Comment un Occident qui se pensait tout-puissant et irrésistible a-t-il pu subir la défaite à laquelle il est désormais confronté ? Les États-Unis, les membres du G7, l’OTAN, l’Union, mettant bruyamment baïonnette au canon se sont lancés imprudemment en Ukraine dans une guerre contre la Russie. Dont quiconque voulait bien se pencher sur le réel tel qu’il apparaissait, savait bien qu’elle n’était pas gagnable. Comment les dirigeants des pays théoriquement les plus riches, les plus développés, les mieux éduqués, persuadés d’être les meilleurs ont-ils pu tomber aussi stupidement dans le piège qui leur était tendu ? Et comment expliquer qu’ils continuent à s’agiter, à gesticuler comme des animaux pris dans un marécage, continuant à s’enfoncer et à amener tout l’Occident à une défaite qui va signer la fin de la « globalisation » comme forme moderne de sa domination ?
Aurélien, que nous avons déjà publié ici, utilisant la méthode de Marc Bloch analysant la défaite française de 1940, en décortique les raisons.
Régis de Castelnau
J’ai écrit à plusieurs reprises sur le caractère irréel de la façon dont l’Occident aborde habituellement la crise en Ukraine et autour de l’Ukraine. Et sur la dissociation presque clinique du monde réel qu’il affiche dans ses paroles et ses actions. Pourtant, alors que la situation se détériore et que les forces russes avancent partout, il n’y a aucun signe réel que l’Occident revienne enfin à la réalité dans sa compréhension, et il est fort probable qu’il n’apprendra rien, et continuera à vivre dans sa réalité alternative construite jusqu’à ce qu’il en soit traîné dehors par la force.
Il est vrai que certains penseurs audacieux et avant-gardistes de l’Ouest commencent à s’interroger sur la nécessité de négociations, même si elles sont aux conditions de l’Occident. Ils ont commencé à accepter qu’une partie du territoire ukrainien de 1991 devra peut-être être considérée comme perdue, ne serait-ce qu’à court terme. Peut-être, pensent-ils, y aura-t-il une zone démilitarisée à la coréenne en place, garantie par des troupes neutres, jusqu’à ce que l’Ukraine puisse être reconstruite pour reprendre l’offensive. Et puis ils regardent la carte des avancées russes, et ils regardent la taille et la puissance des deux armées, et ils regardent la taille et l’état de préparation des forces de l’OTAN et basculent dans le désespoir.
Mais en fait, non : renoncez à cette dernière phrase. Ils ne regardent pas, et s’ils le faisaient, ils ne seraient pas vraiment capables de comprendre ce qu’ils voient de toute façon. Le « débat » (si on peut l’appeler ainsi) en Occident exclut largement les facteurs de la vie réelle. Il se déroule à un niveau normatif élevé, où certains faits et vérités sont simplement supposés. Pourquoi en est-il ainsi, et quelles en sont les conséquences, ce sera le sujet de la première partie de cet essai. Et ensuite, parce que ces sujets sont intrinsèquement complexes, je continuerai à expliquer comment les comprendre aussi simplement que possible.
Les facteurs de l’aveuglement politique
Nous commencerons par quelques considérations pratiques de sociologie et de psychologie politiques. La première est que la politique est l’exemple classique du phénomène des coûts irrécupérables en action. Plus vous continuez dans une ligne de conduite, aussi stupide soit-elle, moins vous êtes disposé à la changer. Le changer serait interprété comme une reconnaissance d’erreur, et la reconnaissance de l’erreur est la première étape de la perte de puissance. Dans ce cas, la vieille défense (« personnellement, j’ai toujours eu des doutes… ») ne va tout simplement pas passer, en donnant gratuitement les termes psychopathiques avec lesquels les dirigeants occidentaux se sont exprimés sur la Russie.
Le second est l’absence de toute alternative articulée. (« Alors, Monsieur le Premier ministre, que pensez-vous que nous devrions faire à la place ? ») Le simple fait de ne pas comprendre la dynamique d’une crise signifie que vous êtes impuissant à proposer une solution sensée à celle-ci. Il vaut mieux rester avec un navire en perdition dans l’espoir d’être secouru que de sauter à l’eau à l’aveuglette. En pensant que peut-être un miracle se produira.
Le troisième concerne la dynamique de groupe, dans ce cas la dynamique des nations. Dans une situation de peur et d’incertitude comme celle que nous connaissons aujourd’hui, la solidarité en vient à être considérée comme une fin en soi, et personne ne veut être accusé « d’affaiblir l’Occident » ou « de renforcer la Russie ». Si vous devez vous tromper, il vaut mieux autant que possible, se tromper en compagnie du plus grand nombre.. Il y a d’énormes facteurs dissuasifs à être le premier à suggérer que les choses semblent peut-être assez sombres, et en tout état de cause, qu’allez-vous proposer à la place ? Les chances qu’une trentaine de nations soient en mesure de se mettre d’accord sur une approche différente de celle actuelle sont effectivement nulles. Ce qui n’aide pas le fait que les États-Unis, qui pourraient autrement donner l’exemple, sont politiquement paralysés jusqu’au printemps de l’année prochaine.
Le quatrième concerne l’isolement et la pensée de groupe. Tout le monde dans votre propre gouvernement, tous ceux à qui vous parlez dans d’autres gouvernements, tous les journalistes et experts que vous rencontrez disent la même chose : Poutine ne peut pas gagner, la Russie subit des pertes massives, nous devons reconstruire l’Ukraine, Poutine a peur de l’OTAN et bla bla bla, et bla bla bla. Partout où vous vous tournez, vous recevez les mêmes messages, et votre personnel rédige les mêmes messages pour que vous les transmettiez aux autres. Comment pourriez-vous ne pas finir par supposer que tout cela est vrai ?
Ce sont ce que nous pourrions appeler des facteurs de fonctionnement permanent en politique, communs à toute crise. Mais il y a aussi un certain nombre de facteurs spéciaux à l’œuvre dans cette crise particulière qui me semblent évidents, mais dont je n’ai pas beaucoup parlé. Examinons-en quelques-uns.
Une génération de politiciens idiots
Pour commencer, la génération actuelle de politiciens occidentaux est particulièrement incapable de comprendre et de gérer des crises de haut niveau de quelque nature que ce soit. La classe politique occidentale moderne – le Parti comme je l’appelle – ressemble de plus en plus au parti au pouvoir dans un État à parti unique. C’est-à-dire que les compétences qui mènent au succès sont celles de l’avancement dans l’appareil du Parti lui-même : grimper sur le poteau graisseux et poignarder dans le dos ses rivaux. Même la gestion d’une crise purement nationale – comme nous l’avons vu pendant le Brexit, ou comme nous le voyons maintenant en France et en Allemagne – est en fait au-delà de leurs capacités, sauf peut-être la capacité de tourner une crise à leur avantage politique personnel. Le résultat est qu’ils sont complètement submergés par la crise ukrainienne, qui est d’une ampleur et d’un type qui se produisent peut-être une fois toutes les deux générations. Le fait qu’il s’agisse également d’une crise multilatérale signifie qu’elle nécessite idéalement des compétences avancées en gestion politique juste pour s’assurer que les choses ne s’effondrent pas, et ils n’en ont même pas. À son tour, le recours toujours croissant à des « conseillers » liés à la fortune personnelle de l’homme politique concerné signifie à la fois que les conseils professionnels sont de plus en plus exclus et que les conseillers professionnels sont souvent sélectionnés et promus parce qu’ils sont prêts à donner les conseils que les politiciens veulent.
Jusqu’ici, tout va bien. Mais nous sommes aussi confrontés ici à une crise sécuritaire, et nos classes politiques et leurs parasites ignorent complètement comment faire face à de telles crises, ni même comment les comprendre. Pendant la guerre froide, les gouvernements ont été contraints d’être régulièrement confrontés à des questions de sécurité : souvent, il s’agissait aussi de questions de politique intérieure. Les questions de sécurité étaient également objectivement importantes, car l’Est et l’Ouest se regardaient l’un l’autre de l’autre côté d’une frontière militarisée, la possibilité d’un anéantissement nucléaire n’étant jamais très loin. Rien de tout cela n’est vrai maintenant. Les sommets de l’OTAN ont toujours lieu, bien sûr, mais jusqu’à récemment, ils ont été consacrés aux déploiements de maintien de la paix, aux opérations de contre-insurrection en Afghanistan et à la succession sans fin de nouveaux membres et d’initiatives de partenariat. Jusqu’à présent, aucune décision fondamentale de sécurité n’a été nécessaire dans la vie politique d’un dirigeant actuel d’un pays de l’OTAN (ou de l’UE).
C’est d’autant plus regrettable qu’une crise de sécurité est une chose très complexe et implique toute une série de niveaux, allant de la politique à l’armée/tactique. Et une crise de sécurité est à peu près impossible à gérer au niveau multilatéral : le seul exemple comparable auquel je peux penser est la crise du Kosovo de 1999, lorsqu’une OTAN beaucoup plus petite a effectivement cessé de fonctionner après la première semaine, et a failli s’effondrer complètement.
