriers et dirigeants d’organisations afin d’affaiblir cette « contestation », voire l’éteindre, au point où ont été nombreux les salariés à croire que le Capitalisme était compatible avec leur bien-être et celui de leurs enfants…
    Nous sommes allons aujourd’hui au devant d’un choix de société où va se poser la fameuse question: « Socialisme ou barbarie », la barbarie n’a jamais disparu et va en s’accroissant, le Socialisme n’a existé qu’avec les premières applications avec des ministres communistes du programme du CNR , systématiquement attaquées voire détruites avec le concours actif des usurpateurs PS-Mitterrandien de ce joli mot « socialiste » , avec un parti communiste impuissant trop conciliant durant toute la période « Union de la gauche », encore plus durant « la gauche plurielle » un parti à qui on reproche en priorité tous ces reculs…
    Merci pour cet article que l’on aimerait retrouver dans la presse du PCF, mais voilà, elle semble être entre les mains de certains qui ne rêvent que de faire un « congrès de Tours » à l’envers.

  2. Et pourtant, de brigadistes à résistants ce parti de l’idéal progressiste au service du peuple a
    engendré les plus grandes avancées sociales de tous les temps, Sécurité Sociale, Congés payés,
    éducation, services publics, conditions de travail, retraites…tous ces acquis chèrement obtenus issus du CNR et du Front populaire et sur lesquels les gouvernements de droite n’ont eu de cesse de revenir depuis plus de 50 ans, rêvant de les détruire pour soumettre le peuple français (et du monde) à la financiarisation de tout évènement humain. On ne peut que penser à ces êtres courageux dont le seul but était le bien vivre des peuples dans la paix, la liberté, la fraternité, la solidarité, l’égalité. Ambroise Croizat, et sujet d’actualité avec EDF, Marcel Pol…Tous ceux qui ont combattu contre le fascisme et sont, ou non, revenus, contre le racisme, l’antisémitisme et la pauvreté. Les lendemains qui chantent n’ont pas fait long feu face à l’ennemi de qui vous savez, la finance qui a pris le pouvoir sur et dans l’Etat. Celui -ci trahi (pantouflage, corruption, privilèges, rétropantouflage) par ses Hauts fonctionnaires, qu’il a lui même formés avec devoir de le servir loyalement. Lorsqu’on observe le « nouveau monde » d’aujourd’hui, vendu avec Macron, par les médias « endemol » et la régression qu’il génère, on ne peut qu’être découragé et nostalgique de tous ces espoirs anéantis. Mais le temps se chargera de donner une réponse à ce chaos provoqué et déjà une majorité silencieuse commence à ouvrir les yeux, à comprendre que la terre ne peut supporter toutes ces agressions au nom du seul profit. Les profiteurs eux-mêmes tout à leur voracité sont incapables d’anticiper et de voir qu’ils courent à leur autodestruction. Heureusement, nombre de jeunes se réveillent et c’est en eux, premiers concernés qu’il faut croire. Apprenons leur le passé, l’ Histoire du monde et de l’humain pour qu’aujourd’hui ils puissent préparer leur avenir. Faisons leur confiance.

  3. Il est essentiel de rappeler que les progrès réels dont l’apparition et l’action du Parti communiste en France permit, en se conjuguant avec d’autres forces politiques (le Front populaire en 1936, la Gouvernement provisoire de la République française de 1944 à 1947 et l’Union de la Gauche de 1981 à 1984), l’inscription au patrimoine national des droits fondamentaux, furent arrachés par la vigilance sociale, sous la forme de grèves, de manifestations, de présence dans les entreprises et leurs instances représentatives, mais ne purent être mis en oeuvre que par l’oeuvre législatrice et donc une expertise des lois, de leur rigueur logique et d’un volontarisme appuyé sur une connaissance précise de l’équilibre entre les moyens permettant de réaliser l’idée de la redistribution et les besoins, précisément appréciés, auxquels elle pouvait répondre. Le cadre institutionnel est indispensable pour que l’action ne s’ensable pas, et pour que le discours ne tourne pas à une surenchère conceptuelle qui peut produire de forts vivifiants éclairages critiques mais ne saurait à lui seul pallier les besoins matériels, moraux et intellectuels que l’action pour la solidarité et l’émancipation humaine affirme comme impératif à la collectivité, dans les voies du droit.

  4. le Communisme, ce sont des millions de morts, les goulags, les épurations les destructions, les camps . On publie trop vite ces horreurs. Le communisme et le nazisme auront eté les pires fléaux du 20 eme siècle, ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’ils se sont allés a un époque.

    • Hélas oui, avant, ou en même temps comme dirait Macron, et De Castelnau le souligne très bien, il faut aussi (essayer) de comptabiliser les millions, que dis-je, les dizaines pour ne pas dire les centaines de millions de mort dus à ce fléau qu’il s’appelait, mais certains en ont encore la nostalgie, le communisme!

    • comment ne pas évoquer les millions de morts causés par ce simple mot de « communisme », comme des chiens de Pavlov que vous êtes…

      je ne dirai que ceci : le Kapitalisme (le « K », c’est pour faire allemand) est responsable de millions de morts aux 18ème et 19ème siècle (esclavage, colonisation…)

      seulement voilà, ses victimes ont la peau noire…et pour certains, ça compte moins, voire pas du tout. A lire « Last victorian holocaust » (pdf libre) – nos amis les anglais qui affamaient les indiens (en cause le paiement de l’impôt « dû », en nature).

