
Cédric Jubillar a donc été condamné à 30 ans de réclusion criminelle. Bien qu’il ait encouru la perpétuité, l’État par l’intermédiaire de son institution judiciaire, lui a infligé une violence légitime considérable. Peut-on considérer que cette décision est satisfaisante ?
Avant de répondre à cette question, quelques petits préalables. D’abord la procédure est loin d’être terminée puisque le condamné a fait appel et bénéficie donc toujours de la présomption d’innocence. Ensuite l’auteur de ces lignes, éloigné du dossier, bien qu’il en ait suivi les différentes péripéties, n’a aucune espèce de conviction concernant la culpabilité de Cédric Jubillar. Enfin, que l’opinion publique se passionne pour un « fait divers » de cette nature qui raconte notre société, est chose normale. À condition bien sûr que cela ne bascule pas dans la clameur de meute, ce qui n’a d’ailleurs pas été le cas dans cette affaire.
Alors, après l’arrêt de la Cour d’assises qui l’a prononcé, peut-on considérer que Cédric Jubillar a bien tué sa femme et fait disparaître son corps ? De façon provocante, on va répondre que ce n’est pas le problème posé par cette première décision. La question à laquelle va devoir répondre la cour d’appel saisie sera la suivante : la procédure judiciaire a-t-elle permis dans le respect des formes d’aboutir à une « vérité judiciaire » permettant, au-delà de tout doute raisonnable, d’infliger à l’accusé les peines prévues par le Code pénal ?
La « justice pénale » n’est pas un idéal philosophique.
Avant de partir, merci de m’offrir un café.

A-t-on la preuve que D.Jubillar est morte ?
Cédric Jubillar est condamné à 30 ans quand Dino Scala a été condamné à 15 ans ; comparaison n’est pas raison, mais je me pose la question : entre CJ assassin de sa femme et DS, violeur de 50 femmes dont la vie est brisée, lequel des deux a fait le plus de mal à la société ?
Serions nous encore dans un monde phallocrate ?
Etant devenue orpheline de mère à l’âge de 20 mois et en ayant subi les conséquences tout au long de ma vie, bien que les circonstance de mon orphelinage soient moins sinistres, je pense tout les jours à ces deux enfants, privés de leur maman, n’ayant même pas accès à la vérité de cette cruelle disparition. Ayant donné lui-même, par provocation ou par inconscience, une partie des arguments pour assoir la thèse de sa culpabilité, partant de ce postulat, la peine aurait probablement été moins lourde s’il avait avoué et permis de faire la lumière sur cette horrible disparition. La tête sur le billot, n’avoue jamais. Ces deux enfants vont devoir malgré tout se construire avec ces questions sans réponses, ce vide abyssal, et la souffrance supplémentaire causée par la possibilité d’être issus de l’assassin de leur mère s’il en est l’auteur. Probablement la sévérité du jugement est dictée par la reconnaissance de la souffrance de ces deux pauvres enfants innocentes victimes. S’il sait ce qu’est devenue Delphine, par pitié, pour ses enfants, qu’il parle.
Il me semble avoir vu un acharnement de toutes les parties civiles ainsi que de la presse contre Cédric Jubillar. Elles auraient dû, me semble t-il, rechercher le coupable, le vrai, quel qu’il fût, pour obtenir justice. Non, tout ce monde avait décidé que ce serait lui et les avocats de la défense étaient
considérés comme des gêneurs.
Alors pourquoi lui ?
Ne serait-ce pas parce que c’est un représentant de ce que la classe des intellectuels bon marché honnit ? Un beauf, un pue-la-sueur, un blaireau, mari, père de famille, issu de la France périphérique ? Et qu’il s’en est pris à une femme, une femme libérée, une infirmière proche de cette classe qui aime donner le ton, justement ?
Je n’ai pas suivi cette affaire, mais, de loin, c’est le sentiment équivoque qu’il m’en est resté par la lecture de la presse… Le type correspond bien au « coupable idéal » de notre époque (on l’a même accusé d’être gay ou impuissant… et maintenant on fait témoigner contre lui ses différentes maîtresses ?)… Et tout comme M. de Castelnau, je suis un peu interloqué par la condamnation sans corps (Habeas Corpus ?). Dans un autre genre, c’est un peu comme l’affaire Sarko (quoi qu’on pense de lui par ailleurs) : on a le sentiment qu’on finit par condamner sur des supputations. Et n’y a-t-il pas de puissants moyens de police scientifique aujourd’hui pour tirer cela au clair ? … enfin bon… je veux croire que la justice sait ce qu’elle fait. Et on ne peut que plaindre évidemment la femme victime, vraisemblablement assassinée.