J’ai déjà souligné que l’OTAN n’a pas de stratégie pour l’Ukraine, ni de véritable plan opérationnel. Il n’a qu’une série d’initiatives ad hoc, collées ensemble par de vagues aspirations sans rapport avec la vie réelle, et par l’espoir que quelque chose se produira. En retour, cela s’explique par le fait qu’aucun pays de l’OTAN n’est dans un meilleur état : nos dirigeants politiques occidentaux actuels n’ont jamais eu à développer ces compétences. Mais c’est en fait pire que cela : sans avoir développé ces compétences, sans avoir de conseillers qui ont développé ces compétences, ils ne peuvent pas vraiment comprendre ce que font les Russes, comment et pourquoi ils le font. Les dirigeants occidentaux sont comme des spectateurs qui ne connaissent pas les règles des échecs ou du Go qui essaient de déterminer qui gagne.
Aujourd’hui, on ne s’attend pas à ce que les dirigeants occidentaux soient eux-mêmes des experts militaires. Il est courant de se moquer des ministres de la Défense sans expérience militaire, mais c’est se méprendre sur le fonctionnement de la défense dans une démocratie, et d’ailleurs sur le fonctionnement d’une démocratie elle-même. Permettez-moi de mettre mon chapeau de professeur pendant un moment, et d’expliquer cela.
Une infirmité à définir des objectifs stratégiques
Les gouvernements ont des politiques à différents niveaux. L’une de ces politiques sera une politique de sécurité nationale, qui à son tour servira de base à des politiques plus détaillées dans des domaines subordonnés : dans ce cas, la défense. Traditionnellement, ces politiques sont gérées par des ministères, dirigés par des personnalités politiques ou des personnes nommées, qui ont des conseillers et, dans la plupart des cas, des organisations opérationnelles pour transformer la politique en activité réelle sur le terrain. Dans le cas du ministère de l’Éducation, les unités opérationnelles sont les écoles et les universités. Dans le cas du ministère de la Défense, il s’agit des forces armées et des établissements spécialisés dans la défense. On ne s’attendrait pas plus à ce qu’un ministre de la Défense soit un ancien soldat qu’un ministre de l’Éducation ne soit un ancien enseignant ou, d’ailleurs, qu’un ministre des Transports soit un ancien conducteur de train. La responsabilité d’un ministre est d’élaborer et d’appliquer des politiques dans le cadre stratégique plus large du gouvernement, et de gérer le budget et le programme de sa région.
Il est donc de la responsabilité de la direction politique – y compris normalement le chef de l’État ou du gouvernement – de dire quel est réellement l’objectif stratégique de toute opération militaire, et de définir une situation (l’« état final ») où cet objectif aura été atteint. Si cela n’est pas fait, la planification et les opérations militaires sont inutiles, quelle que soit la qualité de vos forces et la destruction de votre armement, parce que vous ne saurez pas vraiment ce que vous essayez de faire, et donc vous ne serez pas en mesure de dire si vous l’avez fait. C’est là, et non par manque de connaissances militaires, le problème fondamental des dirigeants politiques occidentaux aujourd’hui. En effet, il vaudrait mieux les appeler « managériales », car ils n’ont aucune aspiration à diriger. Ce ne sont que des violoneux et des bodgers formés au MBA, pour qui le concept d’un objectif stratégique au vrai sens du terme n’a fondamentalement aucun sens. Au lieu d’objectifs stratégiques réels, ils ont des slogans et des résultats fantaisistes. Après tout, il est évident que les objectifs stratégiques fixés par le gouvernement doivent être réellement réalisables, sinon il est inutile de les poursuivre. Ils doivent également être suffisamment clairs pour qu’ils puissent être transmis à l’armée pour qu’elle puisse élaborer un plan opérationnel visant à atteindre « l’état final ». Et en outre, les dirigeants politiques doivent définir les contraintes et les exigences dans lesquelles les militaires doivent travailler. Parce que les dirigeants occidentaux et leurs conseillers ne savent pas comment faire, ils ne peuvent pas non plus comprendre ce que font les Russes.
Après cela, bien sûr, vous avez besoin d’une couche politico-militaire capable de faire de la planification opérationnelle, et donc de répondre à une série de questions telles que : quels résultats militaires permettront d’atteindre l’état final politique ? Comment y arriver ? De quelles forces aurons-nous besoin ? Comment doivent-ils être structurés et équipés ? Comment faire face aux impératifs et aux limites politiques ? Bien que ces questions soient génériques et que l’on puisse soutenir qu’elles s’appliquent même aux opérations de maintien de la paix, elles s’appliquent évidemment avec de plus en plus de force à mesure que les opérations deviennent plus importantes et plus exigeantes.
Et c’est là le problème essentiel. La guerre en Ukraine implique des forces d’un ordre de grandeur supérieur à celles envoyées en opération par n’importe quel pays occidental depuis 1945. En effet, on peut affirmer que la seule fois où des forces de taille comparable ont été déployées en Europe est entre 1915 et 1918, puis à nouveau en 1944-45. Les armées européennes ont certainement étudié ces campagnes à une certaine époque, mais avec le temps, elles sont devenues des exemples historiques, et non des leçons à tirer applicables. Et la planification de 1950 à 1990 était pour une guerre défensive courte qui deviendrait probablement nucléaire. On peut se demander s’il y a vraiment quoi que ce soit dans l’histoire militaire occidentale récente qui aiderait les commandants d’aujourd’hui à vraiment comprendre ce qu’ils voient.
Ils n’ont pas non plus d’expérience professionnelle récente. Il est également devenu à la mode de se moquer des commandants militaires occidentaux, mais à bien des égards, c’est injuste. En temps de paix, le rôle des hauts dirigeants militaires n’est que partiellement de se préparer à la guerre. Il y a aussi mille autres questions liées aux budgets, aux programmes, aux questions de personnel, aux contrats, à la taille et à la forme futures de l’armée, et bien d’autres. Les hauts responsables militaires doivent être capables de comprendre toutes ces questions et de traiter avec les dirigeants politiques, les diplomates, les fonctionnaires et leurs homologues dans d’autres gouvernements, ainsi qu’avec le parlement et les médias. Il est évident qu’en temps de paix, on n’a pas tendance à choisir un chef de l’Armée simplement parce qu’il a des compétences présumées en matière de combat, si cette personne est une personne abrasive qui se dispute toujours avec le ministre.
C’est pourquoi il est presque universellement le cas que les commandants militaires sont remplacés en bloc au début d’une guerre. Certains commandants peuvent s’avérer être des combattants naturels et d’autres non. Les changements de personnel généralisés sont donc fréquents car la tâche est très différente : nous l’avons vu avec l’armée russe depuis 2022. De même, une armée en temps de paix dans son ensemble prend du temps pour s’adapter à une armée de guerre. Le problème des experts occidentaux, c’est qu’ils observent ce processus de loin, sans le parcourir eux-mêmes. Des armées qui ne connaissent encore que des modes de fonctionnement en temps de paix tentent de comprendre les activités des armées qui sont complètement passées à la guerre.
Enfin, les spécialistes militaires occidentaux sont limités par leurs propres expériences. Imaginez que vous êtes le chef des opérations dans un pays occidental de taille moyenne. Vous vous êtes enrôlé dans l’armée dans les années 1990, alors que les derniers officiers supérieurs qui avaient connu la guerre froide prenaient leur retraite. Vous avez participé à des opérations de maintien de la paix et à quelques déploiements en Afghanistan. La plus grande unité que vous ayez jamais commandée en opération est un bataillon (disons 5 à 600 personnes) et la dernière fois que vous avez été pris sous le feu, vous étiez commandant de compagnie. Comment peut-on raisonnablement s’attendre à ce que vous saisissiez les mécanismes et les complexités de la manœuvre d’armées fortes de centaines de milliers de personnes, le long de lignes de contact longues de centaines de kilomètres, et que vous compreniez ce que font les commandants impliqués et comment ils pensent ? Vous vous concentrerez inconsciemment sur les choses que vous pouvez comprendre, à l’échelle à laquelle vous pouvez les comprendre. Vous vous concentrerez inévitablement sur les détails (quelques chars détruits ici, une nouvelle variante d’artillerie déployée là-bas) plutôt que sur la vue d’ensemble.
