L’anticommunisme, c’était mieux avant…

Alors comme ça, Macron aurait inséré dans son vibrant hommage de Missak Manouchian, la mention de comment qu’il était pas trop gentil puisqu’il était communiste. J’ai pas suivi. On m’a envoyé le discours de Fabien Roussel en mode Bisounours 1e roi des ahuris (je ne l’ai pas lu non plus faut pas déconner), le tout sous les acclamations unanimes.

Je constate donc que plus grand monde n’est anticommuniste, à part Stéphane Courtois Raphaël Glucksmann, et Marion Maréchal. C’est vous dire le niveau. Comme ils font 2 % aux élections, insultent Vladimir Poutine, acclament Benjamin Netanyahu et acceptent docilement de servir de caution de gauche au néolibéralisme, les communistes ne font plus peur à personne et on leur fait des câlins.

Dans le temps, ce n’était pas pareil. Être coco ce n’était pas toujours facile et il arrivait qu’on en prenne plein la gueule. L’anticommunisme était souvent primaire, secondaire, tertiaire, voire carrément rabique. Mais le mouvement ouvrier était encore costaud. Le Parti élite de la classe ouvrière en assurait l’expression politique. 100 députés ouvriers à l’Assemblée nationale cela pesait son poids. Alors, on ne rechignait pas à la castagne.

Mais maintenant on peut tranquillement foutre en l’air toutes leurs conquêtes, démolir le code du travail, saccager leurs retraites, éviscérer leurs services publics, les éborgner, voire les foutre en taule quand ils manifestent, c’est sans risque. Édouard Philippe l’éborgneur en chef est invité à la fête de l’Huma, et on déroule le tapis rouge au journal, à Macron le fondé de pouvoir du grand Capital chargé de la destruction de l’État-providence. Les bourgeois sont rassurés, les partageux ne sont plus qu’un souvenir, alors à quoi bon être anticommuniste. Le compliment de Macron aux cocos, ce n’était même pas une coquetterie, juste une façon de se foutre de la gueule de Fabien Roussel.

L’anticommunisme, c’était mieux avant…

Régis de Castelnau

31 Commentaires

  1. Cela vole bas chez les ex et présents cocos! Comme dirait Zemmour c’était mieux avant, il appréciait même Georges Marchais!

    • Dans une émission « Face à l’info » (CNews, Christine Kelly) de décembre 2020, le passage sur l’Histoire (Marc Menant) portait sur le 17 décembre 1972.
      Ce jour-là, Georges Marchais devenait secrétaire général du PCF.
      Eric Zemmour qui était le principal chroniqueur de l’émission n’est pas communiste, bien au contraire.
      Mais, j’avais déjà constaté dans son livre « le suicide français » qu’il a de la sympathie pour Marchais.
      Dans ce livre, 9 pages avaient comme sous-titre : « 26 avril 1981. Georges Marchais en dernier des gaullistes ».
      Sur CNews, Zemmour avait rappelé que G. Marchais avait vu le danger de la désindustrialisation. On sait qu’un de ses slogans lors de sa candidature à la présidentielle de 1981 était : « produire français ».
      Zemmour disait aussi que G. Marchais craignait les risques qu’une immigration massive allait amener dans les cités (souvent dans des municipalités PCF). Le 7 janvier 1981, dans une lettre adressée au recteur de la mosquée de Paris, il avait écrit : « il faut arrêter l’immigration ».

    • le PCF « acclament Benjamin Netanyahu » ! vous écrivez vraiment n’importe quoi.

      • Parce que les députés « communistes » ne se sont pas levés comme un seul homme à l’Assemblée nationale pour applaudir à tout rompre l’exigence de la présidente « d’un soutien inconditionnel » à Israël dirigé par Netanyahu ? Ils n’ont pas été à la manif « contre l’antisémitisme » qui n’était qu’une opération destinée à soutenir le massacre de Gaza qui venait de commencer ? Vous n’avez pas honte ?
        J’ai été membre du Bureau de politique extérieure du vrai Parti communiste et je sais très bien ce qu’aurait été la position du Parti. Sûrement pas celle capitularde, que vous défendez.

