C’était les braves

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11 novembre : pour un véritable hommage populaire

A quelques jours du 11 novembre 2016 on peut déjà le dire : les commémorations du centenaire de la guerre de 14-18 ont raté l’essentiel. Malgré l’attachement des français au souvenir de ce cataclysme, la mémoire officielle n’a pas su mobiliser les mémoires familiales pour créer une véritable mémoire collective vivante et partagée. C’est pourquoi, nous proposons de nous emparer de cette mémoire pour rendre à tous les Français, chose que les commémorations officielles n’ont pas su faire.

J’avais déjà dit dans ces colonnes l’importance du traumatisme subi par la France et son peuple. Force est de constater que les responsables nationaux de ces commémorations n’ont pas saisi la mesure de l’événement. Les exemples ne manquent pas : du triste épisode du sprint au milieu des tombes du mémorial de Verdun, et l’idée saugrenue d’organiser le concert d’un rappeur discutable en clôture de cérémonie, et jusqu’aux justifications ridicules face au prévisible tollé, nos dirigeants politiques étaient à côté de la plaque. Comme d’habitude, les Britanniques nous ont donné une petite leçon à l’occasion du centenaire de la bataille de la Somme.

Malheureusement, malgré le scandale de Verdun, rien ne semble changer. Une série de matchs qualificatifs à la Coupe du monde de football aura lieu le 11 novembre prochain. Les Britanniques ont annoncé que leurs joueurs porteraient le fameux Poppy rouge sur leur maillot. Et la FIFA s’y oppose en considérant qu’il s’agit d’une manifestation politique ! Venant d’un organisme à la probité légendaire, on ne sera pas surpris de cette énormité. Ni de la réaction de nos amis d’outre-Manche, qui aux dernières nouvelles, se sont contenté d’asséner un bras d’honneur. Je crains malheureusement qu’il n’ait pas été question que l’équipe de France (qui joue contre la Suède le même jour) porte sur son maillot le bleuet de France.

Et les Britanniques ne sont pas seuls. Pour les États-Unis aussi, qui créèrent entre 1917 et 1918 leur future armée sur le sol français, c’est un élément fondateur. Comme les Australiens et les Néo-Zélandais, habitants de pays neufs pour lesquels la participation à cette croisade démocratique est un des éléments forts de leur identité d’aujourd’hui. Quant aux Russes, si marqués par la deuxième guerre mondiale, ils commémorent de façon grandiose leur victoire sur le nazisme au prix d’immenses sacrifices. Ils ont aussi créé ce qu’ils appellent : « le régiment immortel », qui défile le 9 mai dans toutes les villes de Russie mais aussi partout où vit une communauté russe. Chacun porte l’image, la photo, le portrait d’un ancêtre ayant participé à ce combat. Quiconque a pu observer ce spectacle atteste de l’émotion et de l’humanité qui en émanent, loin d’une manifestation va-t-en-guerre ou martiale.

Aussi, après les polémiques autour du raté des commémorations de Verdun, nous avions lancé une initiative sur Facebook visant à rassembler des souvenirs et des photographies. L’étonnant succès qu’elle a rencontré nous a incités à aller un peu plus loin : lancer une initiative permettant aux français de s’emparer de la mémoire. Le 11 novembre, que chacun sur les réseaux remplace sa photo de profil par celle d’un membre de sa famille ayant subi cette épreuve, en ajoutant un petit post d’explication. Libre à ceux qui n’ont pas d’ancêtre ayant connu le front de rendre hommage à un poilu mort pour la France Cette démarche ne vise pas à mettre en avant les Français « de souche » de leurs compatriotes « de branche ». Notre idée est au contraire de permettre à tous de s’approprier cette mémoire commune, quelles que soient leurs origines.

Il faudrait également faire comme les Britanniques et arborer ce jour-là le bleuet de France hommage non seulement aux poilus de 14/18 mais à tous ceux qui sont morts pour la France.

Il se trouvera bien sûr quelques esprits chagrins pour crier à la manifestation nationaliste et chauvine. Une fois de plus, ils ne comprendront rien. Car il ne s’agit pas de célébrer la guerre mais d’honorer nos morts à tous.

Régis de Castelnau

4 Commentaires

  1. J’aurais écrit : c’étaiENt les braves mais c’est un détail… Bravo pour cette initiative.

  2. 4 tués à la minute , çà vaut bien une minute devant le monument aux morts ! Bravo pour cette initiative .

  3. Effectivement excellente idée pédagogique que de faire des recherches sur des jeunes sacrifiés, parfois à partir d’un simple numéro de matricule sur une plaque, ou d’un vieux livret trouvé au fond d’un tiroir ou dispersé aux 4 vents pour quelques euros dans un vide greniers…

    Il y a pourtant des instituteurs et institutrices qui relèvent le défi, on n’en parle pas assez dans les médias, comme par exemple sur le chemin des Dames dans l’Aisne, où les enfants des écoles de 6 villages, dont Pontavert et Craonne, ont mené à bien un projet en retrouvant de descendants de poilus basques et une cérémonie aura lieu avec eux le 11 novembre à 09h30 au monument des Basques sur le plateau de Californie !

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