Tout cela me semble expliquer plusieurs choses, dont le caractère curieusement épisodique des initiatives ukrainiennes. Certaines d’entre elles ont été clairement suggérées par l’Occident, d’autres par une classe politique ukrainienne très occidentalisée et qui pense en termes occidentaux. (Ironiquement, l’armée est probablement plus réaliste et plus capable de saisir la situation dans son ensemble.) Mais il y a eu très peu de sens d’une stratégie à long terme, ou même d’une réflexion. Prenez les attaques sur le pont vers la Crimée, par exemple. Qu’étaient-ils censés accomplir exactement ? Désormais, les réponses telles que « envoyer un message à Poutine », « compliquer la logistique russe » ou « améliorer le moral à la maison » ne sont pas autorisées. Ce que je voudrais savoir, c’est ce qui devrait suivre, en termes concrets ? Quels sont les résultats tangibles de ce « message » ? Pouvez-vous garantir qu’il sera compris ? Avez-vous envisagé d’éventuelles réactions russes et qu’allez-vous faire alors ? Supposons, encore une fois, que vous compliquiez la logistique russe ? Quel sera le résultat direct, et dans quelle mesure il sera facile pour les Russes de contourner le problème. (Réponse, équitablement.)
Les dirigeants politiques et militaires occidentaux n’ont pas de réponse à ces questions, parce qu’ils n’ont pas de stratégie et ne comprennent pas vraiment ce qu’est une stratégie. Ce qu’ils ont, c’est l’habitude constante de proposer des idées intelligentes et génératrices de publicité, déconnectées les unes des autres, mais qui sonnent toutes bien à ce moment-là. D’une manière générale, ils reflètent la « logique » suivante.
- faire quelque chose qui humilie la Russie.
- Le miracle se produit.
- changement de gouvernement à Moscou et fin de la guerre.
Et je n’exagère pas. C’est toute la « planification stratégique » dont l’Occident est capable, et tout ce dont il a toujours été capable. J’ai déjà souligné la nécessité de séparer les aspirations de la stratégie. Pendant une bonne vingtaine d’années, d’importants éléments constitutifs des gouvernements occidentaux ont eu l’aspiration de chasser Poutine du pouvoir et de créer d’une manière ou d’une autre un gouvernement « pro-occidental » à Moscou. De temps à autre, ils ont mis au point des initiatives déconnectées — des sanctions, par exemple — qui, selon eux, pourraient faire avancer les événements dans cette direction. Mais la plupart du temps, ce n’est que de l’espoir, ourri par la croyance qu’aucun dirigeant « anti-occidental » ne peut jamais être représentatif de son peuple, et ne durera donc pas très longtemps de toute façon. Mais cette approche ignore les questions les plus fondamentales de la stratégie : quel est l’état final clairement défini que vous recherchez, comment allez-vous l’atteindre précisément et est-ce effectivement réalisable ? Parce que si vous ne pouvez pas répondre à ces questions, alors toute planification « stratégique » est inutile. En ce qui concerne la dernière question, n’importe quel expert militaire vous dira que même si les militaires peuvent créer les conditions pour que des développements politiques se produisent, ils ne peuvent pas les faire se produire. La relation réelle entre les deux est très complexe. Rappelons qu’en 1918, l’armée allemande, durement touchée par la stratégie d’usure des Alliés, battait en retraite mais toujours sur le sol allié, et que les armées alliées avançant depuis les Balkans étaient encore bien en dehors du territoire allemand. Ce qui a mis fin à la guerre plus tôt que prévu, c’est une dépression nerveuse dans le haut commandement allemand.
La définition d’un « état final recherché » sérieux complètement absente
Et l’Occident ne peut pas répondre à ces questions. L’état final est vaguement défini comme « Poutine est parti », le mécanisme est une « pression » de nature mal définie, et l’idée qu’un gouvernement « pro-occidental » émergera n’est qu’un article de foi. Ainsi, même si une « stratégie » pouvait être construite à partir de ces fragments, elle n’aurait aucune chance de fonctionner. D’où la nature essentiellement réactive des actions occidentales. J’ai déjà parlé du cycle de Boyd, de l’observation, de l’orientation, de la décision et de l’action. Celui qui peut contourner ce cercle plus rapidement et « entrer » dans le cycle de Boyd de l’ennemi, contrôle le développement de la bataille ou de la crise. C’est essentiellement ce que font les Russes (qui comprennent de telles choses) depuis le début de la crise, bien avant 2022.
À l’inverse, l’Occident, confondant de vagues aspirations avec une stratégie réelle, n’a pas compris ce que les Russes essaient de faire, et a traité chaque revers russe, ou revers présumé, comme un pas sur la voie de la victoire sans regarder la situation dans son ensemble. Prenons un exemple simple. Dès le début de la guerre, la stratégie russe a été d’apporter des changements politiques spécifiques en Ukraine en dégradant et en détruisant les forces ukrainiennes, supprimant ainsi la capacité de l’Ukraine à résister aux exigences politiques russes. Une fois que l’Occident s’est impliqué, cette stratégie, bien que la même dans l’ensemble, a été nuancée pour inclure la destruction de l’équipement fourni par l’Occident et, dans une certaine mesure, des unités formées par l’Occident. (Bien que ces derniers, sans les premiers, n’étaient pas une menace.) Deux choses en découlaient.
La première était que la réduction de la capacité de combat ukrainienne à des conditions favorables aux Russes était indépendante du flux et du reflux plus larges de la bataille. Détruire l’équipement stocké était peut-être mieux que de détruire cet équipement au combat. Il valait mieux détruire les munitions stockées que de les détruire une fois qu’elles étaient déployées en unités. Aujourd’hui, en général, les défenseurs dans un conflit militaire ont moins de victimes que les attaquants. Si votre objectif est de détruire la puissance de combat de votre ennemi, surtout si vous savez qu’il sera difficile et coûteux pour lui de la remplacer, alors il est plus logique de laisser l’ennemi vous attaquer, où il perdra plus de ressources que vous. Si vous disposez d’une industrie de défense fonctionnelle et de réserves suffisantes de main-d’œuvre et d’équipement, c’est sans aucun doute la meilleure stratégie, et elle a été pratiquée par les Russes en 2022-23. Mais l’Occident semble incapable de comprendre cela, et a massivement surinterprété les retraits stratégiques russes comme des défaites écrasantes qui allaient bientôt « faire tomber Poutine ».
La seconde est que, dans la mesure où la Russie a des objectifs territoriaux, il est préférable de dégrader les forces ukrainiennes au point qu’elles ne puissent plus défendre leur territoire et qu’elles doivent se retirer de manière préventive ou après une défense superficielle, plutôt que d’organiser des attaques délibérées pour s’emparer de territoires. Les Russes disposent de toute une série de technologies qui leur permettent d’attaquer les forces ukrainiennes depuis une position très éloignée de la ligne de contact. Ils peuvent ainsi détruire progressivement la capacité ukrainienne à tenir le terrain sans avoir à risquer leurs propres troupes et équipements dans des attaques directes. Au cours des derniers mois, nous avons constaté que cette étape est effectivement atteinte et que les Russes progressent assez rapidement dans certains domaines clés. Mais l’Occident, qui est obsédé par le contrôle du terrain comme indice de succès, ne peut pas comprendre cela, ayant oublié comment la guerre à l’Ouest s’est terminée en 1918, alors que les gains territoriaux alliés étaient encore assez modestes.
Pour être juste (en supposant que l’on veuille être juste), ces questions sont très complexes : pas plus complexes, peut-être, que la neurochirurgie ou la fiscalité des multinationales, mais pas moins complexes non plus. Ils nécessitent des années d’étude et d’expérience, ainsi qu’une volonté de maîtriser des concepts étranges et parfois contre-intuitifs. L’esprit libéral occidental n’a jamais voulu faire cela : son idéologie de l’individualisme radical est incompatible avec la discipline et l’organisation, et sa recherche de la satisfaction instantanée est incompatible avec toute planification à long terme et sa mise en œuvre soigneuse. En représailles, il aime rejeter l’armée comme étant stupide et belliciste. Lorsque le libéralisme a été contraint par d’autres forces religieuses ou politiques, tout cela était moins évident, mais avec l’émancipation du libéralisme de tout contrôle sur la dernière génération et sa domination de la vie politique et intellectuelle, les sociétés occidentales ont maintenant pratiquement perdu la capacité de comprendre les conflits et l’armée. Il est frappant, en effet, de constater que la plupart du personnel militaire occidental est encore recruté parmi les éléments les plus conservateurs et traditionnels de la société où le libéralisme a eu moins d’impact, et non parmi les élites urbaines libérales.
En route vers une nouvelle « étrange défaite »
Depuis le XIXe siècle, et en particulier dans les pays anglo-saxons, l’esprit libéral a oscillé entre l’aversion et le dédain pour l’armée en temps normal, et les demandes paniquées pour son utilisation en période de crise, ou lorsque les normes libérales doivent être appliquées quelque part. La propagation de la mentalité libérale dans des pays comme la France, qui a toujours été fière de son armée, a produit une classe politique et médiatique européenne largement incapable de comprendre les questions militaires. Les libéraux américains, pour autant que je puisse voir, oscillent eux-mêmes entre la peur de l’armée et la citation sans fin des avertissements du rédacteur de discours d’Eisenhower sur le complexe militaro-industriel, et les demandes d’utilisation de l’armée pour faire respecter leurs normes. (Les remarques d’Eisenhower étaient, bien sûr, un cliché de l’époque : elles n’avaient rien d’original.)