  2. Communistes, le Parti des 75000 fusilliers selon Mauriac. Le Parti créateur de la sécurité sociale, qui le sait aujourd’hui chez les journalistes écervelés ?

    • D’abord, un point d’orthographe, ou de vocabulaire: https://fr.wikipedia.org/wiki/Fusilier
      Ensuite, les « 75000 fusillés » sont un mythe: http://www.gaullisme.fr/2020/12/02/le-pcf-et-ses-75-000-fusilles/ Vos pouvez chercher ailleurs si vos n’êtes pas d’accord.
      Enfin, la Sécu a été créée par le Gouvernement provisoire de la République française dont faisaient partie les Gaullistes. Et il y en a eu un « premier jet » sous Vichy, mais il n’a pas été conservé.

      • « les « 75000 fusillés » sont un mythe » : on peut ergoter sur les détails et ne prendre en compte que ceux fusillés « officiellement » et notés consciencieusement par l’administration nazie et collaborationniste. Mais quand on ajoute tous ceux fusillés vite fait dans la rue ou lors d’action de combat et ceux envoyés dans les camps, ça commence quand même à faire du monde..

      • quand est adopté le projet de Sécu, de Gaulle a déjà quitté le pouvoir depuis un moment.

    • Les « 75000 fusillés » est un mythe: http://www.gaullisme.fr/2020/12/02/le-pcf-et-ses-75-000-fusilles/ Si vous n’êtes pas d’accord, rien ne vous empêche de rechercher par vous-même.

      Quant à la Sécu, elle a été mise en place par le Gouvernement provisoire de la République française, auquel participaient les Gaullistes, outre les Communistes. Et il y en avait eu une ébauche sous Vichy, mais elle n’a pas été conservée.

      • « Quant à la Sécu, elle a été mise en place par… » je vous invite à voir le film de Gilles Perret, « La Sociale », vous verrez qui a proposé poussé et mis en place.

        • La tarte à la crème de la création de la sécu revient chaque année, souvent lors des discussions budgétaires. Donc la production cinématographique de propagande est certainement prolifique.

          Comme je ne retrouve pas le discours de De Gaulle sur la France d’après la Libération (discours 1942/1943) où il évoque la justice sociale, voici une mise au point sur le sujet qui redonne aux mouvements de la Résistance la paternité du sujet. Or les mouvements de la résistance, ce n’est pas le PCF. Je sais ça pique de le reconnaitre.
          https://factuel.afp.com/http%253A%252F%252Fdoc.afp.com%252F9TM2DE-1

          D’une manière générale le sujet de la justice sociale était largement partagé par les français … qui ne sont pas la propriété du PCF.

    • Un certain nombre, il s’emploient à faire disparaitre toute trace de ces institutions dangereuses pour leurs maîtres.

  3. Je n’oublierai jamais Jack Ralite, ministre de la santé en 81, qui a sorti ma mère de la dèche, avec les mesures de remboursements de certaines maladies trop onéreuses! Ça fait trop mal de voir des anticommunistes à la tête du PCF.

  4. Hé bien si Macron honore les cocos, que pense-t-il du PC chinois? Et du PC de la RPC?
    Y parait que Xi et Kim sont des dictateurs, hein?
    Quand un coco n’aime plus l’URSS ni Mao, il est redevenu sympa.
    Il ne fait plus peur. Ce n’est qu’un zombie.
    Les capitalos applaudissent…

  5. je préconnise qu’à la prochaine fête de l’huma, ils honnorent Staline pour sa victoire contre le fascisme. Vive Jo!
    Alors la, les capitalos, ils vont pas aimer du tout!
    Comme au bon vieux temps!