      Personne n’Oublie (et oui, sur les azerti, le p est à côté du o) les horreurs des camps ni le génocide khmer, ça fait partie de la mémoire collective (..oups) mais celle des plantations de coton, café, cannes à sucre, cacao aussi…

      ‘faut pas non plus oublier les enfants dans les mines de charbon du nord (sud de la Belgique), hein ?

      Geof’Rey, neo-communiste gaulois belge

    • @ Patrice.

      Concernant le pacte germano-soviétique, voici ce que j’ai écrit sur ce blog le 7 juin 2019 :
      https://www.vududroit.com/2019/06/commemoration-du-jour-j-la-fin-de-lhistoire/#comment-5977

      Notons sur le fait qu’après le 22 juin 1941, c’est l’URSS qui porta le poids le plus énorme de la Guerre, c’est aussi ce que dit Eric Zemmour.

      Sur le blog de ce dernier, j’ai d’ailleurs écrit plusieurs commentaires sur ce pacte, sur Staline, mais aussi sur Georges Marchais.

      Sur ce dernier point.
      Bien qu’ayant été membre du PCF pendant 32 ans (famille de communistes espagnols ayant quitté l’Espagne en février 1939), je sais qu’il y a beaucoup de critiques à émettre contre ce parti.
      Toutefois, il faut reconnaitre que Georges Marchais, en 1980-1981, avait un programme souverainiste.
      Il était pour « produire français » (1). Il estimait que l’insécurité touche surtout les classes populaires et qu’il fallait la combattre. Il constatait que nombre de communes populaires (souvent avec des maires PCF) allaient être submergées par des vagues migratoires et donc qu’il fallait arrêter l’immigration. Il s’inquiétait de la montée de l’islamisme en Afghanistan et ailleurs.

      Eric Zemmour qui est globalement anti-communiste manifeste souvent de la sympathie pour ce que disait G. Marchais dans ces années-là.

      (1) Si on avait suivi cette partie du programme, on ne ferait pas fabriquer nos médicaments en Orient. Et notre système de santé aurait pu combattre plus efficacement l’épidémie, sans passer par ces confinements généralisés qui n’ont JAMAIS existé avant (même au Moyen-Age).

  5. Patrice, s’il vous plaît : dans la première phrase de votre commentaire, pouvez-vous changer le temps employé ? Et substituer « ce furent », à « ce sont » ? Cela ne ferait qu’ajouter crédit à votre commentaire. Mais quant à l’avenir, entendez-vous écrire « ce seront » ?

  6. Fallait bien bouffer au départ, piéger avec les gosses , l’alcool, la crasse ,par la suite ils se sont installé les syndicats patronal , les esclavagistes reconvertis dans d’autres business (style, les boites à vendre , comme de Kiabi et la boite à chaussure .
    Pour en revenir dans mon texte qui précède ( les esclavagistes reconvertis) les armes et le marchandage qui donna ( pas la donna) naissance à la péninsule d’Israël
    Une zap sur une salope
    https://www.youtube.com/watch?v=DgHcXFNtOew

    De la merde

    Le PCF; à non pas l’humanité !!! s’est comme le resto du coeur

    Charles Heyd
    (oups, un « bon communiste … ) est un bon musulman
    Vous ne l’aviez pas vu

  7. Moi aussi j’ai envie d’écrire des articles pour observer mon cul
    Je me suis vu comme du fils castor et Pollux , fils de castex dans dimanche France magazine bolchevik
    Certes par humanité au vu de l’image , je serai éliminé dans la cage des aliénés du moins épinglé

    Voir l’objet de femme de l’abbé « pierre » qu’il à caché juste pour vider sa bite et se la réinventer tout en remplissant un coffre  » calcaire »
    J’insiste sur calcaire
    Dans la suite
    Comme d’avec Rodin et pauvre Camille Claudel , elle à vécu le stalinisme à ciel ouvert
    Hors voyez vous

  8. Il faudrait être respectueux du monde à l’envers
    Nos morts
    On nous vendra l’euthanasie et la loi en becté de salade comme service compris
    De selon de mon avis la vie sur terre est exponentiel
    Et le vaccin est un langage obligé et se réduire
    Comme au casino
    Malheureusement il fera de plus en plus froid pour naviguer dans l’espace

  9. Ce que nous avons réalisé de nous même
    Deviendra de plus en plus en plus et en plus archaïque dans le détachement , sans âmes
    L’âme est le billet de vie
    Rien à voir avec la marée chaussé
    S’est comme ça depuis la nuit des temps

  10. Certes s’est pas riugolots
    S’est comme çà
    Le charpentier
    Le sephiroth
    Qui lustucrus que tel avis capital de la plus petite bite de l’espèce humaine moiteuse comme criminel de vivre dans l’abstrait , de ce qu’on nous vend comme parole de dieu donné

    Le camphrier ou arbre à camphre (Cinnamomum camphora (L.) J. Presl, 1825) est une espèce d’arbres de la famille du laurier (Lauraceae) dont on extrait le camphre par distillation de son bois, dit « bois de Ho »

    Ou la la

  11. L’intérêt de la France
    Quel imposture

    Napoléon l’avais vu , il naviguait dans l’histoire
    Rien a voir avec grosses têtes de ruquier

  12. Au nom de mon grand-père et mon père, ouvriers, résistants, communistes : MERCI !

  13. comme l’avait dit Michel Vovelle à propos de la Révolution Française : « pour la comprendre il faut l’aimer » ! c’est ce qui vous manque !
    votre mentor onfray (que les intimes -normands- que je connais appellent onfrayant) a dit lui que : « Marx avait confisqué le matérialisme » ! waouh il est fort ce Marx !

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