Le résultat est une classe qui prend des décisions et influence qui n’a aucune idée réelle de la stratégie et du conflit, et se contente de répéter des mots et des phrases qu’elle a entendus quelque part, comme des incantations magiques. Une minute, des « F16 » (quels qu’ils soient précisément) sauveront la mise, la minute suivante, des « frappes en profondeur » vont faire tomber Poutine.
Ainsi, par exemple, il est impossible pour une société élevée dans la livraison juste à temps et les achats impulsifs sur Amazon de comprendre l’importance de la logistique et la nature de la guerre d’usure que mènent les Russes. Si vous regardez une carte et que vous essayez de la comprendre (je sais !), vous pouvez voir que les forces ukrainiennes se battent au bout de très longues lignes d’approvisionnement, notamment pour l’équipement et les munitions occidentaux, alors que les Russes ne sont qu’à quelques centaines de kilomètres, tout au plus, de leurs frontières. La consommation de carburant des véhicules blindés lourds est mesurée en gallons par mille, et même s’ils peuvent être livrés à la zone d’opérations par train ou par transporteur (ce qui a ses propres problèmes), ils consomment des quantités effrayantes de carburant, qui doivent tous être apportés, dangereusement et à grands frais, dans la zone opérationnelle. Ils tombent également en panne, nécessitent de nouvelles chenilles et de nouveaux moteurs et une réserve inépuisable de munitions, qui doivent toutes être acheminées vers l’avant. Ainsi, les chars Leopard ne sont pas simplement téléportés dans la zone de combat, et lorsqu’ils sont endommagés, ils doivent être renvoyés en Pologne pour être réparés. Et à peu près tous les aspects des opérations militaires nécessitent de l’énergie électrique : oui, même les opérations de drones.
Les Russes le savent bien sûr, et ont ciblé les systèmes de production et de distribution d’électricité, les ponts et les nœuds ferroviaires, les sites de stockage de munitions et de logistique, les concentrations de troupes et les zones d’entraînement. Mais ils ne capturent pas de grandes quantités de territoire avec des poussées blindées audacieuses, donc les Ukrainiens doivent gagner, n’est-ce pas ? Pourtant, les chars sans carburant ni munitions, ou dont les moteurs sont en panne, sont inutiles, et une fois que les forces ukrainiennes sont isolées opérationnellement de leurs lignes d’approvisionnement, ce n’est qu’une question de temps avant qu’elles ne perdent leur capacité de combat et ne doivent se rendre ou s’enfuir. C’est ce qui semble se passer actuellement autour de Koursk. Et si vous menez une guerre d’usure et que vos stocks et vos capacités de réapprovisionnement sont supérieurs à ceux de votre ennemi, vous voulez que votre ennemi épuise ces stocks le plus rapidement possible. Alors pourquoi ne pas envoyer, par exemple, un grand nombre de drones bon marché qui peuvent être remplacés, pour absorber un grand nombre de missiles défensifs qui ne le peuvent pas ? Mais c’est trop pour que la plupart des experts occidentaux présumés puissent comprendre leurs neurones.
Bien sûr, la logique s’applique dans les deux sens. Il est difficile de croire qu’une personne disposant d’une cellule cérébrale fonctionnelle aurait jamais pensé que les Russes prévoyaient « d’occuper l’Ukraine », et encore moins en quelques jours. Dans la mesure où l’idée avait quelque chose de réel derrière elle, c’était un souvenir populaire de l’avancée rapide des forces américaines vers Bagdad en 2003, sans opposition et avec une suprématie aérienne totale. Un exemple pratique simple : une division mécanisée de l’OTAN (à l’époque où l’OTAN en disposait), avançant sans opposition, occupait environ 200 km de route et mettait plusieurs jours à s’organiser, à partir, à arriver et à se déployer en formations de combat. Et ce n’est qu’une division. L’idée de faire cela contre une armée aguerrie de deux à trois fois la taille de la force d’attaque, et de la battre en quelques jours, est plus que ridicule. Encore une fois, regardez la carte. Et pendant que vous y êtes, pensez aux cris hystériques actuels selon lesquels « Poutine veut envahir l’OTAN ». Tout ce que j’ai dit sur la difficulté pour l’OTAN d’aller vers l’Est s’applique aux Russes qui vont vers l’Ouest, s’ils sont assez fous pour envisager l’idée.
En supposant, pour les besoins de l’argumentation, que les Russes aient choisi Koursk comme point de départ, il y a environ 2000 kilomètres jusqu’à Berlin, ce qui est le premier objectif vaguement plausible auquel je peux penser. (Oh, ils devraient aller en Pologne pour y arriver.) Juste pour vous donner une idée, pendant la guerre froide, le groupe de forces de l’Union soviétique en Allemagne était fort d’environ 350 000 hommes, complétés par des réservistes rappelés en cas d’urgence. Ils auraient attaqué les forces de l’OTAN en Allemagne, mais ils n’étaient que le premier échelon et on s’attendait à ce qu’ils soient anéantis. Deux autres échelons les suivront donc. La distance totale à parcourir était de quelques centaines de kilomètres. Pour autant que nous le sachions, la soumission et l’occupation de l’Europe occidentale auraient nécessité peut-être un million d’hommes dans des unités de combat, sans parler des flancs occidentaux et de pays comme la Turquie. C’était dans le contexte d’une lutte existentielle, impliquant probablement des armes nucléaires, dont une Russie victorieuse mettrait une génération à se remettre. Nous en sommes un peu loin pour le moment.
Je pense que ce que nous voyons, ainsi qu’une ignorance délibérée coupable, est le début d’une prise de conscience tenace que l’OTAN n’est pas forte mais faible, que l’équipement de l’OTAN est médiocre, que parler d’« escalade » n’a aucun sens en l’absence de quelque chose pour escalader, et que si les Russes se sentaient si enclins, ils pourraient faire beaucoup de mal à l’Occident. Mais même là, les experts occidentaux sont coincés dans des récits de guerre blindée et de conquête territoriale. Les Russes n’ont pas besoin de faire ça, bien sûr. Avec leur technologie de missiles, que l’Occident a constamment ignorée et minimisée, ils peuvent semer le désordre dans n’importe quelle ville du monde occidental, et aucun État occidental n’est en mesure de répondre. Bien sûr, les Russes, qui comprennent ces choses, se rendent compte qu’ils n’ont pas besoin d’utiliser ces missiles : l’effet de levier psychologique qu’ils ont du simple fait de les posséder fera très bien l’affaire. Ironiquement, je pense que les Ukrainiens comprennent ces choses, mieux que leurs supposés mentors de l’OTAN. Leur héritage soviétique et l’armée nombreuse qu’ils ont conservée leur ont donné une conscience de la façon dont les opérations à grande échelle sont menées aux niveaux politique et stratégique, même si, depuis lors, elles ont été prises par l’OTAN
L’historien français et martyr de la Résistance Marc Bloch, qui a combattu dans la bataille de France en 1940, a écrit un livre à ce sujet, publié seulement à titre posthume, après la guerre, intitulé L’Étrange défaite, dans lequel il a tenté d’expliquer ce qui s’était passé. Sa conclusion centrale était que l’échec était intellectuel, organisationnel et politique : les Allemands ont utilisé un style de guerre plus moderne auquel les Français ne s’attendaient pas et ne pouvaient pas faire face. Le temps a nuancé cette conclusion : les tactiques allemandes étaient certainement innovantes, impliquant des unités blindées rapides et à pénétration profonde et une coopération étroite avec les avions, mais elles étaient également extrêmement risquées et nécessitaient beaucoup de chance pour réussir. Mais Bloch avait raison de dire que les Allemands avaient développé un style de guerre, dicté par la nécessité d’éviter les longues guerres, auxquelles il n’y avait pas de contre-attaque à l’époque, et qui posait des problèmes inattendus et, pendant une période insoluble, au défenseur.
Il y a quelque chose dans l’incompréhension hébétée de la classe politique et militaire française et du peuple lui-même, à l’été 1940, qui semble très pertinent aujourd’hui. La défaite de l’Occident – qui n’est même pas encore reconnu comme tel – est à la fois intellectuelle, organisationnelle et politique.
Les classes dirigeantes de l’Occident semblent n’avoir aucune idée de ce qui leur est arrivé et pourquoi. Ni de ce qui risque de suivre.
Bravo maître pour ce développement. Signé: celui que vous avez traité de crétin il y a peu!!!
Pour ma part je m’interroge.
Si on prend pour acquis une défaite de l’Occident alors il faut définir les réels buts de guerre des États-Unis d’Amérique du Nord. Pas ceux claironnés urbi et orbi alimentant un récit trompeur donné en pâture. Les Ukrainiens comme les Européens sont manipulés de main de maitre.