  6. Il est tout de même stupéfiant de voir à quel point l’ordure conquiert le monde et s’étale dans tous les forums qui veulent bien laisser une place à la liberté!
    Cette sorte de plaidoyer par l’absurde finira par porter ses effets et verra la disparition de ces intervalles! Mais c’est peut-être là le but recherché…
    Pour en revenir au sujet, certes des combats même rudes pouvaient rencontrer des oppositions tout aussi résolues mais l’existence de courants profonds et puissants autorisait à apporter une contestation qui au delà de la simple parole donnait une vérité aux combats les plus douteux…. Oui l’anticommunisme , c’était mieux avant , quand cet espoir pouvait faire oublier la poche de glace sur le coin de la hure… quand il y en avait!

    • Pour ma part j’ai toujours eu une tendance à être anti PCF et anti URSS, je dois bien l’avouer. Sans pour autant dénigrer l’idéal qui lui est/était plutôt sympathique. En fait c’était sa mise en œuvre qui me posait question.
      Aujourd’hui peut-on encore être « anti-communiste » ou anti PCF. Ben… Non, ça c’était avant.
      A la tête à la suite d’un Robert Hue (cocote), à leur tête il y a un responsable de MJC organisateur de barbecue qui suit le vent pour ne surtout pas mettre le feu à la plaine par inadvertance.
      On ne peut pas être contre, ni même discuter avec des décérébrés qui n’émettent aucune idée. Oui je dis c’était mieux avant.

  7. Bon, Monsieur de Casltelnau, seriez-vous par hasard un amoureux éconduit de Madame Marion Maréchal ?

    • Non, mais elle a commis un tweet débile à propos du discours de Macron. Je connais cette dame qui a un charisme incontestable, mais dont le niveau politique me semble peu adapté à la période que nous vivons.

  8. Le PC a des positions souvent plus censée que LFI trop woke. Par contre, leur absence totale de colonne vertébrale s’affiche clairement lors d’événements clivants comme le massacre de Gaza. Dés qu’un micro se pointe, ils sont aussi médiagogiques que Clémentine Autain! C’est vraiment la 5eme corde de rechange de « l’arc républicain ».

  9. 21 février 2024 – Discours du Président de la République lors de l’Hommage solennel de la Nation à Missak Manouchian.

    Est-ce donc ainsi que les Hommes vivent ?

    Des dernières heures, dans la clairière du Mont-Valérien, à cette Montagne Sainte-Geneviève, une odyssée du vingtième siècle s’achève, celle d’un destin de liberté qui, depuis Adyiaman, survivant au génocide de 1915, de famille arménienne en famille kurde, trouvant refuge au Liban avant de rejoindre la France, décide de mourir pour notre Nation qui, pourtant, avait refusé de l’adopter pleinement.

    Reconnaissance en ce jour d’un destin européen, du Caucase au Panthéon, et avec lui, de cette Internationale de la liberté et du courage. Oui, cette odyssée, celle de Manouchian et de tous ses compagnons d’armes, est aussi la nôtre, odyssée de la Liberté, et de sa part ineffaçable dans le cœur de notre Nation. Reconnaissance, en cette heure, de leur part de Résistance, six décennies après Jean Moulin.

    Est-ce ainsi que les Hommes vivent ? Oui, s’ils sont libres. Libre, Missak Manouchian l’était, quand il gravissait la rue Soufflot, en fixant ce Panthéon qui l’accueille aujourd’hui. Libre, sur les bancs de la bibliothèque Sainte-Geneviève à quelques mètres d’ici, découvrant notre littérature et polissant ses idéaux. Libre avec Baudelaire, dans le vert paradis qui avait le goût de son enfance, dans une Arménie heureuse, celle des montagnes, des torrents et du soleil. Libre avec Verlaine, dont les
    fantômes saturniens croisaient les siens : son père, Kévork, tué les armes à la main par des soldats ottomans, sous ses yeux d’enfant, sa mère Vartouhi, morte de faim, de maladie, victimes du génocide des Arméniens, spectres qui vont hanter sa vie.

    Libre avec Rimbaud, après une saison en enfer, souvenirs partagés avec son frère Garabed. Mais voici les illuminations, les Lumières, celle qu’un instituteur de l’orphelinat, au Liban, lui enseigna. Eveil à la langue et à la culture françaises. Libre avec Victor Hugo et la légende des siècles, gloire de sa libre patrie, la France, terre d’accueil pour les misérables, vers laquelle Missak l’apatride choisit à dix-huit ans de s’embarquer, ivre, écrivait-il « d’un grand rêve de liberté ».

