
Pendant ma carrière, avant l’arrivée des visio-conférences, lorsque les avocats recevaient dans leur bureau sanctuaire, j’avais accroché au mur trois portraits. Ceux que j’appelais « Mes trois Charles ». Enchâssés dans leurs cadres respectifs, ils toisaient les visiteurs et envoyaient le message des parrainages à l’ombre desquels j’inscrivais ma vie intellectuelle. Il y avait Karl Marx pour la philosophie, Charles Darwin pour la science et Charles de Gaulle pour la politique.
Ayant grandi et accédé à l’âge d’homme sous la présidence de ce dernier, ayant pris connaissance en détail de sa trajectoire, je lui vouais une grande admiration. Pour son génie politique évidemment, mais aussi parce qu’il était « l’homme du 18 juin » et avait accompli cet acte hors normes en illustrant ce que Jorge Luis Borges, l’aveugle arrogant de Buenos Aires, grand pourvoyeur de citations, disait du destin. « Aussi long et compliqué soit-il, le destin d’un homme se résume finalement au jour où il sait définitivement qui il est ». À 49 ans, en ce jour de juin 1940 le général de brigade, sous-secrétaire d’État à la guerre, seul et démuni de tout, sut qu’il devait devenir de Gaulle. Et donna aux propos de Borges son illustration la plus parfaite.
Aujourd’hui en France, tout le monde se dit gaulliste et c’est à peu près n’importe quoi. Les Présidents de la république qui ont émargé au budget des « Young leaders » américains » sont évidemment gaullistes. Comme François Hollande se précipitant sur ordre de Lionel Jospin à l’ambassade des États-Unis en 2003 pour y condamner la seule décision gaulliste prise par Jacques Chirac refusant l’agression américaine de l’Irak. Nicolas Sarkozy faisant réintégrer le commandement de l’OTAN à la France était lui aussi un sacré gaulliste. Plus récemment ceux qui, rampant devant les USA, rêvent de partir en guerre, contre la Russie et veulent donner notre dissuasion nucléaire aux Allemands et aux Polonais, ont bien sûr le gaullisme chevillé au corps. Tout comme ceux qui acclament le massacre génocidaire perpétré par Israël en Palestine depuis le 7 octobre 2023. Le problème est que la France est aujourd’hui probablement le pays le moins gaulliste du monde. Alors histoire de se faire du mal, en se rappelant un temps où la vie politique n’était pas le désespérant spectacle qu’en donne aujourd’hui le macronisme, nous allons tenter de raconter l’histoire de ce qui fut peut-être un rendez-vous manqué.
Des gaullistes, aujourd’hui?…De Gaulle –qui n’était pas vraiment un bolchévik radical– avait accepté l’essentiel du programme du CNR (qui a osé le réclamer depuis?) et avait affirmé sans détour : « la politique de la France ne se décide pas à la Corbeille » (de la Bourse). Vous avez dit « gaullistes »?…
Méc-créant.
(Blog: « Immondialisation: peuples en solde! »)
Marx aurait dit: « Je ne suis pas marxiste ».
Selon Peyrefitte de Gaulle aurait dit: « Je ne suis pas gaulliste ».
Donc la messe est dite.
Amen.
Sur ce blog, le 10 octobre 2018, j’avais écrit un commentaire dans lequel je me considérais comme un mélange de gaulliste et de marxiste.
Je renvoie à ce commentaire :
https://www.vududroit.com/2018/10/emmanuel-macron-bonaparte-de-gaulle/#comment-3723
Tout le monde se dit gaulliste ? Non non…
Vous avez vite fait d’amalgamer, de généraliser, ainsi dans votre dernier message sur l’Espagne, très très bon, il vous échappe ceci à propos de l’équipe génocidaire de cyclissme :
« Elle a pu tranquillement participer au Tour de France et y promener sa propagande sans que cela n’arrache une remarque aux autorités françaises, ni à l’opinion publique à part quelques drapeaux palestiniens de loin en loin le long des routes. »
Vraiment ?
Vous faites décidément peu de cas des manifestants coursés, chassés, matraqués inculpés pendant cette petite sauterie déshonorée et déshonorante…
Pour eux merci de bien vouloir nuancer…
De Gaulle a fait sa scolarité en Belgique chez les Jésuites qui avaient été exilés par la république… C’est un militaire aristocrate royaliste capitaliste catholique nationaliste identitaire libéral-conservateur (comme la plupart des grands dirigeants de ce monde multipolaire ?)… Sa dernière visite fut pour son ami le Général Franco avec lequel il avait beaucoup d’idées en commun (et il rêvait, comme Franco en Espagne, de restaurer la monarchie en France avec le Comte de Paris). De Gaulle puise aux sources de Louis XIV et de Saint Louis, les grands souverains français. Les cocos l’ont combattu et il a combattu les cocos (lire ses bouquins). Les cocos-gaullo, et il y en a, devraient se poser des questions : sont-ils réellement cocos ? C’est plutôt vers la France catholique et royale qu’ils devraient se tourner en toute cohérence. Renouer avec la politique chrétienne (Aristote, Thomas d’Aquin) qui est la véritable doctrine complète de l’Occident. Ca ne dépend pas de la foi, mais simplement du bon sens. La propriété privée s’intègre là-dedans comme un outil de la liberté et de la dignité de l’individu dans le travail ; mais ce n’est qu’un aspect parmi d’autres de la vie individuelle et sociale. Il faut cesser de tout focaliser sur l’économie. Cordialement.