Il me semble que plusieurs buts ont été atteints. Notamment le découplage de l’UE de la Russie et le remplacement en grande partie du gaz russe par du gaz nord-américain. En fait ce conflit a considérablement affaibli l’économie de l’UE au profit des USA.
La défaite elle, serait de ne pas avoir pu éviter le rapprochement Russie Chine et d’avoir échoué à ce jour à porter un coup fatal à l’économie russe.
La notion d’Occident est un piège il y a les USA et des vassaux et ce sont bien les USA qui tirent leur épingle du jeu et l’UE qui boit la tasse.
Illustration . . .
…/… L’investisseur américain Stephen P. Lynch a exprimé son intérêt pour l’achat du gazoduc Nord Stream 2 s’il était mis aux enchères dans le cadre de la procédure de faillite en Suisse, rapporte le Wall Street Journal.
…/… « Le résultat final est le suivant : il s’agit d’une opportunité unique pour les Américains de contrôler l’approvisionnement énergétique européen pour le reste de l’ère des combustibles fossiles », a déclaré Lynch, cité par le journal.
…/…
repris et traduit par Bruno Bertez
https://brunobertez.com/2024/11/22/linvestisseur-americain-stephen-p-lynch-a-exprime-son-interet-pour-lachat-du-gazoduc-nord-stream-2-sil-etait-mis-aux-encheres-dans-le-cadre-de-la-procedure-de-faillite-en-suisse/
source : Wall Street Journal
https://www.wsj.com/business/energy-oil/a-miami-financier-is-quietly-trying-to-buy-nord-stream-2-gas-pipeline-f43dd85d
Illustration
…/… L’investisseur américain Stephen P. Lynch a exprimé son intérêt pour l’achat du gazoduc Nord Stream 2 s’il était mis aux enchères dans le cadre de la procédure de faillite en Suisse, rapporte le Wall Street Journal.
…/… « Le résultat final est le suivant : il s’agit d’une opportunité unique pour les Américains de contrôler l’approvisionnement énergétique européen pour le reste de l’ère des combustibles fossiles », a déclaré Lynch, cité par le journal.
Cité et traduit par Bruno Bertez _____ source : The Wall Street Journal
wsj.com/business/energy-oil/a-miami-financier-is-quietly-trying-to-buy-nord-stream-2-gas-pipeline-f43dd85d
Un très bon article.
Ce qui est étonnant, c’est que bien que nous vivions dans un monde ou existe le culte de la stratégie entrepreneuriale qui permet à certaines multinationales de réussir et s’étendre, les politiques libéraux au pouvoir depuis bien longtemps qui encensent cette culture du management du privé (Macron ne passe-t-il pas son temps à singer les « top-manager »?) sont en fait bien incapables de mettre en place la moindre stratégie. Comme décrit dans le texte, et au-delà de la complexité de la thématique de sécurité collective, ils se reposent sur des conseillers et des boites de conseil, dont le rôle est l’organisation (ou la destruction) mais pas la stratégie. D’où un grand vide, qui à mon avis arrange bien les tireurs de ficelle (la banque pour faire court) qui mettent en place les politiciens, et dont l’objectif d’affaiblissement des nations est avéré.
Les Russes et les chinois disposent d’un avantage considérable dans le sens ou du fait de la stabilité de leur classe dirigeante, ils ne changent pas leur fusil d’épaule en fonction de telle ou telle mode électorale, et peuvent mettre en place de vraies stratégies à long terme cruciales dans le domaine de la sécurité nationale, stratégies qu’ils peuvent néanmoins faire évoluer selon les besoins. Et surtout, leur longévité leur donne un véritable avantage en terme de compréhension du monde. Lequel monde n’est pas facile à déchiffrer, dans la mesure ou comme le décrit très bien l’article, les décisions de nombre de politiques occidentaux relèvent plus de l’incantation que de la raison.
Mais les Russes se retrouvent sur certains aspects dans une situation pas très enviable. En effet, ce conflit a pour conséquence d’affaiblir considérablement l’Europe, tout en n’affaiblissant dans l’immédiat quasiment pas les USA. Or l’Europe est le principal partenaire naturel (culturellement, économiquement) des Russes. Les Russes, qui ont compris la dangerosité des incapables qui leur font face, cherchent à éviter une escalade mortifère et semblent plutot parier sur un pourrissement de la situation par l’économie, pourrissement à l’issue duquel les USA sont susceptibles d’etre autant touché par la faillite que les Européens.
Une chose me semble quasi-certaine: les Russes, qui ont durement acquis une avance décisive dans certaines technologies militaires, n’accepteront jamais de demi-mesures qui permettraient à un empire anglo revigoré ayant rattrapé son retard de revenir à la charge dans 5 ou 10 ans. L’empire des mers (« l’empire du mensonge ») doit etre défait et démantelé.
« Comment un Occident qui se pensait tout-puissant et irrésistible a-t-il pu subir la défaite à laquelle il est désormais confronté ? » écrivez-vous, Monsieur de Castelnau.
La question contient la réponse : c’est parce qu’il se pensait tout-puissant et irrésistible que l’Occident est défait.
Notre orgueil, notre complexe de supériorité, notre certitude d’être du côté du bien, du juste, du bon, du beau… sont en train de nous perdre, tout comme ils ont perdu les constructeurs de la tour de Babel. Ceux-ci croyaient que tout leur était possible, qu’ils étaient capables de bâtir une tour atteignant les cieux, et la tour s’est effondrée sur eux.
Y a-t-il meilleure image pour décrire ce qui nous arrive ?
L’orgueil est le plus mortel des poisons.
Qu’on aimerait que la France ait l’humilité et le courage nécessaires pour ouvrir les yeux, pour voir les choses comme elles sont, pour renouer avec l’enseignement hébraïque et christique ! Il n’y a pas d’autre issue que celle-ci : mettre en application le savoir anthropologique accumulé au cours des trente derniers siècles…
Se croire tout puissant et invincible, c’est comme vous le dîtes de l’orgueil, pour moi c’est plutôt de la bêtise crasse, insondable et sans limites; la preuve ils en sont, après des missiles de haute technologie, à livrer des mines. Notre CEMA après avoir développé/copié le concept du combat de « haute intensité » en est réduit à penser à la guerre de tranchées. C’est un bon technologique important qui démontre leur étroitesse d’esprit et leur absence de vision. Des Gamelin!!!
Je suis resté quelques minutes bouche bée devant cette affirmation de RdC…Et sa reprise ici.
La défaite de l’Occident?
C’est quoi le truc au départ? C’est ça le sujet? La victoire?
Mais je me fous de la victoire de « Occident », ainsi que sa défaite.
Défaite et alors? Les russes vont nous envahir? Ouhahahahhaaaaha!
Bien sur, Black Rock va perdre de l’argent: Ca dérange les marxistes?
Ce qui m’énerve c’est la connerie et ses morts.
La défaite des cons, ça repose.
La défaite de la classe dirigeante occidentale serait plus juste.
Aux USA, l’election de trump (Avec les limites du personnage) signe le début d’un processus de purge. En Europe, le travail reste à faire!
Étant de nature peut clémente, j’éspère que nous saurons cette fois nous montrer rigoureux!
Merci, Aurélien, pour vos riches, complexes réflexions, et merci à votre hôte, Régis de Castelneau.
Les USA grands gagnants et l’UE dindon de la farce.
Bloch a surtout dit ou insinué qu’il y avait eu trahison des « élites » politiques, militaires et industrielles.
Si on ne fabrique pas le bon char, ni le bon avion, c’est sur que la partie est facile pour les nazis.
Ce qui se dégage, c’est qu’il y avait la volonté de perdre en 1940.
Perdre en quelques semaines; il n’y a pas d’autres explications.
Lire Annie Lacroix-Riz.
Donc cela n’a rien à voir avec l’Ukraine. Ni même 14-18.
L’Ukraine ce n’est rien. Qu’un peuple(slave et russe) manipulé. Lobotomisé par les ricains.
La guerre que décrit cet Aurélien n’existe pas.
C’est du théatre, malgrés les morts. Bref un crime de l’occident dirigé par des pédophiles, mafieux, drogués. Un spectacle sanguinaire organisé par des dégénérés.
Mais cette pantalonnade criminelle a révélé la piteuse démonstration militaire de force de l’occident. Non voulue par les militaires, fussent-ils du Pentagone.
…Sans les morts, il y a de quoi rire.
Un texte remarquable, non seulement parce qu’il recoupe très largement ce que je pense ( 🙂 ) , nous sommes si nombreux qu’il n y pas de mérite particulier à ça, mais surtout parce qu’il est clair précis et imparable. La « victoire » des russes est le produit de la nullité crasseuse de l’intelligentsia occidentale, calcifiée comme l’était le politburo des années 80. La suite sera révolutionnaire. Maintenant il leur suffit d’attendre en entretenant le brasier sous la marmite ukrainienne. Wesley Clark l’avait dit : » il ne faut pas aller dans le Donbass, c’est un piège ».