    Lui, Missak, « maraudeur, étranger, malhabile » pour reprendre les mots d’un autre poète, combattant qui choisit la France, Guillaume Apollinaire. Etranger, orphelin, bientôt en deuil de son frère tombé malade, et pourtant à la tâche, ouvrier chez Citroën, quai de Javel, licencié soudain, tremblant parfois de froid et de faim.

    Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Ainsi, le soir après l’usine, Missak Manouchian étudie. Ainsi, sous les rayonnages de livres, Missak Manouchian traduit les poètes français en arménien. Ainsi écrit-il lui-même. Mots de mélancolie, de privations, brûlés du froid des hivers parisiens. Mots d’espoir aussi rendus plus chauds par la fraternité des exilés, par la solidarité de la diaspora arménienne, par le foisonnement d’art et de musique, des revues et des cours en Sorbonne.

    Poète et révolté. Quand les ligues fascistes défilent en 1934 au cœur de Paris, Missak Manouchian voit revivre sous ses yeux le poison de l’ignorance et les mensonges raciaux qui précipitèrent en Arménie sa famille à la mort.

    Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Non. Alors, Missak Manouchian embrasse l’idéal communiste. Convaincu que jamais en France on n’a pu impunément séparer République et Révolution. Après 1789, après 1793, il rêve l’émancipation universelle pour les damnés de la terre. C’est ainsi que Missak Manouchian s’engage contre le fascisme, au sein de l’Internationale communiste, et bientôt à la tête d’une revue, Zangou, du nom d’une rivière d’Arménie. Espoir du Front Populaire, volonté
    d’entrer dans les Brigades Internationales pour l’Espagne, action militante.

    C’est ainsi que Missak Manouchian trouve l’amour : Mélinée, enfant du génocide des Arméniens comme lui ; Mélinée, protégée par l’amitié de ses logeurs, les Aznavourian, parents de Charles, dix ans alors, déjà chanteur. L’amour, malgré le dénuement, ignorer le passé, conjuguer le futur, l’amour fou. Je vous parle d’un temps que ces gens de vingt ans, Missak et Mélinée, ont tant aimé connaître.

    Libres en France, ce pays que Missak a choisi adolescent, qui lui a offert des mots pour rêver, un refuge pour se relever, une culture pour s’émanciper. Alors, Missak Manouchian hisse haut notre drapeau tricolore, lors des 150 ans de la Révolution, en 1939, quand il défile dans le stade de Montrouge. Alors, pour servir ce drapeau, Missak Manouchian demande par deux fois à devenir Français. En vain, car la France avait oublié sa vocation d’asile aux persécutés.

    Alors, quand la guerre éclate, Missak Manouchian veut s’engager. Ivre de liberté, enivré de courage, enragé de défendre le pays qui lui a tout donné. « Tigre enchaîné », selon ses mots de poète, dans les prisons où le jettent la peur des étrangers, la peur des communistes, sous les miradors du camp allemand où il est détenu, en 1941, et où Mélinée vient contre tous les périls lui apporter des vivres.

    Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Oui, au prix du choix délibéré, déterminé, répété de la liberté. Car dans Paris occupé, Missak Manouchian rejoint la résistance communiste, au sein de la main d’œuvre immigrée, la MOI. Il se voulait poète, il devient soldat de l’ombre, plongé dans l’enfer d’une vie clandestine, une vie vouée à faire de Paris un enfer pour les soldats allemands. Guerre psychologique pour signifier à l’occupant que les Français n’ont rien abdiqué de leur liberté. Encore, toujours, « ivre d’un grand rêve de liberté », Missak Manouchian prend tous les risques. Lui qui aime
    aimer se résout à tuer. Comme ce jour de mars 1943 où il lance une grenade dans les rangs d’un détachement allemand.

