Taubira, ministre fantôme ?

4381702_3_0ed7_christiane-taubira-montre-le-courrier-par_c602fc4e80ed11a66dcda2a58b017e62

Le cas Christiane Taubira reste un sujet de perplexité pour ceux qui ont eu l’occasion de la croiser avant et connaissent un peu les choses de la justice. Voilà quelqu’un dont la carrière politique n’avait pas particulièrement appelé l’attention et dont le positionnement la situait quand même très vaguement à gauche. Sa nomination casting, femme et noire, à un poste particulièrement difficile, avait suscité une certaine surprise. Après l’échec de Rachida Dati, sa cousine en représentante de la diversité, il y avait quand même un risque. Il faut savoir que si elle n’est pas dénuée de caractère et de talent, Christiane Taubira n’est absolument pas intéressée par le ministère qu’elle occupe. Elle l’a laissé prendre en main par des représentants de la petite secte du « mur des cons ». L’essentiel de son occupation consistant à user ses six directeurs de cabinet successifs, et à sculpter sa statue. Par de multiples provocations, elle a fourni à l’opposition une tête de turc en or. Situation dont elle profite pour se faire passer pour une icône de la gauche. Et elle espère bien pouvoir en profiter par la suite.

Cela étant, cette désinvolture et son désintérêt pour sa charge peuvent avoir des conséquences terriblement gênantes. Après la tragédie de janvier, on pouvait espérer et le gouvernement s’y était engagé, une prise en compte plus sérieuse de la question terroriste et de la manière de la traiter. Le rôle de l’appareil judiciaire était central. Tout le travail de prévention et de répression devait se faire sous sa conduite. La catastrophe du 13 novembre est aussi, qu’on le veuille ou non, l’échec de la justice et de celle qui la conduit. Restée, on le comprend, muette pendant près d’une semaine. Aucune contorsion ne permet d’échapper à ce principe de responsabilité républicaine élémentaire. En tout cas, François Hollande en a pris acte, puisque c’est pour faire face à cette défaillance qu’il a décidé de confier directement, avec l’état d’urgence, la mission à l’administration et à la police.

Il semble qu’il y ait d’autres priorités, place Vendôme.  Alors qu’ils appelaient à l’unité nationale, François Hollande et Manuel Valls n’ont pas demandé au PDG d’Air France d’éviter de mettre à la rue les salariés  impliqués dans les incidents de Roissy, provoqués par l’annonce de 1300 licenciements. On se rappelle que Manuel Valls s’était précipité chez  Alexandre Juniac l’ancien collaborateur de Sarkozy, pour les qualifier de « voyous ». Cela n’étonnera personne, ces gens ne sont pas de gauche. Christiane Taubira prétend l’être. Chef du parquet, en ces temps « d’union sacrée », peut-être aurait-il été généreux de demander au procureur d’abandonner les poursuites pénales à leur encontre, eux qui ont déjà perdu leurs emplois sans aucune indemnité? Des syndicalistes ? Vous n’y pensez pas, bien pire que les terroristes ceux-là.

Chef du parquet toujours, il ne lui est pas venu non plus à l’idée de d’enjoindre au procureur du tribunal correctionnel d’Amiens de prendre le 24 novembre dernier, des réquisitions d’apaisement dans l’affaire Goodyear. Alors même que la société avait retiré sa plainte. Non non, quand on est de gauche comme Christiane Taubira,  il faut être impitoyable avec les syndicalistes CGT et les salariés licenciés qui osent protester quand on les met à la rue. Deux ans de prison requis dont un ferme. Petit rappel, six mois avec sursis ont été infligés le même jour pour l’émir de l’Ariège expert en endoctrinement de jeunes des cités. Et ce ne sont pas les quatorze suicides intervenus depuis le conflit parmi les salariés de Goodyear licenciés qui risquaient d’amadouer le parquet. De dangereux terroristes on vous dit.

Une ministre de la justice de gauche se doit de ne pas être laxiste.

Régis de Castelnau

Laisser un commentaire