Merci cher Régis de Castelnau à vous et à Aurélien pour cet excellent article. Simplement depuis quelques jours nous sommes entrés dans la phase la plus dangereuse de l’affrontement entre la Russie et l’Occident collectif. La décision des anglo-saxons, applaudie par le gouvernement français, de frapper directement le territoire russe en profondeur a provoqué hier matin la réponse opérationnelle que l’on connaît et hier soir une déclaration officielle et solennelle du Président russe. Les élites dirigeantes occidentales sauront-elles saisir la gravité de la situation ? Malheureusement l’analyse de leur fonctionnement ici expliquée par Aurélien ainsi que l’historique de leurs décisions calamiteuses des dernières années n’incitent pas à l’optimisme.
L’article est long mais à la mesure de la bêtise et de l’incurie des dirigeants ( du moins la grande majorité ) des pays occidentaux , incapables d’analyser les raisons de leur échec , échec d’un soutien aveugle à un pays qu’ils ne connaissent vraisemblablement pas plus que moi ( en toute humilité ! ) …
Cher Maître,
fort bel essai. Que je vais relire, et relire encore, digérer, et relire encore.
Ceci dit, Une Étrange Défaite a été mon livre de chevet pendant des années et il y a un point central évoqué en filigrane par Bloch, (dont vous auriez pu dire qu’il a été arrêté par des Français, torturé par la milice puis remis à la Gestapo qui l’a tué sous la torture.) dont vous ne parlez pas et c’est la trahison de membres de la chaîne de commandement française et les raisons profondes de cette trahison qu’il fait remonter au fondement, selon lui, du clivage politique du pays: le retour de la monarchie française dans les bagages d’une puissance étrangère ennemie.
Sans cette trahison, Guderian n’aurait JAMAIS pu passer les Ardennes et le comportement stupéfiant du commandant de la place de Sedan s’éclaire quand on le voit signataire de l’armistice à Rothondes et surtout ministre de Pétain et surtout de Laval.
Ceci dit, ça n’enlève rien à l’excellence de votre propos.
Hypothèse tordue mais voire.
J’ai régulièrement lu les rapports publics de prospective de la CIA depuis 25 ans. C’est un rapport quinquennal remis au POTUs dont une part est rendue publique et qui est une prospective à 15 ans.
Nul ne pourra parler de complot parce que ces gens disent très clairement ce qui compte pour eux, comment ils voient l’avenir et qu’elles tendances ils comptent favoriser et lesquelles ils souhaitent combattre. Tout y est .
Et bien depuis le début des années 2000, ces gens disent très clairement que les USA ne peuvent plus prétendre à l’hégémonie, que leur puissance relative va sans cesse baisser face à des acteurs montants, et qu’ils doivent négocier le fait de rester une grande puissance mais plus la seule.
Les cinglés neo-cons brouillent la scène tout comme les armées de larbin du CMI mais il semble qu’une part capitale du Deep State ne mange Pas de cette chimère impériale.
Et si, donc, on assistait à la mise en scène d’un retrait organisé d’Europe après en avoir tiré toute la substance pour garder une marge confortable de puissance tout en atterrissant plus ou moins en douceur de l’ivresse impériale.
L’élection de 2020 a été volée par le DeepState.
L’élection de 2024 a été donnée à Trump. On ne me fera pas croire un seul instant au triomphe de la démocratie avec un système électoral qui fuit comme une passoire.
Il y a une guerre interne impitoyable aux USA.
Le fil du rasoir.
Les perdants vont y perdre leur position, leur carrière, leur honneur probablement , leur liberté pour certains et leur vie pour d’autres.
La terreur induite peut être propice à toutes les folies.
Espérons que des adultes à tête froide restent au Pentagone. Ce sont eux qui ont les clés.
Encore une fois, ce n’est qu’une idée, pas une analyse.
Titelman et le nouveau missile russe
Comme il y a plus de questions que de réponses sur ce qui s’est passé avec la frappe russe sur Dniepro je me suis obligé à écouter les propos de Titelman (sans liker) sur le sujet.
Résultat cela recoupe le sujet de l’article : lui sait, et nous explique avec toute sa hauteur de spécialiste autoproclamée.
Alors que beaucoup s’interroge, lui explique. Alors que les Ukrainiens prétendent savoir, incrédule sur la possibilité d’un missile développé en secret et en si peu de temps, néanmoins, demandent l’avis d’experts américains, lui sait.
Les russes ont arrosé sans précision : c’est de la M… pendant que d’autres relèvent l’étrangeté qu’après les impacts aucuns d’incendies ne soient visibles, charges neutres ou serait-ce que l’objectif soit les étages inférieurs (usine soviets genre Azovstal). Lui sait.
Les russes ont arrosé sans précision même s’il semble maintenant qu’il n’y ait pas eu qu’un seul objectif. Ce n’est même pas une interrogation possible pour lui.
Sa conclusion, c’est du pipeau il faut persévérer les russes sont à l’os ils sont au max de ce qu’ils peuvent, les ukrainiens vont leur mettre la pâtée.
Même si Poutine explique que ce n’est pas un ancien missile soviétique modernisé, il nous fait la leçon sur ce que sont les missiles balistiques (ce que tout le monde sait au demeurant). En tout cas il a bien lu la fiche Wikipédia, mais il est incapable de s’interroger.
On est tout à fait dans ce que développe cet article.
J’ai été fort déçu que Régis ait recours à des insultes. Il s’est discrédité à mes yeux.
Cet article est remarquable.
Alors, il va falloir se calmer un peu les poutinolatres, se sortir de la propagande et revenir au réel : depuis deux ans, la Russie, malgré une économie de guerre qui finira inéluctablement par la ruiner, n’a jamais réussi à reprendre les conquêtes territoriales du début du conflit.
Les fameuses armes nouvelles se dégonflent au fur et à mesure de leur utilisation, les maux structurels de l’armée soviétique se répètent à l’infini : corruption, alcoolisme, encadrement défaillant, logistique hors d’âge…
Les russes restent forts car ils mettent tout leur arsenal dans la bataille face à une Ukraine remarquablement inventive et résilience mais dont l’armement n’est fourni qu’au compte goutte par les occidentaux. Effectivement, dans ce rapport de force, personne ne peut l’emporter et le front finira par se figer, appelant l’entrée des négociations.
Mais, pendant ce temps, la Russie se sera affaiblie encore plus alors que l’Otan aura gagné de nouveaux membres et que l’Europe initiera une nouvelle politique de réarmement.
Bien joué Vlad.
C’est fou comme en bon pervers tu inverse la charge et utilise la méthode reflexive.
Pourri jusqu’à l’os le troll pédophile.
La Russie ruinée ?
Banque mondiale et FMI viennent de reconnaître qu’elle était passée 4e économie mondiale , devant l’Allemagne depuis 2023 et devant le Japon depuis 2024. Et en plus , ces deux institutions avouent que tout un pan de l’économie russe n’y est pas compté.
Faudrait refaire tes gamme mon pédo.
Quant à l’obsolescence des armes, faut arrêter d’écouter les tocards ignorants experts auto proclamés comme Titelman, Mas ou Servent. Écoute les vrais experts mon pédo. Surtout experts US qui reconnaissent que leurs armes sont hors de prix, fragiles, inadaptée et médiocres.
Les porte-avions US et frégates françaises ultra modernes sont obligées de fuir les Houthis en mer rouge. L’OTAN déverse ses game changers et wunderwaffen en Ukraine et demontre qu’elles sont bidons.
L’OTAN a totalement perdu la course aux armements avec ses canons usés après 2000 coups, ses chars qui flambent comme des bottes de paille, ses himars et missiles que les Russes arrêtent ou brouillent à 95%.
Russie qui dispose de toute une gamme d’armes hypersoniques quand l’occident s’embourbe encore dans des essais foireux.
USA, GB et France qui ne fabriquent même plus de chard depuis 10 ans, se contentant de reconditionner les vieux et les Allemands qui peinent à en sortir 100 quand les Russes sont capable d’en sortir 900 lourds par an.
La France et ses 50 canons, ses 100 avions de chasse et 200 chars opérationnels, et c’est la plus forte armée d’Europe. L’armée anglaise au total qui ne remplirai pas le stade de France et qui cherche un amiral en chef par voie de presse. GB et US avec des officiers acceptés en école avec moins de la note mini d’admission ou qui sortent d’études politiques ou de journalisme et dont la formation est de moins d’un an et dirigés par des amiraux et généraux qui n’ont même jamais commandé une corvette ou un bataillon, et en temps de paix. Tous pays habitués depuis 80 ans aux combats facile neocoloniaux contre des guérilleros en sandales ne disposant ni d’équipement lourd ni d’anti aérien.