    Est-ce ainsi que les hommes rêvent ? Oui, les armes à la main. Et d’autres sont là, à ses côtés, parce qu’ils sont chassés de la surface du monde et ont décidé de se battre pour le sol de la patrie. Parce que nombre d’entre eux sont Juifs, et que certains ont vu leurs proches déportés : Lebj Goldberg, Maurice Fingercweig, Marcel Rajman. Parce ce que la guerre a volé leurs écoles et leurs ateliers, dans ce Paris populaire et ouvrier où le français se mêle à l’italien ou au yiddish. Parce que les forces de haine ont volé leur passé, là-bas, en Arménie, tel Armenak Manoukian. Parce que ce sont les femmes
    qui veulent œuvrer pour l’avenir de l’Homme, comme Mélinée, comme la Roumaine Golda Bancic, comme tant d’autres, armes et bombes qu’elles acheminent sans soupçons, filatures qu’elles accomplissent sans trembler. Parce qu’ils sont une bande de copains, à la vie, à la mort.

    A l’âge des serments invincibles, tels Thomas Elek et Wolf Wajsbrot, une belle équipe comme sur un terrain de football, panache de Rino della Negra, jeune espoir alors du Red Star. Parce qu’ils ont vu mourir la liberté dans l’Italie de leurs parents, comme Antoine Salvadori, Cesare Luccarini, Amedeo Usseglio, Spartaco Fontano. Parce qu’ils ont vu les hommes de fer s’emparer de la Pologne et persécuter les Juifs, comme Jonas Geduldig, Salomon Schapira et Szlama Grzywacz. Parce qu’ils sont pour beaucoup des anciens des Brigades Internationales en Espagne, pays de Celestino Alfonso. Pour qui sonne le glas ? Pour les Polonais Joseph Epstein et Stanislas Kubacki. Pour les Hongrois Joseph Boczov et Emeric Glasz, eux les experts en sabotage, aux fardeaux de dynamite. Parce qu’ils ont vingt ans, le temps d’apprendre à vivre, le temps d’apprendre à se battre. Ainsi de ces Français refusant le STO, Roger Rouxel, Roger Cloarec et Robert Witchitz.

    Parce qu’ils sont communistes, ils ne connaissent rien d’autre que la fraternité humaine, enfants de la Révolution française, guetteurs de la Révolution universelle. Ces 24 noms sont ceux-là, que simplement je cite, mais avec eux tout le cortège des FTP-MOI trop longtemps confinés dans l’oubli.

    Oui, parce qu’à prononcer leurs noms sont difficiles, parce qu’ils multiplient les déraillements de train et les attaques contre les nazis, parce que ces combattants sont parvenus à exécuter un haut dignitaire du Reich, les voilà plus traqués que jamais. Dans leurs pas, marchent les inspecteurs de la préfecture de police – la police qui collabore, la police de Bousquet, de Laval, de Pétain – et l’ombre des rafles grandit.

    À l’automne 1943, devenu dirigeant militaire des FTP-MOI parisiens, Missak Manouchian le pressent : la fin approche. Pour alerter ses camarades, il se rend au rendez-vous fixé avec son supérieur Joseph Epstein, un matin de novembre. Missak Manouchian avait vu juste : lui et ses camarades sont pris, torturés, jugés dans un procès de propagande organisé par les nazis en février 1944.

    Est-ce ainsi que les hommes vivent ? S’ils sont résolument libres, oui. À la barre du tribunal, ils endossent fièrement ce dont leurs juges nazis les accablent, leurs actes, leur communisme, leur vie de Juifs, d’étrangers, insolents, tranquilles, libres. « Vous avez hérité de la nationalité française » lance Missak Manouchian aux policiers collaborateurs. « Nous, nous l’avons méritée ».

    Étrangers et nos frères pourtant, Français de préférence, Français d’espérance. Comme les pêcheurs de l’Ile de Sein, comme d’autres jeunes de seize ans, de vingt ans, de trente ans, comme les ombres des maquis de Corrèze, les combattants de Koufra ou les assiégés du Vercors. Français de naissance, Français d’espérance. Ceux qui croyaient au ciel, ceux qui n’y croyaient pas, ceux qui défendaient les Lumières et ne se dérobèrent pas.

    Est-ce ainsi que les hommes meurent ? Ce 21 février 1944, ceux-là affrontent la mort. Dans la clairière du Mont Valérien, Missak Manouchian a le cœur qui se fend. Le lendemain, c’est l’anniversaire de son mariage avec Mélinée. Ils n’auront pas d’enfants mais elle aura la vie devant elle. Il vient de tracer ses mots d’amour sur le papier, amour d’une femme jusqu’au don de l’avenir, amour de la France jusqu’au don de sa vie, amour des peuples jusqu’au don du pardon.

    « Aujourd’hui, il y a du soleil ». Missak Manouchian est à ce point libre et confiant dans le genre humain qu’il n’est plus que volonté, volonté d’amour. Délié du ressentiment, affranchi du désespoir, certain que le siècle lui rendra justice comme il le fait aujourd’hui, que ses bourreaux seront défaits et que l’humanité triomphera. Car qui meurt pour la liberté universelle a toujours raison devant l’Histoire.

    Est-ce ainsi que les hommes meurent ? En tout cas les Hommes libres. En tout cas ces Français d’espérance. « Je ne suis qu’un soldat qui meurt pour la France. Je sais pourquoi je meurs et j’en suis très fier », écrira l’Espagnol Celestino Alfonso avant l’exécution. Et ce 21 février 1944, ce sont bien vingt-deux pactes de sang versé, scellés entre ces destins et la liberté de la France.

    Pacte scellé par le sang du sacrifice. Un peu avant, avec la force que leur laissent les mois de torture, ils ont crié, « À bas les nazis, vive le peuple allemand ». Conduits aux poteaux, quatre par quatre, les yeux bandés sauf ceux qui le refusent, tombés, les corps déchiquetés, en six salves. Tombés, comme tombera, fusillé en avril au Mont-Valérien, Joseph Epstein, qui sous la torture ne donnera aucun nom, pas même le sien, démontrant jusqu’au bout son courage. Tombés, comme tombera, tranchée la tête
    de Golda Bancic, exécutée en mai à l’abri des regards dans une prison de Stuttgart.

    Tombés, ils sont tombés et leurs bourreaux voulurent les exécuter à nouveau par la calomnie de la propagande, cette Affiche Rouge qui voulait exciter les peurs et ne fortifia que l’amour. Car les vrais patriotes reconnurent dans ce rouge, le rouge du Tricolore. Rouge des premiers uniformes des soldats de Quatorze, rouge des matins de Valmy, rouge du sang versé pour la France sur lequel miroite toujours une larme de bleu, un éclat de blanc.

    C’est ainsi que les hommes, par-delà la mort, survivent. Ils débordent l’existence par la mémoire. Par les vers d’Aragon, par les chansons, celle de Léo Ferré et tant d’autres. Mémoire portée fidèlement par Arsène Tchakarian, ancien des FTP-Moi ou par Antoine Bagdikian, l’un et l’autre dévoués à honorer d’un même élan la Résistance des Arméniens et la Résistance des Juifs en France, portée par tant de passeurs inlassables.

    C’est ainsi que les hommes survivent. C’est ainsi que les Grands Hommes, en France, vivent pour l’éternité.

    Entrent aujourd’hui au Panthéon vingt-quatre visages parmi ceux des FTP-MOI. Vingt-quatre visages parmi les centaines de combattants et otages, fusillés comme eux dans la clairière du Mont-Valérien, que j’ai décidé de tous reconnaître comme morts pour la France. Oui, la France de 2024 se devait d’honorer ceux qui furent vingt-quatre fois la France. Les honorer dans nos cœurs, dans notre recueillement, dans l’esprit des jeunes Français venus ici pour songer à cette autre jeunesse passée avant elle, étrangère, juive, communiste, résistante, jeunesse de France, gardienne d’une part de la noblesse du monde.

    Missak Manouchian, vous entrez ici en soldat, avec vos camarades, ceux de l’Affiche, du Mont-Valérien, avec Golda, avec Joseph et avec tous vos frères d’armes morts pour la France. Vous rejoignez avec eux les Résistants au Panthéon. L’ordre de la nuit est désormais complet.