Mon petit pédo j’espère pour toi que tu es bien payé pour faire le troll et que tu ne crois pas toi même à tes bullshits de bac à sable.
Scélérat ou crétin ?
Ou les deux.
Crétin ce Vmar certes, il répète ce que B.LeMaire disais il y a deux an avec toute l’intelligence prospective que l’on sait.
Il n’a pas encore remarqué que la Russie a gagné la bataille des drones, ainsi que celle des contre batterie engagée pourtant avec du retard à l’allumage.
De plus il semble ignorer que l’Ukraine à perdu 80% de son aviation, pendant que des SU35 et 57 sont livrés tout neufs pour le fronts. Ah, mais c’est vrai Titelman l’a dit le SU57 c’est de la M… (Até C a une vision un peu différente et sa prestation en chine). D’ailleurs ce ne peut-être que la M… comment un peuple de soudards pourrait mettre au point un avion de 5éme génération alors que français et allemands ainsi que Britons et italiens n’en sont qu’à la planche à dessin ? Il omet (à dessein, je penses) le fait que les Russes « sortent » plus d’ingénieurs que l’occident.
Bref un grand couillon qui se gargarise.
Au fait comment ont-ils gagné la bataille de contre batterie. Par la technologie, au lieu d’allumer des radars détectables ils ont des systèmes qui analysent les ondes combinées du sol, de l’air et sonores pour déterminer la provenance des tirs sans être eux même détectés.
Ah, mais c’est vrai ce sont les Ukrainiens qui sont inventifs, les Russes à part la Vodka c’est bien connu.
Crétin je confirme.
Ha ben en même temps Rouvilliers, vous êtes marrant vous. Il y connait quoi en avion de chasse ATE Chuet à côté de l’expert Titelman?
Chuet n’est qu’un bête pilote de Rafale tandis que pardon, Titelman il est quand même tâcheron à bord d’un avion de surveillance. Ce qui lui permet d’en connaître beaucoup plus que Chuet sur la chose et lui donne aussi de l’expertise dans les opérations combinées d’armée de terre.
Quoique Mas lui est expert militaire après de solides études de …droit.
Avocat, ça c’est une expertise militaire qui vous permet de perorer stratégie sur tous les plateaux.
Depuis Napoleon on sait qu’il est plus facile de gagner une guerre en misant sur la bêtise de l’adversaire que sur ses propres forces; à cet egard tres peu ont remarqué que l’acharnement des russes à detruire le reseau electrique ukrainien n’avait pas pour but de faire souffrr la population mais d’empêcher le ravitaillement du front par le reseau ferroviaire, les russes ont de la memoire et connaissent l’importance du reseau ferré pour alimenter les troupes, les allemands avaient dejà experimente la difficulté en constatant l’ecartement des rails russes different du reseau européen.
Faudrait nous dire où vous êtes allé chercher cette histoire de miser sur la bêtise de l’adversaire
Belle imagination.
Depuis la plus haute antiquite, la règle n⁰1 est de ne jamais sous estimer l’adversaire. En quantité comme en qualité.
Et je ne vois pas le rapport avec la destruction du réseau électrique ukrainien.
Merci d’expliquer.
Je ne sais plus où j’ai lu que les Britanniques ont fini par renoncer à tenter d’assassiner Hitler, partant du principe qu’il valait mieux le laisser commettre de grosses erreurs, plutôt que de prendre le risque qu’il soit remplacé par une personne compétente.
Mais il est vrai qu’ils avaient déjà pu se faire une opinion valable sur le sujet.
Au-delà de ce que l’on souhaite de part ses preferences ou du désir de justice et du bien contre l’ignominie et le mal il y a bien souvent des forces d’une sorte de côté obscure qui sont tenacement rusées.
Je crois qu’il faut voir les choses dans sa profondeur et dans sa globalité, prendre du recul.
Je crains que cette bataille à l’échelle de l’histoire des enjeux et des nécessités historiques et c’est cela qui est determinant dans l’action humaine comme nous l’a appris la conception matérialiste de Marx n’a qu’une étape plutôt bien réfléchie ou qui revient à cela dans un processus dynamique et à long terme. Que les commanditaires tirent apparament avec maladresse les ficelles des marionnettes ne veut pas dire que ce n’est pas réfléchi. Le maître en cause ne s’est jamais trop préoccupé de ses fidèles dévoués il ne sont que des pièces éphémères dans une perspective lointaine.
Je crains pour la Russie. La Russie n’a que faire des USA mais pour ceux-ci et ses partenaires notament britanniques elle est la proie de choix. Et dans la dynamique systémique cela change tout. Les russes ne pourront jamais dormir tranquilles tant que les US seront tels quels géographiquement et culturellement. La chute de l’URSS de part son incapacité ou impossibilité de trouver un minimum de prospérité comparative pour obtenir entre autres une large adhésion de sa population et celle de ses alliés a ouvert une brèche au développement exponentiel et à la réussite des mecanismes mercantiles capitalistiques qui auparavant se drapaient de vertus democratiques de liberté et toutti quanti, que du bon et du bien… évidemment.
À moyen terme c’est pas gagné. Déjà la population notamment la bourgeoisie et CSP+ n’est pas entièrement indemne au mirage extrême occidental. Il s’agit bien d’un problème de contamination… mentale.
@DARRAS
Je ne sais pas quel sens vous donnez au mot bêtise; peut-être que refuser les conseils de Koutousov au tsar Alexandre lors de la bataille d’Austerlitz est de la bêtise, peut-être que Gamelin qui refuse de croire les renseignements de son chef du II° bureau sur la travesée des ardennes par les panzers de Guderian n’est pas de la bêtise ?
Ces deux exemples ne sont pas exhaustifs de la liste interminable qu’on peut observer dans tous les camps et dans toutes les guerres….
S’agissant du bombardement du reseau electrique UK par les russes il s’agissait simplement d’apporter l’explication réelle evidemment differente de celle « officielle » des medias….
Bon de toute façon pas la peine de vous chamailler. Les bombardements russes n’auront plus lieu d’être probablement : les sous-stations sont déjà surchargées et avec le froid une augmentation encore plus importante de la charge sur le réseau, elles bruleront ou exploserons tout simplement toutes seules. Et, l’hiver qui se prépare en Europe risque d’être moins clément que le précèdent, la compensation par la fourniture d’électricité à l’Ukraine sera probablement délicate.
A propos d’un autre sujet. Selon « Le Monde » le nombre de missile Scalp français est réduit Macron s’est engagé sur 40 missiles dont 10 déjà livrés (et tirés ?)
Et, selon le « Times » Le stock des arsenaux Britons est au plus bas, il est peu probable qu’il y ait de nouvelles livraisons.
Comme « game-changer » …
L’Allemagne qui s’est déjà fait baissée lors de l’opération Chars de combat a redit NON pour les Taurus. D’autant que c’est le gaz russe qui peut sauver son industrie. Il ne faut pas insulter l’avenir.
Les problèmes de logistiques « hors d’âge » chers à VMAR risquent de ne pas se retrouver sous la latitude qu’il espère.
Certes, certes Michel, mais je doute que Napoléon ai jamais compté sur la bêtise d’un adversaire. En bénéficier oui. Payer sa propre bêtise en refusant d’écouter les conseils preminitoires de Caulaincourt, oui. Compter dessus. Je ne crois pas .
Mais désolé pour mon humeur chamailleuse. J’ai mes rhumatisses qui me travaillent. 🙂
A l’Ecole de Guerre certains avaient encore de l’humour à mon epoque – il y a 40 ans !- et affirmaient que speculer sur les erreurs de l’ennemi etait souvent plus profitable que compter sur ses propres forces; l’exemple le plus reussi -?- aura peut-être été la succession impressionnantes d’erreurs commises des deux côtés en 14-18 ce qui s’est traduit par une accumulation de tués jamais vue jusqu’alors….
Pour ma part j’ai une certaine tendresse pour Hannibal qui aura montré à Cannes un niveau d’intelligence rarement atteint en aneantissant une armée romaine trois fois superieure en nombre sans utiliser aucune autre ruse que miser sur l’hubris du consul, un certain Paulus….tout un programme !
les usa , l’état profond , en avait une de stratégie , qui a échoué : démembrer la Russie ; un vieux projet hérité des rosbeefs dont les amerlocks sont les fils prodigues , des gens comme Mackinder et son Earthland , l’obsession de la puissance maritime anglo-américaine contre le bloc continental eurasiatique , des idées perpétrées par les think tanks comme Rand Corporation et d’autres ; ça a complètement foiré à cause de leur trop grande satisfaction personnelle et leur tendance à prendre les autres pour des cons ; et là , ils sont complètements désemparés ; mais attention , il n’y a par pire qu’un wasp acculé….
Et voilà que Macron peut faire entrer Marc Bloch, auteur de L’étrange défaite, au Panthéon…
Cela ressemble à un aveu d’aveuglement.
Ou comment refuser les leçons de l’Histoire derrière le « devoir de mémoire »…
Les fausses croyances de nos élites sont connues :
– invincibilité des occidentaux. nous vaincront car nous sommes les meilleurs
– nos bonnes intentions excusent tous nos crimes qui d’ailleurs n’existent pas ou sont de la faute de l’ennemi
– refus de la négociation avec le nouvel Hitler du moment : nous n’accepteront qu’une reddition inconditionnelle
– nos marottes du jour sont des droits imprescriptibles de l’humanité et ceux qui s’y opposent sont des Hitler qu’il faut détruire.
C’est le résultat de la pensée collective des élites occidentales. Un débat a lieu et lorsqu’une option est approuvée, tout le monde doit s’y conformer ou être annihilé.
Cela me rappelle la pensée communiste où la ligne du parti devait être suivie, quand bien même elle zigzaguait. Il ne faut pas être en retard ou en avance d’une idée.
Cette pensée collective des élites occidentales ne supporte pas la contradiction qui est la caractéristique principale du débat démocratique. Même les sujets qui ne remettent pas en cause le système capitaliste (peine de mort, avortement, GPA, mariage homosexuel, liberté de croyance, épuration ethnique en Palestine) ne sont pas discutables, sauf dans une certaine mesure aux USA. C’est pourquoi, l’irruption de Trump est extrêmement contrariante, alors qu’il a des pouvoirs limités dans un pays lointain et pour une durée de 4 ans seulement.
Notre civilisation perd ses repères moraux collectifs. La pensée collective des élites s’efforce d’en construire de nouveaux par l’imposition d’une sorte de totalitarisme mou. Cette mollesse est due à l’absence totale de principes fondateurs chez ces gens. N’ayant aucun principes, ils se contentent de justifications ad hoc que la population ne peut pas intérioriser puisque les principes changent au gré des circonstances.
Au niveau géopolitique, ceux qui ne suivent pas cette pensée collective finissent par se regrouper dans une alliance objective informelle malgré leurs différences inconciliables.
Le totalitarisme a changé de camp.
COMPRENDRE L’UE ET EN SORTIR…Vite!
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COMPRENDRE L’UE ET EN SORTIR…VITE!
Bonjour,
Tout d’abord je tiens à vous féliciter pour votre travail et votre résistance. Ce que vous faites est vraiment exemplaire.
L’objet de mon message est de vous informer de la publication du livre “ COMPRENDRE L’UE ET EN SORTIR…VITE !” disponible sur Amazon: https://amzn.eu/d/4yRaqDN en 5 langues (français, allemand, italien, espagnol et anglais) et en 2 versions (livre broché et numérique).
Si vous le jugez utile, je vous serais reconnaissant de faire circuler l’information.
Très cordialement,
Jean Humbert
Je ne suis pas d’accord sur l’absence de stratégie des occidentaux, ils en avaient une, très claire, d’ailleurs parfaitement expliquée par notre « stratège en chef », Bruno Lemaire, ils voulaient et allaient ruiner la Russie économiquement par les sanctions.
Cela aurait d’ailleurs pu marcher…si on était resté au XXeme siècle et si Poutine n’avait préparé son pays à les encaisser depuis au moins 8 ans.
Ils croyaient tellement à l’efficacité de ces sanctions (aveuglement stratégique) que la vision désolante de leur inefficacité stratégique leur a fait répéter encore et encore cette stratégie inefficace (pourquoi changer une stratégie qui s’est révélée inefficace au mieux, voire contre productive?), on en est au 14eme train de sanctions, et oh horreur, rien ne se passe!
Le tout « petit problème » stratégique qui se pose, c’est qu’il n’y a pas de plan B militaire.
Militairement c’est mort, ils n’avaient aucune chance dès le départ, ils le savaient, et ils en sont réduits à ne pouvoir que jouer sur ce plan là.
Cela doit être déprimant de n’attendre qu’un miracle pour ne pas être balayé!
Et comme le conclut l’article : « Les classes dirigeantes de l’Occident semblent n’avoir aucune idée de ce qui leur est arrivé et pourquoi. Ni de ce qui risque de suivre. »
C’est surtout la dernière phrase qu’il faut retenir, ce n’est qu’un début.
Certes mon cher Araucaria.
Mais ne pouvons nous parler d’un match nul pour l’instant entre Russie et US?
L’Ukraine n’étant que la balle.
Certes le plan US de ruine et de changement de régime de la Russie a foiré.
Mais le plan russe d’effondrement de l’Ukraine aussi, tout comme le secondaire d’abandon, d’éclatement ou d’effondrement de l’OTAN.
Les US n’ont pas réussi à isoler la Russie économiquement ni diplomatiquement.
Mais là Russie n’a pas réussi à amener aucun des BRICS sur un terrain de confrontation, même economique, monétaire ou diplomatique.
La Russie exhibe furieusement son flingue, l’OTAN répond « ben vas y, tire Ducon ».
Visiblement, Xi n’a pas les mains libres avec son propre appareil et son changement considérable de ton avec les US tout comme l’abandon de projets capital avec la Russie montre que la faction « Deng » du PCC est redevenue très puissante. Exit l’unité de compte monétaire, Power of Siberia, et même les transactions avec les banques chinoises.
Avant, la Chine ne cessait de montrer du doigt la responsabilité occidentale en Ukraine et dénonçait les provocations. Terminé. Maintenant elle renvoie dos à dos et ne parle même plus des provinces occidentale.
Le dragon est une grosse poule bien grassouillette en fait.
Même la perspective fort réelle d’une guerre nucléaire n’ebranle pas la solidité de l’OTAN.
Il faudra que les Russes aillent jusqu’au Dniepr… Et s’en contentent car en ce cas, les occidentaux penetreront en Ukraine à la demande du gouvernement légal et seront donc dans leur droit.
Bonjour cher ami
Pourquoi voulez vous que les russes dépassent le Dniepr, à part peut être pour Odessa?
Quels sont leurs objectifs déclarés? récupérer les oblasts de l’Est qui leur permettent de retrouver une profondeur stratégique, augmentent leur territoire et leur population, virer Zelinsky et son gouvernement, et au final le dépeçage de l’Ukraine vaincue se fera par libération des forces centripètes déjà présentes.
Quant à l’Otan vous croyez vraiment qu’elle va enfin trouver une armée à sacrifier en Ukraine sous les salves de noisetiers? Ben non elle est vaincue, elle le sait et ne voudra pas risquer une déculottée publique, c’est évident, de toute façon elle n’est pas au niveau, ne serait ce qu’au niveau des drones ou elle a beaucoup de retard.
Et une alliance vaincue a peu de chances de survivre. Qui voudra se compromettre chez les loosers, qui de plus n’auront plus rien à proposer, même pas la sécurité!
Et si économiquement c’est la ruine doublement obtenue, par impossibilité d’avoir accès aux matières premières à prix d’ami (bye bye l’Afrique!) et impossibilité d’exporter par non compétitivité, ca ne va pas être très tendance!
Quand il faudra aller à la table de négociations pour récupérer le gaz russe, ou le pétrole, ou le titane, ou… il y aura la queue, et qui sera devant la table, la Hongrie, la Slovaquie, la Roumanie, l’Allemagne? Cela va être un très puissant aimant, l’Otan va se faire démembrer comme une galaxie happée par un trou noir, elle va se déformer, sa matière va se détacher, elle va se rapetisser et disparaitre, voilà son avenir
Mais qui sait un miracle peut toujours arriver, ils l’espèrent tellement!
Mais on n’a jamais vu de galaxie démembrer un trou noir…
A ce stade le plan US est mort, pas de plan B, le plan russe avance tranquillement sans jamais avoir renoncé à un objectif, nous verrons jusqu’où!
le titre n’aurait pas du etre la mais semble non modifiable tant pis
Merci beaucoup pour cet éclairage cher ami.
ce que je ne comprends pas c’est que personne n’essaie d’arrêter cette sale guerre sans issue entre slaves pour les deux partis ,l’ukraine ne reprendra jamais le donbass et la crimée et la russie s’enlise dans une guerre interminable ,inflation à 8 pour cent , taux d’emprunt à 30 pour cent , pénurie de main d’oeuvre , 40 pour cent de son pib va à l armement et l’urss s’est casse la gueule pour cela en 1989….le prix du brut de baril s’effondre alors que c’est les trois quart des devises de la russie pour financer sa guerre , » l’etrange defaite » voyait berlin occuper paris , moscou occupe- il kiev? peut -être à l’avenir mais aujourd’hui statu quo en fait , Ou est la percée Bagration de l’été 1944 qui voit l’urss avancer de 250 kms en bielo russie contre les nazis en une semaine , permettant au débarquement allié du 6 juin de reussir? Certes la russie grignote du terrain mais pas d’effondrement du front ukrainien en l’etat qui controlent la mer noire , Trump se tait ….Il faut négocier un cessez le feu comme au liban …