    Missak Manouchian, vous entrez ici toujours ivre de vos rêves : l’Arménie délivrée du chagrin, l’Europe fraternelle, l’idéal communiste, la justice, la dignité, l’humanité, rêves français, rêves universels.

    Missak Manouchian, vous entrez ici avec Mélinée. En poète qui dit l’amour heureux. Amour de la Liberté malgré les prisons, la torture et la mort ; amour de la France, malgré les refus, les trahisons ; amour des Hommes, de ceux qui sont morts et de ceux qui sont à naître.

    Aujourd’hui, ce n’est plus le soleil d’hiver sur la colline ; il pleut sur Paris et la France, reconnaissante, vous accueille. Missak et Mélinée, destins d’Arménie et de France, amour enfin retrouvé. Missak, les vingt et trois, et avec eux tous les autres, enfin célébrés. L’amour et la liberté, pour l’éternité.

    Vive la République. Vive la France.

  10. Il est effarant que Macron ait voulu débattre au salon de l’agriculture avec les extrémistes « écolos » du « soulèvement de la terre ».

    On sait ce que font ces gens.
    Ils agressent et blessent des policiers et des gendarmes.
    Ils saccagent les terres et les installations des paysans.
    Ils se comportent comme des « black blocs ».

    Comme cette invitation a provoqué de justes protestations, Macron a dû faire marche arrière.

    • Ces gens du « soulèvement de la terre » qui sont d’extrême-extrême-gauche se présentent certainement comme des « révolutionnaires » héritiers de ceux du XIXe et du XXe siècle.

      Puisqu’ils s’attaquent aux paysans, rappelons-leur ces 2 points :
      – Autrefois, chaque année, « l’Humanité » (alors « organe central du PCF ») éditait un almanach. Ce dernier était intitulé : « almanach ouvrier-paysan ».
      – Le 6e et dernier couplet de « l’Internationale » commençait ainsi : « Ouvriers, paysans, nous sommes le grand parti des travailleurs ».

  11. Concernant la dernière loi sur l’immigration.

    Elle est passée à l’Assemblée Nationale et au Sénat grâce à des amendements importants des LR et des RN.
    Mais, on se souvient que Macron attendait avec impatience ce qu’allait faire le Conseil Constitutionnel.

    Constat.
    Le Conseil Constitutionnel a censuré ce qui venait des LR et des RN et maintenu ce qui venait du gouvernement.
    Manifestement, ça sent l’arnaque.
    Je suis de plus en plus persuadé que Macron s’est entendu avec les Fabius, Juppé et autres pour cela.

    Ah ! Il est « beau » « l’état de droit » qui permet ce genre d’arnaque.

    Sous l’Ancien Régime, le Parlement de Paris (magistrats = noblesse de robe) empêchait tous des décrets qui allaient dans le sens de ce que souhaitaient les classes populaires.
    A la fin de son règne, Louis XV, agacé, avait renvoyé cet organisme.

    De nos jours, l’actuelle « noblesse de robe » française (Fabius, Juppé, Moscovici, Tabuteau, Macron, …) et celle de l’UE agissent exactement comme celle de l’Ancien Régime.

    • Exact Pépé
      Le roi Luis XV émit un lit de justice le 27 novembre 1770 contre l abus des parlements à émettre la loi . C est que l on appela  » le coup d’Etat de Maupeou » .
      Malheureusement son successeur ne compris pas la portée de ce texte et rétablis les Parlements . Il fallu attendre la révolution pour attendre la disparition de ces parasites.

      Est ce que l Histoire se répètera ?

  12. Pour moi, le communisme c’est l’avenir des peuples réunifiés. L’espèce de nazisme que nous vivons actuellement, au sens économique, et un peu moral – la race des vainqueurs, les financiers – montre sous une lumière crue combien les régimes dictatoriaux nuisent à tous les peuples. Et, nolens volens, être de droite c’est cautionner le libre marché, celui qui enterre les peuples.

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